Comité consultatif d'experts sur les
thérapies contre le VIH
Téléconférence
3 mai 2002
Compte rendu des délibérations
Membres du Comité présents : Dr R. Lalonde (président),
Mme M. Atkinson, Dr J. Forbes, Dr B.
Larke, Dre A. Rachlis, M. J. Sousa, DreS. Trottier
Membres spéciaux présents : Dr J. Gill, Dr
A. Martel, DrP. Sestak
Excusés : DrW. Cameron, M. A. McLeod, Dr
K. Rosenthal
Représentants de Santé Canada présents : Dr
B. Foster, Dr J. Bouchard, M. S. Brar, Mme Nena
Nera, M. E. Ormsby, Dre C. Roy, Dr P. Sandstrom,
MmeS. Reid, M. H. Yang, Mme M. Davis
Ø Trousses de dépistage rapide du VIH (faux résultats négatifs)
Des représentants du Bureau des matériels médicaux (BMM) et du Bureau
du VIH/sida, des MTS et de la tuberculose présentent leurs exposés portent
sur les trousses de dépistage rapide Fast-Check HIV-1/2 (sang entier)
et Fast-Check HIV-1/2 (sérum) de BioChem ImmunoSystems. Le test
sur le sang entier s'effectue par piqûre au doigt. Il est
conçu pour être utilisé par les professionnels de la santé aux points
de service et doit être accompagné d'une consultation adéquate pour les
personnes testées. La sensibilité et la spécificité de ces deux trousses
ont été déclarées supérieures à 99 % lors des essais avant la mise en
marché. Les trousses ont été homologuées par Santé Canada (SC) en mars
2000.
Le 10 avril 2002, SC a été avisé par le British Columbia Center for Disease
Control (BCCDC) de l'existence d'une étude qui montre que les trousses
de dépistage Fast-Check HIV-1/2 (sérum) de BioChem ImmunoSystems
n'ont rien détecté dans 4 échantillons sur 400 connus comme étant positifs.
Le BCCDC a envoyé un avis supplémentaire à SC, le 25 avril, lui mentionnant
que les trousses de dépistage Fast-Check HIV-1/2 (sang entier)
de BioChem ImmunoSystems avaient aussi le potentiel de produire de faux
résultats négatifs, car 2 échantillons sur 14 connus comme positifs ont
été faussement déclarés négatifs.
Le 29 avril, SC a publié un avis sur son site Web afin de conseiller
à toute personne ayant reçu un résultat négatif à la suite de l'utilisation
d'une de ces trousses comme unique méthode de dépistage après mars 2000,
de suivre une consultation et de passer un nouveau test étant donné que
le résultat n'est pas fiable. SC a aussi écrit aux professionnels de la
santé qui utilisent ces trousses pour les informer du problème et leur
demander de cesser immédiatement tout dépistage rapide à l'aide de Fast-Check
VIH ½ (sérum) et de Fast-Check VIH ½ (sang entier). Le fabricant
a accepté de ne plus vendre ces deux trousses de dépistage et a rappeler
le lot 2202077 de Fast-Check VIH 1 /2 (sérum) et les lots 2101069 et 2601085
de Fast-Check VIH 1/ 2 (sang entier).
Une discussion entre les membres du CCE permet de soulever les questions
suivantes :
- Qu'est-ce qui a incité le BCCDC à étudier ces trousses?
- Est-ce que les trousses ont fonctionné de la façon attendue?
- Peut-il s'agir d'un problème de mise en oeuvre plutôt que d'un problème
de trousse, c.-à-d. d'une utilisation inadéquate?
- Comment définir « utilisation inadéquate »?
Les membres discutent du fait qu'il est difficile de soumettre des trousses
de dépistage pour sang entier à des épreuves de compétence à l'assurance
de la qualité (AQ) vu la nature des échantillons requis. Toutefois, on indique
que certaines provinces suivent un algorithme selon lequel tous les patients
qui sont testés par piqûre au doigt (sang entier) doivent se faire
prélever un échantillon de sérum pour être aussi testés par voie sérologique.
La discussion porte aussi sur le feuillet de renseignements qui accompagne
le produit car il ne précise pas la détection des anticorps pendant la «
fenêtre sérologique » (période de latence sérologique) pour ces tests. De
plus, le feuillet recommande de répéter le test uniquement en cas de résultats
positifs ou équivoques. On ne recommande pas de le répéter en cas de résultats
négatifs. La question est essentiellement la suivante : est-ce que les trousses
ont fonctionné comme elles le devaient, compte tenu de leurs caractéristiques?
Les membres du CCE craignent que les Canadiens et les Canadiennes n'aient
plus accès à ce produit précieux dans les points de service, car il est
très avantageux dans certains cadres, comme les lieux éloignés ou les
cliniques de dépistage anonyme. Les membres du Comité décident de faire
une recommandation auprès de SC.
Le président du CCE doit prendre contact avec certains organisateurs
de la conférence consensuelle sur le dépistage du VIH en laboratoire
clinique, qui doit avoir lieu les 5 et 6 mai à Montréal, avant et après
l'événement, dans le but de transmettre les préoccupations du comité quant
au rendement des trousses de dépistage rapide et sa demande de ne pas
retirer ces trousses du marché canadien de façon permanente. On a informé
SC de cette consultation à l'étape finale de la recommandation du CCE
relativement aux trousses.
Recommandation : Étant donné les avantages et les bénéfices
des trousses de dépistage rapide du VIH pour les Canadiens et les Canadiennes,
le CCE juge important de maintenir ces trousses sur le marché canadien.
En raison des incertitudes de rendement de certains lots récents de trousses
de dépistage rapide du VIH, le CCE recommande :
1) que l'utilisation de trousses de dépistage rapide du VIH s'accompagne
toujours de tests VIH conventionnels, effectués à partir de sang veineux,
dans des laboratoires médicaux approuvés;
2) que ces trousses demeurent offertes sur le marché, aux conditions
suivantes :
- que les directives du fabricant soient suivies avec diligence,
- que les algorithmes de test appropriés soient rappelés aux utilisateurs;
- que le rendement du test soit égal ou supérieur à celui précisé
par Santé Canada au moment de l'approbation;
- que des modifications soient apportées au feuillet de renseignements
du produit afin qu'il mentionne que l'utilisation d'une trousse de dépistage
rapide du VIH doit toujours être accompagnée d'un test VIH conventionnel
effectué à partir de sang veineux, dans un laboratoire médical approuvé.
Ø Mise à jour sur l'examen par SC des médicaments pour le traitement
du VIH
Une mise à jour est présentée relativement à quatre médicaments pour
le traitement du VIH examinés actuellement par la Direction des produits
thérapeutiques (DPT).
Ø Normes canadiennes pour les soins aux patients infectés au
VIH
Lors de la dernière réunion, on a proposé d'établir un ensemble de services
de santé de base pour les personnes infectées au VIH afin de normaliser
les niveaux de soins offerts à l'échelle nationale.
J. Gill rend compte de l'état d'avancement du document. À ce sujet, il
mentionne que les HMO (organisations de soins de santé intégrés) de Californie
pensent à restreindre le soin des patients séropositifs aux spécialistes
et indique qu'on a aussi discuté de cette proposition lors de la réunion
de l'Association canadienne de recherche sur le VIH (ACRV) tenue en avril.
La première version préliminaire devrait être prête à être distribuée
dans environ six semaines. Elle traitera la normalisation des services
et des produits offerts aux patients infectés par le VIH.
N. Nera mentionne que le travail effectué par la Division des politiques,
de la coordination et des programmes sur le VIH/sida de la Direction générale
de la santé de la population et de la santé publique, ainsi que le document
VIH: Rudiments et guide-ressources à l'usage des médecins de famille
élaboré par le Collège des médecins de famille du Canada (mis à jour en
2001) pourraient être utiles pour l'ébauche de ces directives. On peut
obtenir plus de renseignements sur ce document à :
http://www.cfpc.ca/programs/patcare/hiv/hivmain_fr.asp
Suivi : J. Gill rédigera une première ébauche, qu'il distribuera
aux membres du CCE pour qu'ils puissent faire des ajouts et des commentaires.
Il accepte aussi de travailler à la révision et à la mise au point.
Ø Pénurie de tests de dépistage du VIH Western Blot
Une pénurie de tests de confirmation Western Blot est survenue car le
fabricant des trousses homologuées au Canada a fait faillite. Pour remédier
à cette situation, le Bureau des matériels médicaux (BMM) de SC a accordé
un permis conditionnel à Biorad pour leurs trousses Western Blot qui ont
été homologuées aux États-Unis par la Food and Drug Administration. Selon
cette entente, Biorad doit achever ses essais cliniques et soumettre sa
présentation d'ici la fin de l'année en cours. Le BMM examine actuellement
la possibilité d'utiliser d'autres trousses offertes sur le marché et
produites en Europe, comme solution de remplacement.
En attendant, d'autres mesures ont été prises pour réduire la pénurie.
Le Laboratoire de santé publique du Québec et le Laboratoire national
des services de référence du VIH d'Ottawa possèdent les compétences et
les installations nécessaires pour effectuer le dosage biologique par
radioimmunoprécipitation au lieu des tests Western Blot, le cas échéant.
Ø Projet de surveillance accrue des thérapies anti-sida
S. Reid fait une mise à jour et explique que le Projet de surveillance
améliorée des pharmacothérapies contre le VIH/sida est en harmonie avec
les activités de surveillance postautorisation d'un médicament de la nouvelle
Direction des produits de santé commercialisés de SC, et
avec les recommandations issues de l'atelier consultatif du Comité du
processus d'examen des médicaments du Programme des produits thérapeutiques
qui concernent l'utilisation de stratégies et d'activités axées sur le
consommateur pour encourager les consommateurs et les patients à déclarer
les effets indésirables aux médicaments (EIM).
Le document phase 1 - Validation du principe, sommaire et rapport
d'évaluation (projet pilote) expose :
- les buts, les objectifs et le plan d'ensemble du projet;
- les résultats de l'évaluation de deux méthodes de rechange pour l'accroissement
du nombre et de la qualité des déclarations d'EIM présentées à Santé
Canada, c.-à-d. déclaration sur papier du patient lui-même et déclaration
sur papier à partir des données extraites du dossier du patient.
Le travail actuel dans le cadre du Projet inclut l'évaluation de la faisabilité
d'une troisième méthode de rechange pour l'accroissement du nombre et de
la qualité des déclarations d'EIM. Un projet pilote de trois mois aux Services
de santé de l'Université d'Ottawa portera sur l'essai d'un programme électronique
interactif devant permettre aux patients de déclarer directement à Santé
Canada et aux services de santé les effets indésirables ressentis. Ce programme,
le e-SERP (electronic-Side Effect Reporting Program), [Traduction: Programme
électronique pour signaler des effets secondaires] sensibilise et informe
les patients à propos de la déclaration des effets inattendus et impossibles
à gérer des médicaments qu'ils absorbent. Les postes informatiques sont
situés dans la salle d'attente du premier étage de la clinique, derrière
des panneaux privés.
L'équipe du projet rédige en ce moment le résumé de la méthodologie du
programme.
Surveillance de la toxicité à long terme du traitement contre le VIH
S. Reid fait le compte rendu du "Monitoring Long-Term Toxicities of HIV
Treatment Workshop" [Traduction: l'atelier sur la surveillance de la
toxicité à long terme du traitement contre le VIH] auquel elle a assisté
à Washington, les 17 et 18 avril 2002.
Cet atelier était organisé par le Forum for Collaborative HIV Research,
coalition de représentants de cinq groupes d'intérêt (c.-à-d., gouvernement,
industrie, porte-parole des patients, fournisseurs de soins de santé et
chercheurs). Il s'agit d'un projet de partenariat public-privé au sein
du Centre for Health Services Research and Policy de l'Université George
Washington.
Le but de cet atelier était de faciliter l'élaboration et l'amélioration
du processus de pharmacovigilance (PV) lié à l'usage de traitements antirétroviraux
et d'élaborer des recommandations pour la diffusion maximale de l'information
auprès de la pratique clinique.
Les objectifs étaient les suivants :
- examiner les mécanismes actuels de surveillance des événements indésirables
des médicaments;
- déterminer les lacunes du système de collecte de données sur la toxicité
et du système de collecte de données précises;
- élaborer des recommandations pour l'amélioration de l'efficacité
et du rendement de la PV.
Au cours de l'atelier, on a formé de petits groupes auxquels on a donné
un certain nombre de points de discussion concernant des solutions envisageables.
Un résumé est en cours de rédaction et sera envoyé aux participants de
l'atelier à des fins de référence ou de suivi.
Ø Rapport sur le programme de surveillances en pédiatrie des
antirétroviraux
Le Canadian Pediatric AIDS Research Group (CPARG) [Traduction: Groupe
canadien de recherche sur le sida chez les enfants] a formé un groupe
de travail sur la périnatalité en mars 2000. Ce groupe s'est rencontré
de nouveau après la réunion de l'Association canadienne de recherche sur
le VIH (l'ACRV) de cette année, tenue en avril à Winnipeg. On résume la
réunion d'avril et on mentionne qu'une nouvelle approche a été acceptée
pour ce travail. Un financement additionnel de 10 000 $ a été trouvé pour
le groupe. On présente une proposition relativement au type de renseignements
qui devrait être collecté. Le groupe discutera par téléconférence en juin
2002 et se réunira en octobre 2002 à Vancouver.
Recommandation : Le CCE considère comme prioritaire la surveillance
des effets toxiques indésirables à long terme chez les bébés exposés aux
traitements antirétroviraux in utero.
Prochaine réunion : téléconférence le 26 juillet 2002 à 11 h, heure de
l'Est Rédigé par : M. Davis
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