Résumé du Rapport final du Comité consultatif d'experts
sur l'utilisation d'antimicrobiens chez les animaux et les conséquences
pour la résistance et la santé humaine
La résistance aux médicaments antimicrobiens est un problème sérieux
au Canada et un peu partout dans le monde. Le problème, appelé souvent
résistance aux antimicrobiens, met la vie en péril, coûte de l'argent
et menace notre capacité de traiter les infections chez les humains et
les animaux. La collectivité médicale au Canada reconnaît que les plus
sérieux problèmes de résistance chez les humains sont attribuables à l'utilisation
excessive d'antimicrobiens dans les remèdes administrables aux humains
et dans les médicaments employés dans la production de nourriture destinée
aux animaux.
En 1999, Santé Canada a mis sur pied le Comité consultatif d'experts
sur l'utilisation d'antimicrobiens chez les animaux et les conséquences
pour la résistance et la santé humaine. Le Comité avait pour but de
fournir à Santé Canada des opinions et de l'aide pour l'élaboration de
différentes options en matiére politiques relatives à l'utilisation ete
d'antimicrobiens chez les animaux.
Formé de vingt membres, le Comité a une vaste représentation. Il inclu
des représentants de l'industrie des productions animales (produits laitiers,
volailles, poisson), des organismes de protection des animaux, du Conseil
de recherches agro-alimentaires du Canada, de l'Association canadienne
des médecins vétérinaires, des fabricants de médicaments, des médecins,
des agents de l'hygiène publique, du monde universitaire, des gouvernements
provinciaux et des consommateurs. Au cours de ses discussions le Comité
consultatif a examiné et discuté des documents scientifiques pertinents
et consulté des experts internationaux.
Conscient des nombreuses études et recommandations disponibles dans le
domaine public et ne voulant pas « réinventer la roue », le Comité a néanmoins
décidé qu'il fallait présenter :
- le point de vue canadien dans leurs recommandations;
- une discussion détaillée des preuves scientifiques des effets sur
la santé des humains et des animaux;
- la résponse internationale au problème;
- le point de vue des intervenants sur les bienfaits des antimicrobiens
chez les animaux;
- les options quant à la gestion des risques de résistance.
Le Rapport du Comité a été présenté au Directeur général de la Direction
des médicaments vétérinaires de Santé Canada le 28 juin 2002. Le Comité
a suggéré que, par souci de transparence et afin d'assurer une vaste consultation
sur la résistance aux antimicrobiens, Santé Canada devrait rendre le rapport
public et obtenir les commentaires des Canadiens à cet effet.
Le Comité consultatif d'experts sur l'utilisation d'antimicrobiens
chez les animaux et les conséquences pour la résistance et la santé humaine
est d'avis que la résistance aux antimicrobiens prend des proportions
de crise en médecine humaine. Restreindre l'utilisation non nécessaire
des antimicrobiens chez les humains et contrôler les infections dans les
hôpitaux et la collectivité font l'objet d'effonts soutenus en médecine
humaine.
En médecine vétérinaire, on trouve de la résistance antimicrobienne dès
qu'on utilise des antimicrobiens, que ce soit pour une thérapie préventive,
une maladie ou dans le but de stimuler la croissance. On réduit ainsi
l'efficacité des antimicrobiens disponibles pour le traitement des infections
et il en résulte non seulement une utilisation accrue de médicaments plus
dispendieux dont on a besoin pour assurer la santé des humains, mais également
la propagation de bactéries résistantes des animaux aux humains. Bien
qu'on ne connaisse pas l'importance des effets sur la santé publique,
on sait que la résistance pose un problème sérieux dans le cas d'infections
bactériennes transmises aux humains par les animaux.
De plus, le Comité est d'avis que, suite à ces problèmes, il faut changer
notre façon de réglementer, distribuer et utiliser les antimicrobiens
chez les animaux. Le Rapport contient 38 recommandations. Les six plus
importantes sont incluses dans le sommaire et apparaissent á l'annex A
du présent document.
Annexe A
Principales recommandations dans le sommaire du Rapport du Comité consultatif
d'experts sur l'utilisation d'antimicrobiens chez les animaux et les conséquences
pour la résistance et la santé humaine
- S'assurer que tous les antimicrobiens servant au contrôle et au traitement
des maladies ne soient disponibles que sur ou prescription.
- Élaborer une politique sur l'utilisation non conforme aux mentions
de l'étiquette qui puisse assurer que cette pratique ne met te pas en
péril la santé des humains. Une telle politique devrait inclure la capacité
de défendre l'utilisation non conforme aux mentions de l'étiquette de
certains médicaments ayant une importance cruciale pour la santé des
humains.
- Évaluer, enregistrer et assigner un code DIN à tous les antimicrobiens
servant aux animaux destinés à l'alimentation, qu'ils soient produits
au pays ou importés. On inclut dans cette liste les antimicrobiens importés
en vrac en tant qu'ingrédients pharmaceutiques actifs qu'on ne devrait
permettre au Canada que sous licence. Cette recommandation a pour but
d'arrêter l'utilisation directe d'ingrédients pharmaceutiques actifs
chez les animaux destinés à l'alimentation humaine.
- Arrêter l'importation, la vente et l'utilisation d'antimicrobiens
qui n'ont pas été évalués et enregistrés par Santé Canada. Cette recommandation
a pour but d'éliminer l'échappatoire de « l'utilisation personnelle
».
- Évaluer, au moyen de principes solides d'analyse de risque, les antimicrobiens
qui stimulent la croissance ou favorisent l'indice de conversion alimentaire.
Éliminer rapidement les prétentions au sujet des antimicrobiens qui
ne répondent pas au critères suivants : efficacité manifeste; produits
ne servant jamais ou rarement à une thérapie humaine; produits qui ne
nuiraient probablement pas à l'efficacité de tout autre antimicrobien
prescrit pour des infections humaines au moyen du développement de variétés
résistantes.
- Suite à une consultation avec les provinces, d'autres organismes
fédéraux et des groupes industriels, planifier et mettre en application
un système national de surveillance continu et permanent visant la résistance
aux antimicrobiens provenant de la production d'animaux destinés à l'alimentation.
Il faudrait également surveiller les bactéries indicatrices et pathogènes
isolées chez les animaux, les aliments et les produits animaux importés.
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