Accroître l'engagement des entreprises canadiennes
à la réponse internationale face au VIH/SIDA dans le monde
1. Introduction
La Direction des affaires internationales, Direction générale de la
politique et des communications, Santé Canada a préparé ce document
d'information en vue d'aider à stimuler et à soutenir l'engagement des
entreprises canadiennes à la riposte qui s'exerce contre l'épidémie
mondiale de VIH/SIDA. Le document établit le bien-fondé d'un tel engagement
dans le contexte plus large de la responsabilité sociale des sociétés
à l'échelle internationale; il rend compte de l'expérience de divers
pays et régions; et il donne un aperçu des outils et des ressources
appropriées à de nouvelles interventions.
« L'heure n'est plus aux demi-mesures. Le bilan est cauchemardesque, qu'on le dresse en termes de vies perdues, selon le nombre d'orphelins ou en fonction des dommages causés au tissu social et économique de pays entiers. Et le pire, c'est qu'il continue à faire ses ravages. Dans les pays les plus touchés, où plus d'un adulte sur cinq est infecté, l'infrastructure, les services et la capacité de production risquent de s'effondrer. Le défi est certes redoutable mais nous ne sommes pas impuissants. »
-Kofi Annan, secrétaire général des Nations Unies.
Le VIH/SIDA constitue une grave menace pour la santé dans presque
tous les coins du globe. Dans les régions les plus touchées,
cette maladie a de profondes
répercussions sur la croissance, les revenus et la pauvreté.
Dans certains pays, l'épidémie met en péril
la stabilité économique et politique. Il ressort de plus
en plus qu'une réponse efficace ne peut s'exercer que
par la création de partenariats associant le secteur public,
la société civile et le milieu des affaires. L'intérêt
et l'engagement des entreprises augmentent comme en témoignent
le Forum économique mondial qui s'est tenu à New
York en février 2002 et la participation des dirigeants d'entreprise
à la Session extraordinaire de l'Assemblée générale
des Nations Unies (SEAGNU) sur le VIH/SIDA, qui s'est tenu en juin
2001. Cette session, appelée SEAGNU sur le VIH/SIDA, a donné
lieu à une déclaration d'engagement qui définit
clairement le rôle de l'entreprise en tant que partenaire
clé - au même titre que les gouvernements et la société
civile - se mobilisant pour lutter contre le VIH/SIDA par la mise
en oeuvre de stratégies et de plans de financement aux niveaux
local, national, régional et mondial.
Le présent document fournit des éléments d'information
qui devraient intéresser les dirigeants d'entreprise, car
le VIH/SIDA constitue une menace croissante à l'économie
mondiale très complexe et interdépendante dans laquelle
sont exploitées la plupart des entreprises. Des pays comme le
Canada, qui possèdent d'abondantes ressources et qui sont
axés sur les exportations, comptent sur le dynamisme soutenu
des marchés mondiaux et sur l'émergence de nouveaux
marchés pour leur propre croissance et leur stabilité
économique. Il est nettement avantageux pour le monde des affaires
de comprendre les répercussions réelles et éventuelles
sur les entreprises du VIH/SIDA et d'en apprendre davantage sur
les réponses efficaces. Ce document serait utile également
aux personnes du secteur public et de la société civile
qui souhaitent travailler en partenariat avec le monde des affaires
afin de répondre plus efficacement à l'échelle
mon-diale au VIH/SIDA.
2. L'épidémie mondiale de VIH/SIDA
Le VIH/SIDA apparaît comme la maladie la plus dévastatrice
à laquelle l'humanité n'a jamais fait face.[1]
L'épidémie ayant commencé à se propager
il y a 20 ans, 60 millions de personnes ont été infectées
par le virus. Le VIH/SIDA représente la principale cause de décès
dans l'Afrique subsaharienne et est le quatrième tueur le
plus important dans le monde entier. À la fin de 2001, on estimait
que 40
millions de personnes avaient contracté le VIH/SIDA.
Les différentes régions du globe ont été
touchées différemment. Environ 95 p. cent des personnes
atteintes du VIH/SIDA habitent dans les pays en développement.
- La région la plus durement touchée est l'Afrique
subsaharienne. En 2001 seulement, le SIDA a tué 2,3 millions
de personnes, et 28,1 millions de personnes vivent avec la séropositivité
et le SIDA. La majorité d'entre elles ne survivront
pas à la prochaine décennie.
- Sur le plan de la prévalence et des décès,
la deuxième région la plus touchée est celle
des Caraïbes.
- L'Europe de l'Est et l'Asie centrale sont les régions
où la propagation de l'épidémie est la
plus rapide. Dans la région Asie-Pacifique, on estime que
7,1 millions de personnes sont infectées. Une épidémie
majeure et généralisée menace sérieusement
certains pays.
- Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la prévalence du
VIH continue d'être faible dans la plupart des pays,
la propagation la plus rapide de la maladie étant observée
dans les pays aux prises avec des situations d'urgence complexes,
tels la Somalie et le Soudan.
- Le fardeau de la maladie et des décès ainsi que le
cycle inéluctable de l'appauvrissement causé
par l'épidémie provoquent une souf-france indescriptible.
Au Botswana, par exemple, où le taux de prévalence
chez l'adulte dépasse les 35 p. cent, un quart des ménages
peut s'attendre à perdre un soutien de famille au cours
des dix prochaines années et chaque soutien de famille peut
s'attendre à devoir prendre en charge quatre personnes
supplémentaires par suite du VIH/SIDA. Pour joindre les deux
bouts, les ménages réduisent leur consommation alimentaire
et d'autres dépenses de base. Bon nombre d'entre
eux vendent leurs biens pour assumer les coûts liés
aux soins de santé et le coût des funérailles.
Au Rwanda, les ménages comprenant un membre de la famille
atteint du VIH/SIDA consacrent en moyenne 20 fois plus d'argent
annuellement aux soins de santé que les autres ménages,
ce qui entraîne l'appauvrissement de nombreuses familles.
- Le taux d'inscription scolaire chute, car les enfants, le
plus souvent les filles, quittent l'école pour prendre
soin des membres de la famille ou assumer les responsabilités
familiales, ce qui compromet leur éducation et leurs perspectives
d'avenir. L'épidémie réclame également
un nombre considérable d'enseignants, de médecins,
de travailleurs supplémentaires et d'autres ressources
humaines; dans certains pays, les systèmes de santé
se voient dépouiller jusqu'au quart de leur effectif.
En 1999 seulement, on a estimé qu'à cause du
VIH/SIDA, 860 000 enfants de l'Afrique subsaharienne avaient
perdu leur enseignant. En Zambie, 40 p. cent des enseignants sont
infectés et leur taux de mortalité est supérieur
à celui de ceux qui sortent du programme de formation.
- Depuis 1985, sept millions de travailleurs agricoles sont décédés
de causes liées au SIDA et 16 autres millions de travailleurs
agricoles mourront au cours des 10 proc-haines années. La
production agricole dans les régions les plus durement frappées
ne peut être assurée dans ces circonstances et le risque
de pénuries alimentaires généralisées
et de famine est bien réel. Compte tenu de ces menaces et
de nombreux autres facteurs, les répercussions macroéconomiques
de l'épidémie sont redoutables. Comme conséquence
directe du VIH/SIDA, on estime que le ralentissement de la croissance
économique par habitant dans la moitié des pays de
l'Afrique subsaharienne s'établit à 0,5
p. cent à 1,2 p. cent annuellement. Le PIB des pays lourdement
touchés pourrait chuter de 20 p. cent d'ici 2020.
3. L'impact du VIH/SIDA sur les entreprises
Au cours des vingt dernières années, l'expérience
du VIH/SIDA en milieu de travail a fourni la preuve irréfutable
des raisons pour lesquelles les grandes et petites entreprises devraient
s'inquiéter de la propagation de l'épidémie.
La maladie a affecté le climat des affaires, les effectifs et
la productivité, devenant ainsi un enjeu majeur.
« C'est beaucoup plus qu'une préoccupation humanitaire de base qui doit inciter le secteur privé à participer à la lutte mondiale contre le SIDA. Il s'agit plutôt de l'intérêt personnel éclairé de chaque entreprise qui exerce des activités dans les pays touchés, qui exporte des biens sur les marchés d'outremer ou qui importe des biens de ces marchés. Le SIDA menace de plus en plus l'économie de marché mondiale. »
Dr Peter Piot, directeur exécutif, ONUSIDA
Les effectifs. Dans la plupart des pays en voie de développement,
environ la moitié des personnes ayant contracté le VIH
le sont avant l'âge de 25 ans et meurent du SIDA ou d'une
maladie connexe avant d'avoir 35 ans. Cette situation a des répercussions
importantes sur la main-d'oeuvre. En raison de la maladie et de
l'absentéisme, les entreprises de tous genres doivent assumer
des coûts supérieurs en ce qui a trait à la formation,
aux assurances et aux avantages sociaux. Ces répercussions se
font le plus sentir dans les pays où le VIH sévit depuis
longtemps et où l'épidémie, se propage le
plus. Dans les régions les plus touchées, le VIH/SIDA
limite sérieusement la capacité de certaines entreprises
à fonctionner et à être concurrentielles. Néanmoins,
les entreprises établies dans les régions à forte
et à faible prévalence sont aussi exposées à
des risques évidents.
Le climat des affaires.La stabilité sociale et politique ainsi
que la sécurité nationale sont fortement ébranlées
dans les pays les plus durement frappés par le VIH/SIDA. Il en
résulte un climat des affaires très incertain. En outre,
si la maladie n'est pas maîtrisée, celle-ci influera
sur la gestion publique et le leadership et minera la capacité
des gouvernements à faire face aux conflits civils, aux mouvements
de réfugiés, à l'urbanisation rapide et à
la pauvreté. Dans de nombreux pays africains, les rangs de la
fonction publique, où l'on trouve souvent les travailleurs
les plus éduqués et expérimentés, se sont
dégarnis, laissant ainsi un vide administratif important. La
perte de personnel due au VIH/SIDA affaiblit également la capacité
des militaires et de la police de ces pays à assurer la sécurité
nationale et à maintenir l'ordre sociale. De plus en plus
de ressources publiques étant mobilisées pour riposter
à l'épidémie, les investissements dans l'infrastructure
de base et dans d'autres services publics se font rares et la pression
en faveur de l'augmentation des impôts s'accroît.
L'impact sur les entreprises au niveau macroéconomique
et au niveau de celles-ci individuellement est bien documenté
dans l'étude intitulée Riposte des entreprises au
VIH/SIDA : Impact et leçons tirées ainsi que dans une
publication clé qui met l'accent sur le secteur minier.[2]
Dans les lignes qui suivent, nous résumons les principaux points
de ces documents.
L'impact macroéconomique
Le VIH/SIDA touche les gens dans leurs années de vie les plus
productives, en raison notamment de la baisse des revenus due à
la maladie, des demandes de soins, de l'augmentation des dépenses
liées aux soins médicaux et des décès prématurés;
la conséquence en est une diminution du revenu disponible et
du taux d'épargne. À long terme, ces phénomènes
ont pour effet de réduire la taille des marchés ouverts
aux entreprises, plus particulièrement les marchés extérieurs
aux nécessités de base que sont la nourriture, le logement
et l'énergie, et de diminuer l'ensemble des ressources
disponibles pour la production et les investissements. En dernier ressort,
cela conduit à l'affaiblissement de la croissance économique.
Selon les estimations de la Banque mondiale, l'impact macroéconomique
du VIH/SIDA pourrait réduire d'un tiers la croissance du
revenu national dans les pays où le taux de prévalence
est de 10 p. cent chez les adultes.[3]
L'une des leçons les plus importantes qui se dégagent
de la propagation de la maladie a trait aux conséquences de l'inaction.
Face à l'apparition d'une épidémie, une
attitude consistant à nier les risques actuels ou futurs pour
le développement économique et le tort que cela peut causer
aux intérêts des entreprises a de graves répercussions.
Un taux de prévalence relativement faible, s'il n'est
pas maîtrisé, peut se transformer en un taux élevé
d'infection, avec les coûts sociaux et conomiques élevés
qui en découlent.
Aucun secteur de l'économie n'est épargné.
Une diminution de la main-d'oeuvre compétente et des investissements
disponibles fait augmenter le coût des services et de production,
en particulier par les répercussions sur des secteurs essentiels
tels que les transports et les services d'utilité publique.
Les entreprises dépendent également du secteur de l'éducation
pour obtenir une main-d'oeuvre compétente. Comme nous
l'avons vu, ce secteur est touché d'une façon
aiguë par le VIH/SIDA, qui diminue le nombre d'enseignants
et d'enfants qui vont à l'école.
Les entreprises ne travaillent pas dans l'isolement. Le VIH/SIDA
a des effets sur tous les secteurs de la production, sur les chaînes
de distribution et sur la main-d'oeuvre disponible et le capital
intellectuel. Ces effets sont susceptibles d'affecter de manière
significative la capacité de fonctionnement d'une entreprise.
Il peut s'ensuivre aussi une réduction des investissements
directs étrangers, ce qui nuira davantage à l'environnement
macroéconomique.
3. Impact sur chaque entreprise
Il a été montré que deux grands domaines des activités
de chaque entreprise sont touchés par le VIH/SIDA : la productivité
et les coûts. Les principes de base du commerce, associés
à une vaste expérience, démontrent l'existence
d'un lien direct entre le VIH/SIDA, la baisse de la productivité,
la hausse des coûts de production et la diminution des bénéfices
des entreprises. La relation causale entre le VIH/SIDA et la diminution
des bénéfices est complexe. Un modèle expliquant
l'interaction est présenté dans le document Riposte
des entreprises au VIH/SIDA : Impact et leçons tirées.
Brièvement, les facteurs clés s'énoncent comme
suit.
Baisse de la productivité. La baisse et les fluctuations
de la productivité diminuent la capacité à répondre
à la demande des consommateurs et des acheteurs, ce qui se répercute
sur la réputation et sur les bénéfices actuels
et futurs de l'entreprise.
- L'absentéisme augmente parce que les employés
tombent malades; parce qu'ils sont obligés de prendre
soin des membres malades de leur famille et qu'ils doivent
assister aux funérailles.
- Un bouleversement organisationnel et une désor-ganisation
au sein de la main-d'oeuvre résultent de l'augmentation
du renouvellement du personnel, de la perte des connaissances tacites
au sujet du travail et de l'entreprise et de la baisse de moral.
Augmentation des coûts. L'augmentation des coûts
de production a une incidence sur les marges bénéficiaires
actuelles et sur les bénéfices futurs, car elle diminue
la capacité des entreprises à investir pour améliorer
la productivité, à prendre de l'expansion, à
assurer la recherche et le développement, et à former
et à soutenir les employés.
- Le renouvellement du personnel et la perte de compétences
s'accentuant, les besoins de recrutement et de formation augmentent.
- Les primes des assurances sur la vie et les charges liées
aux fonds de pension augmentent en raison des retraites et des décès
prématurés.
- Quand l'entreprise prend en charge les soins médicaux,
les coûts de ceux-ci peuvent s'accroître de manière
significative parallèlement à la hausse des taux de
VIH/SIDA
- Des coûts supplémentaires considérables peuvent
s'ajouter si l'entreprise assume les frais d'obsèques
des employés.
Les répercussions sur chaque entreprise varient en fonction
de la nature de l'entreprise/du secteur, du type de marché
du travail, de l'interaction entre l'épidémie
et la main-d'oeuvre (p. ex., les taux de prévalence,
les modes de transmission) et des politiques et des avantages mis de
l'avant par l'entreprise.
4. La réponse des entreprises face au VIH/ SIDA à l'échelle
mondiale
L'intensification de la réponse des entreprises face à
la propagation du VIH/SIDA inclut des mesures visant la protection de
la main-d'oeuvre, de l'approche communautaire et de la
philanthropie. Les efforts qui ont porté fruit ont été
accompagnés du développement d'un partenariat entre
les entreprises, le secteur public et les organisations non gouvernementales
(ONG) (dont les organismes communautaires s'occupant des personnes
atteints du VIH/SIDA) en matière de prévention, d'éducation
et de soins.
Dans les pays en développement, en particulier dans les pays
où la propagation de l'épidémie est importante
et où les ressources du secteur public et de la société
civile sont restreintes, l'engagement des entreprises est absolument
essentiel à une riposte réussie au VIH/SIDA. Lorsque de
nombreux segments ou tous les segments de la population, y compris les
spécialistes et les travailleurs qualifiés, sont touchés,
aucun acteur agissant seul ne peut mener à bien la riposte. Les
gouvernements, les entreprises, les ONG et les agences multilatérales
ont pris conscience qu'ils devraient collaborer. En outre, il est
prouvé que le recours à une réponse rapide et vigoureuse
permet de ralentir la progression de l'épidémie.
Au Sénégal, par exemple, un programme détaillé
d'éducation et de prévention précoces a permis
d'obtenir l'un des taux d'infection les plus faibles
de l'Afrique subsaharienne.
« Il n'y à pas de discussion possible quant à savoir si les entreprises doivent participer à la lutte contre l'épidémie. Le secteur des affaires possède des compétences uniques pour intervenir de façon créative et novatrice en vue d'appuyer et renforcer les interventions conjuguées des autres partenaires, comme les gouvernements ou les organismes communautaires.»
[traduction libre] William H. Roedy, président, MTV Networks International
Le contexte
Un plus grand engagement des entreprises survient dans un contexte
de mondialisation des marchés et de la tendance à une
plus grande responsabilité sociale de la part des entreprises
Mondialisation. Les entreprises à l'échelle
mondiale sont soumises aux pressions des marchés nationaux et
internationaux de plus en plus intégrés et compétitifs
sous l'effet de la mondialisation et de la libéralisation
de l'économie, associées à la demande des
investisseurs et des consommateurs, qui exigent davantage de productivité,
de rendement, d'innovation et de qualité des produits et
des services.
Responsabilité sociale des entreprises. On attend des
entreprises qu'elles soient de plus en plus responsables et rendent
des comptes à toutes les parties prenantes : main-d'oeuvre,
fournisseurs, communautés, gouvernements et population en général.
Le mouvement de responsabilité sociale croissante des entreprises
à l'échelle mondiale met l'accent sur le processus
décisionnel lié aux valeurs morales, à l'observation
des prescriptions des lois ainsi qu'au respect des gens, des communautés
et de l'environnement. Ce mouvement prend racine dans la relation
globale entre l'entreprise et tous ses intervenants. Les composantes
de la responsabilité sociale incluent l'approche communautaire,
le respect des droits de la personne et des travailleurs, les relations
avec les employés, la création et le maintien de l'emploi,
la bonne intendance de l'environnement, les activités d'ordre
moral et le rendement financier.
Le mouvement de responsabilité sociale des entreprises (RSE)
est lié étroitement aux préoccupations soulevées
par la protection de l'environnement et le développement
durable, et est issu de ces préoccupations. Les entreprises qui
se soucient de la RSE et de la durabilité de l'environnement
sont axées à la fois sur les résultats financiers,
le rendement environnemental et la contribution sociale.
Les préoccupations et l'intérêt grandissants
au sujet de la viabilité des communautés, face à
l'accélération de la mondialisation, se reflètent
dans les aspirations de la société et dans les attentes
sur le plan politique, à savoir que les activités d'investissement
des entreprises doivent se traduire par un apport positif au développement
économique et à la stabilité des pays dans lesquels
celles-ci poursuivent leurs activités. Les entreprises sont de
plus en plus conscientes du fait qu'une réputation de civisme
représente une saine gestion des affaires pour de nombreuses
raisons, notamment celle d'une plus grande stabilité sociale
et économique dans les pays où elles sont établies;
diminution des frais de litige et des coûts environnementaux;
fidélisation accrue de la clientèle; volatilité
réduite des valeurs boursières; et amélioration
du moral et de la loyauté des employés.
Les pratiques des entreprises en matière de responsabilité
sociale peuvent être formalisées au moyen de codes de conduite
et de codes de déontologie des affaires en adoptant des lignes
directrices internationales telles que les Principes directeurs de l'Organisation
de coopération et de développement économiques
(OCDE) à l'intention des entreprises multinationales. Il
s'agit de principes et de normes convenus de façon multilatérale,
qui indiquent la conduite responsable que doivent suivre les entreprises.
Tous les pays de l'OCDE, y compris le Canada, y ont souscrit.
Le bilan relatif au rendement en matière de RSC (appelé
également le concept du bilan social) est de plus en plus courant
et peut être structuré au moyen d'autres mécanismes
tels que les Directives visant les rapports d'entreprise sur la
durabilité en matière de rendement économique,
environnemental et social, élaborées par la Global Reporting
Initiative.
Selon le 1999 Millennium Poll on Corporate Social Responsibility, la
population nourrit de grandes attentes à l'égard
de la responsabilité sociale des entreprises.[4]
La RSE est perçue comme le facteur qui contribue le mieux à
soutenir la réputation d'une entreprise. Les répondants
placent au sommet des priorités en matière de responsabilité
des entreprises la santé et la sécurité des employés,
suivies du traitement équitable des employés. Cela s'applique
tant à leurs activités nationales qu'internationales.
Aperçu des initiatives des entreprises pour lutter contre le
VIH/SIDA
L'incidence du VIH/SIDA sur les entreprises et leurs intervenants
étant posée, il revient clairement à celles-ci
de réagir. La riposte a été variée et elle
est en train de se consolider à l'échelle mondiale
avec la propagation de l'épidémie.
Au niveau des organisations internationales,on observe l'existence
de plusieurs partenariats importants qui reflètent l'engagement
accru des entreprises. Par exemple :
- Le Forum économique mondial, financé par les contributions
des 1 000 plus grandes sociétés du monde, a établi
la Global Health Initiative. Faisant intervenir des entreprises
provenant de divers secteurs, la GHI favorise une participation
accrue du secteur privé à la lutte contre le VIH/SIDA,
la tuberculose et la malaria. À la réunion du Forum
économique mondial qui a eu lieu en février 2002 à
New York, la GHI a émis une déclaration enjoignant
les dirigeants d'entreprise de placer au rang de leurs priorités
la lutte contre le VIH/SIDA, la tuberculose et la malaria, et insistant
sur la façon dont le secteur privé peut changer les
choses.
- Les dons des sociétés au Fonds mondial de lutte contre
le SIDA, la tuberculose et la malaria augmentent constamment. Administré
dans le cadre de la Fondation des Nations Unies, le fonds est le
fruit d'un partenariat indépendant entre le secteur
public et le secteur privé, qui reçoit une grande
partie de son financement du gouvernement. La contribution des fondations,
des sociétés et des particuliers est toutefois également
sollicitée.
- On observe une participation accrue des entreprises à la
Partnership Unit de l'ONUSIDA, qui met en valeur l'établissement
d'initiatives conjointes avec des entreprises, reflétant
ainsi en partie l'accent qui est mis sur l'engagement
des entreprises à la déclaration d'engagement
qui a été signée à la session ex-traordinaire
de l'Assemblée générale des Nations Unies
en juin 2001.
Un partenariat entre Coca Cola et ONUSIDA s'attaque actuellement au problème du SIDA dans cinq pays africains. L'initiative met l'accent sur la mise en place d'une infrastructure communautaire aux fins des programmes de prévention, d'éducation et de traitement; sur la prestation d'une expertise en marketing en vue de sensibiliser la population; sur l'élaboration de programmes et de pratiques en milieu de travail , effectuée dans les bureaux de Coca Cola.
Au niveau de l'entreprise individuelle, dans les premiers
stades de l'action, les entreprises ont mis l'accent sur leurs
activités principales et leur préservation par la protection
et le soutien du personnel. Comme elles se rendent de plus en plus compte
que les autres parties prenantes peuvent influencer l'impact du
VIH/SIDA sur leurs activités, elles étendent maintenant
leurs actions afin de collaborer à des initiatives de prévention
et d'éducation plus larges ainsi qu'à des initiatives
communautaires.
Les motifs qui justifient la réponse des entreprises incluent
la reconnaissance des répercussions négatives actuelles
ou éventuelles sur la productivité, les coûts de
production et la position occupée sur le marché; la réponse
à une loi anti-discrimination; et l'occasion d'améliorer
les parts de marché et l'image de l'entreprise auprès
des marchés cibles. Certaines réponse sont motivées
par des intérêts de premier plan (p. ex., chez les compagnies
pharmaceutiques et les compagnies d'assurance) ou le besoin de
protéger les marchés menacés directement (p. ex.,
l'industrie touristique).
La réponse des entreprises a touché à quatre domaines
: les activités principales des entreprises, les initiatives
avec les partenaires commerciaux, la participation communautaire, la
sensibilisation et le leadership. Un examen des différentes initiatives
entreprises dans ces quatre domaines, y compris des profils des 16 ripostes
organisées par chaque entreprise, est présenté
dans l'ouvrage cité précédemment, Riposte
des entreprises au VIH/SIDA. Le rapport sur le VIH/SIDA dans le secteur
minier, mentionné aussi précédemment, comprend
un chapitre sur les approches et les ripostes des intervenants clés.
Dans les lignes qui suivent, nous présentons un résumé
des principaux points abordés dans ces deux documents.
Activités principales. Les initiatives axées sur
les activités internes, visant essentiellement à protéger
et à soutenir les employés de l'entreprise et leurs
familles, incluent ce qui suit :
- élaboration de politiques et de pratiques en matière
de VIH/SIDA ayant trait à la non-discrimination, au dépistage
du VIH, aux prestations de maladie et aux rentes de retraite, à
la confidentialité et à la poursuite de l'emploi;
- soutien du milieu de travail pour aider au maintien en poste et
au recrutement d'employés atteints du VIH;
- programmes d'éducation et de prévention du VIH
à l'intention des employés, comme par exemple,
l'éducation par les pairs et la distribution de condoms;
- soins accordés aux employés infectés (p. ex.,
accès à des médicaments antirétroviraux).
Collaborer avec les partenaires commerciaux. Les entreprises
estiment qu'elles doivent préserver leurs partenaires commerciaux
de l'impact du VIH/SIDA afin d'être prêtes à
réagir, de rester compétitives et de maintenir leur réputation.
Les grandes entreprises ont généralement une plus grande
capacité à mettre en oeuvre des interventions (étant
donné leur disponibilitéen capital et leur accès
aux compétences et à l'information), tandis que leurs
fournisseurs ont tendance à être de petites et moyennes
entreprises (PME) avec moins de capacité. Dans les pays en développement,
les PME constituent la majorité des activités commerciales
et des sources d'emploi. La clientèle est le sang nourricier
d'une entreprise et en est aussi le partenaire clé.
Placer Dome, une entreprise minière canadienne, s'est associée depuis 1999 à une ONG sud-africaine dans le projet Care. Une nouvelle initiative du projet, en faveur des mineurs licenciés et de la lutte contre le SIDA (projet ACT), facilitera l'organisation des soins à domicile, la prévention, les avenues de développement économique et autres soutiens offerts à des dizaines de milliers de personnes atteintes du SIDA dans cinq pays africains. Le 2002 World Bank Development Marketplace Innovation Competition a attribué 100 000 $ pour aider au projet ACT.
- Réseaux de fournisseurs et de services. Les partenariats
conclus entre les grandes entreprises et les fournisseurs et les
entreprises de services de plus petite taille se présentent
sous deux formes. Dans les initiatives de partenariat direct, la
grande entreprise, souvent une multinationale, peut élargir
ses programmes d'intervention sur le VIH/SIDA (p. ex., éducation
et prévention) à ses fournisseurs ou aider ceux-ci
à élaborer leurs propres politiques et programmes.
La deuxième approche en est une de collaboration collective
et de partage des ressources (p. ex., leadership, formation, avis,
finances) entre les grandes et les petites entreprises au moyen
de mécanismes tels que les coalitions d'entreprises
contre le SIDA, les associations de petites entreprises ou les chambres
de commerce.
- Éducation de la clientèle. Dans certains domaines,
le VIH/SIDA menace les marchés actuels de consommateurs.
Dans d'autres, ce sont les futurs marchés qui sont menacés
si les compagnes d'éducation et de prévention
ne sont pas élargies à un public plus vaste. Un certain
nombre d'entreprises se sont servies de leurs moyens de communication
pour faire passer à des millions de gens leurs messages axés
sur l'éducation et la prévention. Les entreprises
ont également utilisé leurs points de vente et leurs
réseaux de distribution pour fournir l'information sur
les programmes et les condoms. Dans les pays en développement,
les réseaux de distribution peuvent être les moyens
les plus efficaces ou être la seule façon d'atteindre
de larges couches de la population. Ce sont surtout les secteurs
des boissons gazeuses, de l'alcool de bouche, du divertissement
et des médias qui ont mené ce type d'actions.
- Participation communautaire. Les entreprises s'engagent
dans la lutte menée par les collectivités car elles
se rendent de plus en plus compte que leur capacité à
protéger leurs employés est limitée si elles
n'étendent pas leurs efforts d'éducation
et de prévention aux communautés locales. Elles prennent
aussi conscience que la maladie peut grever la facture des services
collectifs et ainsi contribuer à augmenter les impôts.
Dans les régions durement frappées, certaines entreprises
appuient des initiatives plus larges en raison de la menace de la
maladie qui pèse sur les économies nationales et de
la prise de conscience que les entreprises doivent prendre part
à la riposte nationale. Les ripostes des entreprises se rangent
habituellement dans deux catégories.
- Investissement social et approche communautaire. Certaines
entreprises se sont engagées à long terme à
collaborer avec les communautés (souvent en partenariat avec
d'autres entreprises, des gouvernements et des ONG) pour lutter
contre le VIH/SIDA et résoudre d'autres problèmes
connexes (pauvreté, logement, accès à l'éducation
et aux services de santé); elles attendent aussi un «
retour » réel de cette collaboration aussi bien pour
elles-mêmes que pour la communauté. Au nombre de ces
initiatives, précisons la participation active de porte-parole
de l'entreprise et des employés à différents
projets, ainsi que les soutiens nécessaires tels que l'information,
les installations et l'infrastructure de l'entreprise,
et les finances. Les avantages éventuels que ces projets
rapporteront à l'entreprise incluent un risque plus
faible que les employés contractent la maladie, un environnement
plus stable pour la communauté et l'amélioration
de la réputation de l'entreprise en matière de
responsabilité sociale auprès des fonctionnaires,
de la clientèle et des membres de la collectivité.
- Philanthropie. De nombreuses entreprises ont fait des dons
philanthropiques aux projets d'éducation et des soins
en rapport avec le VIH/SIDA. Ces actions pouvaient être d'un
intérêt direct pour l'entreprise, mais elles avaient
surtout pour objectif de lui attirer une réputation de civisme.
Les actions philanthropiques des entreprises subissent également
une transformation. En effet, on observe que celles-ci continuent
à faire des dons mais que leur aide est de plus en plus ciblée
et axée sur les besoins; par exemple, elles s'occupent
en priorité des groupes plus vulnérables.
- Sensibilisation et leadership. Bon nombre d'entreprises
font oeuvre de pionnier en incitant le monde des affaires à
entreprendre des actions contre le VIH/SIDA. Les dirigeants de ces
entreprises ont joué un rôle important en encourageant
leurs collègues à s'engager dans l'action.
Au niveau international et national, les sociétés
ont entrepris de collaborer au moyen de coalitions d'entreprises
dans le but d'élever les niveaux de sensibilisation
et d'engagement par le dialogue et l'action. Les initiatives
de partenariat avec les ONG, le secteur public et les organisations
intergouvernementales en vue de faciliter la campagne de sensibilisation
sont au coeur des efforts des coalitions.
L'importance des partenariats
Dans la plupart des actions des entreprises, l'un des thèmes
prédominants est l'accent mis sur le travail en partenariat.
L'action conjointe permet aux participants de mettre sur pied des
initiatives de lutte contre le VIH/SIDA qui satisfont les préoccupations
individuelles tout en débouchant sur des réponses collectives
plus efficaces grâce à une meilleure coordination et à
la mise en commun des ressources.
« Le recul de la maladie est unfacteur essentiel au succès desentreprises dans les pays en développement. De plus, il est important de reconnaître que nous pouvons optimaliser l'incidence de nos interventions lorsque nous travaillons en partenariat avec d'autres parties prenantes. » Goran Lindahl, président, Anglo American Coal et représentant du secteur privé auprès du Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et la malaria.
Principales leçons tirées de l'expérience des entreprises en matière de riposte
Les 16 entreprises ciblées dans le document « Riposte des entreprises au VIH/SIDA : Impact et leçons tirées » ont défini de manière cohérente plusieurs leçons clés et facteurs de réussite qui concourent à exercer une riposte efficace contre la maladie.
- Engagement de la direction (directeur général, conseil d'administration, et cadres) et compréhension du personnel à tous les niveaux, notamment pour l'exposé des raisons de riposter au VIH/SIDA.
- Mise au point d'initiatives mettant en rapport les compétences principales et le savoir-faire technique de l'entreprise avec les besoins du public cible.
- Engagement concerté permettant d'agir avec une efficacité réelle, de sortir du lieu de travail et de s'attaquer aux problèmes de la communauté locale.
- Mise en évidence des coûts et des bénéfices pour l'entreprise et preuve de l'engagement des ressources humaines dans les initiatives de lutte contre le VIH/SIDA.
- Mise en place d'une approche consultative auprès de toutes les parties prenantes, notamment avec la participation des personnes vivant le VIH/SIDA, afin de bien cibler les initiatives et de définir les priorités.
- Établissement de partenariats avec les ONG et les organisations gouvernementales et intergouvernementales susceptibles d'apporter le savoir faire et les connaissances nécessaires pour s'attaquer au problème du VIH/SIDA et amplifier la riposte.
- Participation d'éducateurs/porte-parole pour les pairs issus des groupes cibles à la dissémination de l'information en matière d'éducation et de prévention.
- Utilisation d'outils créatifs peu coûteux assurant la durabilité et la reproductibilité.
- Surveillance continue et réévaluation de l'efficacité des initiatives, avec la volonté d'adapter les programmes en fonction des résultats obtenus.
- Les entreprises peuvent offrir trois principaux types de
ressources à ces partenariats : les actifs matériels
(locaux, aide financière, produits et services); des compétences
(organisation et communication, capacités de surveillance
et de mesure, aptitudes en matière de technologie de l'information,
des employés bénévoles); et des réseaux
de personnes-ressources (accès aux employés de l'entreprise,
liens aux fournisseurs et aux clients ainsi qu'à d'autres
entreprises).
- Les partenaires du secteur public tels que les gouvernements
nationaux et locaux peuvent mettre à contribution leurs connaissances
au sujet des infrastructures physiques et sociales (soins de santé,
santé publique, éducation, transport, communication);
leur expertise technique; le financement public; le pouvoir de réglementation;
et les processus et priorités stratégiques; et assurer
aussi l'accès à ces différents éléments.
Les organismes intergouver-nementaux et multilatéraux tels
que ONUSIDA et la Banque mondiale peuvent offrir un savoir spécialisé,
une aide financière et des liens avec d'autres organismes
internationaux.
Volkswagen do Brasil a mis en oeuvre un programme de traitement et de soins coordonnés du VIH/SIDA à l'intention des employés atteints de la maladie. Ce programme incluait l'accès aux spécialistes des maladies infectieuses, aux travailleurs sociaux, aux nutritionnistes, aux psychologues, l'acheminement vers des hôpitaux spécialisés, les soins à domicile, l'administration de médicaments antirétroviraux et des essais cliniques. Il a résulté de l'application de ce programme une baisse de 90 p. cent dans le taux d'hospitalisations et une diminution de 40 p. cent du coût des traitements et des soins. Quatre-vingt dix p. cent des employés participant au programme menaient une vie active et sans symptômes, et des économies importantes ont été réalisées en raison d'une baisse de l'absentéisme et de la perte d'employés expérimentés.
- Les organisations non gouvernementales et communautaires
apportent leur crédibilité découlant d'une
collaboration étroite avec les personnes les plus affectées
par l'épidémie; ces organisations peuvent aussi
mettre à profit leur savoir concernant les besoins et les ressources
de la communauté locale, leurs connaissances techniques du
VIH/SIDA, et leur expérience à développer et
à exercer une influence dans la sphère sociale et politique.
Évaluation des résultats
Un grand nombre de ces initiatives en sont au premier stade; il est
donc difficile pour les entreprises d'en évaluer l'efficacité
et l'incidence. Quelques entreprises ont des mécanismes
en place pour surveiller les progrès réalisés,
mais il y a encore peut de données précises sur les résultats
ou le rapport coût-efficacité. De même, les entreprises
peuvent hésiter à partager l'information qui se rapporte
aux activités principales de l'entreprise.
Toutefois, un grand nombre de données non scientifiques indiquent
que les initiatives en question ont des effets positifs. Plusieurs des
entreprises ciblées dans le document Riposte des entreprises
au VIH/SIDA ont remarqué une incidence réduite de l'infection
au VIH/SIDA parmi les employés, une plus grande volonté
de la part de ceux-ci à discuter de la maladie et à participer
à des programmes de prévention, et une diminution des
préjugés et de la discrimination envers les personnes
vivant avec le VIH/SIDA. L'une des sociétés ciblées,
Eskom, une entreprise de services publics établie en Afrique
du Sud, affirme que les avantages liés aux stratégies
de prévention de la maladie sont supérieurs à une
propagation non contrôlée du VIH/SIDA au sein de la communauté.
Même si quelques entreprises (p. ex., Volkswagen do Brasil) ont
procédé à des études quantitatives des résultats,
d'autres analyses sont nécessaires pour réunir les
données attestant des coûts et de l'efficacité
des résultats. Cette information est importante pour les entreprises
qui ont à prendre des décisions concernant le niveau des
investissements affectés à ces projets.
Dilemmes pour les entreprises
Les sociétés multinationales peuvent avoir à faire
face à de terribles dilemmes lorsqu'elles établissent
et assurent des programmes d'approche communautaire au VIH/SIDA
et qu'elles appuient des initiatives dans les pays en développement.
L'un des plus grands défis consiste à créer
des capacités sans créer de dépendance. Il arrive
souvent que les entreprises s'engagent dans des actions de soins
de santé de type communautaires, comme dans le cas du VIH/SIDA,
parce que l'infrastructure ou les services publics font défaut
à cause de la désorganisation sociale, du fait que les
priorités gouvernementales sont ailleurs et qu'elles manquent
de ressources. Dans certains cas, les entreprises qui ont organisé
des actions en matière de santé et sur le plan social
ont été critiquées par la communauté internationale
pour avoir usurper les fonctions gouvernementales, ce qui laisse trop
de latitude aux gouvernements qui peuvent ainsi se décharger
de leurs responsabilités sociales. En outre, si l'entreprise
ferme, la communauté n'a plus de services. La solution est
donc de trouver des moyens permettant de mettre sur pied une capacité
durable au moyen de partenariats avec d'autres entreprises, organisations
internationales, ONG et gouvernements.
Le processus de consultation et de collaboration avec les communautés
locales - compte tenu des intérêts et des besoins
diversifiés et parfois divergents - pose également
un défi. Les entreprises doivent être en mesure de trouver
les dirigeants communautaires clés et de découvrir qui
sait faire travailler; elles doivent ensuite penser à des moyens
efficaces qui leur permettent de travailler avec ces personnes. De nombreuses
ressources sont disponibles pour aider les entreprises dans ce processus
d'engagement, de collaboration et de partenariat avec les communautés.
Des organisations telles que Business for Social Responsibility et le
Centre canadien entre l'entreprise et la collectivité ainsi
que des organismes à but lucratif en rapport avec le VIH/SIDA
tels que Conseil mondial des entreprises sur le VIH et le SIDA, peuvent
offrir des outils et des conseils.
Une autre question épineuse est la tendance chez la «communauté
» bénéficiant des initiatives de l'entreprise
à se développer, les demandes de services augmentant de
plus en plus. Cette situation rend hésitantes les entreprises
à s'engager dans des activités de collaboration.
C'est souvent le cas des petites entreprises aux prises avec des
capacités financières et des ressources humaines restreintes.
Le secteur minier trouve qu'il s'agit d'une difficulté
particulière, surtout que les entreprises minières sont
souvent de petite taille (comparativement aux entreprises pétrolières
et certaines autres multinationales) et que le secteur est en butte
à des problèmes d'ordre économique. Néanmoins,
les attentes et les demandes augmentent. Encore une fois, la solution
consiste à trouver des moyens de travailler en partenariat avec
d'autres entreprises, des gouvernements, des organisations internationales
et des ONG - les entreprises ne s'attendent pas à répondre
seules à tous les besoins.
5. Les ressources et les besoins nécessaires aux entreprises
Un volume de plus en plus grand de ressources et d'outils sont
mis à la disposition des entreprises pour les aider à
déterminer comment le VIH/SIDA pourrait toucher leur entreprise,
et comment organiser et soutenir une riposte appropriée et efficace.
Organisations
Plusieurs organisations clés sont de bonnes sources d'information
et d'aide. L'Annexe B comprend une liste des organisations
qui pourraient être utiles.
- Le Conseil mondial des entreprises sur le VIH et le SIDA est une
organisation qui soutient ses membres en les conseillant et en leur
offrant des services de soutien par les pairs, des outils et des
programmes, et la possibilité de créer des réseaux.
L'organisme a pour objectif de promouvoir la mise en oeuvre
de politiques et de programmes en milieu de travail; de canaliser
les compétences et les ressources des entreprises dans des
initiatives autres qu'en milieu de travail; d'assurer
un travail de sensibilisation et de leadership des entreprises adhérentes
auprès des collaborateurs, des fournisseurs et des clients;
de conclure des partenariats avec le gouvernement et les organisations
internationales et des organisations de la société
civile. La coalition dispose d'un programme d'organisation
de sommets nationaux et régionaux s'adressant aux dirigeants
des entreprises, des gouvernements et de la société
civile en vue de promouvoir ces partenariats. Le site Web inclut
les liens à une multitude de ressources et d'organisations
(
www.businessfightsaids.org).
- La Asian Business Coalition on AIDS (ABC on AIDS) est une coalition
d'organismes à but lucrative nationaux présente
dans 10 pays (Thaïlande, Vietnam, Cambodge, Inde, Malaisie,
Myanmar, République démocratique populaire lao, Indonésie,
Bangladesh et Philippines). Certains de ces organismes nationaux
sont des comités ou des coalitions s'occupant précisément
de cas de VIH/SIDA tandis que d'autres exercent des activités
plus générales ou sont des organisations axées
sur la RSE qui s'intéressent au problème du VIH/SIDA.
Les partenaires de l'ABC on AIDS échangent de l'information,
évaluent leurs besoins mutuels, élaborent des stratégies
conjointes et développent des ressources en vue de soutenir
les meilleures pratiques, et collaborent à la gestion de
l'information, aux programmes de formation et aux conférences.
Le site Web inclut des outils, des ressources et des exemples typiques
(
www.abconaids.org).
- L'ONUSIDA (Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA)
publie des publications intéressantes sur l'épidémiologie
du VIH/SIDA ainsi que des publications liées à la
riposte des entreprises. La Partnership Unit met l'accent sur
l'établissement de partenariats avec les entreprises
et sur le soutien de ces partenariats (
www.unaids.org).
- Global Compact est une organisation axée sur la création
de réseaux, qui met en valeur le leadership des entreprises
axé sur une croissance durable. Elle met les entreprises
en contact avec les organisations des Nations Unies, les syndicats
et d'autres groupes de la société civile pour
le partage de valeurs et de principes (
www.globalcompact.org).
Outils et ressources en information
Une section Outil pour dirigeants est incluse au document Riposte des
entreprises au VIH/SIDA cité précédemment. Cet
outil contient des principes directeurs, les éléments
de base du processus de planification et des options liées aux
politiques et aux programmes. Des directives sur l'établissement
et le maintien de partenariats fructueux y sont également énoncées.
- ONUSIDA et le Forum économique mondial ont élaboré
un menu de partenariat visant à aider le secteur privé
à trouver des occasions innovatrices de partenariats pour
lutter contre le VIH/SIDA. Le menu présente aux donateurs
éventuels une liste des projets qu'ils peuvent commanditer
dans les pays.
- L'Organisation internationale du travail a publié le
document An ILO Code of Practice on HIV/AIDS and the World of Work
qui contient des conseils pratiques à l'intention des
décideurs, des employés, des organismes de travailleurs
et d'autres partenaires sociaux, sur l'élaboration
et l'application de politiques visant le lieu de travail, sur
les programmes de prévention et de soins, et sur les stratégies
de traitement des travailleurs dans le secteur de la main-d'oeuvre
parallèle.
- Le Conseil mondial des entreprises sur le VIH et le SIDA a élaboré
une trousse à l'intention des hauts dirigeants et des
cadres d'entreprises, intitulée
Employees and HIV: Action for Business Leaders. Cette trousse présente
des principes simples et concis, illustrés par des exemples de
programmes concrets déjà adoptés par des entreprises
dans le monde.
Annexe A :
Références
Épidémie mondiale du VIH/SIDA et riposte des entreprises
à cet égard
AIDS Epidemic Update December 2001. UNAIDS and World Health Organization.
An ILO Code of Practice on HIV/AIDS and the World of Work. 2001. International
Labour Organization, International Labour Office, Geneva.
Action by Employers against HIV/AIDS at Work. November 2000. Report
of a Workshop held by the International Partnership Against HIV/AIDS
in Africa. UNAIDS.
Canada's Global Response to HIV/AIDS: An Interactive Forum. 1999.
Health Canada.
Corporate Response to HIV/AIDS. 1997. Report of a UNAIDS-sponsored
study of 203 companies in 14 countries. The Conference Board.
Employees and HIV/AIDS: Action for Business Leaders. 2001. Global
Business Coalition on HIV/AIDS.
HIV/AIDS: A Commonwealth Emergency, The Case of the Commonwealth Caribbean.
2001. Paper presented by James St Catherine, CARICOM Secretariat, to
the 13th Commonwealth Health Ministers Meeting, Christchurch, New Zealand,
November 25-29, 2001.
HIV/AIDS, the Mining and Minerals Sector and Sustainable Development
in Southern Africa. 2000. A project of the International Institute for
Environment and Development, commissioned by the World Business Council
for Sustainable Development.
HIV/AIDS: Toward Corporate Disclosure. 2001. Description of a project
of the Global Reporting Initiative.
Direction des affaires internationales Santé Canada
Private Sector AIDS Policy: Businesses Managing AIDS, A Guide for
Managers. 1999. Family Health International.
The Business Case for HIV/AIDS. 1996. Health Canada.
The Business Response to HIV/AIDS: Impact and Lessons Learned. 2000.
UNAIDS, the Global Business Coalition on HIV/AIDS, and the Prince of
Wales Business Leaders Forum.
The Business Response to HIV/AIDS: Innovation and Partnership. 1997.
UNAIDS and the Prince of Wales Business Leaders Forum.
The Caribbean Regional Strategic Plan of Action for HIV/AIDS. September
2000. Caribbean Task Force on HIV/AIDS.
To Share and To Learn: The Case for Canadians to Act Globally Against
HIV/AIDS. 2000. Health Canada.
Responsabilité sociale des entreprises
Agenda 21: A Comprehensive Plan of Action on Sustainable Development.
1992. United Nations Division for Sustainable Development.
Canadian Development Report 1998: Canadian Corporations and Social
Responsibility. 1998. North-South Institute.
Cooperation Between the United Nations and All Relevant Partners,
in Particular the Private Sector. August 2001. United Nations General
Assembly.
Corporate Social Responsibility. December 2001. Descriptive material,
summary of trends, and research findings from the web site of the Canadian
Centre for Business in the Community.
Corporate Social Responsibility: A Contribution to Public Ethics and
Probity. November 2000. Corporacion FORJA, Chile.
Engaging Stakeholders and Business-NGO Partnerships in Developing
Countries. November 1999. Prepared by The Centre for Innovation in Corporate
Responsibility for The Alliance of Manufacturers and Exporters of Canada.
Government and Corporate Social Responsibility: An Overview of Selected
Canadian, European and International Practices. April 2001. Canadian
Business for Social Responsibility.
Introduction to Corporate Social Responsibility. December 2001. Document
from the Business for Social Responsibility web site ( www.bsr.org).
Promoting Global Corporate Responsibility. December 2001. Document
from the National Policy Association web site ( www.npa1.org).
Reporting on Corporate Social Responsibility Performance: Results
of a Survey of Canadian Companies. March 2001. Prepared for Industry
Canada by David Greenall and Ron Yachnin, Canadian Centre for Business
in the Community and The Conference Board of Canada.
Stepping Forward: Corporate Sustainability Reporting in Canada. November
2001. Stratos Inc. in collaboration with Alan Willis & Associates
and SustainAbility.
Sustainability Reporting Guidelines. June 2000. Global Reporting Initiative.
The Business Case for Sustainable Development. September 2001. World
Business Council for Sustainable Development.
The Five Generations of Corporate Codes of Conduct and Their Impact
on Corporate Social Responsibility. 1996. E.P. Mendes and J.A. Clark,
Human Rights Research and Education Centre, Carleton University.
The Millennium Poll on Corporate Social Responsibility: Executive
Briefing. 1999. Environics International Ltd. in cooperation with The
Prince of Wales Business Leaders Forum and The Conference Board.
The Mining Sector and Community Health: An Assessment of Activity,
Engagement and Perception. Draft, January 2002. Prepared for Natural
Resources Canada by Black and White Communications.
The OECD Guidelines for Multinational Enterprises and Global Instruments
for Corporate Responsibility. April 2001. Organization for Economic
Cooperation and Development, Directorate for Financial, Fiscal and Enterprise
Affairs.
Annexe B :
sites Web
Entreprises relatifs au SIDA et à la responsabilité
sociale des entreprises
Les sites Web des organisations contiennent une foule d'informations
qui pourraient servir aux entreprises intéressées à
s'engager dans la riposte au VIH/SIDA à l'échelle
mondiale ou à consolider les politiques et les programmes actuels
en matière de VIH/SIDA.
- Un survol global de la situation mondiale en matière
de VIH/SIDA est donné dans AIDS Epidemic Update December 2001,
UNAIDS and World Health Organization, Geneva. L'information fournie
dans la présente section est tirée de ce document. Pour
une liste complète des références, voir l'Annexe
A.
- La préparation du présent document d'information
s'est largement inspirée de l'ouvrage « Riposte des entreprises
au VIH/SIDA (un ouvrage fondamental, publié en l'an 2000 par
ONUSIDA, le Conseil mondial des entreprises sur le VIH et le SIDA et
The Prince of Wales Business Leaders Forum). Le HIV/AIDS, the Mining
and Minerals Sector and Sustainable Development in Southern Africa,
un projet de l'Institut national pour l'environnement et le développement,
a été mandaté en l'an 2000 par le World Business
Council for Sustainable Development, 2000.
- Le taux de prévalence excède maintenant les 10
p. cent dans 16 pays africains et plusieurs régions de l'Afrique
australe affichent des taux supérieurs à 30 p. cent. Le
taux de prévalence moyen dans les région des Caraïbes
est de 2,3 p. cent et il croît constamment; toutefois, les pays
des Caraïbes les plus touchés ont des taux supérieurs
à 4 p. cent. L'expérience planétaire révèle
qu'une fois atteint les 4 à 5 p. cent, le taux s'accélère
rapidement. Par comparaison, le taux moyen enregistré en Amérique
du Nord est de 0,6 p. cent et ce, même si certaines couches de
la population présentent des taux beaucoup plus élevés.
- Un sondage effectué par Environics International auprès
de 25 000 personnes provenant de 23 pays.
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