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Vie saine

Bilan de la consommation de tabac : les coûts de l'usage du tabac en milieu du travail

Méthodologie et sources

Nous décrivons dans le présent chapitre la méthode employée pour calculer les coûts additionnels, pour les employeurs, qui résultent de l'usage du tabac. (On trouvera à l'annexe A les formules utilisées pour les calculs.) Comme dans la plupart des études de ce genre, les calculs reposent sur un certain nombre d'hypothèses. Celles-ci font l'objet de discussion; nous indiquons également la provenance des données utilisées pour les calculs.

Approche générale

Divers facteurs contribuent à l'accroissement des coûts liés à l'emploi d'un fumeur plutôt que d'un non-fumeur ayant des caractéristiques semblables. Les estimations auxquelles nous arrivons dans la présente étude portent sur les quatre facteurs suivants : 

  1. l'accroissement de l'absentéisme;
  2. la baisse de la productivité;
  3. la hausse des primes d'assurance-vie;
  4. le coût des aires pour fumeurs.

Cette liste de coûts n'a rien d'exhaustif. En outre, ces coûts ne s'appliquent pas tous à chaque organisation. Et même dans ce cas, l'hypothèse sous-jacente sur laquelle reposent les calculs ne vaut pas nécessairement pour chaque employeur en particulier.

Un grand nombre des facteurs de coût examinés varient en importance selon les politiques en vigueur sur les lieux de travail. Le graphique 1 illustre la répartition des politiques en matière de tabac en vigueur au Canada en 1994. Tirées d'une enquête effectuée par Statistique Canada pour le compte de Santé Canada, les données révèlent que 39 p. 100 des Canadiens ont proscrit l'usage du tabac en milieu de travail.4 Lorsqu'il est permis de fumer sur les lieux de travail, un pourcentage presque identique (41 p. 100) imposent des restrictions quant aux endroits où il est permis de le faire. Les autres ont indiqué qu'il n'y avait pas de restrictions quant à l'usage du tabac en milieu de travail.

Nous calculons les facteurs de coût du point de vue de l'employeur. Autrement dit, il s'agit de coûts engagés par l'employeur parce que les employés fument en milieu de travail. Nous avons utilisé autant que possible les données de 1995 dans l'estimation des coûts. Ainsi, les estimations de coût pour chaque facteur sont exprimées en dollars de 1995 par employé et par année. Lorsque les données pour 1995 n'étaient pas disponibles, nous avons pris note de l'année à laquelle s'appliquaient les données utilisées et nous les avons rajustées, au besoin, en fonction de 1995.

Chart 1

Politiques concernant l'usage du tabac en milieu de travail, 1994

Politiques concernant l'usage du tabac en milieu de travail, 
                    1994

Source : Santé Canada, Enquête sur le tabagisme au Canada.

1. Accroissement de l'absentéisme

Dans de nombreuses études épidémiologiques, on a constaté que les fumeurs avaient tendance à s'absenter de leur travail plus que les non-fumeurs.5

Chart 2

L'absentéisme chez les non-fumeurs et chez les fumeurs, 1994

L'absentéisme chez les non-fumeurs et chez les fumeurs, 
                    1994

Note : Le terme « fumeurs » comprend les fumeurs et les ex-fumeurs.

Source : Santé Canada, Enquête sur le tabagisme au Canada..

L'Enquête sociale générale de 1994 effectuée par Statistique Canada révèle que les employés non-fumeurs s'absentent de leur travail 1,8 jour de moins par année que les fumeurs (graphique 2). Si les employés sont rémunérés pour leurs congés de maladie, comme c'est le cas dans de nombreux milieux de travail au Canada, l'absentéisme impose un coût réel aux employeurs.

Pour calculer le coût attribuable à l'augmentation de l'absentéisme, on multiplie la différence entre le nombre annuel de jours de maladie pris par les fumeurs, d'une part, et par les non-fumeurs, d'autre part, par le coût salarial quotidien moyen.

Le nombre moyen de jours de maladie des fumeurs actuels aussi bien que des ex-fumeurs est de 13,5 par année, d'après l'Enquête sociale générale de 1994. Par contre, il est de 11,7 jours pour les personnes qui n'ont jamais fumé. Ce sont les jours de maladie additionnels des fumeurs qui font la différence entre les deux.

On obtient le salaire quotidien moyen en divisant par cinq jours ouvrables les salaires et traitements hebdomadaires moyens de 1995 (dans l'ensemble des secteurs d'activité). Suivant cette méthode, le salaire quotidien moyen en 1995 était de 112$. 6 Ce montant représente le salaire ou traitement reçu par l'employé, mais il sous-estime le coût salarial réel assumé par l'employeur. En vertu de la loi, les employeurs sont en effet tenus de cotiser à divers programmes fédéraux et provinciaux au nom de leurs employés.

Ces programmes comprennent le Régime de pensions du Canada (RPC) ou le Régime de rentes du Québec (RRQ), l'assurance-emploi, les régimes provinciaux d'assurance-maladie, le régime d'indemnisation des victimes d'accidents du travail ainsi que les autres charges sociales. De plus, nombreux sont les employeurs qui contribuent volontairement au régime d'avantages sociaux des employés. On estime à environ 15 p. 100 des salaires le coût de ces charges sociales et de ces avantages sociaux pour les employeurs, d'après les données nationales relatives à 1995.7 Afin de calculer les coûts salariaux réels, nous avons combiné les charges sociales et avantages sociaux avec le salaire hebdomadaire moyen.

2. Baisse de la productivité

Cette deuxième catégorie de coûts quantifie le coût pour l'employeur qui résulte du fait que les employés prennent des pauses pour fumer pendant leur journée de travail. Le calcul ne s'applique qu'aux employeurs qui ne permettent pas à leurs employés de fumer sur les lieux immédiats de leur travail. Les employés qui sont autorisés à fumer sur les lieux immédiats de leur travail imposent cependant aux employeurs d'autres coûts qui ne sont pas pris en compte ici.

Nous calculons la perte annuelle de productivité qui résulte du fait que les employés quittent leur poste de travail pour aller fumer en multipliant le temps consacré à la pause-cigarette par le salaire moyen.

D'après les enquêtes, le fumeur canadien moyen consomme environ 19 cigarettes par jour. Selon une étude sur la désaccoutumance au tabac en milieu de travail effectuée par le Conference Board, par exemple, les hommes fument environ 20 cigarettes par jour et les femmes, 18 environ, la moyenne pondérée pour les deux sexes s'établissant à 19. 8

À supposer que la période de sommeil est de huit heures, le quart de travail de huit heures représente la moitié du temps où le travailleur est éveillé. Lorsqu'il n'a pas le droit de fumer à son poste de travail, ce dernier a habituellement tendance à fumer davantage en dehors des heures ouvrables; aussi risquerait-on de surestimer les coûts si l'on disait simplement que la moitié des cigarettes fumées pendant la journée le sont pendant les heures de travail. Pour être prudent dans notre calcul, nous supposons par conséquent qu'un quart des cigarettes fumées pendant la journée (c.-à-d. cinq) le sont pendant les heures de travail. Si la personne fume une cigarette à chacune de ses deux pauses et une à l'heure du midi, il lui en reste deux à fumer à des moments qui ne sont pas désignés comme étant des pauses.

Supposons qu'il faille dix minutes pour griller une cigarette et cinq pour se rendre du poste de travail à l'aire pour fumeurs et en revenir. La pause-cigarette exige donc quinze minutes au total. Si la personne fume deux cigarettes en dehors de ses heures normales de pause, elle consacre alors trente minutes par jour au total au rituel de la cigarette, et ces minutes sont perdues.9

Nous utilisons le salaire horaire moyen (dans l'ensemble des secteurs d'activité) pour calculer le coût d'opportunité du temps perdu à fumer. Le salaire horaire moyen (des employés salariés aussi bien que de ceux qui sont rémunérés à l'heure, dans l'ensemble des secteurs d'activité) pour 1995 s'établit à 16,87 $. Comme dans le cas du calcul de l'absentéisme comme facteur de coût, le salaire horaire sous-estime le coût salarial réel que paie l'employeur. Nous ajoutons par conséquent au salaire horaire le montant des avantages sociaux payés par l'employeur pour le compte de l'employé.

Nous procédons comme suit pour établir le nombre de jours ouvrables dans une année. L'année civile comptant 365 jours, nous déduisons 104 jours pour les weekends, 10 jours fériés, 15 jours de vacances et 9 jours de maladie 10, ce qui fait 138 jours de repos dans une année et donc 227 jours ouvrables.

3. Hausse des primes d'assurance-vie

Depuis plus de dix ans, les compagnies d'assurance-vie accordent un « rabais » aux détenteurs de police individuelle qui ne fument pas, ce qui tient compte de leur taux de morbidité moindre et de leur espérance de vie plus grande que chez les fumeurs. À l'heure actuelle, ce rabais n'est pas offert habituellement dans les régimes d'assurance-vie collective auxquels souscrivent de nombreux employeurs canadiens.

Toutefois, en raison du nombre accru de demandes de remboursement présentées par les employés qui fument, les employeurs constateront avec le temps que leurs primes augmentent plus que celles de leurs homologues qui ont moins de fumeurs à leur service. L'inverse est également vrai : les employés non fumeurs présentant moins de demandes de remboursement, leurs primes diminueront à la longue. Le rythme auquel les primes augmentent ou diminuent varie en fonction de la taille de l'organisation. En général, les demandes de remboursement des gros employeurs (400 vies assurées et plus) jouissent d'une crédibilité plus grande que celles qui proviennent d'employeurs de moindre envergure. Par conséquent, bien que les compagnies d'assurances canadiennes n'accordent peut-être pas de rabais directement pour les employés non fumeurs, au fil des ans, le niveau moindre des demandes de remboursement associé aux demandes de ces derniers entraînera une réduction des primes.

Dans le cas des polices individuelles, les actuaires ont établi des tables de rabais sur les primes d'assurance-vie à l'intention des détenteurs de police qui ne fument pas; ces rabais varient selon le sexe et l'âge du requérant. Dans le cas d'un homme de 35 ans, par exemple, le rabais peut aller jusqu'à 50 p. 100 du montant de la prime exigée d'un fumeur présentant des caractéristiques équivalentes.11

Nous calculons le coût supérieur des primes d'assurance-vie attribuable aux employés qui fument en utilisant le rabais moyen applicable aux polices individuelles (35 p. 100) établi à partir d'un échantillon de compagnies d'assurance-vie canadiennes fourni par LifeGuideMD. Pour estimer la prime moyenne d'assurance-vie collective, nous prenons le montant total des primes versées en 1995 et divisons ce montant par le nombre total d'employés en 1995.12, 13
Nous nous sommes servi des taux de prévalence de l'usage du tabac à l'échelle nationale en 1994 pour estimer le coût additionnel de la prime imposé par le fait de fumer en milieu de travail.

4. Coûts des aires pour fumeurs

Le quatrième et dernier facteur de coût pris en considération dans la présente étude comprend les coûts liés à la construction, à l'exploitation et au nettoyage des aires pour fumeurs sur les lieux de travail. Le calcul de ce facteur de coût repose sur l'hypothèse selon laquelle les gens vont fumer dans un endroit ventilé séparément. Ce coût varie cependant en fonction de l'endroit où il est permis de fumer.

Le coût de la construction et de l'exploitation d'une aire pour fumeurs ventilée séparément varie en fonction d'un certain nombre de facteurs liés à la conception du local. Si la pièce désignée donne sur un mur extérieur, on peut engager un entrepreneur directement pour installer un ventilateur mural qui maintiendra une pression négative dans la pièce. Il faudra peut-être effectuer des études de génie et d'architecture dans le cas d'installations plus complexes, et prévoir l'installation de conduits et d'appareils additionnels tels qu'un ventilateur-récupérateur de chaleur. Par conséquent, les estimations obtenues auprès d'un certain nombre de cabinets d'ingénieurs spécialisés dans les sciences de la construction vont de 2 000 $ (pour un entrepreneur qui installe un ventilateur mural) à 20 000 $ pour une installation plus complexe. Nous avons utilisé la moyenne de ces deux estimations (11 000 $) dans nos calculs et l'avons amortie sur une période de dix ans. Par hypothèse, nous avons fixé à 5 p. 100 (550 $) du coût initial des immobilisations les coûts annuels d'exploitation et avons établi à 25 le nombre de fumeurs que cette aire pour fumeurs peut accueillir.

Les coûts de nettoyage reposent sur ce qu'il en coûte pour nettoyer la partie du bâtiment où les gens fument. Il faut vider les cendriers qui s'y trouvent, habituellement tous les jours. Il faut aussi balayer la pièce ou la nettoyer d'une autre manière, ce qui se fait généralement une fois par semaine.

Nous estimons qu'il faut cinq minutes par jour pour nettoyer les cendriers remplis par 25 employés. Le nettoyage hebdomadaire de l'aire pour fumeurs nécessite une demi-heure par groupe de 25 employés fumeurs. Nous nous servons du salaire horaire moyen d'un concierge en 1995 (9,75 $) pour convertir le temps en argent.14
Les avantages sociaux payés par l'employeur au nom des employés sont également compris dans le calcul du coût salarial réel pour l'employeur.

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