Remise en question des idées préconçues sur l'accès au tabac par les jeunes : Redéfinition des interventions sur l'accès des jeunes

Partie I : Conclusions principales de la recherche

Il existe un grand nombre d'études sur le problème de l'accès des jeunes aux produits du tabac, la majorité portant sur le choix de politiques et de mesures d'application susceptibles d'augmenter le pourcentage de détaillants qui se conforment aux lois sur la vente aux mineurs. Il n'y a aucun doute que plusieurs interventions sur l'accès des jeunes au tabac peuvent amener les détaillants à respecter davantage les lois et que le niveau de conformité est directement lié au genre de mesures d'application et à leur fréquence. Les recherches ont montré que les interventions permettant d'atteindre un taux de conformité élevé chez les détaillants sont fondées sur des vérifications de conformité effectuées régulièrement sans préavis, avec des jeunes mineurs. Ces interventions comprennent également un système gradué d'amendes et de suspensions de l'autorisation de vendre du tabac pendant une période déterminée. Les recherches montrent clairement que le maintien d'un taux de conformité élevé nécessite des efforts soutenus en matière d'application de la loi.

Cependant, très peu d'interventions dont l'objectif était de faire diminuer les ventes de tabac aux mineurs ont réussi à faire réduire l'accès, perçu ou réel, des jeunes au tabac. Cela s'explique par le fait que les adolescents fumeurs repèrent les détaillants contrevenants et obtiennent des cigarettes des gens de leur entourage, comme les parents, les frères et soeurs plus âgés et les amis. Par conséquent, peu d'interventions sur l'accès ont pu modifier le comportement des jeunes fumeurs.

La plupart des études portant sur l'impact sur le taux de tabagisme chez les jeunes attribuable aux interventions liées à la vente aux mineurs n'ont relevé aucune relation. Dans certaines études portant sur des cas où les taux de conformité étaient très élevés, on a noté un impact sur la prévalence juvénile, mais les résultats sont largement insuffisants pour conclure avec certitude à l'efficacité des interventions qui agissent sur l'offre. Les quelques interventions associées à une réduction de la consommation du tabac chez les jeunes ont été entreprises dans le cadre de programmes communautaires plus globaux. En plus des efforts d'application de la loi, il y avait d'autres initiatives locales et une couverture médiatique de la question. En outre, selon qu'ils respectaient ou non la loi, les vendeurs se voyaient gratifiés d'une publicité favorable ou de blâmes.

Voici les conclusions tirées d'une revue exhaustive de la littérature scientifique :

1. Il existe des preuves solides démontrant que des mesures d'application de la loi rigoureuses et fréquentes peuvent faire accroître de façon substantielle le taux de conformité à la loi.
2. Il n'y pas de preuves concluantes démontrant que le taux de conformité a un impact mesurable sur l'accès des jeunes aux produits du tabac ou sur la perception que les jeunes ont de leur accès à ces produits.
3. Il n'y pas de preuves concluantes démontrant que l'augmentation du taux de conformité à la loi a un impact sur la consommation de tabac chez les jeunes, mais certaines données indiquent qu'un taux de conformité très élevé, dans le cadre d'une intervention globale qui vise à réduire l'usage du tabac chez les jeunes, est associé à une baisse du taux de tabagisme juvénile.

Il est également clair que le débat est loin d'être clos sur les trois questions suivantes :

1. Existe-t-il ou non un seuil de conformité au-delà duquel il y a un impact sur l'accès des jeunes au tabac ou sur l'usage du tabac chez les jeunes ? ( En se basant sur les études qui révèlent un impact, les partisans d'une stratégie d'intervention sur l'offre de tabac estiment que le seuil de conformité minimal serait d'au moins 90%).
2. En prenant pour hypothèse l'existence d'un tel seuil de conformité, les investissements nécessaires pour l'atteinte constitueraient-ils une intervention de lutte antitabac efficace en terme de coûts ?
3. Y a-t-il d'autres coûts ou avantages découlant de l'investissement dans les interventions rattachées à l'accès des jeunes aux produits du tabac ?