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Comprendre la petite enfance - Développement de la petite enfance à South Eastman, Manitoba - Octobre 2003

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IV. Façon dont les familles et les collectivités de South Eastman peuvent améliorer les résultats des enfants

De nombreuses études sur les résultats des enfants ont été fondées sur la théorie de l'investissement, une théorie économique qui suppose que les enfants reçoivent un capital de leurs parents. Il s'agit d'attributs biologiques et d'un capital culturel qui dépendent des normes, des valeurs et des préférences des parents, de leur revenu et de leur richesse, ainsi que de leur accès aux ressources. Les parents investissent du temps et de l'argent dans leurs enfants, principalement sous forme de dépenses aux titres de l'éducation et des soins de santé8.

D'autres théories laissent supposer que les résultats des enfants découlent des pratiques familiales et des styles parentaux. Les enfants sont moins susceptibles d'avoir des problèmes de comportement ou de se développer de façon inadéquate sur le plan cognitif si leurs parents les appuient, se montrent réceptifs et leur prodiguent de l'affection. Les parents qui sont déprimés ou très stressés sont plus susceptibles d'être tendus et irritables avec leurs enfants, et de participer dans une moindre mesure aux activités qui contribuent à leur développement affectif et intellectuel. Les rapports matrimoniaux deviennent tendus, et la capacité globale de la famille de fonctionner comme une unité cohérente est compromise. Ces pressions ont aussi des répercussions sur le développement de l'enfant.

Des recherches récentes sur les enfants vulnérables fondées sur le premier cycle de l'Étude longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes9 tiennent à la fois compte de l'influence des processus familiaux et des facteurs communautaires sur les résultats des enfants. Ces études ont constaté que les processus familiaux les plus importants comprennent le « style » parental, la dépression chez la mère, la cohésion ou la capacité d'adaptation de la famille, et la mesure dans laquelle les enfants participent régulièrement à des activités d'apprentissage. Les modalités de garde de l'enfant jouent aussi un rôle essentiel. De nombreux enfants ont de meilleurs résultats s'ils disposent de services de garde de qualité, particulièrement dans le cas des familles ayant un faible statut socio-économique10.

Le quartier et la collectivité plus large peuvent augmenter ou réduire la capacité des parents de fournir du soutien à leurs enfants11. La qualité et la sécurité du quartier sont importantes, mais les facteurs sociaux jouent aussi un rôle. Par conséquent, nous nous intéressons aussi au niveau de soutien social dont disposent les parents et à leur niveau d'accès à de l'information et du soutien, grâce à un réseau important d'amis et de collègues — des facteurs qui sont intégrés au terme « capital social ». Le soutien social et des niveaux élevés de capital social sont plus faciles à atteindre dans une collectivité où la population est stable. C'est donc dire que nous nous attendons aussi à ce que le développement de l'enfant soit affecté par le niveau de stabilité de la population.

Enfin, le développement de l'enfant est plus susceptible d'être favorisé si les familles ont accès à des ressources éducatives, culturelles et récréatives. Celles-ci sont importantes, non seulement parce qu'elles contribuent directement au développement de l'enfant, mais aussi parce qu'elles favorisent le soutien social et font augmenter le capital social dans la collectivité.

Nous avons vu dans la section II que les enfants de South Eastman ont obtenu des résultats significativement supérieurs à ceux de l'échantillon de l'IMDPE-16 au regard de quatre des cinq mesures de l'IMDPE et que, dans la plupart des cas, leurs scores étaient comparables à ceux des normes nationales découlant des mesures des résultats de l'ELNEJ.

Ces résultats correspondent aux attentes, malgré une diversité de conditions socio-économiques, puisque relativement peu d'enfants vivent dans des familles à faible revenu ou faiblement scolarisées. Cependant, plusieurs enfants vivant dans des SD moins aisés ont obtenu des scores supérieurs aux attentes. Des facteurs autres que ceux qui sont liés à leur situation socio-économique immédiate peuvent également être en jeu.

La stratégie utilisée dans l'analyse qui suit a consisté à combiner un nombre important de variables familiales et communautaires en dix indicateurs qui sont essentiels au bon développement de l'enfant. Ces indicateurs devaient respecter deux critères :

  • Il devait exister une preuve que les indicateurs étaient liés aux résultats des enfants du point de vue du développement, soit dans les documents spécialisés antérieurs, ou dans des analyses des données de CPE et de l'ELNEJ.
  • Ces indicateurs devaient pouvoir être modifiés grâce aux efforts et aux actions des familles et des collectivités, au soutien des organismes communautaires et bénévoles, ainsi qu'aux politiques sociales aux niveaux local, provincial et national.

Dans cette section, on décrit les dix indicateurs; on présente les résultats des analyses effectuées à partir des données de CPE, avec une indication de l'importance relative de ces facteurs; et on fournit les scores au titre de ces indicateurs pour la collectivité de South Eastman.

A. Dix indicateurs de succès au niveau de la famille et de la collectivité

Chacun de ces indicateurs est présenté sur une échelle de 0 à 10, 10 correspondant au score positif le plus élevé12.

1) Style parental positif

Cet indicateur a été fondé sur des recherches qui ont démontré que les enfants obtiennent de meilleurs résultats du point de vue du développement lorsque leurs parents surveillent leur comportement, répondent à leurs besoins et les encouragent à l'indépendance, grâce à une approche démocratique.

Ce « style » parental, appelé « autoritaire », se distingue du style dit « dictatorial », qui est caractéristique des parents qui exercent beaucoup de contrôle et qui sont assez durs dans leur approche à l'égard de la discipline, ce qui contraste avec le style parental « permissif », qui est caractéristique des parents très indulgents qui imposent peu de limites en ce qui a trait au comportement de leurs enfants13.

L'échelle comprend des éléments permettant d'évaluer l'étendue des interactions positives — fréquence à laquelle les parents complimentent leur enfant, lui parlent et jouent avec lui, et fréquence à laquelle ils rient ensemble. Elle comprend des éléments liés à la constance et à la rationalité de l'approche des parents.

Par exemple, nous avons posé des questions aux parents au sujet de situations où leur enfant avait eu un mauvais comportement : étaient-ils susceptibles d'élever la voix, de le gronder ou de crier, de discuter calmement du problème, ou d'examiner avec lui d'autres comportements acceptables? Devaient-ils punir leur enfant souvent pour le même comportement? La punition dépendait-elle de leur état d'esprit à ce moment-là?

2) Participation des parents

Cet indicateur sert à déterminer dans quelle mesure les parents participent aux activités d'apprentissage de leurs enfants. Il comprend des données sur la fréquence à laquelle les parents racontent des histoires à leurs enfants, leur enseignent des lettres et des chiffres, leur montrent à lire et les encouragent à utiliser des chiffres dans leurs activités quotidiennes. Il sert en outre à mesurer la fréquence à laquelle les enfants regardent des livres et des magazines, en discutent avec leur famille et leurs amis, et écrivent ou font semblant d'écrire avec des stylos feutres ou des crayons14.

3) Fonctionnement de la famille

Le concept de fonctionnement de la famille se rapporte principalement à la cohésion et au niveau d'adaptation de la famille. Il a trait à la façon dont la famille fonctionne comme unité, plutôt qu'aux rapports entre les conjoints ou entre les parents et leurs enfants. Un certain nombre d'études ont démontré que le fonctionnement de la famille est lié aux résultats qu'obtiennent les enfants du point de vue du développement, particulièrement en matière de comportement.

Dans la présente étude, cet élément est évalué parallèlement aux 12 éléments de l'ELNEJ relatifs à la capacité de la famille de communiquer, de prendre des décisions et de résoudre des problèmes en tant que groupe, de discuter de sentiments et de préoccupations, de s'entendre et de se sentir acceptée.

4) Santé mentale de la mère

Le bien-être des parents a des répercussions sur leur style parental et leur capacité de participer et de réagir aux diverses activités d'apprentissage de leurs enfants15. Le bien-être de la mère a un effet plus grand que celui du père sur les résultats des enfants.

Cet indicateur a été fondé sur 12 éléments de l'ELNEJ qui sont couramment utilisés pour mesurer la dépression. Par exemple, il comprend des questions au sujet de la fréquence à laquelle une personne a un sentiment de dépression et de solitude, fait des crises de larmes, ressent un faible niveau d'énergie, se sent incapable de se concentrer et de dormir et a l'impression de ne pas être aimée par les autres. Les scores ont été codés de façon à ce que les scores élevés correspondent à une santé mentale positive, c'est-à-dire à l'absence de sentiments dépressifs.

5) Soutien social

Le niveau de soutien social offert aux parents a des répercussions sur leur bien-être et affecte indirectement leur capacité de fonctionner comme parents et comme modèles au sein de la famille et de la collectivité.

Cet indicateur mesure le niveau de soutien offert au répondant et décrit le soutien que reçoit une personne de ses amis et des membres de sa famille.

À cette fin, on demande aux parents s'ils ont pu obtenir de l'aide dans diverses situations, y compris des situations d'urgence; s'ils ont pu se confier et obtenir des conseils; s'ils se sont sentis proches d'une autre personne; et s'ils pensaient être membres d'un groupe de personnes dont les attitudes et les croyances étaient les mêmes que les leurs.

6) Capital social

Le capital social est un indicateur distinct mais connexe qui représente une mesure du niveau de soutien disponible globalement pour les groupes d'une collectivité. Il comprend donc de l'information au sujet de la capacité des voisins de collaborer pour résoudre des problèmes, de s'entraider, de surveiller les enfants des autres, et de fournir aux enfants des modèles à l'extérieur de leur famille immédiate.

7) Qualité du quartier

Cet indicateur sert à vérifier la perception qu'ont les parents de leur quartier comme endroit où élever leurs enfants. Il mesure des aspects comme la propreté, la sécurité, la qualité des écoles et des garderies, la pertinence des installations pour les enfants (comme les piscines et les terrains de jeu), les établissements de santé et le niveau de participation des résidents. Il comporte aussi une question en vue de permettre aux personnes d'évaluer leur quartier actuel par rapport à celui où elles vivaient précédemment.

8) Sécurité du quartier

Cet indicateur permet d'évaluer le niveau de préoccupation des parents à l'égard de la sécurité de leurs enfants dans leur quartier. Par exemple, on a demandé aux parents de se prononcer sur la sécurité des parcs et d'autres espaces de jeu, le taux de criminalité, les problèmes liés aux enfants plus vieux du quartier, et leur niveau d'inquiétude lorsque leurs enfants jouent à l'extérieur pendant le jour.

9) Utilisation des ressources

Cet indicateur sert à mesurer l'utilisation des installations récréatives, y compris les parcs, ruelles, espaces de jeu, patinoires, piscines, terrains de camping, centres de ski, parcs d'amusement et centres communautaires; les services éducatifs, comme les bibliothèques, centres de sciences, centres de ressources familiales et haltes-garderies; et les ressources culturelles, comme les musées d'arts, les pièces de théâtre, les spectacles de musique, les événements sportifs et les films.

10) Stabilité résidentielle

Ce facteur a été calculé à partir d'une analyse factorielle de quatre variables comprises dans le Recensement de 1996, en vue de déterminer le degré de mobilité de la population locale. Il s'agit notamment de la proportion de personnes qui ont déménagé au cours des cinq dernières années ou de la dernière année, ainsi que des pourcentages de chefs de familles monoparentales et de personnes âgées dans le quartier. L'échelle est établie sur une base positive, un score élevé correspondant à une plus grande stabilité. Le score moyen pour tous les secteurs de dénombrement au Canada est de cinq sur une échelle de dix.

B. Rapport entre les facteurs liés au quartier et les résultats des enfants

Dans la section III, une technique statistique, la régression logistique, a été utilisée pour évaluer le rapport entre les facteurs liés aux antécédents familiaux et le fait qu'un enfant ait un « bon départ dans la vie ». Dans la pratique, cela signifiait qu'un enfant ne risquait pas de ne pas réaliser son plein potentiel en raison de problèmes dans un des trois domaines du développement.

Dans cette section, l'analyse est étendue aux dix facteurs liés à la famille et au quartier décrits précédemment. Il s'agit d'un test relativement conservateur sur les effets de ces facteurs, l'analyse consistant essentiellement à poser la question suivante : « Quels sont les effets de ces facteurs, lorsque l'on tient compte des antécédents familiaux de l'enfant? »

Comme c'est le cas pour la section III, les résultats sont présentés sous forme de rapports des cotes (voir le carton intérieur de la section III). Dans le cas des dix échelles décrivant les processus familiaux et les facteurs liés au quartier, on obtient une estimation de l'effet d'une augmentation d'un point dans l'échelle pertinente. Les résultats, qui sont fondés sur les données combinées des sept collectivités visées par l'initiative CPE, sont présentés au tableau 4.116.

Tableau 4.1 - Lien entre les résultats des enfants et les antécédents familiaux, les processus familiaux et les facteurs communautaires
  Résultats des enfants
  Développement cognitif Comportement Santé physique et bien-être
Antécédents familiaux
Revenu familial (unités de 10 000 $) 1,02 1,00 1,08
Scolarité de la mère (années) 1,08 1,02 1,09
Scolarité du père (années) 1,08 1,03 1,06
Mère ne travaillant pas à l'extérieur de la maison 0,74 0,97 0,68
Père ne travaillant pas à l'extérieur de la maison 0,58 0,68 0,45
Famille monoparentale 0,72 0,75 0,59
Nombre de frères et soeurs 0,94 0,96 0,92
Processus familiaux
Pratiques parentales positives 1,05 2,08 1,16
Participation aux activités d'apprentissage 1,01 0,98 1,05
Fonctionnement de la famille 1,02 1,05 0,99
Santé mentale de la mère 1,04 1,24 1,08
Facteurs communautaires
Soutien social 1,14 0,94 0,93
Qualité du quartier 1,00 1,00 1,06
Sécurité du quartier 1,06 1,03 1,02
Capital social 0,97 1,08 1,01
Utilisation des ressources 1,18 0,98 1,02
Stabilité résidentielle 1,01 1,02 0,88
Nota : Les chiffres en bleu sont statistiquement significatifs à p <0,10. Les résultats sont fondés sur le lien entre les variables liées aux antécédents familiaux de l'ELNEJ et les trois résultats touchant le développement de l'étude des sept collectivités de CPE 2001-2002.

Parmi les 10 facteurs liés à la famille et à la collectivité, deux ont un lien statistiquement significatif dans le domaine cognitif : soutien social et utilisation des ressources communautaires. Les résultats ayant trait au soutien social laissent supposer qu'un enfant appartenant à une famille obtenant une note de 6,0 sur l'échelle de 10 sera moins susceptible dans une mesure de 14 % d'être à risque dans le domaine cognitif qu'un enfant vivant dans une famille obtenant une note de 5,0 (ou une famille obtenant une note de 5,0 plutôt que de 4,0, etc.).

Une augmentation d'un point dans « l'utilisation des ressources communautaires » est liée à une augmentation de 18 % des scores dans le domaine cognitif. Autrement dit, les familles qui utilisent les diverses installations récréatives, éducatives et de loisirs, comme les piscines, les terrains de jeu, les bibliothèques, les haltes-garderies, les musées d'arts et les cinémas, ont des enfants qui ont de meilleurs scores au niveau cognitif.

En ce qui a trait au comportement, les styles parentaux positifs sont de loin le facteur le plus important. Une augmentation d'un point sur l'échelle des styles parentaux positifs est corrélée à une augmentation de 108 % de la probabilité d'obtenir de bons résultats du point de vue des comportements. Cela signifie que les parents qui surveillent le comportement de leurs enfants, répondent à leurs besoins et encouragent leur indépendance sont beaucoup plus susceptibles (au moins deux fois plus) d'avoir des enfants qui ne manifestent pas de problèmes de comportement.

Deux autres facteurs ont des effets statistiquement significatifs et positifs : la santé mentale de la mère et le capital social. Une augmentation d'un point sur l'échelle de 10 de la santé mentale de la mère est corrélée à une augmentation de 24 % de la probabilité qu'un enfant ne soit pas vulnérable à cause de problèmes dans le domaine du comportement. Le fait de vivre dans un quartier au capital social élevé est corrélé à une augmentation de 8 % des probabilités d'obtenir des résultats positifs dans le domaine du comportement.

Le soutien social a des effets contraires aux attentes. Cela peut venir du fait que les parents dont les enfants ont des problèmes de comportement sont plus sensibilisés au soutien social qui leur est offert et indiquent donc des niveaux plus élevés de soutien.

Enfin, en ce qui a trait à la santé physique et au bien-être, aucun des facteurs familiaux ou communautaires ne constitue un facteur de protection statistiquement significatif. La stabilité résidentielle a des effets contraires aux attentes qui laissent supposer que les enfants qui vivent dans un quartier où le pourcentage de familles de passage est élevé sont moins susceptibles d'avoir des problèmes de santé. Il faut noter à cet égard que parce qu'il tient compte des enfants vivant dans une famille monoparentale, le modèle peut avoir saisi certains des effets négatifs normalement associés à une population mobile.

C. Scores au titre des indicateurs liés à la collectivité pour South Eastman

La figure 4.1 montre les scores de South Eastman pour chacun des 10 indicateurs décrits dans la présente section. Les chiffres entre parenthèses correspondent aux scores moyens pour les sept collectivités visées par CPE 2001-2002.

South Eastman affiche des résultats très élevés au regard de ces indicateurs, ses scores sont significativement supérieurs aux moyennes de CPE pour six mesures et ne s'éloignent pas de façon significative des normes de CPE pour les quatre autres.

Les parents ont tendance à accorder des notes très élevées à leur quartier. Les scores de South Eastman sont supérieurs aux normes de CPE pour le soutien social (+0,3), le capital social (+0,9) ainsi que pour la qualité (+0,1) et la sécurité (+1,2) des quartiers. De plus, cette collectivité présente un très haut niveau de stabilité résidentielle, dépassant de 1,3 point la moyenne de CPE. L'utilisation des ressources y est inférieure de 0,1 point à la moyenne de CPE, ce qui n'est pas statistiquement significatif.

En plus de vivre dans des quartiers forts, les enfants de South Eastman vivent également au sein de familles fortes. Nous avons vu précédemment que le taux de familles monoparentales est relativement faible dans cette collectivité. De plus, South Eastman a obtenu des scores supérieurs aux moyennes de CPE au chapitre de la participation parentale (+0,4) et du fonctionnement de la famille (+0,3). Ces résultats sont statistiquement significatifs. Les scores des autres processus familiaux n'étaient pas significativement différents des moyennes de CPE : égal à la moyenne dans le cas des styles parentaux positifs et supérieur de 0,1 point à la moyenne dans le cas de la santé mentale de la mère. Il est évident que les processus familiaux et les facteurs liés au voisinage agissent comme facteurs de protection pour les enfants de cette collectivité dont le SSE est relativement faible17.

Figure 4.1 - Scores au titre des indicateurs liés à la collectivité pour South Eastman

Comme on l'a vu, il y a au total 10 indicateurs de succès au niveau de la famille et de la collectivité. Chaque échelle d'indicateur va de 0 à 10, 10 correspondant à un score positif. Un score total sur 100 peut être calculé pour chaque collectivité. Le score total de South Eastman est de 71,7 sur 100, soit 4,5 points au-dessus de la moyenne de 67,2 des sept collectivités étudiées par CPE en 2001-2002.

En raison des scores moyens relativement faibles obtenus par chacune des sept collectivités de CPE pour ce qui est de l'utilisation des ressources, nous avons examiné de façon plus poussée cette variable afin de déterminer si le problème découle principalement du manque de disponibilité des ressources. Pour chacun des trois types de ressources, on a posé la question suivante aux parents : « La plupart de ces ressources sont-elles situées à distance de marche de votre domicile, ou à courte distance en voiture ou en autobus? » Selon les résultats de la figure 4.2, les enfants de South Eastman ont un accès inférieur à la moyenne aux trois types de ressources, plus particulièrement aux ressources éducatives et culturelles.

Les données de l'ELNEJ englobent aussi les services de garde. Les programmes destinés à la petite enfance, comme ceux offerts dans les services de garde, peuvent augmenter la capacité d'apprendre d'un enfant, et favoriser par conséquent son développement scolaire et personnel toute la vie durant.

Toutefois, pour que ces programmes soient efficaces, ils doivent être appropriés sur le plan du développement et correspondre aux expériences, aux antécédents et aux besoins des enfants18. Les recherches laissent supposer que, peu importe le statut socio-économique d'un enfant, quatre types de ressources contribuent à son développement optimal : services de garde, services préscolaires, prématernelles et maternelles.

Qui plus est, des recherches fondées sur le premier cycle de l'ELNEJ laissent supposer que les services de garde, agréés ou non agréés, ont des effets positifs sur le développement du langage des enfants des familles à faible revenu. Toutefois, les enfants des familles relativement à l'aise ont tendance à obtenir des résultats à peu près égaux, peu importe les modalités de garde utilisées19.

Figure 4.2 - Disponibilité des ressources de South Eastman et des sept collectivités visées par CPE en 2001-2002

 

Figure 4.3 - Types de modalités de garde

En 1996-1997, selon l'ELNEJ, près de la moitié (43,4 %) des enfants âgés de 5 et 6 ans au Canada étaient gardés, pendant au moins une partie de la journée, par une personne autre que leurs parents. À South Eastman, 47,0 % des enfants étaient gardés par une personne autre que leurs parents, ce pourcentage est supérieur à la moyenne canadienne de 43,4 %.

La figure 4.3 montre le pourcentage d'enfants selon les divers types de modalités de garde à South Eastman, ainsi que les chiffres pour le Canada tirés de l'ELNEJ 1996-1997.

Les enfants de cette communauté étaient légèrement plus susceptibles d'être gardés à l'extérieur de la maison, par un membre de la famille ou une personne non apparentée, que les enfants vivant ailleurs au Canada et légèrement moins susceptibles d'être gardés à la maison, par un membre de la famille ou une personne non apparentée. Environ 20 % des enfants étaient gardés par une personne non apparentée, à l'extérieur de la maison, ce qui est le type de garde le plus fréquent au Canada (16,3 % à l'échelle nationale).

En résumé, South Eastman possède un certain nombre de points forts. On y trouve des quartiers de très grande qualité et les parents, disent bénéficier d'un niveau très élevé de soutien social et participent de façon intense à la vie familiale. Cette région n'a obtenu aucun score faible aux mesures des processus familiaux et des facteurs communautaires, ce qui explique en grande partie qu'elle obtienne, malgré un SSE relativement faible, des scores relativement élevés au regard d'un bon nombre des résultats mesurés.


8 Becker, G. S., A treatise on the family, Cambridge, MA, Harvard University Press, 1981.

9 Willms, J. D., Vulnerable Children: Findings from Canada's Longitudinal Survey of Children and Youth, Edmonton (Alberta), University of Alberta Press, 2002.

10 Kohen, D., C. Hertzman, J.D. Willms, « The importance of quality child care » dans Vulnerable Children: Findings from Canada's Longitudinal Survey of Children and Youth, sous la dir. de J. D. Willms, Edmonton (Alberta), University of Alberta Press, 2002.

11 Brooks-Gunn, J., G.J. Duncan, J.L. Aber, (sous la dir.), Neighbourhood Poverty: Context and Consequences for Children, New York, Russell Sage Foundation, 1997.

12 Ce résultat a été obtenu en rééchelonnant les valeurs de chacune des réponses de l'échelle de Likert (p. ex., tout à fait en désaccord, en désaccord, d'accord, tout à fait d'accord) de 0, 1, 2, 3 à 0, 3,33, 6,67, 10.

13 Baumrind, D., « The influence of parenting style on adolescent competence and substance abuse », Journal of Early Adolescence, (1991), II (1), p. 56-95.

14 McCain, M. N et J. F. Mustard, Inverser la véritable fuite des cerveaux : Rapport final de l'Étude sur la petite enfance, Publications Ontario, 1999.

15 Brooks-Gunn, J., G.J. Duncan et P.R. Britto, « Are Socio-economic Gradients for Children Similar to Those for Adults? Achievement and Health of Children in the United States », dans Developmental Health and the Wealth of Nations, sous la dir. de D.P. Keating et C. Hertzman, New York, The Guilford Press, 1999.

16 Les coefficients du tableau 4.1 diffèrent légèrement de ceux du tableau 3.1 parce que les facteurs communautaires sont mis en corrélation avec les antécédents familiaux. Par exemple, une famille qui a un revenu plus élevé habite en général dans un quartier relativement plus sûr et de meilleure qualité.

17 Pour un examen des travaux récents sur le premier cycle de l'ELNEJ et ses résultats, voir Chao, Ruth et J. Douglas Willms,« The effects of parenting practices on children's outcomes », (chap. 8); Miller, Fiona, Jenny Jenkins et Dan Keating, « Parenting and children's behaviour problems », (chap. 9); Somers, Marie-Andrée S et J. Douglas Willms, « Maternal depression and childhood vulnerability », (chap. 10), dans Willms, J.D., Vulnerable Children: Findings from Canada's Longitudinal Study of Children and Youth, Edmonton (Alberta), University of Alberta Press, 2002.

18 Doherty, G, « De la conception à six ans : les fondements de la préparation à l'école », Développement des ressources humaines Canada, Politique stratégique, Direction générale de la recherche appliquée, document de recherche R-97-8F, Gatineau (Québec), 1997.

19 Kohen, D., C. Hertzman et J.D. Willms, « The importance of quality child care », dans Vulnerable Children: Findings from Canada's National Longitudinal Survey of Children and Youth, sous la dir. de J.D. Willms, Edmonton (Alberta) University of Alberta Press, 2002.

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Mise à jour :  2005-10-27 haut Avis importants