Rapport d'étape 2003 sur la lutte contre le tabagisme
Vers une société sans fumée
Les Nouvelles orientations pour le contrôle du tabac
au Canada : Une stratégie nationale établissent quatre
objectifs à atteindre pour parvenir à créer une société
sans fumée : la prévention, l'abandon du tabac, la
protection et la dénormalisation. Parce que la réduction
de l'usage du tabac s'avère un problème complexe,
ces objectifs incitent tous les participants qui luttent contre le tabagisme
à décomposer le problème en différents segments
qui sont gérables.
Prévention
L'un des principaux facteurs des progrès réalisés
au Canada dans la lutte contre le tabagisme peut être attribué
au nombre croissant d'ex-fumeurs. Enfin, ces derniers dépassent
en nombre les fumeurs. Malheureusement, à moins que l'on puisse
convaincre les jeunes de ne jamais commencer à fumer, le marché
des produits du tabac se renouvelle à chaque génération.
Bien que l'on envisage plusieurs possibilités pour réaliser
cet objectif, la vente restreinte de produits du tabac aux jeunes est
un élément crucial. En vertu de la Loi
sur le tabac, il est illégal d'approvisionner quiconque
est âgé de moins de 18 ans en produits du tabac. Les lois
provinciales de six provinces établissent l'âge limite
à 19 ans.
La conformité à la loi est vérifiée et renforcée
au cours d'inspections et de vérifications de la conformité.
Selon les estimations, avec environ 65 000 points de vente de produits
du tabac au Canada (y compris les territoires), assurer la conformité
constitue un effort considérable. En 2002, on a procédé
à plus de 33 000 vérifications de la conformité (tableau
1). La collecte de renseignements sur la conformité varie d'une
province à une autre; certains renseignements sont recueillis par
des inspecteurs fédéraux et d'autres par des inspecteurs
provinciaux.
De plus, Santé Canada recueille des renseignements sur la conformité
des détaillants depuis 1995 dans le cadre d'enquêtes
que mène ACNielsen. Les augmentations marginales annuelles reflètent
le défi de réaliser des progrès en matière
de conformité, mais le pourcentage des détaillants qui refusent
de vendre des cigarettes à des mineurs canadiens dépasse
70 p. 100 (2002, 71,2 p. 100).
Tableau 1 Surveillance de la conformité des
détaillants, par province, janvier-décembre 2002
|
Vérification de la conformitéa |
T.-N.-L. |
2 666 |
Î.-P.-É. |
615 |
N.-É. |
1 117 |
N.-B. |
3 390 |
Qc |
7 043 |
Ont. |
6 688b |
Man. |
1 336 |
Sask. |
954b |
Alb. |
2 366 |
C.-B. |
13 590 |
Yn. |
84 |
T.N.-O. |
37 |
Nt |
0c |
Abandon du tabac
Les propriétés toxicomanogènes de la nicotine sont
telles que pour la majorité des fumeurs, une des choses les plus
difficiles est de tenter de changer de mode de vie en cessant de fumer.
Toutefois, au cours des trente dernières années, la recherche
médicale, psychologique et comportementale a permis d'accumuler
une quantité considérable de connaissances.
Bien qu'aucune approche ne convienne à elle seule à
tous, la prolifération des programmes d'abandon du tabac fait
en sorte qu'ils pourraient bénéficier, en ce moment,
d'une approche davantage coordonnée. À cette fin, en
janvier 2003, Santé Canada formait un comité consultatif
national sur l'abandon du tabac composé de représentants
des gouvernements fédéral et provinciaux et d'organisations
non gouvernementales, ainsi que d'intermédiaires de la santé.
Ce comité aura pour responsabilité d'examiner les options,
de fournir un soutien et d'encourager l'élaboration d'une
approche nationale coordonnée des programmes d'abandon du
tabac.
Parmi les nouveaux outils d'abandon du tabac, les programmes dans
le Web et les lignes d'aide téléphonique fournissent
des renseignements, une motivation et un soutien aux fumeurs partout au
Canada. Toutes les provinces offrent à leur population un service
d'aide téléphonique sans frais. Afin d'optimiser
les avantages, il existe maintenant un réseau national de lignes
d'aide téléphonique.
Bien que le nombre d'utilisateurs des services d'abandon du
tabac dans le Web et de lignes d'aide téléphonique
puisse faire l'objet d'un suivi, nous ne disposons, pour l'instant,
d'aucun renseignement sur leur efficacité à aider les
Canadiens et les Canadiennes à cesser de fumer. Toutefois, le Centre
for Behavioural Research and Evaluation de la University of Waterloo mène
actuellement une évaluation rigoureuse échelonnée
sur trois ans de l'efficacité de ces services grâce
au soutien que lui fournit Santé Canada.
![Haut de la page](/web/20061212035226im_/http://www.hc-sc.gc.ca/images/hl-vs/arrow_up.gif)
Protection
L'an dernier, plus de 1 000 Canadiens et Canadiennes sont décédés
des suites de maladies attribuables à l'usage du tabac, y
compris des non-fumeurs. Une recherche à long terme échelonnée
sur une période de 50 ans a permis d'établir que la
fumée de cigarette contient plus de 4 000 agents chimiques, y compris
du monoxyde de carbone, du formaldéhyde, du benzène et de
l'acide cyanhydrique.
Bien que la plupart des provinces et plus de 300 municipalités
canadiennes et gouvernements régionaux disposent maintenant d'une
certaine forme de législation et de réglementation municipale
antitabac, la protection de la santé est axée sur les garderies,
les écoles, les magasins de détail, les lieux de travail
de la fonction publique et le transport public. Les restaurants et les
bars sont encore exemptés de plusieurs de ces règlements
municipaux. Conséquemment, plus de trois millions de travailleurs
canadiens ne bénéficient d'aucune protection contre
la fumée secondaire et huit millions d'autres ne bénéficient
que d'une protection partielle.
Les récentes campagnes médiatiques de grande envergure
ont permis de sensibiliser la population canadienne et de l'informer
sur les risques du tabagisme et de la fumée secondaire. Il s'agit
de l'un des secteurs où les efforts que déploient des
gens tels que Barb Tarbox et Heather Crowe peuvent faire toute la différence.
Barb Tarbox, un ancien mannequin international, a commencé à
fumer alors qu'elle était en deuxième secondaire. Lorsqu'elle
apprit qu'elle était atteinte du cancer du poumon, elle s'est
engagée à toucher le plus grand nombre possible de jeunes
en Alberta et ailleurs au Canada en leur transmettant avec passion son
message contre le tabagisme. Pour sa part, Heather Crowe est atteinte
du cancer depuis l'âge de 57 ans. Bien qu'elle n'ait
jamais fumé, elle a respiré pendant de nombreuses années
la fumée secondaire des clients fumeurs qu'elle servait dans
les restaurants où elle travaillait. En racontant avec courage
leur histoire au public, ces femmes ont démontré que les
souffrances personnelles allaient au-delà de statistiques impersonnelles.
Barb Tarbox a poursuivi ses efforts avec persévérance jusqu'à
ce qu'elle ne soit plus physiquement en mesure de continuer. Bien
qu'elle soit décédée en mai dernier, l'héritage
qu'elle nous a laissé se manifestera chez ces jeunes qui ne
l'oublieront jamais et qui choisiront la santé plutôt
que l'usage du tabac.
Dénormalisation
La dénormalisation vise à faire en sorte que l'usage
du tabac soit socialement inacceptable. Les efforts déployés
afin de parvenir à une dénormalisation s'effectue à
trois niveaux. Les renseignements fournis sur la nature dangereuse et
toxicomanogène de l'usage du tabac catégorisent clairement
le tabagisme comme tout à fait indésirable. On incite les
gens, et surtout les adolescents, à considérer l'usage
du tabac comme socialement inacceptable. Enfin, les Canadiens et les Canadiennes
sont de plus en plus sensibilisés aux stratégies et tactiques
de commercialisation de l'industrie du tabac. Les adolescents doivent
particulièrement être informés des techniques de marketing
qu'utilise l'industrie du tabac de manière à ce
qu'ils ne se laissent pas influencer par l'attrait des liens
que fait la publicité entre le tabagisme et la popularité,
le charme et la rébellion contre la conformité.
La Loi sur le tabac de 1997 restreint les
techniques de promotion des produits du tabac et prévoit notamment
une interdiction de publicité sur le style de vie en lien avec
le tabagisme et une interdiction des promotions de commandites à
compter d'octobre 2003. Il est interdit d'offrir gratuitement
des produits du tabac, et les promotions des ventes sont restreintes.
De plus, cinq provinces ont maintenant prévu des dispositions législatives
qui contiennent diverses formes de restrictions en matière de publicité,
d'affichage ou de promotion.
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