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Vie saine

Le tabagisme au travail : tendances, enjeux et stratégies

Répercussions des restrictions de l'usage du tabac en milieu de travail - Répercussions sur la fréquence de l'usage du tabac

Données des études démographiques

Il y a des indications considérables que, en restreignant ou interdisant l'usage du tabac dans les lieux de travail, on réduit la fréquence du tabagisme et la consommation de cigarettes chez ceux qui continuent à fumer. L'examen d'études représentatives indique cependant que ces gains restent modérés au mieux.

Le programme de lutte contre le tabagisme de la Californie s'est révélé un grand succès (Pierce, Évans, Farkas et al., 1994). La proportion d'établissements où le tabac a été banni a presque doublé de 1990 à 1993 et l'exposition des non-fumeurs à la FTA a fléchi du quart environ. Le maintien d'un milieu de travail sans tabac était lié à une baisse globale de 14 % de la fréquence du tabagisme. L'adoption d'une politique d'élimination du tabac en milieu de travail faisait baisser de 10 % la consommation de cigarettes par habitant. Ce chiffre montait à 26 % en cas de maintien de cette politique. De plus, ce maintien contribuait à augmenter les taux de renoncement avec le temps, surtout chez les gens qui fumaient peu. Dans le cas des fumeurs qui sont passés d'un milieu de travail sans tabac à un établissement où les restrictions anti-tabagisme étaient moindres de 1990 à 1992, la fréquence et la consommation se sont accrues.

D'autres chercheurs calculent (à l'aide des données de l'enquête californienne sur le tabac de 1990) que la consommation de cigarettes chez les salariés qui travaillent à l'intérieur est de 21 % inférieure à ce qu'elle serait s'il n'y avait pas de restrictions (Woodruff, Rosbrook, Pierce et Glantz, 1993). De plus, une analyse à plusieurs variables a permis de constater que, après prise en compte des effets de l'âge, de l'instruction, de l'ethnicité et du sexe, les travailleurs des établissements où le tabac était interdit dans certaines zones étaient 1,15 fois plus susceptibles de fumer que ceux des établissements où il était complètement proscrit. Ce rapport était porté à 1,3 fois dans les établissements où les restrictions étaient plus faibles ou inexistantes (Woodruff, Rosbrook, Pierce et Glantz, 1993:1489). Dans l'État de Washington, on a aussi relevé des résultats semblables des restrictions imposées par le législateur aux fumeurs en milieu de travail (Kinne, Kristal, White et Hunt, 1993). Cela semble indiquer que si les politiques gagnent en sévérité, les taux de renoncement augmenteront, mais le profil transversal de ces enquêtes par sondage empêche toute inférence d'ordre causal.

Données des études de cas d'employeurs

On peut trouver d'autres données sur les bienfaits des interdictions du tabagisme dans des études de cas d'employeurs déterminés. Dans l'évaluation faite par Millar (1988a, 1988c) des restrictions portant sur le tabagisme en 1986, Santé et Bien-être social Canada a comparé les comportements d'usage du tabac cinq mois avant l'adoption d'une politique et 13 mois après sa mise en application. Les tentatives de renoncement au tabac étaient bien supérieures à la moyenne nationale, mais 3 % seulement des fumeurs avaient renoncé au tabac une année entière. Le taux demeurait cependant environ le décuple du taux d'abandon une année de suite dans l'ensemble de la population à ce moment-là. On relevait également une légère diminution du nombre de cigarettes fumées par jour, et une baisse plus importante du nombre moyen de cigarettes consommées au travail. Un volet clé de la politique était un programme dit de désaccoutumance individuelle au tabac. Environ 16 % des fumeurs inscrits aux cours prévus parvenaient à cesser de fumer une année de suite, proportion légèrement supérieure à celle que l'on relevait pour l'ensemble des travailleurs qui fument.

Des études de cas récents corroborent ces constatations. Dix-huit mois après l'entrée en vigueur d'une interdiction totale du tabagisme à Telecom Australia, par exemple, les fumeurs consommaient de trois à quatre cigarettes de moins par jour ouvrable et le nombre de fumeurs avait diminué dans une proportion environ double de celle de la collectivité (Hocking, Borland, Owen et Kemp, 1991). Dans cette étude, on a aussi voulu voir comment l'interdiction influait sur le rendement au travail. On a pu voir que 75 % des travailleurs étudiés signalaient des effets positifs. Ce sont surtout les fumeurs qui parlaient d'effets négatifs à cause du temps qu'ils devaient prendre pour sortir s'ils voulaient griller une cigarette.

Au cours d'une étude sur l'interdiction de fumer à l'Hôpital Johns Hopkins de Baltimore, on a fait un sondage auprès des employés six mois avant l'interdiction totale et six mois après avoir appliqué l'interdiction (Stillman, Becker, Swank et al., 1990). Les taux d'abandon du tabac variaient de 9 % à 20 %, selon les paramètres d'évaluation utilisés. La consommation de cigarettes quotidienne totale et au travail des employés qui ont continué de fumer a diminué de 25 %. Il est aussi intéressant de constater que l'analyse à variables multiples a déterminé le nombre de cigarettes fumées lors du sondage de base et le niveau d'instruction comme variables prédictives indépendantes d'abandon pendant des périodes de plus de trois mois. Cela signifie qu'en vérifiant d'autres caractéristiques sociodémographiques et de l'emploi, les fumeurs qui consomment moins de cigarettes et qui ont un niveau d'instruction plus élevé étaient le plus susceptibles d'abandonner lorsque la politique était appliquée. L'interdiction a été fermement soutenue par des activités d'abandon du tabac, de promotion de la santé et d'éducation. Ces éléments, ajoutés à la conception de l'étude selon la cohorte prospective, peuvent expliquer en partie les résultats positifs.

En revanche, dans une étude aléatoire sur deux ans de diverses restrictions antitabac dans 32 lieux de travail, les auteurs (Jeffery, Kelder, Forster, French, Lando et Baxter, 1994) sont parvenus à des résultats « partagés ». Peu de données longitudinales indiquaient que des politiques restrictives (par opposition à une absence de restrictions) augmentaient les taux de renoncement. Toutefois, on observait chez les fumeurs des établissements qui adoptaient des restrictions au cours de l'enquête une baisse de 10 % de la consommation quotidienne de cigarettes. Les chercheurs mettent en doute les avantages sanitaires obtenus. Dans une autre étude sur le personnel hospitalier aux États-Unis, on a pu voir que, cinq mois après l'entrée en vigueur d'une interdiction totale de l'usage du tabac à l'intérieur des immeubles, la consommation de cigarettes par jour ouvrable fléchissait, mais sans que s'élèvent les taux de renoncement au tabac (Daughton, Andrews, Orona, Patil et Rennard, 1992).

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