Agence de santé publique du Canada / Public Health Agency of Canada
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Volume 17, No 1- 2000

 

 

Office de la santé publique du Canada

Recensions de livres


Version 4 (Health and Sickness) of Essentials of Statistical Methods
Par T.P. Hutchison Adélaïde (Australie du Sud) : Rumsby Scientific Publishing, 1995; ii + 64 pp; ISBN 0 646 25580 0; 14 $ (CAN)

Pour comprendre les pensées de Dieu, il nous faut étudier les statistiques, car elles représentent la mesure de son dessein (Florence Nightingale)

La statistique, comme vous le savez, est la plus exacte des fausses sciences (Jean Cau)

Presque toute vie humaine dépend des probabilités (Voltaire)

Si l’on pouvait désaisonnaliser les températures, l’hiver canadien disparaîtrait (Robert Stanfield)

Les mathématiciens sont un peu comme les Français : lorsque vous leur parlez, ils traduisent immédiatement vos propos dans leur propre langue, et tout de suite cela devient quelque chose d’éminemment différent (Goethe)

Si vous faites une expérience et que vous êtes obligé de recourir à la statistique, c’est que vous auriez dû vous y prendre d’une meilleure façon (Lord Rutherford)

L’art oratoire se meurt; une époque dominée par le calcul lui a assené en plein coeur d’innombrables coups de statistiques (W. Keith Hancock)

Les probabilités guident la conduite du sage (Cicéron)

Ces citations [traduites de l’anglais], qui soulignent les sentiments d’ambivalence que suscitent généralement les statistiques, proviennent du plat inférieur d’un mince volume intitulé Version 4 (Health and Sickness) of Essentials of Statistical Methods (la Version 4). Le livre atteint admirablement son modeste objectif, c’est-à-dire, présenter, d’une façon simple, claire et concise, une analyse des méthodes statistiques et des techniques de probabilité qui sont habituellement enseignées dans un bon cours d’introduction à la statistique étalé sur une période d’un semestre.

La Version 4 est destinée à servir de complément aux gros ouvrages qui sont généralement prescrits pour de tels cours. Ces ouvrages, outre qu’ils fourmillent d’exemples et de problèmes de toute sorte utiles pour la création de travaux pratiques, sont souvent émaillés de nombreux détails superflus qui servent principalement à les différencier les uns des autres, mais qui permettent aussi à leurs auteurs d’enfourcher leurs dadas pendant plusieurs tours de piste devant un auditoire captif.

L’étudiant qui trouverait la Version 4 utile est celui inscrit à un cours d’introduction à la statistique axé sur le calcul infinitésimal et qui est déjà propriétaire d’un ouvrage de base. Se situant à mi-chemin entre le recueil factuel et l’ouvrage exhaustif, la Version 4 ferait office de résumé lisible et bien structuré du matériel de cours. Un étudiant dont les notes de cours présenteraient la richesse et la structure de la Version 4 pourrait, en effet, se considérer chanceux. Les chargés de cours seraient peut-être bien inspirés d’envisager ce volume comme une heureuse addition à leur bibliothèque.

Le volume comprend les trois parties habituelles des introductions à la statistique : statistique descriptive, probabilités et inférence statistique. Il y a fort à parier que l’enseignement de la statistique descriptive sera grandement influencé par la disponibilité d’environnements de programmation et de logiciels de bonne qualité, une possibilité qui n’est pas soulignée dans la Version 4. La section sur les probabilités exige une certaine connaissance du calcul infinitésimal, un point qui ne semble pas être clairement indiqué dans la préface. La section sur l’inférence statistique est émaillée d’observations et d’analyses pénétrantes sur divers aspects de l’inférence qui prêtent à controverse. La présentation de valeurs p spécifiques aurait été utile pour ceux qui pourraient être appelés à interpréter des analyses publiées de données sur les sciences de la santé. L’auteur emploie au singulier le terme anglais «data»; bien que cet usage ne soit pas particulier à ce volume, il est, avouons-le, plutôt agaçant.

Qu’il nous soit permis d’ajouter, à la liste des citations mentionnées au début de cet article, la suivante, qui figure sur le T-shirt de la American Statistical Association :

Faire de la statistique, cela signifie ne jamais avoir à dire qu’on est certain [traduction]

Ce volume serait «presque à coup sûr» une excellente acquisition pour l’étudiant qui suit un cours d’introduction à la statistique.

Ian B. MacNeill
Bureau du cancer
Laboratoire de lutte contre la maladie
Santé Canada, Pré Tunney
Indice de l’adresse : 0602E2
Ottawa (Ontario) K1A 0L2

On peut le commander directement auprès de :
Rumsby Scientific Publishing
PO Box Q355, Queen Victoria Building
Sydney, New South Wales 2000
Australia


Society and Health
Par Benjamin C. Amick, Sol Levine, Alvin R. Tarlov et Diana Chapman Walsh

New York (New York) : Oxford University Press, 1995; xvi + 374 pp; ISBN 0-19-508506-X; 71,50 $ CAN

Dans cet ouvrage, on examine les déterminants sociaux de la santé du point de vue du nouveau paradigme «société et santé»; on présente également une série d’analyses, réalisées essentiellement par des spécialistes des sciences sociales. D’abord Schor et Menaghan décrivent les moyens mis en oeuvre au niveau familial en matière de santé. Patrick et Wickizer se penchent ensuite sur la communauté et la santé : ils présentent le modèle des déterminants de la santé de l’Institut canadien des recherches avancées et renvoient à Nouvelle perspective de la santé des Canadiens ainsi qu’à La santé pour tous (sans mention d’auteur). En un tableau très complet, ils résument la littérature parue sur la question, signalant l’absence de confirmations de l’efficacité de l’approche des «Communautés en santé» et, dans une moindre mesure, de l’organisation communautaire.

King et Williams, quant à eux, examinent la relation entre la race et la santé : ils rejettent le concept de race en tant que construct social et concluent que les différences «raciales» en matière de santé peuvent s’expliquer par des variables confusionnelles. Walsh, Sorenson et Leonard traitent de santé en fonction du sexe, et plus précisément du tabagisme. Ils estiment que le sexe est aussi un construct social et ils recommandent qu’à l’avenir les études mettant le sexe en relation avec la santé soient réalisées en fonction d’un point de vue «société et santé» élargi, englobant des processus sociaux tels que la distribution du travail et la répartition du pouvoir. Ces textes, parfois très denses, sont d’une lecture ardue pour le profane (c.-à-d. pour les personnes qui ne sont pas spécialistes du comportement).

Le chapitre de Marmot, Bobak et Davey Smith sur les inégalités sociales en matière de santé donne un répit au lecteur épidémiologiste : la présentation est limpide et le style plus abordable. Brenner s’éloigne de la présentation classique : il décrit les résultats qu’il a obtenus avec son «modèle de santé de la population axé sur le changement économique» représentant les relations entre la mortalité et les cycles économiques. Ce modèle est d’une sensibilité impressionnante, mais cette caractéristique même peut faire craindre une spécificité excessive. Pour la première fois, le lecteur est orienté vers une solution comportant l’instauration de politiques publiques; Brenner reconnaît en effet que l’intervention gouvernementale peut atténuer les effets nuisibles pour la santé que peuvent avoir les tendances économiques.

Johnson et Hall font une excellente analyse des classes sociales, du travail et de la santé dans laquelle ils font valoir, entre autres, la grande perspicacité du sociologue Karl Marx. Le chapitre de Corin, consacré à la culture, est malheureusement hors de ma portée. Bunker, Frazier et Mosteller évaluent quantitativement l’influence d’un certain nombre de soins médicaux prophylactiques et thérapeutiques sur la longévité (respectivement 1,5 et 3,5 à 4 ans, avec possibilité d’une période additionnelle de 7 à 8 mois et de 1 à 1,5 an) et présentent une estimation semi-quantitative de leur effet sur la qualité de vie.

Dans le dernier chapitre, Miller poursuit une réflexion stratégique sur la santé. Il regroupe les déterminants sociaux de la santé en fonction des ressources (richesse absolue), de la position relationnelle (rôles sociaux, respect) et de la position relative (inégalités). La politique publique doit viser à atténuer les inégalités de ressources et promouvoir la solidarité en réduisant les distances économiques et en intéressant les gens à des objectifs communs (p. ex. par des processus décisionnels locaux). Ses arguments sont très convaincants, mais le climat politique actuel n’inspire pas beaucoup d’espoir.

L’introduction, rédigée par les rédacteurs de l’ouvrage (trois spécialistes des sciences sociales et un médecin), et le texte présenté en conclusion font une synthèse, mais il n’y a guère de liens à faire entre les divers chapitres. Personnellement, j’aurais aimé qu’on parle davantage des solutions possibles, pour faire équilibre avec l’analyse très poussée qu’on fait des problèmes.

Society and Health illustre bien à quel point l’épidémiologie et les sciences sociales font un mélange enrichissant, mais aussi générateur de tension. L’épidémiologie classique est assez critiquée, surtout parce qu’elle est centrée sur l’individu, sur des maladies individuelles et sur les relations de cause à effet biunivoques et parce qu’elle ne s’intéresse pas à des questions comme le fonctionnement de l’industrie du tabac (ce qui, à mon avis, relève plus des sciences politiques et du droit). On revient souvent sur la nécessité de faire la distinction entre les variables qui influent sur l’individu et celles qui agissent au niveau de la communauté, et de les traiter en conséquence.

Society and Health explore à peu près le même champ que Why Are Some People Healthy and Others Not? de Evans et coll., mais avec une tangente sociologique, plutôt que politico-économique comme l’ouvrage d’Evans et coll. (Michael Marmot et Ellen Corin ont collaboré à ces deux ouvrages). Lequel de ces deux titres choisir s’il est impossible de lire les deux? La plupart d’entre vous devraient trouver le livre d’Evans plus accessible, d’une portée plus large et d’un intérêt immédiat plus grand pour le Canada. Malgré tout, je vous recommande de lire les deux, car ils se complètent à bien des égards.

Évaluation générale : Bonne

Points forts : Ouvrage complet, à jour et faisant autorité

Points faibles : Lecture ardue pour ceux qui ne sont pas spécialistes des sciences du comportement
Intégration et synthèse déficiente

Lecteurs : Épidémiologistes et responsables de l’élaboration des politiques

Robert A. Spasoff
Département d’épidémiologie et de médecine sociale
Université d’Ottawa
451, chemin Smyth
Ottawa (Ontario) K1H 8M5
[Actuellement en congÉ sabbatique à l’Universiteit van Amsterdam]

Dernière mise à jour : 2002-10-29 début