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Vie saine

Enquête de 2002 sur le tabagisme chez les jeunes : Rapport technique

Influences sociales

Scott T. Leatherdale, PhD
Division de l'oncologie préventive
Action cancer Ontario
Département des études sur la santé et de gérontologie
Université de Waterloo
Département des sciences de la santé publique
Université de Toronto

Steve R. Manske, EdD
Centre de recherche sur le comportement et d'évaluation des programmes
Université de Waterloo

Alan Diener, PhD
Programme de la lutte au tabagisme
Santé Canada

Sarah J. Robinson, BKin(Hons)
Département des études sur la santé et de gérontologie
Université de Waterloo

Remerciements : Les auteurs remercient Jennifer O'Loughlin (Université McGill) et Steve Sussman (University of South California) qui ont révisé une version antérieure de ce chapitre et fait des commentaires constructifs.

Points Saillants

  • L'entourage joue un rôle déterminant dans les comportements des jeunes à l'égard du tabac. Les personnes importantes à cet égard comprennent les amis, les parents et d'autres personnes qui pourraient vivre sous le même toit (p. ex. les frères et soeurs);
  • Le tabagisme des amis proches joue un rôle important. Dans l'ensemble, 28 % des jeunes de la 5e à la 5e année ont au moins un ami proche qui fume. Plus le nombre d'amis proches qui fument est élevé, plus le jeune risque d'en faire autant. Le même lien existe pour les garçons et les filles. Le nombre de jeunes ayant des amis proches qui fument a diminué depuis 1994;
  • Le tabagisme des parents a aussi une influence déterminante. Un jeune dont le père ou la mère fume risque davantage de fumer. Une jeune fille est plus susceptible de fumer qu'un jeune garçon si l'un de ses parents fume. Lorsque les deux parents fument, un jeune est plus susceptible de fumer que lorsqu'un seul parent fume. Le nombre de jeunes dont le père ou la mère fume a diminué depuis 1994;
  • Les attitudes des parents à l'égard du tabagisme des jeunes sont liées à l'usage du tabac chez ces derniers. Des attitudes permissives encouragent généralement le tabagisme. Cependant, la plupart des jeunes fumeurs ont indiqué que leurs parents ne sont pas au courant qu'ils fument;
  • Le fait que des personnes fument à la maison est également lié au tabagisme des jeunes. Dans l'ensemble, 30 % des jeunes vivent dans un foyer où au moins une personne fume. Plus le nombre de fumeurs à la maison est élevé, plus le jeune est susceptible de fumer. Les jeunes ayant déjà fumé à la maison sont également plus susceptibles d'être des fumeurs quotidiens. Le nombre de jeunes vivant dans un foyer ou personne ne fume a augmenté depuis 1994;
  • Le niveau de scolarité des parents continue d'être étroitement lié au tabagisme chez leurs enfants;
  • Ces constatations indiquent qu'il existe un besoin constant de programmes complets de lutte au tabagisme visant à réduire l'exposition des jeunes à des modèles sociaux qui fument. Bien que les jeunes aient indiqué être exposés à un moins grand nombre d'amis et de membres de la famille qui fument en 2002 qu'en 1994, les modèles sociaux qui fument continuent à exercer une grande influence sur le tabagisme des jeunes. Des règlements et des programmes éducatifs supplémentaires visant à réduire la prévalence du tabagisme devraient viser à la fois les jeunes et les personnes importantes de leur entourage.

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Méthodes

Cette section aborde les définitions et les questions liées à l'échantillonnage propres au présent chapitre. Pour obtenir des précisions sur les méthodes utilisées dans l'ensemble de l'Enquête de 2002 sur le tabagisme chez les jeunes, veuillez consulter le chapitre 2. Dans le présent chapitre, nous examinons les données de l'Enquête de 2002 sur le tabagisme chez les jeunes (ETJ) afin de déterminer le lien entre la consommation de cigarettes chez les jeunes et le tabagisme des amis, des parents et d'autres personnes susceptibles d'être importantes dans le milieu social entourant le jeune (p. ex. les frères et soeurs). Ces données de l'ETJ de 2002 sont également comparées à celles de l'ETJ de 1994 afin d'établir si le lien entre le tabagisme des jeunes et des amis, des parents et d'autres personnes importantes a changé au fil du temps.

Définitions

Les répercussions des influences de l'entourage sont examinées pour les fumeurs quotidiens, les jeunes ayant pris plus que quelques bouffées sans être des fumeurs quotidiens, les jeunes ayant pris quelques bouffées, les jeunes qui n'ont jamais fumé et ont sérieusement pensé à essayer de fumer et les jeunes qui n'ont jamais fumé et n'ont jamais sérieusement pensé à essayer de fumer. Les définitions relatives à ces cinq différentes catégories de tabagisme ont été décrites dans les chapitres précédents (consulter les chapitres 2 et 3, particulièrement le tableau 2-C).

Les amis proches du jeune peuvent exercer des pressions sociales implicites et explicites l'incitant à fumer1-3. Nous avons examiné les réponses des jeunes sur le nombre d'amis proches qui fument (Y_Q44) afin d'établir un lien éventuel avec leurs habitudes tabagiques.

Le fait que les parents fument peut avoir pour effet de « normaliser » le tabagisme et de le rendre socialement acceptable2,3. Nous avons examiné les réponses des jeunes sur les habitudes tabagiques de leur père (Y_Q37A) et de leur mère (Y_Q39A) à la recherche d'un lien avec le tabagisme des jeunes. Nous avons créé également une variable combinant les habitudes tabagiques du père et de la mère pour examiner l'influence des situations suivantes : les deux parents fument; le père fume mais non la mère; la mère fume mais non le père; ni l'un ni l'autre des parents ne fume. Les attitudes des parents à l'égard du tabagisme chez les jeunes peuvent aussi être importantes3. Nous avons examiné les réponses des jeunes à la question portant sur l'attitude de leur père à l'égard du fait qu'ils fument (Y_Q38) et celle de leur mère (Y_Q40) afin de déterminer s'il existe un lien avec les habitudes tabagiques des jeunes.

Nous avons aussi créé une variable pour le niveau de scolarité des parents afin d'examiner l'influence de ce facteur sur le tabagisme de leur enfant. Le parent ou le tuteur qui a répondu à l'enquête destinée aux parents a indiqué son plus haut niveau de scolarité (P_Q14A) et celui de l'autre parent ou tuteur du ménage (P_Q14B).

Un jeune risque davantage de fumer si d'autres personnes vivant sous le même toit fument également2,4. Nous avons examiné les réponses des jeunes à la question portant sur le nombre de personnes (autres que les répondants) qui fument à la maison (Y_Q41) à la recherche d'un lien éventuel avec leurs habitudes tabagiques. Nous nous sommes également penchés sur les réponses à la question visant à déterminer si les jeunes avaient déjà fumé à la maison (Y_Q42).

Échantillon et taux de réponse

Les données manquantes pour les sujets abordés dans le présent chapitre représentaient moins de 10 % de l'ensemble des réponses. Par conséquent, les données présentées sont fondées sur celles pour lesquelles des données complètes étaient disponibles. Conformément aux directives de Statistique Canada, les données ne sont pas déclarées lorsque la taille de l'échantillon était trop réduite ou que la grande variabilité d'échantillonnage était élevée. Les différences statistiquement significatives entre les groupes ont été déterminées à l'aide des méthodes décrites au chapitre 2.

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Résultats

Tabagisme des amis proches

Le tableau 5-1a fournit des détails sur le lien entre le tabagisme des jeunes et celui de leurs amis proches, selon les réponses à l'ETJ de 2002. Parmi tous les jeunes de la 5e à la 9e année, 72 % ont indiqué qu'aucun de leurs amis proches ne fume, tandis que 8 % seulement ont indiqué qu'au moins cinq sont des fumeurs. Il semble exister un lien étroit entre le tabagisme des amis proches et celui des répondants. Chez les fumeurs quotidiens, seulement 10 % ont indiqué qu'ils n'avaient aucun ami proche qui fume, tandis que 43 % ont affirmé qu'il y avait au moins cinq fumeurs parmi leurs amis proches. Chez les jeunes ayant pris plus que quelques bouffées sans être des fumeurs quotidiens, 30 % ont indiqué qu'aucun de leurs amis proches ne fume et 23 %, qu'ils comptent au moins cinq fumeurs parmi leurs amis proches. Chez les jeunes ayant pris quelques bouffées, 49 % ont indiqué qu'ils n'avaient aucun ami qui fume et 13 %, qu'ils comptaient au moins cinq fumeurs parmi leurs amis proches. Les jeunes qui n'ont jamais fumé ont nettement moins d'amis proches qui fument. Chez les jeunes qui n'ont jamais fumé et ont sérieusement pensé à essayer de fumer, 63 % ont indiqué n'avoir aucun ami proche qui fume et 7 %, compter au moins cinq fumeurs parmi leurs amis proches. Chez les jeunes qui n'ont jamais fumé et n'ont jamais sérieusement pensé à essayer de fumer, 86 % ont indiqué qu'ils n'avaient aucun ami proche qui fume et 3 % seulement, qu'ils comptaient au moins cinq fumeurs parmi leurs amis proches. Un très petit nombre de jeunes de la 5e à la 9e année (5 %) qui n'ont jamais fumé et n'ont jamais sérieusement pensé à essayer de fumer comptent au moins trois fumeurs parmi leurs amis proches.

Si l'on envisage ces résultats sous un autre angle (figure 5-A), parmi tous les jeunes de la 5e à la 9e année qui ont indiqué n'avoir pas d'amis proches qui fument, 1 % étaient des fumeurs quotidiens, 3 % avaient pris plus que quelques bouffées sans être des fumeurs quotidiens, 7 % avaient pris quelques bouffées, 7% n'avaient jamais fumé et avaient sérieusement pensé à essayer de fumer et 82 % n'avaient jamais fumé et n'avaient jamais sérieusement pensé à essayer de fumer. Réciproquement, chez tous les jeunes de la 5e à la 9e année qui ont indiqué compter au moins cinq amis proches qui fument, 27 % étaient des fumeurs quotidiens, 23 % avaient pris plus que quelques bouffées sans être des fumeurs quotidiens, 19 % avaient pris quelques bouffées, 8 % n'avaient jamais fumé et avaient sérieusement pensé à essayer de fumer et 23 % n'avaient jamais fumé et n'avaient jamais sérieusement pensé à essayer de fumer.

Figure 5-A - Catégorie de tabagisme, selon le nombre d'amis proches qui fument, de la 5e à la 9e année, Canada, Enquête de 2002 sur le tabagisme chez les jeunes

Figure 5-A - Catégorie de tabagisme, selon le nombre d'amis proches qui fument, de la 5e à la 9e année, Canada, Enquête de 2002 sur le tabagisme chez les jeunes

Les différences entre les niveaux d'études sont évidentes (tableau 5-1a). Les jeunes de la 7e à la 9e année qui n'ont jamais fumé et n'ont jamais sérieusement pensé à essayer de fumer étaient plus nombreux à indiquer qu'ils comptaient au moins un fumeur parmi leurs amis (19 %) que ceux des 5e et 6e  années (7 %). Les jeunes de la 7e à la 9e  année qui n'avaient jamais fumé et avaient sérieusement pensé à essayer de fumer étaient plus nombreux à indiquer qu'ils comptaient au moins un fumeur parmi leurs amis (43 %) que les jeunes de 5e et de 6e  années qui n'avaient jamais fumé et n'avaient jamais sérieusement pensé à essayer de fumer (25 %). Les jeunes de la 7e à la 9e  année ayant pris quelques bouffées indiquaient en plus grand nombre qu'ils comptaient au moins un fumeur parmi leurs amis (55 %) que ceux de la même catégorie des 5e et 6e  années (36 %). Les chiffres ne sont pas assez importants pour indiquer de façon fiable les différences entre les niveaux d'études pour les jeunes ayant pris plus que quelques bouffées sans être des fumeurs quotidiens et les fumeurs quotidiens.

Bien qu'il existe des différences entre les niveaux d'études, le lien entre le tabagisme des jeunes et celui de leurs amis est également évident au sein des niveaux d'études (tableau 5-A). À titre d'exemple (à l'aide des estimations de la population), parmi les 598 000 jeunes des 5e et 6e années qui ont indiqué qu'aucun de leurs amis proches ne fume, 88 % étaient des jeunes qui n'avaient jamais fumé et jamais sérieusement pensé à essayer de fumer. Réciproquement, parmi les 19 000 jeunes des 5e et 6e années qui ont indiqué qu'ils comptaient au moins cinq fumeurs parmi leurs amis proches, 42 % seulement étaient des jeunes qui n'avaient jamais fumé et jamais sérieusement pensé à essayer de fumer. L'influence du tabagisme des amis est aussi évidente chez les jeunes de la 7e à la 9e  année. Parmi les 689 000 jeunes de la 7e à la 9e  année qui ont indiqué n'avoir aucun ami proche qui fume, 76 % étaient des jeunes qui n'avaient jamais fumé et jamais sérieusement pensé à essayer de fumer, tandis que parmi les 119 000 jeunes de la 7e à la 9e  année qui ont indiqué qu'ils comptaient au moins cinq fumeurs parmi leurs amis proches, 20 % étaient des jeunes qui n'avaient jamais fumé et jamais sérieusement pensé à essayer de fumer.

Tableau 5-A - Nombre d'amis proches qui fument, selon la catégorie de tabagisme et le niveau d'études, Canada , Enquête de 2002 sur le tabagisme chez les jeunes

 

Catégorie de tabagisme (%)

Nombre d'amis proches qui fument

Fumeur quotidien

A pris plus que quelques bouffées sans être un fumeur quotidien

Quelques bouffées

N'a jamais fumé
(a)

N'a jamais fumé
(b)

5e et 6e  années

#

2,6

6,0

7,1

83,5

Aucun ami

#

#

4,4

6,1

88,3

1-2 amis

#

10,1

17,7

15,0

54,5

3-4 amis

#

#

#

#

38,9

Au moins 5 amis

#

#

#

#

41,6

7e à 9e année

7,5

11,2

13,7

9,0

58,6

Aucun ami

#

5,1

9,9

8,2

75,6

1-2 amis

9,3

19,1

20,4

12,9

38,3

3-4 amis

23,8

24,1

20,2

7,9

24,0

Au moins 5 amis

29,6

23,8

19,2

7,4

20,0

# Données supprimées en raison de la variabilité d'échantillonnage élevée
(a) Jeune n'ayant jamais fumé et ayant sérieusement pensé à essayer de fumer
(b) Jeune n'ayant jamais fumé et n'ayant jamais sérieusement pensé à essayer de fumer

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Le tableau 5-1b fournit des détails sur le lien entre le tabagisme chez les jeunes et leurs amis proches, selon les données de l'ETJ de 1994. Entre 1994 et 2002, on a constaté une diminution importante du nombre de jeunes ayant des amis proches qui fument. Un examen du changement survenu parmi tous les jeunes de la 5e à la 9e année révèle que le pourcentage de jeunes comptant au moins cinq fumeurs parmi leurs amis proches a diminué de 6 %, celui des jeunes comptant trois ou quatre fumeurs parmi leurs amis proches a diminué de 5 %, et celui des jeunes comptant un ou deux fumeurs parmi leurs amis proches a diminué de 7 %. Cependant, le plus important changement concerne le pourcentage de jeunes n'ayant aucun ami proche qui fume, qui a augmenté de 18 %. De 1994 à 2002, des diminutions semblables du nombre d'amis proches qui fument ont été enregistrées chez les jeunes de différents niveaux d'études, tant des garçons que des filles.

Tabagisme du père

Dans l'ETJ de 2002, il existait un lien étroit entre le tabagisme des jeunes et celui de leur père (tableau 5-2a). Parmi tous les jeunes de la 5e à la 9e année dont le père fumait, 8 % étaient des fumeurs quotidiens et 11 % étaient des jeunes ayant pris plus que quelques bouffées sans être des fumeurs quotidiens, tandis que parmi les jeunes dont le père ne fumait pas, 3 % seulement étaient des fumeurs quotidiens et 6 % étaient des jeunes ayant pris plus que quelques bouffées sans être des fumeurs quotidiens. On a également observé une différence marquée entre les sexes; en effet, 6 % des garçons et 9 % des filles dont le père fumait étaient des fumeurs quotidiens.

Le tableau 5-2b fournit des précisions sur le lien entre le tabagisme du père et celui du jeune, selon le niveau de scolarité du père. Lorsque le père avait un niveau de scolarité de 1 à 10 ans, un plus grand nombre de jeunes dont le père fumait a indiqué qu'ils étaient des fumeurs quotidiens, des jeunes ayant pris plus que quelques bouffées sans être des fumeurs quotidiens ou des jeunes ayant pris quelques bouffées comparativement aux jeunes dont le père avait fait des études plus poussées.

Le tableau 5-2c fait état du lien observé dans l'ETJ de 1994 entre le tabagisme des jeunes et celui de leur père. De 1994 à 2002, le pourcentage global de jeunes dont le père fumait a diminué de 6 %. Parmi les jeunes dont le père fumait, le pourcentage de jeunes qui n'avaient jamais fumé et jamais sérieusement pensé à essayer de fumer a augmenté de 17 %; celui des fumeurs ayant pris plus que quelques bouffées sans être des fumeurs quotidiens a diminué de 16 %.

Opinion du père sur le tabagisme du jeune

Le tableau 5-3 décrit le lien entre le tabagisme du jeune et l'opinion de son père à ce sujet, question qui a été abordée dans l'ETJ de 2002. Parmi tous les jeunes fumeurs de la 5e à la 9e année ayant un père, 43 % des fumeurs quotidiens et 77 % des jeunes ayant pris plus que quelques bouffées sans être des fumeurs quotidiens ont indiqué que leur père ne savait pas qu'ils fumaient. Lorsque les pères étaient au courant que leur enfant fumait, un plus grand nombre de fumeurs quotidiens (23 %) que de fumeurs ayant pris plus que quelques bouffées sans être des fumeurs quotidiens (8 %) ont indiqué que leur père approuvait le fait qu'ils fument ou ne s'en préoccupait pas. On n'a constaté aucune différence importante entre les niveaux d'études ou entre les garçons et les filles sur ce plan.

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Tabagisme de la mère

Il existe un lien étroit entre le tabagisme du jeune et celui de la mère dans l'ETJ de 2002 (tableau 5-4a). Parmi les jeunes dont la mère fumait, 10 % étaient des fumeurs quotidiens et 12 % avaient pris plus que quelques bouffées sans être des fumeurs quotidiens, tandis que parmi ceux dont la mère ne fumait pas, 3 % seulement étaient des fumeurs quotidiens et 6 % des fumeurs ayant pris plus que quelques bouffées sans être des fumeurs quotidiens. On a également observé une différence marquée entre les sexes; en effet, 8 % des garçons et 12 % des filles dont la mère fumait étaient des fumeurs quotidiens.

Le tableau 5-4b illustre le lien entre le tabagisme de la mère et celui du jeune, selon le niveau de scolarité de la mère. À l'instar du lien observé avec le tabagisme du père, lorsque la mère avait un niveau de scolarité de 1 à 10 ans, un plus grand nombre de jeunes dont la mère fumait a indiqué être des fumeurs quotidiens, des jeunes ayant pris plus que quelques bouffées sans être des fumeurs quotidiens ou des jeunes ayant pris quelques bouffées comparativement aux jeunes dont la mère avait un niveau de scolarité plus élevé.

Le tableau 5-4c apporte des précisions sur le lien observé dans l'ETJ de 1994 entre le tabagisme des jeunes et celui de leur mère. De 1994 à 2002, le pourcentage global de jeunes dont la mère fumait a diminué de 6 %. Comme on l'a constaté chez les jeunes dont le père fumait, parmi ceux dont la mère fumait, le pourcentage de jeunes qui n'avaient jamais fumé et jamais sérieusement pensé à essayer de fumer a augmenté de 16 %, et celui des fumeurs ayant pris plus que quelques bouffées sans être des fumeurs quotidiens a diminué de 17 %.

Opinion de la mère sur le tabagisme du jeune

Le tableau 5-5 fait état du lien entre le tabagisme du jeune et l'opinion de sa mère à ce sujet, question abordée dans l'ETJ de 2002. (Consulter la note sur l'ETJ de 1994 dans le paragraphe intitulé Opinion du père). Parmi tous les jeunes fumeurs de la 5e à la 9e année ayant une mère, plus de la moitié (51 %) a indiqué que leur mère n'était pas au courant qu'ils fumaient. Chez les fumeurs quotidiens ayant une mère, 40 % ont indiqué que leur mère n'approuvait pas qu'ils fument et 36 % qu'elle ne savait pas qu'ils fumaient. Chez les fumeurs qui avaient pris plus que quelques bouffées sans être des fumeurs quotidiens et avaient une mère, 23 % ont indiqué que cette dernière n'approuvait pas qu'ils fument et 72 %, qu'elle ne savait pas qu'ils fumaient. Ces résultats concordent avec les données sur les opinions du père (tableau 5-3). On n'a constaté aucune différence importante entre les niveaux d'études ou entre les garçons et les filles à cet égard.

Influence combinée du tabagisme des deux parents

Le tableau 5-6a décrit le lien observé dans l'ETJ de 2002 entre le tabagisme du jeune et l'influence combinée du tabagisme des deux parents. Parmi tous les jeunes de la 5e à la 9e année, 14 % ont indiqué que leurs deux parents fumaient, 16 % que leur père seulement fumait, 9 % que leur mère seulement fumait et 61 %, que ni l'un ni l'autre des parents ne fumait. Il semble exister un lien étroit entre le tabagisme des jeunes et l'influence combinée du tabagisme des deux parents. Les fumeurs quotidiens étaient près de trois fois plus nombreux que les jeunes qui n'avaient jamais fumé et jamais sérieusement pensé à essayer de fumer à avoir indiqué que leurs deux parents fumaient. D'autre part, les jeunes qui n'avaient jamais fumé et n'avaient jamais sérieusement pensé à essayer de fumer étaient deux fois plus nombreux que les fumeurs quotidiens à avoir indiqué qu'aucun de leurs parents ne fumait. On n'a constaté aucune différence importante entre les niveaux d'études ou entre les garçons et les filles sur ce plan.

Le tableau 5-6b fait état du lien observé dans l'ETJ de 1994 entre le tabagisme du jeune et l'influence combinée du tabagisme des deux parents. Bien que le pourcentage global de jeunes dont les deux parents fumaient n'ait diminué que de 3 % de 1994 à 2002, le pourcentage de jeunes dont ni l'un ni l'autre des parents ne fumait a augmenté de 8 % au cours de la même période. Cette augmentation a été enregistrée chez les garçons et les filles et dans tous les niveaux d'études.

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Tabagisme à la maison

Il semble exister un lien étroit entre le nombre de fumeurs à la maison (autres que le répondant) et le tabagisme des jeunes dans l'ETJ de 2002 (tableau 5-7a). Parmi tous les jeunes de la 5e à la 9e année, 70 % ont indiqué que personne ne fumait à la maison, 25 % qu'une ou deux personnes fumaient à la maison et 5 % seulement, qu'il y avait au moins trois fumeurs à la maison. Les fumeurs quotidiens étaient six fois plus nombreux que les jeunes qui n'avaient jamais fumé et n'avaient jamais sérieusement pensé à essayer de fumer à vivre dans un foyer comptant au moins trois fumeurs. Comme il fallait s'y attendre, les jeunes qui n'avaient jamais fumé et n'avaient jamais sérieusement pensé à essayer de fumer étaient deux fois plus nombreux que les fumeurs quotidiens à vivre dans un foyer où personne ne fumait. Peu de jeunes qui vivaient dans un foyer comptant au moins trois fumeurs n'avaient jamais fumé et n'avaient jamais sérieusement pensé à le faire (3 %). On n'a constaté aucune différence importante entre les niveaux d'études ou entre les garçons et les filles à cet égard.

Si l'on envisage la situation sous un autre angle, (Figure 5-B), parmi tous les jeunes de la 5e à la 9e année qui ont indiqué que personne ne fumait à la maison, 3 % étaient des fumeurs quotidiens, 5 % avaient pris plus que quelques bouffées sans être des fumeurs quotidiens, 9 % avaient pris quelques bouffées, 8 % n'avaient jamais fumé et avaient sérieusement pensé à le faire et 76 % n'avaient jamais fumé et n'avaient jamais sérieusement pensé à essayer de fumer. Réciproquement, parmi tous les jeunes de la 5e à la 9e année qui ont indiqué qu'au moins trois personnes fumaient à la maison, 20 % étaient des fumeurs quotidiens, 15 % avaient pris plus que quelques bouffées sans être des fumeurs quotidiens, 16 % avaient pris quelques bouffées, 7 % n'avaient jamais fumé et avaient sérieusement pensé à essayer de fumer et 42 % n'avaient jamais fumé et n'avaient jamais sérieusement pensé à essayer de fumer.

Le tableau 5-7b illustre le lien observé dans l'ETJ de 1994 entre le tabagisme du jeune et le nombre de personnes qui fument à la maison. De 1994 à 2002, le pourcentage de jeunes vivant dans un foyer où personne ne fumait a augmenté de 19 %. Ce pourcentage a augmenté parmi les garçons et les filles ainsi que dans tous les niveaux d'études de 1994 à 2002.

Figure 5-B - Catégorie de tabagisme, selon le nombre de fumeurs à la maison, 5e à 9e  année, Canada, Enquête de 2002 sur le tabagisme chez les jeunes

Figure 5-B - Catégorie de tabagisme, selon le nombre de fumeurs à la maison, 5e à 9e  année, Canada, Enquête de 2002 sur le tabagisme chez les jeunes

Tabagisme des jeunes à la maison

Il existe un lien étroit entre le fait d'avoir déjà fumé à la maison et le tabagisme des jeunes (tableau 5-B). Parmi tous les jeunes fumeurs faisant partie de l'ETJ de 2002, 58 % des fumeurs quotidiens et 24 % des jeunes ayant pris plus que quelques bouffées sans être des fumeurs quotidiens ont indiqué qu'ils avaient déjà fumé à la maison. Cependant, on n'a pas demandé aux jeunes si leurs parents étaient présents à ce moment. Aucune différence importante n'a été observée entre les garçons et les filles sur ce plan.

Tableau 5-B - Jeunes qui ont déjà fumé à la maison, selon le niveau d'études, le sexe et la catégorie de tabagisme, Canada, Enquête de 2002 sur le tabagisme chez les jeunes

 

A déjà fumé à la maison (%)

 

Fumeur quotidien

A pris plus que quelques bouffées sans être un fumeur quotidien

Total, 5e à 9e année

57,9

23,7

5-6

#

#

7-9

58,0

23,9

Garçons, 5e à 9e  année

57,1

22,9

5-6

#

#

7-9

58,5

22,0

Filles, 5e à 9e  année

58,6

24,6

5-6

#

#

7-9

57,6

25,8

# Données supprimées en raison de la variabilité d'échantillonnage élevée

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Discussion

Les données de l'ETJ de 2002 montrent que les jeunes dont les amis et les membres de la famille fument risquent davantage de fumer. Ces constatations sont conformes aux résultats présentés dans l'ETJ de 19941 et confirment le lien souvent observé entre le tabagisme des jeunes et celui de modèles sociaux importants dans leur entourage2-4. Les amis et membres de la famille qui fument peuvent influencer un jeune de nombreuses façons. À titre d'exemple, les jeunes dont les amis et les membres de la famille fument sont plus nombreux à considérer que le tabagisme est la norme et qu'il est acceptable5, à se voir offrir des sources de cigarettes pour en faire l'essai6 et à croire que le prestige social et la popularité peuvent être améliorés en fumant7. Le fait que des « modèles » dans l'environnement soient associés à ces résultats désirables peut rendre le jeune plus susceptible d'essayer de fumer8.

Un examen des changements survenus entre l'ETJ de 1994 et celle de 2002 fait ressortir une tendance générale. En 2002, les jeunes comptaient moins de fumeurs parmi leurs amis et les membres de leur famille qu'en 1994. Un moins grand nombre de jeunes a indiqué avoir des amis proches qui fumaient, des parents qui fumaient ou qu'ils vivaient dans un foyer où les gens fumaient. Bien que l'exposition des jeunes à des modèles sociaux qui sont des fumeurs soit à la baisse, il convient de déployer des efforts supplémentaires afin de réduire davantage l'exposition des jeunes à ce type de modèles et d'accroître le nombre de foyers sans fumée. Les taux de tabagisme chez les jeunes au Canada ont diminué entre 1994 et 2002 (veuillez consulter le chapitre 3 pour obtenir une analyse approfondie de l'usage du tabac chez les jeunes). Il est possible que ce recul soit en partie attribuable à des réductions du nombre de modèles sociaux qui fument auxquels les jeunes sont exposés.

Le lien entre le fait d'avoir des amis qui fument et l'usage du tabac chez les jeunes dans l'ETJ de 2002 concorde avec les résultats de nombreuses études transversales et longitudinales sur le début de l'usage du tabac2-4 et de l'ETJ de 1994. Les jeunes ayant des amis qui fument sont plus nombreux à fumer que ceux ayant des amis qui ne fument pas. Ce lien est amplifié à mesure que le nombre d'amis qui fument augmente; plus le nombre d'amis fumeurs du jeune est élevé, plus celui-ci est enclin à fumer. Bien que le pourcentage de jeunes ayant des amis qui fument ait diminué depuis l'ETJ de 1994, il existe encore un lien solide entre les habitudes tabagiques des amis et celles du jeune, comme le révèlent les données de l'ETJ de 2002.

Le lien entre le tabagisme des amis et celui des jeunes doit être interprété avec prudence au moins pour deux raisons. Premièrement, le fait que le répondant est lui-même un fumeur peut fausser ses déclarations sur le tabagisme des autres9. Deuxièmement, en raison de la nature transversale de ces données, il est impossible de déterminer si les habitudes tabagiques des amis proches incitent un jeune à fumer (socialisation par les pairs) ou si les jeunes commencent à fumer parce qu'ils choisissent eux-mêmes de s'intégrer à un groupe de pairs fumeurs (sélection des pairs)10. Les résultats provenant des recherches longitudinales indiquent que certaines populations de jeunes sont influencées par les contacts sociaux avec des amis fumeurs et d'autres, par leur propre choix de s'intégrer à un groupe de pairs fumeurs11. Par conséquent, les programmes de prévention axés uniquement sur les capacités de résister aux pairs ne seraient pas suffisants pour tous les jeunes. Il convient d'effectuer des recherches plus poussées afin d'examiner ces mécanismes sous-jacents de manière à être en mesure d'élaborer des interventions de prévention plus adéquates.

L'influence des parents ou d'autres personnes (p. ex. les frères et soeurs) à la maison est également importante. Conformément à la documentation existante2-4 et à l'ETJ de 19941, les jeunes sont plus susceptibles de fumer si leur père, leur mère ou quelqu'un d'autre à la maison fume. Cette constatation appuie l'hypothèse selon laquelle les interdictions du fumer à la maison peuvent être une mesure de prévention importante pour les jeunes4. Les interdictions de fumer à la maison non seulement empêchent-elles les jeunes d'être exposés à la fumée secondaire nocive12, mais encore il a été établi qu'elles contribuaient à empêcher les jeunes de commencer à fumer13. Si l'on interdit aux gens de fumer à la maison, les jeunes reçoivent un message clair leur indiquant que le tabagisme n'est pas un comportement normal et qu'il est socialement inacceptable8. On a commencé à signaler des méthodes qui permettent de transformer les foyers en milieu sans fumée14.

La plupart des jeunes fumeurs ont indiqué que leurs parents n'étaient pas au courant qu'ils fumaient. Même lorsqu'ils étaient informés du tabagisme de leur enfant, bon nombre de parents semblaient ne pas s'en préoccuper. C'était particulièrement le cas chez les jeunes garçons et leur père, ainsi que chez les jeunes filles et leur mère. On devrait encourager les parents à parler à leurs enfants du tabagisme et à aider les enfants qui fument à cesser de fumer. En parlant à leurs enfants des répercussions du tabagisme, même les parents qui fument réduisent la probabilité que leur enfant commence à fumer15.

Il faut prendre soin de ne pas faire une interprétation abusive du lien décrit ci-dessus. À titre d'exemple, bien qu'il existe un lien évident entre le fait d'avoir des amis qui fument et le tabagisme du jeune, la direction du lien ne peut pas être présumée en raison de la nature transversale des données. Plus précisément, ces données ne permettent pas de déterminer si les habitudes tabagiques des amis incitent les jeunes à commencer à fumer ou si ce sont plutôt les jeunes qui fument qui se lient d'amitié avec d'autres jeunes fumeurs. Elles ne permettent pas non plus d'établir une séquence temporelle des liens entre le tabagisme des jeunes et celui des parents, ni avec le tabagisme à la maison. Les mêmes incertitudes s'appliquent à l'ETJ de 1994.

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Incidence sur les lois et les règlements

Bien que la prévalence du tabagisme ait diminué depuis 1994, il existe encore un lien étroit entre le tabagisme des amis proches ou d'un parent et celui d'un jeune. Le lien entre le tabagisme des amis et celui du jeune donne à penser qu'il serait bon d'établir des règlements visant les lieux où les jeunes se rassemblent, comme les centres commerciaux, les écoles et leurs environs. De tels règlements contribueraient à réduire les occasions de fumer avec les amis; la possibilité, pour les plus jeunes, de voir des élèves plus âgés fumer; l'échange social de cigarettes parmi les jeunes expérimentateurs; la perception selon laquelle le tabagisme est un comportement normal et acceptable. Le lien entre le tabagisme des parents et celui des jeunes plaide en faveur de l'établissement de règlements dans les lieux où les jeunes sont exposés au tabagisme de leurs parents, notamment à l'intérieur de la maison ou des automobiles. Ce type de règlements protégerait les jeunes contre l'exposition à la fumée secondaire et leur transmettrait un message clair, soit que le tabagisme n'est pas un comportement normal et qu'il est socialement indésirable. Veuillez noter que les règlements concernant les lieux où les gens peuvent fumer sont de compétence provinciale et ne sont pas visés par la Loi sur le tabac fédérale.

Le lecteur trouvera au chapitre 10 une analyse approfondie sur les restrictions et le tabagisme des jeunes.

Incidence sur l'éducation et la promotion de messages

Les jeunes interrogés dans l'ETJ de 1994 faisaient partie de la première génération de jeunes Canadiens à être ciblés par des programmes de prévention en milieu scolaire1. Depuis 1994, ces programmes ont évolué et pris de l'ampleur afin de répondre aux besoins d'une autre génération de jeunes Canadiens16. Les résultats de l'ETJ de 2002 laissent croire que les jeunes sont exposés à un moins grand nombre de modèles sociaux qui fument que ne l'étaient les jeunes interrogés en 1994, mais un grand nombre de ces modèles demeurent dans l'entourage social immédiat des jeunes. Il est donc important de continuer à offrir aux jeunes des programmes de prévention du tabagisme en milieu scolaire et des messages visant à leur apprendre à résister à l'influence des modèles sociaux du tabagisme dans leur entourage.

Les programmes en milieu scolaire sont le véhicule le plus courant pour l'éducation et la promotion de messages auprès des jeunes17. Il existe de nombreuses approches différentes pouvant être utilisées dans ce milieu. Cependant, la recherche a révélé que la plus adéquate et la plus efficace est celle axée sur les influences sociales17. Ce type de programme a pour objet d'aider les jeunes à acquérir les habiletés nécessaires pour reconnaître ces influences négatives en faveur du tabagisme et y résister. On apprend notamment aux jeunes à reconnaître les tactiques publicitaires et l'influence des pairs, à renforcer leurs aptitudes à communiquer et à prendre des décisions ainsi que leur assertivité17,18 . La recherche a révélé que les interventions axées sur les influences sociales peuvent contribuer de manière déterminante à réduire le début de l'usage du tabac et le niveau du tabagisme chez les jeunes qui fréquentent une école présentant un taux élevé de tabagisme parmi les étudiants plus âgés19. Afin d'avoir les répercussions les plus importantes, les campagnes en milieu scolaire doivent commencer tôt (dès la 5e année pour toucher les élèves avant qu'ils commencent à fumer) et être constamment renforcées et maintenues jusqu'à ce que les élèves terminent leur cours secondaire.

L'éducation et la promotion de messages ne doivent pas se limiter à des initiatives en milieu scolaire. Les programmes faisant appel aux médias et où les programmes en milieu communautaire peuvent aussi servir à communiquer des messages aux jeunes au sujet des influences sociales menant au tabagisme20. L'utilisation d'une approche globale de l'éducation et de la promotion de messages peut améliorer la portée des activités des programmes.

Le Rapport technique de l'ETJ de 1994 a recommandé que les programmes d'éducation et les messages soient adaptés à des publics précis1. Les résultats de l'ETJ de 2002 confirment la pertinence de cette recommandation. Étant donné que l'exposition à des modèles de rôle qui fument n'est pas la même chez les jeunes fumeurs et non-fumeurs, il ne semble ni efficace ni pratique de présumer qu'une approche uniformisée de l'éducation et de la promotion de messages soit appropriée. Il convient de créer des programmes différents correspondant à diverses catégories de jeunes fumeurs, et ces programmes doivent ensuite cibler les bons groupes21. Les initiatives devraient avant tout viser les populations de jeunes qui sont les plus susceptibles de réagir. À titre d'exemple, les jeunes qui n'ont jamais fumé pourraient bénéficier d'un programme de prévention axé sur les influences sociales différent de celui destiné aux jeunes ayant pris quelques bouffées. Les programmes de prévention du tabagisme en milieu scolaire ont déjà démontré les avantages d'une telle approche15,22 .

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Incidence sur les futurs programmes de surveillance et de recherche

Les résultats de l'ETJ de 2002 font ressortir certaines avenues prometteuses pour les programmes de surveillance futurs. Il convient d'exercer une surveillance constante afin de reproduire ces résultats et de déterminer si les liens établis changent à mesure que les jeunes avancent en âge et quels sont les changements observés, afin également de vérifier si ces liens sont toujours présents dans les cohortes de jeunes suivantes. En exerçant une surveillance continue du tabagisme chez les jeunes, les praticiens et les chercheurs seront en mesure d'établir la façon dont différents modèles sociaux peuvent exercer des influences différentielles sur les jeunes à mesure qu'ils franchissent les niveaux d'études. À titre d'exemple, non seulement l'influence exercée par les amis proches varie selon le niveau d'études (étant donné que les jeunes des premiers niveaux ont généralement moins d'amis qui fument), mais chez certains jeunes, l'influence des amis proches qui fument peut favoriser le maintien d'anciennes amitiés ou, au contraire, l'établissement de nouveaux liens d'amitié à mesure que les jeunes passent d'une classe à l'autre. Un bon exemple serait le passage de l'école primaire à l'école secondaire. À cette étape, certains jeunes pourraient être exposés à un nouveau groupe social susceptible de comprendre des jeunes fumeurs et non-fumeurs.

Une avenue de recherche intéressante pourrait consister à recueillir des données longitudinales sur les amis et les membres de la famille du jeune, qui exercent des influences sociales importantes. Les données de l'ETJ de 2002 ne nous permettent pas, par exemple, de déterminer si l'influence des amis fumeurs sur l'adoption du tabagisme est attribuable à la socialisation par les pairs ou à la sélection des pairs, c'est-à-dire la relation de cause à effet entre le tabagisme des jeunes et celui des pairs. Cette connaissance pourrait avoir des répercussions importantes sur l'élaboration des interventions, puisque des initiatives différentes seraient nécessaires selon le mécanisme causal auquel on s'attaquerait : socialisation par les pairs ou sélection des pairs.

Une deuxième avenue de recherche plus poussée consisterait à examiner les caractéristiques qui distinguent les sous-populations de jeunes. Ainsi, un grand nombre de jeunes qui sont exposés au tabagisme de leurs amis et de membres de leur famille demeurent non-fumeurs (jeunes « à faible risque »), tandis qu'un grand nombre de jeunes qui ne sont pas exposés à des amis ou à des membres de leur famille qui fument deviennent des fumeurs (jeunes « à risque élevé »). En établissant comment les jeunes « à faible risque » peuvent résister aux influences sociales, on sera mieux en mesure d'élaborer de nouvelles initiatives de prévention à l'intention des jeunes qui sont incapables de résister aux influences sociales. Réciproquement, il serait bon également de cerner les caractéristiques des jeunes « à risque élevé » qui fument mais qui ne semblent pas influencés par des modèles sociaux. Ces renseignements pourraient servir à reconnaître les élèves à risque élevé qui n'ont pas encore commencé à fumer afin qu'ils puissent bénéficier de mesures de prévention supplémentaires. Il est possible qu'un programme axé sur la motivation, l'acquisition de compétences et la prise de décision soit relativement efficace pour ces jeunes22.

D'autres facteurs de vie peuvent interagir avec les influences sociales, et ces facteurs devraient être examinés. À titre d'exemple, les présentes données font ressortir un lien constant inverse entre le tabagisme et le statut socioéconomique, et ce résultat est reproductible23. Cependant, on n'a guère étudié la façon dont les changements de statut socioéconomique pourraient être liés au tabagisme au début de l'usage du tabac. En réalité, les facteurs de stress attribuables à la baisse du statut socioéconomique des parents pourraient être liés au début du tabagisme chez les jeunes23. Ces changements peuvent altérer l'effet des facteurs sociaux sur les jeunes, rendant sans doute ces derniers plus vulnérables. Il serait bon d'aider les jeunes ayant subi une perte financière à acquérir des habiletés d'adaptation au stress.

Enfin, il serait sans doute utile que la recherche future prenne en considération les influences sociales autres que les amis et les membres de la famille. Ainsi, un nouveau corpus de données révèle que les modèles de rôle présentés par les médias, par le biais des films, de la télévision et de la publicité, sont liés au tabagisme des jeunes24-25. La recherche commence également à révéler que les caractéristiques sur le plan des modèles sociaux de l'école que fréquente un élève sont liées au tabagisme des jeunes21,26-27. Une meilleure compréhension de la façon dont ces influences sociales plus vastes sont liées au tabagisme permettra l'élaboration de programmes de prévention plus efficaces visant à lutter contre ces influences.

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Renvois

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Tableau 5-1a - Nombre d'amis proches qui fument, selon le niveau d'études, le sexe et la catégorie de tabagisme, Canada, Enquête de 2002 sur le tabagisme chez les jeunes

Tableau 5-1b - Nombre d'amis proches qui fument, selon le niveau d'études, le sexe et la catégorie de tabagisme, Canada, Enquête de 1994 sur le tabagisme chez les jeunes

Tableau 5-2a - Père fumeur, selon la catégorie de tabagisme, le niveau d'études et le sexe, Canada, Enquête de 2002 sur le tabagisme chez les jeunes

Table 5-2b - Père fumeur, selon la catégorie de tabagisme et le niveau de scolarité du père, Canada, Enquête de 2002 sur le tabagisme chez les jeunes

Tableau 5-2c - Père fumeur, selon la catégorie de tabagisme, le niveau d'études et le sexe, Canada, Enquête de 1994 sur le tabagisme chez les jeunes

Tableau 5-3 - Opinion du père au sujet du tabagisme de son enfant, selon le niveau d'études, le sexe et la catégorie de tabagisme, Canada, Enquête de 2002 sur le tabagisme chez les jeunes

Tableau 5-4a - Mère fumeuse, selon la catégorie de tabagisme, le niveau d'études et le sexe, Canada, Enquête de 2002 sur le tabagisme chez les jeunes

Tableau 5-4b - Mère fumeuse, selon la catégorie de tabagisme et le niveau de scolarité de la mère, Canada, Enquête de 2002 sur le tabagisme chez les jeunes

Tableau 5-4c - Mère fumeuse, selon la catégorie de tabagisme, le niveau d'études et le sexe, au Canada, Enquête de 1994 sur le tabagisme chez les jeunes

Tableau 5-5 - Opinion de la mère au sujet du tabagisme de son enfant, selon le niveau d'études, le sexe et la catégorie de tabagisme, Canada, Enquête de 2002 sur le tabagisme chez les jeunes

Tableau 5-6a - Influence combinée du tabagisme des deux parents selon le niveau d'études, le sexe et la catégorie de tabagisme, Canada, Enquête de 2002 sur le tabagisme chez les jeunes

Tableau 5-6b - Influence combinée du tabagisme des deux parents selon le niveau d'études, le sexe et la catégorie de tabagisme, Canada, Enquête de 1994 sur le tabagisme chez les jeunes

Tableau 5-7a - Nombre de fumeurs à la maison, selon le niveau d'études, le sexe et la catégorie de tabagisme, Canada, Enquête de 2002 sur le tabagisme chez les jeunes

Tableau 5-7b - Nombre de fumeurs à la maison, selon le niveau d'études, le sexe et la catégorie de tabagisme, Canada, Enquête de 1994 sur le tabagisme chez les jeunes

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