Rapport d'étape 2002 sur la lutte contre le tabagisme
Politique et législation
Une législation nouvelle et plus rigoureuse
sur la lutte contre le tabagisme, de nouvelles stratégies
de lutte contre le tabagisme, des hausses de la taxe sur le tabac
et les premières étapes en vue d'établir des
environnements sans fumée dans le Nord canadien sont parmi
les principales initiatives entreprises cette année relativement
à l'orientation stratégique sur les politiques et
les lois.
Législation sur la lutte contre le tabagisme
La période moderne de l'action législative
contre le tabac à l'échelle fédérale
a débuté en 1989, année où la Loi
réglementant les produits du tabac a interdit la
publicité relative au tabac. L'industrie du tabac a immédiatement
contesté la constitutionnalité de cette loi devant
les tribunaux. En 1995, après que la contestation eut franchi
tous les échelons du système judiciaire, la Cour suprême
du Canada a annulé certains éléments clés
de la Loi. Elle a toutefois donné des directives claires
quant aux limites constitutionnelles applicables en matière
de promotion du tabac. Ces directives ont été scrupuleusement
suivies dans la préparation de la Loi sur le tabac.
En 1997, le projet de loi C-71 a été
adopté pour devenir la Loi sur le tabac. Encore une
fois, l'industrie du tabac devait immédiatement en contester
la constitutionnalité.
Le procès a été instruit devant
la Cour supérieure du Québec, à Montréal,
en janvier 2002. C'est devant cette instance que Santé
Canada a commencé sa défense de la Loi sur
le tabac. La Société canadienne du cancer participe au procès favorable à la défense
de la loi.
En modifiant, en 2002, la Smoke-free Environment
Act et les règlements d'application, Terre-Neuve
et le Labrador sont devenus la première province au
Canada à interdire complètement l'usage du tabac dans
les établissements et les endroits où l'on sert des
aliments et où sont admis les jeunes de moins de 19 ans.
La Tobacco Control Act de la Saskatchewan a été promulguée en 2002. En plus de réglementer
la vente et l'usage du tabac, la Loi reconnaît la nécessité
de protéger les gens de la fumée ambiante et de moins
exposer les jeunes à la promotion du tabac. Les dispositions
de la Loi concernant la publicité et l'étalage
rendent illégal l'étalage ou la promotion du tabac
ou des produits connexes dans les points de vente où peuvent
entrer les jeunes de moins de 18 ans.
En Colombie-Britannique, le règlement
modifié intitulé Occupational Health and Safety
Regulation est entré en vigueur en 2002. En vertu du
règlement modifié intitulé Environmental
Tobacco Smoke Regulation, les établissements d'accueil
et de jeu où il est permis de fumer doivent fournir des salles
distinctes pour les fumeurs. Si les employés refusent de
travailler dans une salle fumeurs, ils sont protégés
contre la discrimination. Les postes de travail ne peuvent pas être
placés dans des salles fumeurs, et si les employés
peuvent entrer par intermittence dans une telle salle pour faire
leur travail, ils ne peuvent pas y travailler plus de 20 pour cent
d'un quart de travail. Les salles fumeurs doivent avoir une structure
distincte et elles ne peuvent représenter plus de 45 pour
cent de la surface utile d'un établissement d'accueil et
de 65 pour cent des salles de bingo. L'air provenant des salles
fumeurs doit être envoyé directement à l'extérieur
ou assaini par un système qui respecte la norme minimale
de 95 pour cent d'efficacité lorsque la taille des particules
est de 0,3 micromètre. La nouvelle réglementation
ne prime pas sur les règlements locaux qui interdisent l'usage
du tabac dans les lieux publics.
Élaboration et mise en oeuvre des stratégies
En 2001, la Nouvelle-Écosse a annoncé
une stratégie globale de lutte contre le tabagisme élaborée
en collaboration avec les groupes intéressés. Un octroi
d'un million de dollars pour l'exercice 2001-2002 a été
consacré à la mise en oeuvre de la stratégie,
qui contient sept composantes clés : les taxes, la législation
et la politique, la cessation et le traitement, les programmes communautaires,
la prévention chez les jeunes, la sensibilisation des médias
et du public, la surveillance et l'évaluation.
En 2002, le Manitoba a dévoilé
une stratégie pluriannuelle de lutte contre le tabagisme
axée sur les jeunes, qui comporte l'établissement
d'un comité consultatif de jeunes. Parmi les autres points
saillants, il y a un financement unique aux municipalités
destiné à appuyer les règlements municipaux
relatifs à l'interdiction de fumer, l'adoption de modifications
à la Loi sur la protection de la santé des non-fumeurs afin d'interdire l'affichage et la promotion de produits du tabac
dans les points de vente au détail où les mineurs
ont accès et la possibilité de poursuites contre l'industrie
du tabac pour recouvrer les dépenses en santé associées
au tabagisme.
En 2002, les Territoires du Nord-Ouest ont
annoncé l'établissement d'une stratégie interministérielle
de lutte contre le tabagisme qui coordonnera les efforts des ministères
de la Santé et des Services sociaux; de la Justice; des Affaires
municipales et communautaires; de l'Éducation, de la Culture
et de l'Emploi; des Finances et de la Commission des accidents du
travail. Cette stratégie a notamment pour objectifs d'élaborer
des unités d'information sur le tabagisme aux fins du programme
de santé des écoles; d'établir des programmes
de counselling pour l'abandon du tabac dans les collectivités
des T.N._O.; de financer des thérapies de substitution de
la nicotine et de produire un document de discussion sur la possibilité de poursuites.
En 2001, le ministre de la Santé et du Mieux-être
de l'Alberta a mis sur pied un comité interministériel
pour élaborer un plan de réduction du tabagisme en
Alberta. Préparé en collaboration avec les ministères
des Affaires autochtones et de l'Exploitation du Nord canadien,
des Services aux enfants, des Ressources humaines et de l'Emploi,
de la Justice, de l'Apprentissage, des Affaires municipales, de
la Santé et du Mieux-être et la Commission de lutte
contre l'alcoolisme et la narcomanie de l'Alberta (AADAC), le plan
intitulé Reducing Tobacco Use in Alberta: A Comprehensive
Strategy a été dévoilé en 2002.
La stratégie repose sur une approche globale et dispose d'un
financement de 11,7 millions de dollars, dont 8,7 millions
seront administrés par l'AADAC et consacrés à
des activités visant l'éducation et le renoncement
au tabac.
En 2001, le Québec a lancé
sa stratégie de lutte contre le tabagisme, le Plan québécois
de lutte contre le tabagisme 2001-2005, et augmente en même
temps de 5 à 15 millions de dollars le financement qu'il
consacre chaque année à la lutte contre le tabagisme.
Il a octroyé 3 millions de dollars additionels pour les efforts
de surveillance et de maîtrise de la contrebande du tabac.
Mise en application d'augmentations de taxes
Puisque que des prix plus élevés découragent
l'usage du tabac, particulièrement chez les jeunes, la Stratégie
nationale accorde une priorité à une stratégie
fédérale-provinciale-territoriale à long terme
visant à augmenter la taxe sur les produits du tabac à
l'échelle du Canada. On estime qu'une hausse de 10 pour cent
du prix résulte en une baisse des ventes de 4 à 6
pour cent. Le ministère des Finances, de concert avec Santé
Canada, s'assure que la politique canadienne de taxation des
produits du ta bac va de pair avec les objectifs du gouvernement
en matière de santé.
En 1994, les taxes sur le tabac ont été
considérablement réduites dans le cadre du Plan gouvernemental
de lutte contre la contrebande. Depuis, il y a eu plusieurs hausses
fédérales et provinciales, dont les plus récentes
ont eu lieu en avril 2001 et en novembre
2001.
Les hausses des taxes fédérales et provinciales de
novembre 2001 rétablissaient un taux uniforme de taxation
fédérale sur le tabac à l'échelle du
pays. Pour appuyer ces hausses de taxes, la Stratégie fédérale
de lutte contre le tabagisme a alloué 74 millions de dollars
supplémentaires sur cinq ans aux ministères et aux
agences du gouvernement fédéral pour améliorer
leur capacité de surveiller et d'évaluer l'efficacité
de ces mesures fiscales dans la réduction de la contrebande
du tabac. Ces ressources permettront aussi de déterminer
l'ampleur des hausses de taxes à venir et le moment opportun
pour les introduire.
Le gouvernement fédéral a adopté
d'autres mesures en novembre 2001, notamment une hausse de taxes
sur les produits du tabac exportés, le tabac à coupe
fine, les bâtonnets de tabac ainsi que sur les produits du
tabac livrés aux boutiques hors taxes, vendus à bord
des navires et importés par des résidants canadiens
de retour au Canada. Toutes les provinces ont également augmenté
leurs taxes sur le tabac de façon considérable dans
leur budget pour l'année 2002/03.
Établissement de milieux sans fumée
Partout au pays, les municipalités ont adopté
et renforcé des règlements municipaux qui prévoient
un nombre croissant de lieux publics sans fumée. Les plus
récents efforts sont ceux déployés au Nunavut,
où le ministère de la Santé et des Services
sociaux collabore avec la ville d'Iqaluit afin de rédiger
le premier règlement municipal antitabac du territoire.
Politiques élaborées par des organisations non gouvernementales
À l'assemblée annuelle tenue en 2001,
les membres de l'Association canadienne de santé publique (ACSP) ont adopté une résolution concernant le tabac
sans fumée. Cette résolution demande : une surveillance
de la consommation du tabac sans fumée chez les Canadiens,
notamment chez les jeunes; le financement des initiatives de recherche
sur le tabac sans fumée ainsi que des programmes de prévention
et de renoncement à ce type de tabac; une hausse importante
des taxes sur le tabac sans fumée et un renforcement de l'application
de la réglementation interdisant la vente de ces produits
aux mineurs. Cette résolution a été proposée
et adoptée, parce que les produits du tabac sans fumée
représentent un risque important et évitable pour
la santé, particulièrement pour les enfants et les
jeunes. De telles résolutions donnent aux associations professionnelles
le pouvoir d'intervenir dans un dossier au moment opportun et lorsque
l'occasion se présente. Au nom de ses membres, l'ACSP a écrit
à ce sujet aux ministres fédéral, provinciaux
et territoriaux de la Santé et a publié la résolution
dans son bulletin.
Le tabac sans fumée inclut les produits de
tabac comme le tabac à priser, les plaquettes de tabac, le
tabac à chiquer et le tabac en sachet. La nicotine de ces
produits est absorbée directement par le système sanguin
à travers les tissus de la bouche et des narines.
Contribution à des lignes directrices internationales en matière de lutte antitabac
La Convention-cadre
pour la lutte anti-tabac est le premier traité international
en matière de santé. Sa ratification est prévue
pour 2003. Le Canada participe très activement à ce
processus et consulte les provinces, les territoires et les organisations
non gouvernementales (ONG) au fil des négociations. La Fondation
des maladies du coeur du Canada préside un sous-comité
de la coalition nationale contre le tabagisme, qui coordonne la
contribution de la communauté des ONG du Canada à
la Convention-cadre pour la lutte anti-tabac. De concert avec la
Société canadienne du cancer, Médecins pour
un Canada sans fumée et l'Association pour les droits des
non-fumeurs, trois organismes membres du sous-comité, la
Fondation des maladies du coeur du Canada travaille avec des ONG
internationales et assure la présence d'ONG canadiennes aux
séances de négociations internationales.
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