Changement de personnel au SCHIRPT 6e Conférence mondiale : Prévention et contrôle des traumatismes : Montréal, 2002 Le SCHIRPT fête ses 10ans– Félicitations! Les blessures associées aux trottinettes Blessures associées au football |
Blessures par contact au hockey mineur : Une analyse de la base de données du SCHIRPT pour la saison de hockey 1998-1999Steven McFaull, M.Sc. Quelqu’un a déjà décrit le hockey comme un sport que l’on pratique avec un gourdin (le bâton de hockey), des couteaux (les patins) et des balles (les rondelles)1. En effet, les bâtons, dont la vitesse angulaire peut atteindre 40 radians/seconde lors d’un lancer, sont souvent utilisés comme des «armes»; les lames de patin peuvent aussi sectionner des nerfs, des tendons et des vaisseaux sanguins dans les zones non protégées du corps; enfin, la rondelle, dont la force d’impact peut dépasser 5 500 newtons, peut causer de graves blessures vu la surface réduite de sa zone d’impact. Pourtant, malgré le risque élevé de blessure que présente cet «arsenal», les blessures graves au hockey mineur (garçons de 10 à 17 ans) sont surtout causées par les contacts entre joueurs (intentionnels ou non)2. Classification par âge et par taille Les groupements par catégorie d’âge sont un sujet de débat récurrent dans les associations de hockey mineur au Canada. Cela tient en partie au fait que, comme les contacts entre les joueurs sont à l’origine d’une proportion élevée de blessures graves (76,5%, Bernard et al.2), la taille, la vitesse et la force sont des facteurs importants: les larges écarts de taille entre les joueurs peuvent en effet accroître le risque de blessure grave. Et le problème se pose avec encore plus d’acuité au niveau Pee-Wee et Bantam, car c’est à ce stade que les garçons atteignent des vitesses de pointe par rapport à leur taille et à leur poids3,4. Dans une intéressante étude réalisée auprès de joueurs de niveau Bantam au Canada, Bernard et al.2 ont mesuré diverses caractéristiques anthropométriques (taille) et biomécaniques chez les membres de 12équipes de cinq ligues de hockey dans les régions du Québec et de l’Outaouais (saisons 1987-1988 et 1988-1989). Les joueurs des ligues de compétition sont classés, selon
leur niveau de compétence, en joueurs «AA» (très
compétents) et «CC» (moins compétents). Aux deux
niveaux, la mise en échec est permise. Certaines différences
statistiquement significatives (p<0,001) ont certes été observées
entre les joueurs «AA» et «CC», mais c’est surtout
entre les différents joueurs «CC» que les écarts
sont les plus prononcés. Les chercheurs ont en effet observé
des écarts de 32mois dans l’âge des joueurs, de 47,7kg dans leur
masse corporelle, de 41cm dans leur taille, de 2,3m/s dans leur vitesse de
patinage et de 357% dans leur force d’impact (telle que mesurée par
une mise en échec simulée sur un panneau conçu à
cette fin). Vu l’importance de la masse et de la vitesse dans la physique
des collisions5, la taille du joueur pose ici problème.
La plage des tailles chez les garçons de 10 à 17 ans est en
effet très large (voir figure1)6, comme
on peut facilement le constater dans de nombreux arénas au Canada.
Ces différences de taille présentent un risque de blessure grave,
bien que le risque de collision entre des joueurs du 5e et du 95e
percentile soit faible; en fait, la distribution par taille des joueurs de
hockey mineur de compétition pourrait ne pas être normale. |
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Données du SCHIRPT: méthodes et analyses La base de données du SCHIRPT contenait 3165 dossiers concernant le hockey sur glace pour la saison 1998-1999 (du 1er juillet 1998 au 30 juin 1999), dont près de la moitié (49%) portaient sur des blessures par contact (collisions avec d’autres joueurs, contre la bande ou contre un poteau de but, contact avec des patins, des bâtons ou des rondelles) chez des sujets de sexe masculin jouant dans une ligue de hockey mineur. L’analyse qui suit porte sur ces derniers dossiers. Les cas ont été classés selon les groupes d’âge
définis pour le hockey mineur dans les directives de l’Association
canadienne de hockey (ACH)3 présentés au tableau
1. Ce tableau donne également le système de classification
utilisé aux États-Unis à titre de comparaison. Les quatre
groupes du hockey mineur sont les Atomes (10-11 ans), les Pee-Wees (12-13
ans), les Bantams (14-15 ans) et les Midgets (16-17 ans). Bien que ces divisions
soient composées pour la plupart de sujets appartenant aux plages d’âge
de deux ans en question, elles ne sont pas exclusives. C’est ainsi que, chez
les Pee-Wees, 1,3 % des cas étaient du quatrième quartile (nés
en octobre, novembre ou décembre) de la 11e année,
et 5,1 % du premier et du second quartiles de la 14e année. |
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Circonstances Le tableau 2 donne les circonstances dans lesquelles
se sont produites les blessures en fonction du groupement par âge. Chez
les Atomes, où il n’y a habituellement aucune mise en échec,
un bon quart des blessures sont causées par des collisions non intentionnelles
entre joueurs et 16,8 % par des collisions contre la bande (aucun autre
joueur impliqué), ce qui est environ deux fois supérieur à
ce que l’on observe dans les trois autres divisions. Cette proportion élevée
peut sans doute s’expliquer en partie par le plus jeune âge des joueurs,
qui en sont encore à développer leurs aptitudes de patineurs
et leur «sens du hockey». La documentation sur les blessures au
hockey porte souvent sur les joueurs Bantams. Dans l’ensemble de données
actuel, c’est chez ces derniers que l’on compte le nombre le plus élevé
(101,7) de cas pour 1000 blessures de tous types chez les enfants d’«âge
Bantam» au cours de la saison 1998-1999. Pour la saison 1988-1989, Bernard
et al.2 avaient établi que 38,4 % des blessures
mineures et 53,1 % des blessures majeures avaient été causées
par une mise en échec. Selon l’analyse des données du SCHIRPT,
les mises en échec reçues, légales et illégales,
ont causé 60,6 % de toutes les blessures par contact chez les
Bantams. Dans 35 cas (2,3 %), la victime était un gardien de but.
Dans 15 cas, la blessure résultait d’une collision involontaire avec
un autre joueur; le contact avec un bâton, une rondelle ou un patin
représentait 19 de ces 35 cas; enfin dans un cas, les circonstances
à l’origine de l’accident étaient inconnues. |
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Types de blessures Globalement, les blessures aux membres supérieurs représentaient près de la moitié (46,6 %) des blessures (tableau 3). Cette proportion est semblable à celle observée dans les autres sports organisés (41,6 %) ainsi que pour l’ensemble des blessures du SCHIRPT (43,5 %). Les fractures de la clavicule sont fréquentes au hockey de contact, représentant près du tiers des fractures des membres supérieurs dans cet ensemble de données. La plupart des fractures de la clavicule (83,8 %) sont survenues dans les divisions Pee-Wees et Bantams et, parmi ces fractures, 45,9 % résultaient d’un plaquage légal sur la bande. Par rapport aux autres sports organisés et à l’ensemble de la base de données, au hockey, les blessures aux membres inférieurs sont moins fréquentes et les blessures au tronc et à la colonne dorsale plus fréquentes. La fréquence moindre des blessures aux membres inférieurs pourrait en partie s’expliquer par le fait que nous n’avons pas tenu compte, dans cette étude, des blessures d’hyperextension, très fréquentes au hockey, notamment dans la région de l’aine et de l’intérieur de la cuisse. |
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Admissions à l’hôpital En général, dans la base de données du SCHIRPT, le
pourcentage d’hospitalisation des sujets blessés dans le cadre de sports
organisés est moins élevé que celui de l’ensemble de
la base de données. Le tableau 4 donne ce pourcentage
selon le groupe d’âge pour le hockey sur glace, les autres sports organisés
et l’ensemble des dossiers du SCHIRPT, pour la «saison» 1998-1999.
Globalement, la proportion des admissions à l’hôpital est plus
élevée pour le hockey sur glace que pour les autres sports organisés,
mais moins élevée que pour l’ensemble de la base de données.
Il ne faut cependant pas oublier que le rapport entre les blessures infligées
pendant les parties et les blessures infligées pendant les séances
d’entraînement varie selon les sports. En général, au
hockey, les premières sont proportionnellement beaucoup plus nombreuses
que les secondes, sans doute à cause de l’intensité accrue du
jeu pendant les parties. Selon une étude américaine7
le taux de blessures pour 1000 expositions-athlètes y serait près
de sept fois plus élevé pendant les parties que pendant les
séances d’entraînement (16,2 contre 2,4). Dans la base de données
du SCHIRPT, les données sur le hockey sur glace organisé portent
sans distinction sur les blessures infligées pendant les parties et
pendant les séances d’entraînement, et il n’est habituellement
pas possible de les distinguer à moins que le mot «ENTRAÎNEMENT»
ou «PRATIQUE» ne figure dans la description (ce qui n’est le cas
que de 1,7% des cas dans l’ensemble des données du SCHIRPT). La proportion
des hospitalisations pourrait donc également être différente
selon le contexte. |
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Intervention Le hockey sur glace est un sport violent en soi. C’est là un aspect
que l’on ne pourra jamais totalement éliminer chez des sujets de sexe
masculin de 12 à 13 ans. Tout effort visant à contrôler
les blessures commande habituellement une approche concertée, comme
l’illustre bien une forme du modèle conceptuel de Haddon (tableau
5). Les diverses cellules de la matrice de Haddon couvrent les principaux
aspects de la sécurité du hockey sur glace, dont certains sont
analysés brièvement ci-dessous. |
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L’équipement protecteur est, bien sûr, essentiel dans un sport comme le hockey, même en l’absence de mises en échec. Mais en réalité, les individus qui jouent au hockey récréatif organisé (sans mises en échec) portent souvent de l’équipement trop petit ou trop vieux. Lorsqu’un joueur porte, par exemple, des épaulières trop petites, les plaques de plastique rigide qui devraient normalement se trouver sur la face latérale du deltoïde se trouvent en fait sur le dessus: ainsi, si le joueur frappe la bande, elles n’absorberont pas l’énergie de l’impact et le joueur risque davantage de se fracturer la clavicule. De la même façon, les culottes trop petites ne protègent pas suffisamment les reins. Le rembourrage de l’équipement usé a aussi parfois perdu une partie de sa capacité d’absorber les chocs; les casques protecteurs, notamment, ont une durée de vie limitée (en général de 3 à 5 ans, selon les fabricants). Les ligues de hockey mineur organisé obligent certes les joueurs à porter de l’équipement protecteur, mais c’est aux entraîneurs et aux parents qu’il revient de s’assurer que cet équipement est bien ajusté, en particulier chez les garçons en pleine croissance des divisions Pee-Wees et Bantams. Bien que le port du casque et du masque protecteur ait fait l’objet d’une vaste campagne de publicité et soit bien accepté, les protège-cou n’ont pas reçu autant d’attention, sauf pour les gardiens de but. Ces appareils peuvent protéger contre diverses lésions traumatiques, comme les lacérations causées par les lames de patin et les impacts de rondelle ou de bâton. Patins Les patins bien ajustés, offrant un bon soutien pour la cheville, protègent contre les blessures potentielles en diminuant le nombre de chutes et en augmentant le contrôle. Entraînement de la force musculaire et conditionnement physique Des muscles forts protègent les articulations et permettent au corps de mieux tolérer les impacts. La documentation sur le sujet est cependant peu abondante. Une étude8 a mis en évidence un effet apparemment protecteur qui mérite d’être étudié davantage. Un conditionnement général peut aider à prévenir les blessures liées à la fatigue et favoriser la guérison des blessures existantes. Les entraîneurs et les instructeurs doivent cependant faire preuve de prudence, car la pratique intensive d’exercices physiques (notamment les activités anaérobie) en plus des parties et des pratiques de hockey risque de surmener l’athlète9 et de le rendre ainsi plus vulnérable aux blessures. Mises en échec Il y a deux grands types de mises en échec : les plaquages sur la bande et les mises en échec sur la glace. Dans les deux cas, la mise en échec peut être légale ou illégale. On ignore au juste si les mises en échec illégales causent plus de blessures que les autres. Dans la base de données actuelle du SCHIRPT, les plaquages illégaux sur la bande (c.-à-d. les mises en échec par derrière) ont entraîné l’hospitalisation de 6,3 % des joueurs par opposition à 3,8 % pour plaquages légaux. Par contre, la totalité des blessures dues aux mises en échec légales représentaient 45,7 % de toutes les blessures, alors que celles résultant de mises en échec illégales ne représentaient que 7,8 %, sans qu’il y ait de différences majeures dans la nature de la blessure ou le pourcentage d’hospitalisations. Ainsi, en termes de nombre, la majorité des blessures sont causées par des mises en échec légales. Selon l’ACH, la mise en échec est généralement permise à partir du niveau pee-wee; dans les ligues récréatives, par contre, la mise en échec n’est jamais autorisée. L’association a mis sur pied un projet pilote pour mettre à l’essai la mise en échec au niveau atome. Cela pourrait ne pas poser de problème, car les mises en échec sont moins violentes à ce niveau vu la plus petite taille des joueurs et leur vitesse de patinage moindre. Classification selon l’âge Même si l’on appliquait rigoureusement les règles pour éliminer toutes les mises en échec illégales, il resterait toujours les blessures causées par les mises en échec légales ou les collisions accidentelles. C’est pourquoi le classement par catégorie d’âge est important. Comme nous l’avons déjà mentionné, la question fait l’objet de vifs débats dans les associations de hockey, chez les entraîneurs et chez les parents. Lors d’une récente réunion (septembre 2000), les sections membres de l’ACH se sont entendues sur certaines recommandations (non encore définitives) à ce sujet: la catégorie des Midgets regrouperait ainsi une plage de trois ans (15-17 ans) et les autres catégories rajeuniraient d’un an. Cela équivaut en fait au système américain (tableau 1), sauf pour la date butoir, qui demeure le 31 décembre au lieu du milieu de l’année comme aux États-Unis. Certaines sections de l’ACH divisent déjà leurs ligues Bantams et Midgets en joueurs mineurs (première année) et majeurs (deuxième année) afin de réduire les écarts liés à la taille et aux habiletés. Qualité de l’air dans les arénas Bien qu’il n’en soit pas souvent question dans les publications sur les blessures, l’exposition aux polluants dans les arénas constitue un problème de santé publique10. Au cours d’une journée d’utilisation de 14 à 18 heures, les surfaceuses à essence peuvent en effet produire des concentrations élevées d'oxyde de carbone (CO) et de dioxyde d’azote (NO2). Les concentrations atteintes en bout de ligne dépendent de l’entretien de ces machines et du système de ventilation de l’immeuble. L’exposition à ces polluants peut causer des maladies respiratoires aiguës et parfois même des intoxications. Le CO peut également diminuer la vigilance et l’acuité visuelle chez des individus par ailleurs en bonne santé, ce qui peut provoquer des accidents par la suite. Tous ceux qui se trouvent dans l’aréna (le personnel, les spectateurs, les joueurs) sont exposés, mais les joueurs le sont encore plus à cause du rythme élevé de leur respiration. Conclusion Les données du SCHIRPT et d’autres études révèlent que le contact corporel est le principal mécanisme de blessure chez les sujets de sexe masculin qui jouent dans des équipes de hockey mineur organisé. D’autres recherches épidémiologiques devraient étudier les circonstances détaillées dans lesquelles surviennent ces blessures et se pencher sur l’efficacité des diverses mesures de contrôle adoptées pour corriger la situation. Références 1. Sim FH, Chao EY. Injury potential in modern ice hockey. Am J Sports Med 1978; 6(6):378-84. 2. Bernard D, Trudel P, Marcotte G, Boileau R. The incidence, types, and circumstances of injuries to ice hockey players at the Bantam level (14 to 15 years old). Dans: Castaldi CR, Bishop PJ, Hoerner EF, éds. Safety in ice hockey: second volume. ASTM STP 1212. Philadelphia: American Society for Testing and Materials, 1993:44-55. 3. Association canadienne de hockey (ACH), www.canadianhockey.ca. 4. Haywood KM. Life span motor development. 2e éd. Illinois: Human Kinetics Publishers, 1993. 5. Meriam JL, Kraige LG, éds. Engineering mechanics, Vol 2: dynamics. New York: John Wiley and Sons, 1987. 6. Hamill PVV, Drizd PA, Johnson CL, Reed RB, Roche AF. National Center for Health Statistics (NCHS) growth curves for children, birth to eighteen years. Washington, DC: U.S. Government Printing Office, 1977. 7. Dick RW. Injuries in collegiate ice hockey. Dans: Castaldi CR, Bishop PJ, Hoerner EF, éds. Safety in ice hockey: second volume. ASTM STP 1212. Philadelphia: American Society for Testing and Materials, 1993:21-30. 8. Gilder KA, Grogan J. Prevention of ice hockey injuries by strength and conditioning. Dans: Castaldi CR, Bishop PJ, Hoerner EF, éds. Safety in ice hockey: second volume. ASTM STP 1212, Philadelphia: American Society for Testing and Materials, 1993:56-68. 9. Kreider R., Fry A., O’Toole M, éds., Overtraining in sport. Illinois: Human Kinetics Publishers, 1998. 10. Brauer M, Spengler JD, Lee K., Yanagisawa Y. Air pollutant exposures inside ice hockey rinks: exposure assessment and reduction strategies. Dans: Castaldi CR, Bishop PJ, Hoerner EF, éds. Safety in ice hockey: second volume. ASTM STP 1212. Philadelphia: American Society for Testing and Materials, 1993:142-156.
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Dernière mise à jour : 2001-02-16 |