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Vie saine

Le tabagisme au travail : tendances, enjeux et stratégies

Appui public des restrictions de l'usage du tabac en milieu de travail - Points de vue syndicaux sur la FTA

Enjeux généraux

La position de base des syndicats à l'égard du tabagisme en milieu de travail a peu évolué depuis cinq ans, ce que confirment des entretiens téléphoniques récents avec six dirigeants syndicaux. Le principal argument présenté dans Lowe et Neale (1992) était le suivant : bien qu'ayant joué un rôle primordial dans les mesures législatives prises au fédéral, les syndicats canadiens de fonctionnaires ne voient pas en dernière analyse la FTA comme une question hautement prioritaire. Maints syndicats préféreraient en réalité que l'on s'occupe de cette question par des politiques d'employeurs ou des lois dans la mesure où on les consulte pleinement et qu'on ne nuit pas aux intérêts de leurs membres qui fument. En particulier, les syndicats industriels ne voient pas d'un bon œil la prédisposition des employeurs et des gouvernements à distinguer le tabagisme des travailleurs alors même que l'exposition à d'autres dangers en milieu de travail représente un risque plus immédiat.

Le Congrès du Travail du Canada, qui est l'organisme national de regroupement de syndicats, a exprimé deux soucis concernant la FTA. Il a d'abord dit que les différences de restrictions antitabac relevées dans tout le pays appellent l'établissement de normes nationales. L'autre préoccupation porte sur l'exposition des travailleurs à la FTA dans l'industrie de l'accueil. Il aimerait que l'on lie la grande question de santé publique que constitue la FTA à un souci plus général des polluants qui existent en milieu de travail.

Importants syndicats industriels

Deux importants syndicats industriels, à savoir les Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA) et les Métallurgistes Unis d'Amérique (MUA), représentent de plus en plus les travailleurs du secteur des services. Le syndicat des TCA est très inquiet du haut degré d'exposition à la FTA chez ses membres dans l'industrie de l'accueil. En fait, la question a tenu une grande place dans la grève de 1994 au casino de Windsor. On interdisait au personnel du casino de fumer au travail, alors qu'il respirait déjà toute la FTA des clients de l'établissement. Les travailleurs ont cherché à négocier une amélioration de la ventilation, la création d'une zone désignée pour fumeurs et un droit de regard direct dans l'aménagement du nouveau casino pour qu'on y prévoie des installations modernes de ventilation. Le syndicat des TCA a collaboré étroitement avec des organismes de santé publique comme la Société canadienne du cancer à l'éducation des syndiqués et se sert de la documentation produite par l'Association pour les droits des non-fumeurs. Il ne peut cependant se joindre officiellement à ces organismes à cause de ses politiques internes, c'est-à-dire du risque de s'aliéner ses membres qui fument.

Le syndicat des MUA n'a que récemment commencé à voir dans la FTA un problème de santé pour ses membres. Si ce syndicat dispose d'une politique sur l'usage du tabac pour ses bureaux et ses assemblées, il n'a pas mené de campagne anti-tabagisme parmi ses membres. S'il ne l'a pas fait, c'est simplement que trop de ses syndiqués fument et que trop de ces fumeurs (notamment les mineurs et les travailleurs de fonderie) font également face à de graves risques d'hygiène du travail. Un de ses représentants en a donné deux exemples. Si l'employeur s'avisait d'imposer une interdiction de fumer aux travailleurs de fonderie dont le taux d'exposition au plomb dépasse déjà nettement les niveaux admissibles, on réagirait tout simplement en disant : « Tiens, quelle sollicitude que de vouloir qu'on arrête de fumer! » Un récent rapport du ministère du Travail de l'Ontario a recommandé de suivre les travailleurs des mines d'uranium et de les inciter à cesser de fumer alors que le syndicat pense que le problème chronique dont souffrent ces travailleurs est l'exposition au radon et à l'uranium. Cependant, les MUA ne se sont pas opposés aux tentatives des employeurs de se doter de politiques sur l'usage du tabac.

Syndicats du secteur de l'accueil

Les discussions avec les deux syndicats qui représentent depuis longtemps les travailleurs des hôtels, des restaurants et des bars n'ont pas livré des points de vue aussi encourageants. Les représentants de l'Union des employés d'hôtel et des employés de restaurants (EHER) et du Syndicat des travailleurs unis de l'alimentation et du commerce (TUAC) se sont dits d'avis que l'exposition à la FTA n'était pas un problème pour leurs membres. Un représentant des TUAC reconnaissait les risques sanitaires de la FTA, mais dans l'organisation décentralisée de ce syndicat, les sections locales considérablement autonomes n'avaient pas encore soulevé de questions au sujet de ce tabagisme.

Les EHER s'opposent aux règlements proposés d'interdiction totale de la fumée à Vancouver (Groupe d'action stratégique, 1995). Les représentants du Service de la santé de Vancouver ont admis que l'engagement du syndicat dans le processus de consultation publique était décevant. Dans le seul document du syndicat présenté pour les consultations publiques, le syndicat des EHER exprime son opposition parce qu'il se préoccupe des emplois de ses membres, affirmant que l'interdiction serait mauvaise pour les affaires (Groupe d'action stratégique, 1995). Il a aussi remarqué que de nombreux clients sont des tourismes dont il faut respecter les différences culturelles (c.-à-d. la préférence pour le tabac). Le syndicat affirme que ses membres pourraient avoir à appliquer l'interdiction de fumer au nom de la direction. Le syndicat propose que l'on affiche en évidence des indications sur les endroits réservés aux fumeurs et que l'on utilise la « technologie » afin de minimiser l'exposition des non-fumeurs à la FTA. La FTA ne semble pas être un problème ailleurs pour les EHER. Le président de la section albertaine de ce syndicat a répondu ainsi à une question au sujet de la FTA : « Nous sommes tous fumeurs ici... c'est une question de liberté de choix : à nous de décider de fumer ou non. »

Conséquences sur le plan des politiques de la lutte contre la FTA

À mesure qu'ils se diversifieront dans le secteur des services, l'un et l'autre de ces grands syndicats industriels pourraient y jouer un rôle dans la réduction des taux de tabagisme et de l'exposition à la FTA. Des syndicats traditionnels du secteur de l'accueil comme ceux des TUAC et des EHER hésiteront à participer à des initiatives de lutte contre le tabagisme. Il demeure cependant important que les responsables des politiques comprennent les positions de chaque syndicat au sujet de la FTA et reconnaissent la nécessité de trouver un juste milieu entre les intérêts des non-fumeurs et ceux des fumeurs parmi leurs membres. Il est fort improbable que la FTA en vienne jamais à constituer pour les syndicats la question de taille qu'il représente pour les artisans des politiques de santé publique.

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