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Différences entre les sexes dans le tabagisme et les indicateurs auto-déclarés de la santé

Susan Kirkland, Ph.D. (Dalhousie University), Lorraine Greaves, Ph.D. (Centre d'excellence pour la santé des femmes de la Colombie-Britannique), Pratima Devichand, M.Sc. (Dalhousie University)

Question relative à la santé

Le tabagisme chez les femmes canadiennes est un sérieux problème de santé publique. Bien qu'historiquement les hommes aient fumé plus que les femmes, le déclin dans la prévalence du tabagisme chez les hommes a été beaucoup plus prononcé au cours des quelques dernières décennies : de 61 % à 25 % chez les hommes de 1965 à 2001, par rapport à une réduction de 38 % à 21 % chez les femmes au cours de la même période. Les variations marquées dans les taux et les tendances du tabagisme sont évidentes chez des sous-populations particulières de femmes au Canada. Les Francophones et les Autochtones affichent le taux de tabagisme le plus élevé au Canada. Pour la première fois, le taux d'usage du tabac chez les adolescentes a dépassé le taux d'usage du tabac chez les adolescents. Le cancer, les cardiopathies et les maladies cérébrovasculaires sont des risques pour la santé associés au tabagisme, et on estime à 21 % la proportion de décès à la suite de ces conditions attribuées à l'usage du tabac. D'autres effets indésirables comprennent les maladies du système respiratoire et de l'appareil reproducteur, le cancer du col de l'utérus et du sein et l'ostéoporose. On a rarement mis l'accent sur les indicateurs de la santé qui reflètent des résultats cliniques intermédiaires à la suite du tabagisme, tels que la restriction des activités ou l'utilisation des services de santé. Une analyse de l'usage du tabac et ses conséquences dans le contexte des facteurs sociaux, politiques et économiques peut illuminer ses conséquences différentielles sur la vie des sous-groupes de femmes et d'hommes.

Résultats clés

Une analyse des données de l'Enquête nationale sur la santé de la population de 1998-1999 a révélé que 26,4 % des Canadiennes et 29,2 % des Canadiens étaient dans la catégorie des fumeurs actuels. Chez les groupes au plus faible revenu, 33,7 % des femmes et 44,5 % des hommes étaient des fumeurs actuels, alors que chez le groupe au revenu le plus élevé, 21,2 % des femmes et 22,1 % des hommes étaient des fumeurs. L'âge, la situation familiale, l'origine ethnique, le niveau scolaire et le revenu ont contribué indépendamment à une association avec le tabagisme actuel chez les femmes et les hommes. De façon intéressante, le type de ménage et le soutien social fonctionnel ont contribué à l'association avec l'usage actuel du tabac chez les femmes, mais pas chez les hommes. Les différences entre les femmes et les hommes dans ces facteurs peuvent refléter les différences dans les situations vécues et les systèmes de valeurs entre les sexes en matière de rôles sociaux et familiaux, d'emploi, et de prestation des soins. Toutefois, les associations indépendantes entre les facteurs socio-économiques et le tabagisme enregistrées chez les femmes et les hommes montrent bien leurs conséquences universelles. Les fumeuses, par rapport aux fumeurs, ont déclaré une plus grande restriction des activités, une moins bonne santé mentale et plus de problèmes chroniques pour la santé. En les comparant aux personnes qui n'ont jamais fumé, on a constaté des associations indépendantes entre le tabagisme actuel et une santé auto-évaluée mauvaise, une mauvaise santé mentale et une plus grande restriction des activités chez les femmes et les hommes.

Lacunes et recommandations

Les auteures ont repéré les lacunes suivantes et ont formulé les recommandations ci-dessous:

• Les questions clés concernant les femmes canadiennes comprennent une prévalence accrue du tabagisme parmi les jeunes filles et la forte association entre le tabagisme et le désavantage social et économique. La grande prévalence des résultats cliniques intermédiaires défavorables observés chez les fumeuses mérite une recherche plus poussée.
• Il faut réaliser des travaux complémentaires sur l'élaboration d'indicateurs socio-démographiques et socio-économiques de la santé bien construits, qui peuvent être automatiquement recueillis et analysés dans les enquêtes fondées sur la population. Par exemple, les données qui recueillent de façon adéquate la complexité des problèmes rencontrés par les femmes en matière de profession et d'emploi, telles que l'équilibre entre le travail rémunéré et non rémunéré et les rôles de soignante, sont susceptibles de contribuer à faire comprendre le tabagisme et les résultats cliniques y associés. Il est particulièrement important d'élaborer des programmes et des politiques qui ne servent pas à renforcer les inégalités existantes, mais à contribuer à leur diminution.

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