Maximizer l'impact : manuel de l'éducateur
Quatrième partie : Aller plus loin, en faire davantage
La prévention du tabagisme est efficace dans la mesure
où l'enseignement les leçons appropriées
données de la bonne façon seront efficaces. Cependant,
l'enseignement en classe est une partie seulement de la solution.
Les attitudes et les comportements de vos élèves envers
le tabac sont influencés par une grande variété
de facteurs et pas uniquement par ce qu'ils apprennent. Ils sont
influencés par des facteurs culturels et sociaux (leurs expériences
et ce qu'ils voient), par des facteurs personnels (disposition,
valeurs et capacités), ainsi que par les facteurs propres
au milieu (l'accès au tabac et les occasions de l'utiliser).
Les chapitres de la quatrième partie vous aideront à
approfondir vos connaissances et à perfectionner vos aptitudes
à Maximiser l'impact en classe et
à l'extérieur.
Chapitre 13: Le tabac et les jeunesLes faits, les
forces et les tendances
Pourquoi les jeunes fument-ils?
Les jeunes font l'expérience du tabac parce qu'ils considèrent
le tabagisme comme un élément constructif dans leur
vie. Ce qu'ils voient, croient et appren- nent quant aux motifs
qui amènent les gens à fumer et quant aux avantages
reliés au tabagisme les amènent à croire que
l'usage de tabac peut les aider à améliorer leur identité,
leur image, leur confiance sociale ou leur maîtrise de soi.
- Fumer pour améliorer ou changer l'image
de soi. Le tabac est souvent perçu comme un symbole
puissant de maturité et d'indépendance. Pour
un grand nombre d'adolescents, le tabac constitue un droit
de passage et renforce leur souhait de s'identifier à
de jeunes adultes.
- Fumer pour avoir une meilleure apparence physique. Les
jeunes femmes en particulier peuvent fumer pour éviter
de prendre du poids, étant préoccupées par
leur image physique.
- Fumer comme moyen de socialisation. Un grand nombre
d'adolescents fument pour mieux s'«intégrer».
En fumant, ils ont quelque chose en commun avec les autres dans
une situation sociale donnée. Il peut s'agir là
d'un facteur de motivation puissant pour les adolescents
qui manquent de confiance en eux-mêmes ou éprouvent
de la difficulté à se faire des amis.
- Fumer en réponse au stress. Les jeunes se tournent
également vers le tabac pour composer avec les conflits
et le stress. En se fondant sur la perception qu'ils ont
des motifs pour lesquels les autres fument ou sur leur expérience
personnelle, ils peuvent voir dans le tabac une réponse
à la fatigue ou une manière de composer avec les
pressions de la vie quotidi- enne.
Facteurs de risque
Une foule de facteurs personnels, comportementaux et sociaux font
que certains jeunes sont plus susceptibles que d'autres de
succomber à la tentation de fumer.1
Facteurs personnels qui influent sur le risque de succomber au
tabagisme :
- le manque de connaissance des conséquences (les dangers
associés au tabac);
- les avantages perçus par l'utilisateur; la
faible estime de soi ou image de soi (faible estime de soi = risque
plus élevé);
- l'autosuffisance (capacité perçue de résistance
au tabac);
- des facteurs liés à la personnalité;
et le bien-être psychologique.
Les facteurs comportementaux sont les suivants :
- le rendement scolaire (du point de vue statistique, faible rendement
= risque plus élevé);
- les modèles de comportement (problèmes de comportements
= risque plus élevé);
- les aptitudes comportementales;
- les intentions;
- et l'expérimentation.
Les facteurs sociaux sont les suivants :
- l'accessibilité (dans quelle mesure est-il facile
de se procurer du tabac);
- la publicité;
- l'usage par les parents, les frères et sœurs et
les pairs (les jeunes dont le milieu sanctionne l'usage du
tabac sont plus susceptibles de trouver celui-ci attirant et acceptable);
- les normes socioculturelles (l'usage du tabac est-il généralement
accepté par l'entourage?);
- l'appui social;
- et la situation économique (du point de vue statistique,
mauvaise situation économique = risque plus élevé).
Facteurs sociodémographiques :
- L'usage du tabac chez les jeunes est indirectement lié
au faible niveau de développement et, dans le cas du tabac
sans fumée, à la masculinité.
Les étapes de l'initiation
En général, les adolescents franchissent jusqu'à
cinq étapes d'initiation à l'usage du tabac,
allant de la première exposition à la cigarette jusqu'à
la dépendance ou à la toxicomanie.2
Si un assez grand nombre de facteurs de risque sont présents,
les jeunes peuvent passer directement d'une étape à
l'autre.
1. La préparation
À ce stade-ci, les adolescents établissent
leurs croyances et leurs attitudes à l'égard
du tabagisme. Les influences d'ordre social, comme la publicité,
les films, la télévision et les modèles de
comportement des adultes et des membres de leur famille sont importants.
Les parents et les autres membres de la famille qui fument peuvent
banaliser l'usage du tabac ou le rendre acceptable aux yeux
de l'enfant. La publicité va plus loin en transfor-
mant cette habitude en désir. Les fabricants de tabac utilisent
généralement des personnes et des styles de vie qui
s'adressent directement aux aspirations et aux rêves
des jeunes.
2. L'essai
Les jeunes qui font l'expérience du
tabac sont souvent influencés par les actions de leurs pairs
et tendent à croire que fumer est normal, d'autant plus
que les cigarettes et le tabac leur sont facilement accessibles.
Certains jeunes peuvent également être tentés
parce que c'est excitant pour eux de faire quelque chose d'illicite.
3. L'expérimentation
Après avoir essayé de fumer à
quelques reprises, plusieurs jeunes fument de façon répétée,
mais irrégulière. Les situations sociales et l'appui
des pairs sont des facteurs importants à ce stade. Si les
enfants se tiennent avec des fumeurs, ils peuvent percevoir le taba-
gisme comme une chose attirante, voire souhaitable. Les jeunes soucieux
d'appartenir au groupe, ceux qui ont de la difficulté
à refuser des cigarettes ou qui ont facilement accès
à celles-ci sont plus particulièrement vulnérables.
4. L'usage régulier
L'usage continu du tabac peut mener à
un usage régulier, par exemple, fumer chaque semaine dans
diverses situations. Les jeunes sont plus sujets à passer
à ce stade si leurs pairs fument, s'il y a peu de restrictions
sur le tabagisme à l'école, à la maison
ou dans l'entourage. D'habitude, les fumeurs réguliers
sont d'avis que le tabagisme leur est de quelque utilité,
par exemple, pour atténuer le stress, diminuer l'appétit
ou améliorer leur image personnelle.
5. La dépendance
Lorsqu'un jeune s'habitue à fumer
dans certaines et la toxicomanie situations, il peut devenir rapidement
dépendant du tabac et s'en servir comme outil personnel
ou social. Fumer peut devenir un réflexe automatique ou encore
l'envie de fumer peut être déclenchée par
une variété de situations spécifiques comme
la présence d'autres fumeurs, une réunions d'amis,
la préparation des travaux ou les conversations téléphoniques.
De plus, la dépendance physique envers la
nicotine ren- force l'usage répété du
tabac tous les jours. La nicotine crée autant la dépendance
que la cocaïne. Les jeunes qui fument normalement, même
seulement cinq ciga- rettes par jour, peuvent devenir dépendants.
À cette étape, l'accoutumance est très
difficile à éliminer.
Le chemin qui mène à la toxicomanie peut être
rapide et direct. Lorsqu'une jeune personne manifeste une prédisposition
à fumer, l'essai et l'expérimenta- tion
suivent naturellement. À moins d'une influence contraire,
l'usage répété et la dépendance
ne sont qu'un pas en avant.
De plus, le tabac est considéré comme une «drogue
de départ». Même si son usage n'incite pas
nécessairement les jeunes à essayer d'autres
types de drogues, la plupart des gens qui consomment d'autres
drogues ont commencé par le tabac. Une personne qui fume
régulièrement peut être conditionée à
voir dans l'utilisation des drogues en général
un comportement légitime, et dès lors, devenir dépendante
d'autres formes de drogues.
Les tendances à la consommation chez les jeunes
Au cours des dernières années, les efforts déployés
aux échelons national et provinciaux pour prévenir
et réduire l'usage du tabac ont connu des résultats
positifs. Au cours des années 1980, les tendances à
la consommation ont dimi- nué chez les jeunes (et chez la
plupart des groupes d'âge). Entre 1981 et 1990, le pourcentage
des Canadiens fumeurs âgés de 15 à 19 ans est
passé d'environ 43 à 23 p. 100.3
Cependant, en 1994, la proportion de fumeurs adolescents est passée
à 28 p. 100, les jeunes femmes fumant davantage que
les jeunes hommes (respectivement 29 p. 100 et 26 p. 100).
4
Au niveau régional, l'incidence la plus élevée
du tabagisme chez les jeunes est observée au Manitoba et
au Québec; la plus faible est signalée en Colombie-
Britannique. 5
* Utiliser avec précaution, variabilité d'échantillonnage
modérée. Note : Les données relatives à
l'Î.-P.-É. ne sont pas publiables à cause
de la variabilité d'échantillonnage élevée.
Le tabagisme demeure la principale cause évitable de maladies
graves et de décès au Canada. En général,
les maladies liées au tabac tuent quatre fois plus de gens
que les accidents de la circulation, les suicides, les meurtres
et le SIDA combinés. Dans le monde entier actuellement, le
tabagisme tue six personnes par minute, soit trois millions de personnes
par année. Ce chiffre devrait atteindre 10 millions d'ici
à 2025,6
Le tabac présente une sérieuse menace pour les fumeurs
et les non-fumeurs; les effets mortels de la fumée de tabac
environnementale sont bien connus. De récentes études
portent à croire qu'à peu près la moitié
de tous les fumeurs réguliers finiront par mourir à
cause de leur habitude. 7
Notes
- Department of Health and Human Services des É.-U., Preventing
Tobacco Use Among Young People, un rapport du Chef des services
de santé des États-Unis, 1994
p.123.
- Ibid. p.126.
- Santé Canada, Enquête sur le tabagisme au Canada,
Quartier 1 (août 1994).
- Ibid.
- Santé Canada, Enquête sur le tabagisme au Canada,
Quartier 2, (nov. 1994).
- Peto R., «Smoking and Death : The Past 40 Years and The
Next 40», dans le British Medical Journal, vol. 309,
le 8 octobre 1994, p. 937.
- Doll R., R. Peto, K. Wheatly, R. Gray et I. Sutherland, «Mentality
in Relation to Smoking: 40 Years' Observation on Male British
Doctors», dans le British Medical Journal, vol. 309,
le 8 octobre 1994, p. 901.
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