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Vie saine

Le tabagisme au travail : tendances, enjeux et stratégies

Répercussions des restrictions de l'usage du tabac en milieu de travail - Répercussions sur la consommation de cigarettes et l'accoutumance

Consommation hors des heures de travail

Une autre question liée est celle de l'incidence des restrictions de l'usage du tabac sur la consommation de cigarettes hors des heures de travail. Dans une étude, on a relevé le nombre de cigarettes fumées les jours de travail et les jours de congé pour découvrir qu'une interdiction totale ou partielle amenait les fumeurs à fumer cinq cigarettes de moins par jour sans qu'apparemment ils soient portés à se reprendre les jours de congé (Wakefield, Wilson, Owen, Esterman et Roberts, 1992).

Dans une autre étude, un petit groupe de fumeurs (au nombre de 34) dans un centre médical où l'usage du tabac était interdit a été comparé à un groupe témoin de fumeurs d'un établissement n'ayant pas de restrictions de l'usage du tabac. On a eu recours à des examens physiologiques pour mesurer le degré de consommation et l'exposition toxique (Brigham, Gross, Stitzer et Felch, 1994). La principale constatation a été que les fumeurs ne compensaient pas leur baisse de consommation d'un paquet par semaine en fumant davantage en dehors du travail ou en faisant une consommation plus intensive de cigarettes. Toutefois, les avantages pour la santé demeuraient restreints dans l'ensemble, car la réduction des concentrations de nicotine chez les fumeurs dans l'établissement où le tabac était interdit n'était pas statistiquement significative.

Accoutumance au tabac

On en sait beaucoup moins au sujet du rôle des restrictions et interdictions du tabagisme sur l'accoutumance au tabac. La question est primordiale dans les industries employant une forte proportion de jeunes : établissements de restauration rapide, magasins de détail et autres entreprises de services de consommation. Selon Burns, Axelrad, Bal et al. (1992:S16), la grande proportion de fumeurs à consommation régulière ou à toxicodépendance à l'âge de l'entrée sur le marché du travail soulève des questions au sujet de l'incidence de la socialisation dans la main-d'œuvre et des valeurs sociales liées au tabagisme professionnel sur l'imitation du comportement des fumeurs et le développement d'une dépendance à l'égard de la nicotine. Ces questions pourraient jeter un nouvel éclairage sur la responsabilité qu'a l'employeur de créer un milieu de travail sain et sûr. S'il y a là de quoi confirmer l'utilité d'une interdiction du tabac dans les branches d'activité qui emploient beaucoup de jeunes, il faudra des données scientifiques pour bien établir le lien entre l'interdiction du tabagisme en milieu de travail et l'accoutumance au tabac chez les jeunes.

Influences professionnelles

La plupart des grandes études de cas consacrées aux effets des interdictions ou des restrictions de l'usage du tabac en milieu de travail sur le comportement des fumeurs se sont limitées aux administrations publiques, aux grandes sociétés et au secteur de la santé. Comme la majorité des travailleurs de ces secteurs sont des cols blancs, on connaît moins les effets des restrictions de l'usage du tabac professionnel sur les cols bleus (Wakefield, Wilson, Owen, Esterman et Roberts, 1992:693). Des recherches faites en Australie au sujet de l'incidence de ces restrictions sur la consommation de cigarettes dans un échantillon représentatif de la population adulte ont permis de constater que les travailleurs qui ne subissaient pas de restrictions de ce genre étaient généralement des fumeurs de sexe masculin appartenant à des professions de rang inférieur (Wakefield, Wilson, Owen, Esterman et Roberts, 1992:695).

Les facteurs professionnels influent également sur les possibilités de renoncement au tabac par un travailleur après l'application d'une interdiction du tabagisme en milieu de travail. Borland, Owen, Hill et Schofield (1991) signalent que, si un certain nombre d'études ont démontré qu'une interdiction amenait une réduction de la consommation de cigarettes par jour ouvrable, on dispose de moins d'indications au sujet des conséquences d'une interdiction sur le plan de la renoncement au tabac. Ces chercheurs utilisent un modèle à deux degrés (tentative de renoncer au tabac et maintien des efforts) qui combinent des variables cognitives, comportementales et environnementales. D'après les résultats, le désir de ne plus fumer et le sentiment d'efficacité personnelle sont étroitement liés aux efforts de renoncement au tabac et le degré de force de l'habitude serait le meilleur indice de succès avec le soutien social et un degré supérieur d'instruction. Tous ces facteurs s'entremêlent avec les conditions professionnelles, d'où la suggestion des chercheurs de faire porter les futures activités de lutte contre le tabagisme et les recherches qui les accompagnent sur les cols bleus. Sur un plan plus général, ils recommandent d'examiner en priorité dans les futures études sur la renoncement au tabac la persévérance chez ceux qui tentent de ne plus fumer.

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