Une stratégie nationale

1.0 Préface

Le rôle général du Comité consultatif sur la santé de la population est de conseiller la Conférence des Sous-ministres sur des stratégies nationales et interprovinciales à poursuivre afin d'améliorer l'état de santé de la population canadienne et d'offrir une approche plus intégrée à la santé.

Le rôle général du Comité directeur de la Stratégie nationale pour la réduction du tabagisme est d'établir des buts et des objectifs stratégiques pour les organismes gouvernementaux et non-gouvernementaux pour leur collaboration à l'effort national pour la réduction du tabagisme.

Le Comité directeur, grâce à sa grande expertise dans le domaine du contrôle du tabac, est venu appuyer le développement de la stratégie.

2.0 Questions socio-économiques et sanitaires

L'usage du tabac constitue la plus importante cause de maladie, d'incapacité et de mort prématurée qu'on peut prévenir au Canada. ⁽¹⁾ TLe nombre de décès dus à la cigarette dépasse le total combiné des décès dus au suicide, au sida, aux collisions de véhicules et au meurtre.

On attribue à l'usage des produits du tabac, chaque année, le décès de 45 000 Canadiennes et Canadiens. Entre un tiers et une demie des Canadiennes et Canadiens, soit plus de trois millions de personnes, mourront prématurément à cause de leur usage de longue durée du tabac. ⁽²⁾ D'autres souffriront d'années de qualité de vie réduites.

À l'encontre des autres produits légalement disponibles aux consommateurs, le tabac est en soi dangereux et il crée une dépendance. ^{(3), (4)} Comme la nicotine dans les produits du tabac crée une dépendance, les fumeurs trouvent difficile de cesser de fumer même s'ils sont conscients des dangers. ⁽⁵⁾ Les hausses dans l'usage de la cigarette depuis 1993, particulièrement chez les adolescents et les jeunes adultes, sont alarmantes, étant donné que les jeunes gens peuvent développer une dépendance qui aura des conséquences durant toute leur vie.

Typiquement, on compte une période de 20 à 30 ans entre la première expérience et les conséquences néfastes sur la santé. Ceci nous fait oublier ce caractère d'urgence comme le susciteraient des questions de santé publique moins menaçantes. ⁽⁶⁾ Comme le taux de décès relié à la fréquence passée de consommation du tabac continuera d'augmenter pour quelques années, ce n'est qu'en réduisant maintenant la demande de tabac qu'on pourra réduire, dans les prochaines décennies, le nombre de décès dus à la dépendance à la cigarette.

Les conséquences de l'usage du tabac sont maintenant devenues une question de souci général qui dépasse grandement les limites nationales. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 3 millions de personnes meurent chaque année des suites de maladies reliées à l'usage du tabac. ⁽⁷⁾

2.1 Fréquence de l'usage du tabac au Canada

L'information d'enquête la plus récente (Enquête nationale sur la santé de la population 1996/97), rapporte que 30% des Canadiens et 25% des Canadiennes de 12 ans et plus étaient des fumeurs quotidiens ou occasionnels. Il y a cependant des populations spécifiques où les taux d'usage de la cigarette demeurent particulièrement plus élevés.

Le taux d'usage de la cigarette chez les jeunes femmes soulève un certain souci. Alors que le taux d'usage de la cigarette chez les hommes dépasse celui des femmes dans tous les groupes d'âge de 18 ans et plus, le taux d'usage chez les filles de 12 à 14 ans (10%) et de 15 à 17 ans (29%) est sensiblement plus élevé que chez les jeunes garçons du même âge (6% et 22% respectivement). ⁽⁸⁾

Les taux d'usage de la cigarette s'accroissent alors que le niveau de revenu s'abaisse. Les taux d'usage des femmes et des hommes dans le plus haut quintile de revenu étaient de 13% et de 16% respectivement, par rapport à 36% et 40% pour le plus bas quintile. ⁽⁹⁾

Les taux d'usage de la cigarette sont aussi plus élevés chez les populations francophones. ⁽¹⁰⁾

Les plus hauts taux d'usage de la cigarette au Canada sont rapportés par les populations autochtones. Les enquêtes régionales sur la santé auprès des Premières nations et des Inuit (1997) ont rapporté des taux d'usage de la cigarette de 62% pour les Premières nations et de 72% pour les Inuit, soit plus du double du taux de la population canadienne dans son ensemble. L'âge moyen de l'initiation à la cigarette est aussi plus bas (à 10 ans) pour ces populations. ⁽¹¹⁾

2.2 Les coûts de l'usage de la cigarette

Santé Canada estime qu'au Canada, en 1993, la cigarette a coûté quelque 11 milliards de dollars à la société, dont 3 milliards dépensés en soins de santé directs comme l'hospitalisation et les soins de médecin. ⁽¹²⁾ Les autres 8 milliards de dollars reflètent la perte de productivité, y compris le revenu familial perdu. ⁽¹³⁾ ravail Canada a estimé que, pour employer un fumeur par rapport à un non fumeur, il en coûte 2 308 $ à 2 613 $ de plus par année à cause de l'absentéisme, des coûts accrus d'assurances vie et de santé et de perte de productivité. ⁽¹⁴⁾ En comparaison, on estime que, durant l'année fiscale 1993/94, les taxes d'accises et de douanes ont totalisé 2,6 milliards de dollars. ⁽¹⁵⁾

2.3 Les effets de l'usage du tabac sur la santé

Les risques pour la santé de l'usage de la cigarette et du tabac sans fumée (à chiquer, à priser) sont clairement établis et nombreux. La cigarette est une importante cause de maladie cardiaque, d'accident cérébro-vasculaire et de maladies des vaisseaux sanguins. Elle est aussi responsable de plusieurs cancers dont ceux des poumons, de la bouche, du système urinaire et du col de l'utérus.

Elle cause des maladies respiratoires et accroît les risques associés aux résultats de la grossesse. Le tabac sans fumée peut causer le cancer de la cavité orale et d'autres problèmes sérieux qui affectent la bouche, les dents et les gencives. ⁽¹⁶⁾

Les conséquences de la cigarette sur la santé ne se limitent pas aux fumeurs. Le lien entre l'exposition régulière à la fumée de tabac ambiante d'autres fumeurs et la maladie mortelle est clairement établi. ⁽¹⁷⁾ Les enfants régulièrement exposés à la fumée de tabac ambiante à la maison ou à la garderie sont particulièrement vulnérables à cause de leur petite taille et de leur développement physiologique. ⁽¹⁸⁾

Abandonner la cigarette se veut la seule solution très efficace pour que les fumeurs puissent améliorer la qualité et la durée de leur vie. Pour certaines conditions physiques, comme la maladie cardiaque ischémique, les bienfaits de l'abandon de la cigarette sont très importants et ce, immédiatement et à long terme. On réduit avec le temps les risques de mourir de maladies reliées à la cigarette, en comparaison avec ceux qui continuent à fumer.