Maximizer l'impact : manuel de l'éducateur
Chapitre 17 : Questions spéciales et élèves ayant des besoins particuliers
Le sondage Programmes de prévention
de l'usage du tabac dans les écoles : Enquête
nationale a établi la nécessité d'obtenir
des données sur les élèves ayant des besoins
d'apprentissage spéciaux, sur les Autochtones canadiens et
plus précisément sur le tabac sans fumée. Le
présent chapitre porte sur ce besoin et donne un aperçu
des faits et questions touchant les points suivants :
- Élèves dont la langue maternelle n'est ni l'anglais,
ni le français
- Élèves ayant de faibles capacités de lecture
et d'écriture
- Élèves peu motivés
- Élèves autochtones canadiens
- Tabac sans fumée
Nous ne disposions que de peu de renseignements sur ces sujets
au moment de l'impression. De plus, en raison de la conception et
des méthodes des études existantes, peu de conclusions
fermes peuvent être établies. Par exemple, certaines
études se limitent aux populations urbaines, aux personnes
de 15 ans et plus, à des groupes ethniques en particulier
et à de petits échantillons. Il est clair que des
recherches supplémentaires sont nécessaires. Toutefois,
les observations suivantes pourront vous aider à comprendre
les ques- tions et contribuer à mettre au point des initiatives
de prévention appropriées.
1. Prévention du tabagisme auprès des jeunes dont
la langue maternelle n'est ni l'anglais, ni le français
Que savons-nous de l'usage du tabac chez les populations ethniques?
L'appartenance à un groupe ethnique peut être un facteur
important dans
la prédisposition à un comportement qui touche à
la santé. Par exemple, le tabagisme est moins répandu
chez les Canadiens nés à l'étranger (16 p.
100) que parmi ceux nés ici (25 p. 100).1
Seuls 11 p. 100 des Canadiens asiatiques fument régulièrement
(en comparaison de 59 p. 100 des Autochtones du Canada).2
Les fumeurs asiatiques en particulier sont les plus influencés
par la famille et les amis; ce sont leurs parents et leur conjoint
qui fument le moins; ils sont les plus sensibles aux pressions exercées
par les amis pour abandonner la cigarette; et ils sont plus soucieux
des effets de la cigarette sur les non- fumeurs et les jeunes. Toutefois,
nous manquons de données sur la question. Des groupes ethniques
différents peuvent avoir d'autres attitudes, valeurs et comportements
à l'égard du tabagisme. Les répercussions du
comportement des fumeurs adultes sur les jeunes, dans les populations
ethniques, ne sont pas encore bien documentées. De plus,
on ne sait pas au juste dans quelle mesure les jeunes d'origine
ethnique sont influencés par la culture générale
du Canada (par opposition à leurs propres traditions culturelles).
En attendant de recueillir de plus amples renseignements, nous devrions
continuer d'intensifier les efforts actuels, par exemple en créant
des programmes fondés sur des modèles d'influence
sociale.
Comment pouvez-vous adapter votre matériel et votre
présentation aux jeunes nés à l'étranger
et aux élèves dont la langue maternelle n'est ni l'anglais,
ni le français? Voici les directives à suivre
pour enseigner la prévention du tabagisme aux élèves
dont la langue maternelle n'est ni l'anglais, ni le français
:
- Adaptez le type et la complexité de vos travaux au niveau
de connaissance linguistique et aux capacités de vos élèves.
- Essayez d'aider vos élèves à comprendre
que l'usage du tabac est de moins en moins populaire dans notre
société (c'est-à-dire que la norme est de
ne pas fumer), qu'il est découragé par les gouvernements
et moins accepté socialement.
- Évitez les travaux qui demandent beaucoup de lecture
et de rédaction. Utilisez d'autres techniques comme le
théâtre (sketches, jeux), etc.
- Communiquez sous forme d'illustrations (en dessinant et en
utilisant des images).
- Aidez vos élèves à utiliser la version
sur disque optique multimédia des modules comprise dans
la trousse.
- Utilisez de l'équipement vidéo et des magnétophones
au cours de vos discussions afin de faciliter votre intervention.
Maximiser l'impact n'est pas conçu pour répondre
aux besoins particuliers de ceux dont la langue maternelle n'est
ni le français, ni l'anglais. Toutefois, sa teneur et ses
principes de conception à la fine pointe (l'Approche globale
de la santé en milieu scolaire, l'apprentissage avec l'aide
des pairs, l'enseignement convivial et multimédia) en font
un outil d'une efficacité maximale pour la prévention
du tabagisme.
2. Prévention du tabagisme auprès des groupes
ayant moins d'aptitudes à lire et à écrire
Que savons-nous de l'usage du tabac chez les personnes ayant
moins d'aptitudes à lire et à écrire? Les
taux de fumeurs sont étroitement liés au niveau d'instruction,
plus qu'au sexe des personnes. Cependant, nous ne savons pas grand
chose sur les relations spécifiques entre l'alphabétisation
et le tabagisme. Même s'il nous faut effectuer plus de recherches,
nous savons que certains facteurs contribuent à l'efficacité
des programmes de prévention du tabagisme dans le cas des
personnes qui ont moins de capacités de lecture et d'écriture.
Les directives qui s'appliquent à ces personnes sont similaires
à celles prévues pour les élèves dont
la langue maternelle n'est ni l'anglais, ni le français :
- Évitez de donner des travaux exigeant beaucoup de lecture
et de rédaction. Les communications personnelles peuvent
s'avérer plus efficaces que la documentation écrite
pour convaincre les gens des dangers du tabagisme.
- Des approches multimédias sont préférables
à l'utilisation d'imprimés.
- Les documents imprimés doivent être rédigés
dans un langage très simple.
Maximiser l'impact est un exemple de document de travail
fondé sur des principes de conception éprouvés
qui ont de bonnes chances d'avoir des répercussions salutaires
sur les personnes ayant moins de capacités de lecture et
d'écriture. L'approche multimédia, les discussions
en groupes et les documents imprimés simples répondent
aux besoins d'apprentissage d'un vaste éventail d'élèves,
y compris ceux pour lesquels les documents imprimés posent
des problèmes.
3. Prévention du tabagisme auprès des élèves
difficiles à motiver
Certains élèves peuvent montrer peu d'intérêt
envers la prévention du tabagisme ou sembler difficiles à
atteindre. Il peut s'agir d'élèves conditionnés
par leur milieu ou leur expérience à accepter le tabac,
ou qui ne comprennent pas que la situation suscite des problèmes.
(Il peut aussi s'agir d'élèves ayant des difficultés
particulières d'apprentissage, comme de troubles de l'attention.
Cependant, les stratégies applicables à ces défis
d'ordre psychophysiologique dépassent le cadre du présent
document.) Les principaux facteurs influant sur la motivation de
vos élèves en matière de prévention
du tabagisme englobent les habitudes, les attitudes et les valeurs
des pairs, les parents, et des enseignantes, ainsi que d'autres
modèles de comporte- ment. Si l'élève a appris,
auprès de ces grandes sources d'influence ou par expérience,
que le tabagisme est utile ou bénéfique, il peut déjà
être disposé à considérer vos modules
comme hors de propos.
Pour régler cette situation, vous devez :
- stimuler la curiosité de vos élèves;
- favoriser la compréhension et l'appui chez les parents
et les pairs;
- présenter des exposés simples;
- offrir des activités d'apprentissage intéressantes;
et
- renforcer le concept de succès.
Faites preuve de jugement et de créativité lorsque
vous communiquez avec des élèves peu motivés.
Motivez vos élèves avec des faits marquants. Faites
par- ticiper les parents et les pairs aux activités touchant
toute l'école, et sensibilisez ces personnes. Rendez cette
expérience facile et agréable. Adoptez une approche
axée sur l'élève; aidez vos élèves
à faire, au sujet du tabagisme, les «décou-
vertes» de base les plus appropriées à leur
mode de vie. Reconnaissez et récompensez les réalisations
de base.
4. Prévention du tabagisme auprès des élèves
autochtones
Faits et statistiques
Comme pour les autres questions et groupes particuliers, les renseignements
sur l'usage du tabac au sein de la communauté autochtone
canadienne, ainsi que sur les stratégies et les questions
de prévention, sont limités. Toutefois, les statistiques
révèlent que3 :
- l'usage du tabac est plus fréquent chez les Autochtones
que chez les autres Canadiens. Environ 58 p. 100 des Autochtones
de plus de 15 ans fument, comparativement à environ 30 p.
100 de la population générale. Les taux de consommation
du tabac varient d'un groupe autochtone à l'autre.
- Le tabac non roulé joue un rôle important dans
les cultures traditionnelles de certains groupes autochtones.
Cependant, l'usage des cigarettes est associé à
leur adoption de la culture occidentale. Bon nombre de groupes
autochtones font la distinction entre l'usage traditionnel et
l'abus moderne.
- Toute proportion gardée, il y a plus de fumeurs chez
les Autochtones qu'au sein de la population générale.
Toutefois, la proportion de fumeurs quoti- diens est inférieure
chez les Autochtones. Les niveaux de consommation sont également
plus bas chez les Autochtones qui fument quotidiennement. Six
pour cent des fumeurs adultes autochtones consomment plus d'un
paquet par jour, comparativement à 10 p. 100 de tous
les fumeurs adultes canadiens.
- L'usage du tabac par les femmes autochtones est à peu
près égal à l'usage du tabac par les hommes
autochtones. Les jeunes femmes ont tendance à fumer un
peu plus que les jeunes hommes; quant aux femmes plus âgées,
elles ont tendance à fumer un peu moins que les hommes
plus âgés.
- Tout comme dans la population générale, l'usage
du tabac est plus fréquent chez les gens moins instruits,
dont le revenu est plus faible et dont le statut est moins élevé.
- Les modèles régionaux de l'usage du tabac chez
les Autochtones sont simi- laires à ceux des autres Canadiens.
L'Ontario et la Colombie-Britannique comptent les niveaux les
plus bas de consommation de tabac par les Autochtones; la Saskatchewan
vient en tête.
- Les Autochtones ont plus tendance à utiliser le tabac
à priser que les autres Canadiens.
Répercussions des programmes de prévention du
tabagisme
Les interventions de prévention du tabagisme visant les
Autochtones canadiens doivent faire l'objet d'autres recherches.
Toutefois, les directives suivantes pour- ront s'avérer utiles
si vous enseignez à des élèves autochtones :
- Tenez compte du fait que ces élèves autochtones
viennent de foyers et de communautés où l'usage
du tabac est très répandu. Ces élèves
ont peut-être été amenés à consommer
le tabac en bas âge et peuvent avoir commencé à
fumer très jeunes. Leur acceptation du tabac peut être
renforcée par la con- science de son rôle dans la
culture autochtone.
- Reconnaissez cette réalité dans votre programme
de prévention. Aidez-les à comprendre comment leurs
perceptions, leurs attitudes et leurs valeurs se sont formées
à l'égard du tabac. Encouragez-les à regarder
d'un œil critique les forces qui pourraient les amener à
accepter et à utiliser le tabac. Aidez- les à comprendre
qu'ils ont un choix à faire et faites valoir combien il
est important et avantageux pour eux de choisir de ne pas fumer.
- Soutenez la valeur de l'utilisation traditionnelle du tabac.
Les groupes autochtones aux États-Unis font la différence
entre l'utilisation traditionnelle et l'abus moderne.
5. Tabac sans fumée
La plupart des programmes de prévention existants ne contiennent
pas de renseignements sur le taux de consommation et les risques
associés à la consommation du tabac sans fumée
(c'est-à-dire du tabac à chiquer ou à priser).
La présente section donne un aperçu des principaux
faits et tendances. Vous devez cependant traiter de ce sujet
uniquement si vous savez que le tabac sans fumée est utilisé
dans votre école. Sinon, la discussion peut intéresser
les élèves et les inciter à utiliser le tabac
sans fumée.
Qu'est-ce que le tabac sans fumée?
Le tabac sans fumée comprend le tabac à chiquer et
le tabac à priser. Le tabac à chiquer se présente
sous deux formes : les carottes bien tassées ou le tabac
en feuilles grossièrement coupées. L'utilisateur met
le tabac à l'intérieur de la joue, le mâche
et en suce le jus.
Le tabac à priser se présente sous forme de
poudre finement moulue. Une pincée de ce tabac est placée
dans la narine. Il suffit de le garder dans le nez. Ces deux types
de tabac sans fumée stimulent les glandes salivaires et il
faut avaler ou cracher la salive. De façon générale,
les utilisateurs de tabac sans fumée sont également
des fumeurs.
Fréquence de l'utilisation
Un sondage effectué par Santé Canada en 1994 a révélé
que moins de 1 p. 100 des Canadiens (de 15 ans et plus) font usage
de tabac sans fumée. 4
Des études antérieures ont révélé
que l'usage de tabac sans fumée peut varier selon l'âge
et la région.5
Risques pour la santé
Même si une proportion relativement faible de jeunes Canadiens
font régulière- ment usage du tabac sans fumée,
celui-ci compromet la santé des jeunes Canadiens. Les adolescents
ne sont généralement pas conscients des risques pour
la santé. Un grand nombre de jeunes croient que le tabac
à chiquer et le tabac à priser sont des solutions
de rechange sûres au tabagisme proprement dit. En réalité,
le tabac sans fumée est une substance qui crée une
grande dépendance et qui cause bon nombre des mêmes
problèmes associés à la cigarette, dont le
cancer.
- Le niveau de nicotine dans le sang des utilisateurs de tabac
sans fumée est plus élevé que celui présent
dans le sang des gros fumeurs.
- L'empoisonnement à la nicotine associé à
l'usage du tabac à priser peut causer des dommages nerveux,
entraîner des faiblesses musculaires graves, de la fatigue
et une perte de poids.
- Le jus du tabac est un irritant qui entraîne la formation
de plaques blanches tenaces dans la bouche. Parfois, ces plaques
guérissent, mais elles peuvent également devenir
cancéreuses.
- L'utilisation du tabac sans fumée entraîne le
déchaussement des gencives et l'apparition de taches noires
et disgracieuses sur les dents.
- Le tabac sans fumée réduit la sensibilité
au goût, et limite le sens de l'odorat. Les utilisateurs
ont souvent mauvaise haleine.
Tendances et influences
Les compagnies de tabac ont enregistré une hausse importante
des ventes du tabac sans fumée, surtout chez les hommes de
19 ans et plus. Les études de marché effectuées
par l'industrie ont permis d'identifier ce groupe comme le marché
cible.
Répercussions sur votre programme de prévention
Un nombre relativement restreint de jeunes de 10 à 14 ans
font usage du tabac sans fumée. Toutefois, des efforts de
prévention sont nécessaires pour que ce niveau d'utilisation
demeure bas. À titre d'enseignant, vous pouvez devenir une
source importante d'information sur les effets du tabac sans fumée.
Vous pouvez dissiper certains mythes sur l'usage du tabac sans fumée,
surtout la notion que c'est un moyen sans danger
de faire usage du tabac. Aidez vos élèves à
comprendre qu'il s'agit d'une drogue dangereuse qui entraîne
la dépendance. Les discussions et les modules sur le tabac
sans fumée peuvent commencer très tôt, auprès
des enfants de 7 ou 8 ans. Une intervention à cet âge
est justifiée, surtout si vous enseignez à des élèves
qui, d'un point de vue statistique, sont plus à risque (p.
ex., s'il s'agit de garçons des Prairies ou des Maritimes
et s'il s'agit d'Autochtones). Évaluez votre situation et
les besoins de vos élèves.
Notes
- Millar, Wayne J. «Place of Birth and Ethnic Status :
Factors Associated With Smoking Prevalence Among Canadians»,
dans Health Report publié par Statistique Canada,
1992.
- Ibid.
- Voir Thomas Stevens, Smoking Among Aboriginal People in Canada,
1991.
- Santé Canada, Enquête sur le tabagisme au Canada,
Quartier 2, nov. 1994.
- Par exemple, Abernathy et Bertrand ont découvert que,
tant chez les garçons que chez les filles, les taux d'utilisation
étaient de 1,1 p. 100 à 10 ans, de 2,2 p.
100 à 11 ans et de 4,2 p. 100 à 12 ans.
Une étude de 1983 dans les Territoires du Nord-Ouest a
révélé que 8,7 p. 100 de la population
fait usage de tabac sans fumée. Voir T.J. Abernathy et
L.D. Bertrand, «The Prevalence of Smokeless Tobacco and
Cigarette Use Among Sixth, Seventh and Eighth Grade Students :
A Longitudinal Investigation», dans la Revue canadienne
de santé publique, janv.-févr. 1992.
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