Lorsque votre conjoint ou conjointe a été victimes
de violence sexuelle: Guide à l'intention des conjoints
Série II des livrets d'information sur la violence
sexuelle
Générique
Administrateurs, VISAC
Naomi Ehren-Lis
Teri Nicholas
Coordination
Leonard Terhoch
Rédaction
Louise Doyle
John Napier-Hemy
Edition
Joanne Broatch (anglais)
Johanne Raynault (français)
Correction des épreuves
Johanne Raynault
Conception et mise en page
Jager Design Inc.
Impression
Broadway Printers Limited
Photographie
Leaping Lizard Productions
First Light Associated
Photographers
Manipulation des images
Harry Bardal
Nous tenons à remercier tout particulièrement le personnel
de VISAC et de la Division de la prévention de la violence familiale
de Santé Canada, ainsi que toutes les autres personnes qui nous
ont offert leurs idées et leur appui.
Les conclusions et opinions exprimées dans ce livret ne sont
pas nécessairement celles de Santé Canada.
Ces livrets sont publiés par le Vancouver-Richmond Incest and
Sexual Abuse Centre (VISAC), une division de Family Services of Greater
Vancouver. VISAC offre une gamme étendue de services, dont
le traitement des enfants victimes de violence sexuelle et de leur famille,
un programme de thérapie de groupe à l'intention des adultes
ayant été victimes de violence sexuelle dans leur enfance,
ainsi qu'un programme de soutien aux victimes de violence sexuelle.
La reproduction commerciale de ces livrets est interdite. Toutefois,
nous encourageons la reproduction à des fins non commerciales
avec mention de la source. Tous autres droits réservés.
© Family Services of Greater
Vancouver, 1994
1616 West 7th Avenue
Vancouver, B.C. V6J 1S5
ISBN 0-662-61002-4
Financé par
La Division de la prévention de la violence familiale, Santé
Canada
Ce livret aborde les sujets suivants:
Pourquoi ce livret ?
Qu'est-ce que la violence sexuelle à l'égard
d'un enfant?
Que signifie avoir subi de la violence sexuelle
au cours de l'enfance, c'est-à-dire être un « survivant
» ou une « survivante » ?
Ma conjointe peut-elle guérir de la violence
sexuelle qu'elle a subie?
Est-ce que d'autres conjoints réagissent
comme moi ?
En tant que conjoint d'une survivante, quel soutien
puis-je lui apporter?
Et moi dans tout ça ? Comment puis-je
répondre à mes propres besoins?
Qu'arrive-t-il si je suis moi-même un survivant?
Qu'est-ce qu'un groupe de soutien pour les conjoints?
Comment un groupe de soutien pour les conjoints
peut-il m'aider?
Que se passe-t-il si mon conjoint ou ma conjointe
et moi-même sommes du même sexe?
Quels effets la guérison aura-t-elle sur
notre relation?
Quels effets la guérison aura-t-elle sur
notre famille?
Y a-t-il une « vie après la guérison
» ?
Comment se procurer les livrets d'information
sur la violence sexuelle.
Pourquoi ce livret ?
Si vous vivez une relation intime avec une personne
qui a été victime de violence sexuelle lorsqu'elle était
enfant ou adolescente, ce livret vous est destiné. Les renseignements
qu'il contient peuvent vous aider, que vous soyez un homme ou une femme,
que vous soyez homosexuelles ou hétérosexuelle.
Vous et votre conjointe n'êtes
pas seuls. Au moins une femme sur quatre et un homme sur six ont été
victimes de violence sexuelle lorsqu'ils étaient enfants. Plus
les survivants adultes parleront ouvertement de la violence sexuelle
dont ils ont été victimes et de la façon dont cela
les a affectés, plus leurs conjoints pourront comprendre comment
une telle expérience a des effets sur leur relation.
La violence sexuelle a affecté
tout le développement émotif de votre conjointe. Par conséquent,
les aspects suivants d'une relation peuvent poser des problèmes
pour chacun de vous:
Confiance.
Un enfant vit une agression sexuelle comme une trahison de sa confiance,
surtout si la personne qui lui a infligé de la violence était
quelqu'un qu'il aimait bien. Suite à une telle expérience,
il est possible que votre conjointe ait de la difficulté à
faire confiance à quelqu'un ou à déterminer à
qui elle peut faire confiance.
Pouvoir. Un enfant
qui est victime de violence sexuelle se sent impuissant. En tant qu'adulte,
votre conjointe peut, à certains moments, se sentir impuissante
et incapable de s'affirmer. En revanche, à d'autres moments,
elle peut essayer de tout diriger dans les moindres détails,
de façon à se sentir en sécurité et à
avoir l'impression d'exercer plus de pouvoir.
Intimité. Un
enfant victime de violence sexuelle a trop peur de révéler
son secret à quelqu'un et a trop honte pour laisser quelqu'un
développer des liens étroits avec lui. Il apprend à
se comporter comme si tout allait bien, tout en cachant ses vraies pensées
et ses vrais sentiments, même à lui-même. Il est
donc difficile pour lui, à 'âge adulte, d'établir
une relation d'intimité.
Sexualité. La
violence sexuelle entrave le développement normal de la sexualité.
En grandissant, au lieu de considérer son
Dans ce livret, nous avons utilisé
les pronoms elle la en parlant du survivant, et les pronoms it et
lui en parlant de l'agresseur. Nous avons pris cette décision
pour deux raisons : premièrement, cela facilite la lecture
et deuxièmement, les statistiques indiquent que ce sont le
plus souvent les femmes qui sont les victimes et les hommes qui
sont les agresseurs. L'information s'applique toutefois autant
aux partenaires et aux survivants des deux sexes. |
corps comme une source de plaisir, votre conjointe
l'a probablement considéré comme une source de douleur.
Elle peut considérer les rapports sexuels comme une façon
d'exercer une domination et non pas comme un moyen d'exprimer son amour.
Par conséquent, elle peut refuser les rapports sexuels ou, au
contraire, s'en servir pour obtenir du pouvoir ou gagner de l'affection.
Bien que, dans ce livret, nous donnions une brève
définition de la violence sexuelle, nous ne tentons pas de l'expliquer.
Nous vous concentrons plutôt sur les effets de la violence
sexuelle sur votre conjointe et sur votre relation avec elle. Nous
vous incitons à lire le plus possible sur la façon dont
des gens ont guéri de la violence sexuelle qu'ils ont subie.
À la page 19, nous vous conseillons certains ouvrages qui pourraient
vous être utiles.
Essayez d'aller chercher un appui à
l'extérieur de votre relation. Adressez-vous à un
ami, à un conseiller, à un groupe de soutien.
Par ailleurs, nous vous indiquons aussi dans
ce livret de quelle façon vous pourriez réagir
tout au long du processus de guérison de votre conjointe. Parfois,
il sera peut-être difficile de ne pas vous laisser envahir par
ses problèmes. Essayez d'aller chercher un appui à l'extérieur
de votre relation. Adressez-vous à un ami, à un conseiller,
à un groupe de soutien. Cela vous donnera l'occasion de vous
concentrer sur vos propres sentiments et vos propres pensées.
Qu'est-ce que la violence sexuelle à
l'égard d'un enfant ?
La violence sexuelle à l'égard
d'un enfant est un abus de pouvoir exercé par un adulte ou un
adolescent sur un enfant en vue d'obtenir une satisfaction sexuelle.
Le pouvoir de la personne qui inflige de la violence sexuelle peut venir
du fait qu'elle est plus vieille, qu'elle est plus grande ou plus expérimentée,
ou qu'elle se trouve en position de confiance ou d'autorité par
rapport à l'enfant. La violence peut englober des commentaires
indécents, des caresses ou des agressions.
Que l'expérience de votre conjointe ait
comporté des commentaires humiliants, une interaction à
caractère sexuel mettant mal à l'aise, un attouchement
sexuel s'étant produit une seule fois ou une agression sexuelle
s'étant répétée plusieurs fois sur une longue
période, l'important c'est la façon dont elle a vécu
cette expérience et dont elle y a réagi.
En tant que survivante, votre conjointe a probablement
grandi en faisant les suppositions suivantes :
1. On
ne peut faire confiance aux personnes qui sont censées nous aimer.
2. Des
marques d'attention ou d'affection s'accompagnent toujours de demandes
d'ordre sexuel.
3. On
ne peut être maître de son propre corps.
4. Les
besoins des autres passent avant nos propres besoins.
5. On
est en danger lorsqu'on ne maîtrise pas entièrement une
situation.
Ce sont là les séquelles
que laisse en général la violence sexuelle et qui peuvent
profondément affecter votre conjointe dans ses relations avec
les autres.
Que signifie le avoir subi de la violence
sexuelle au cours de l'enfance, c'est-à-dire être un «
survivant » ou une « survivante » ?
Beaucoup de personnes qui ont été
victimes de violence sexuelle lorsqu'elles étaient enfants veulent
que l'on parle d'elles comme des « survivantes » plutôt
que comme des « victimes ». Ce terme leur rappelle que la
violence à leur endroit a pris fin et qu'elles ont survécu
à l'expérience.
Comme c'est souvent le cas,
votre conjointe ne vous a probablement pas dit, au début de votre
relation, qu'elle était une survivante d'une agression sexuelle.
Si elle ne vous en a pas parlé, c'est parce qu'elle avait peut-être
peur que vous la rejetiez ou que vous ne la croyiez pas. Elle se sentait
peut-être trop coupable ou avait honte de parler de la violence
sexuelle. Elle se disait peut-être que la violence sexuelle ne
l'avait pas affectée et que cela ne valait pas la peine d'en
parler. Il se pourrait aussi que ces souvenirs ait été
refoulés dans son enfance et qu'ils, n'aient pas encore refait
surface. Quelle que soit la raison de cette omission, votre conjointe
n'avait pas voulu ce qui lui est arrivé et qui affecte maintenant
profondément votre relation.
Ma conjointe peut-elle guérir de la
violence sexuelle qu'elle a subie ?
OUI ! Votre conjointe peut en guérir,
bien que cela puisse prendre beaucoup de temps. Sa guérison dépendra
du genre de violence qu'elle a subie ainsi que du genre de soutien dont
elle bénéficie. On ne peut parler de durée «
normale » de la guérison ou de déroulement «
normal » de la guérison. Cependant, on peut dire que la
plupart des survivants passent par trois étapes :
L'étape de la crise
« Lorsque tout cela a commencé,
ça a été très dur. Annie dormait mal. Elle
avait des cauchemars. Après un certain temps, elle a commencé
à refuser d'aller se coucher. Alors, j'allais me coucher seul.
Elle restait réveillée et lisait. Parfois, je me réveillais
au beau milieu de la nuit, seul dans le lit. Je trouvais Annie au salon,
avec toutes les lumières allumées, emmitouflée
dans une couverture. »
Lorsque votre conjointe commencera
à se souvenir de la violence sexuelle qu'elle a subie, elle pourra
se retrouver en pleine crise. Les souvenirs de ces événements
pourraient lui revenir par bribes qui n'auront aucun sens. À
force de lutter contre ces souvenirs, elle pourrait en arriver à
douter d'avoir subi de la violence sexuelle et pourrait se demander
si elle n'est pas en train de devenir folle. Mais non, elle ne devient
pas folle. Son esprit laisse filtrer petit à petit de nouvelles
informations de façon à ce qu'elle ne se sente pas submergée.
Si votre conjointe a toujours
su qu'elle avait subi de la violence sexuelle, mais qu'elle n'éprouve
aucun sentiment à l'égard de cette expérience,
il se peut qu'elle vive une crise au moment où elle ressentira
la souffrance émotive liée à la violence en question.
Elle pourrait se mettre à pleurer sans savoir pourquoi. Elle
pourrait se mettre à avoir peur de rester seule.
L'étape de la crise
est plus facile à surmonter si vous comprenez ce qui se passe.
Pour pouvoir mieux comprendre, vous pouvez appeler un centre d'aide
aux victimes d'agression sexuelle et parler à un conseiller.
Vous pouvez aussi lire un ou plusieurs des ouvrages dont la liste figure
à la page 19. Ils vous expliqueront ce par quoi passe votre conjointe
et vous donneront des conseils sur la façon de vous y prendre.
L'étape intermédiaire
« Elle ne cessait de fouiller dans son
passé. Je croyais qu'elle n'arrêterait jamais. C'était
comme si elle devait se rappeler de tous les moments et de tous les
gens importants dans sa vie, et revenir sans cesse sur eux. Elle avait
besoin de savoir ce qu'avait été réellement son
enfance, ce qu'avait été réellement sa famille.
»
Au moment où votre
conjointe décide de faire face à la violence sexuelle
qu'elle a subie, elle s'engage dans un cheminement pénible sur
le plan émotif. Elle va devoir lutter pour se rappeler des détails
de la violence subie, pour exprimer ses sentiments face à cette
expérience et pour mettre de l'ordre dans ses souvenirs. Cela
signifie qu'elle va devoir reconnaître à quel point la
violence sexuelle qu'elle a subie l'a affectée. Elle va connaître
un terrible bouleversement émotionnel où peine et colère
se succéderont. En revanche, elle se sentira probablement soulagée,
aussi, lorsqu'elle comprendra certains de ses sentiments et de ses comportements.
Il se pourrait que vous souhaitiez
que votre conjointe se dépêche de guérir; elle ne
pourra le faire que lorsqu'elle sera prête. Si elle s'inquiète
de ne pas pouvoir s'en sortir, encouragez-la à parler à
d'autres survivant(e)s, ou à lire le récit de leur expérience.
Si votre partenaire est inquiète des effets que cette crise pourrait
avoir sur votre relation, vous pourriez aller consulter ensemble un
conseiller afin de parler de ses problèmes et de ce que vous
pourriez faire pour l'aider.
N'exercez pas de pression
sur votre conjointe. Les décisions qui doivent être prises
durant le processus de guérison ne sont pas faciles, et elle
devra les prendre pour elle-même et non pas pour vous plaire.
Si vous vous sentez impatient ou frustré, parlez-en à
un conseiller ou adressez-vous à un groupe de soutien.
L'étape de la résolution du
problème
« Nous avons traversé une période
très difficile, mais c'est plus facile maintenant. La violence
sexuelle qu'elle a subie est une expérience dont nous parlons
encore de temps à autre, mais ce n'est plus le centre de sa vie
ou de la mienne. Quel soulagement! »
Avec beaucoup de travail,
votre conjointe parviendra à résoudre une bonne partie
des problèmes les plus importants. Cela ne signifie pas qu'elle
n'y pensera plus jamais, ou que tout sera clair dans son esprit. Cependant,
elle sera libre de se concentrer sur ce qui arrive dans sa vie maintenant.
Lorsque les problèmes liées à l'agression qu'elle
a subie referont surface, elle aura plus confiance en elle pour les
régler.
En tant que conjoint, vous
aurez un rôle à jouer à chaque étape du processus
de guérison. En connaissant ces différentes étapes,
vous pourrez aider votre conjointe sans vous sentir dépassé
par les événements.
Est-ce que d'autres conjoints réagissent
comme moi?
« Je ne peux tout simplement pas croire
que son frère aîné lui ait fait subir tout ça.
J'ai joué au football avec lui. On a pris un verre ensemble ;
on s'est raconté des blagues. À mes yeux, c'est un gars
normal. Peut-être que quelqu'un d'autre l'a agressée et
qu'elle imagine simplement que c'était son frère. »
Le
« refus de croire » est une réaction courante
chez quelqu'un à qui l'on fait une telle révélation.
Si vous n'arrivez pas à croire votre partenaire, les statistiques
sur les agressions sexuelles devraient vous convaincre. Selon les études
les plus récentes, une femme sur quatre et un homme sur six sont
des survivants d'abus sexuels. Étant donné la honte associée
à la violence sexuelle, il est extrêmement rare que les
gens inventent des histoires à ce sujet.
Vous pouvez vous sentir repoussé
par le fait que votre partenaire ait été victime de violence
sexuelle, et vous pouvez vouloir refuser d'admettre tout cela. Toutefois,
votre conjointe a probablement eu beaucoup de difficulté à
se rappeler ces événements, qu'elle considère honteux
dans sa vie. Si vous y croyez, cela l'aidera à franchir la première
étape vers la guérison. Par contre, si vous refusez d'y
croire, vous risquez d'accroître son sentiment de honte.
« Très bien, j'y crois. Mais ça
suffit! Si elle pouvait cesser d'y penser et profiter de la vie, nous
nous sentirions mieux tous les deux. On ne peut pas refaire le passé.
Le fait de pleurer sur son sort ne fait de pleurer sur son sort ne fait
qu'empirer choses. Nous pourrions prendre un nouveau départ à
partir de maintenant, et vivre une vie heureuse ensemble. »
Il est tentant de minimiser
la violence sexuelle et ses répercussions, mais ça ne
résout rien. Pour votre conjointe, le fait de se souvenir de
l'expérience et de vous en parler ne constitue que la première
étape vers la guérison. Elle doit maintenant revivre ses
émotions enfouies et comprendre les sentiments contradictoires
qu'elle éprouve. Pour y parvenir, elle aura probablement besoin
de l'aide d'un conseiller professionnel, spécialisé dans
la violence sexuelle. Elle aura besoin de votre patience, de votre compréhension
et de votre amour.
« La patience et la compréhension
sont une chose, mais allons à la source du problème et
agissons. Son frère a ruiné sa vie, et maintenant il ruine
la mienne. Il est temps pour lui qu'il en prenne conscience, de préférence
par la manière forte. »
Votre colère contre
l'agresseur est compréhensible, mais la violence n'aidera
en rien votre conjointe. Elle a besoin de décider ellemême
de la démarche qu'elle veut suivre. Pendant qu'elle a subi la
violence sexuelle, elle était impuissante. Si vous essayez de
diriger les choses, vous lui enlevez encore une fois son pouvoir. Cependant,
il existe des façons constructives de canaliser votre colère.
L'une de ces façons consiste à appuyer votre conjointe
dans ses décisions. Une autre façon consiste à
l'aider à entamer un procès contre l'agresseur.
« Tout allait bien, jusqu'à ce qu'elle
regarde cette émission de télévision. Elle ne pensait
même pas à la violence sexuelle, jusqu'à ce qu'elle
voie ces autres femmes en parler. À présent, elle ne cesse
d'en parler. »
Vous pouvez ressentir de la
colère à l'égard de votre conjointe
parce qu'elle parle de son expérience, puis de la culpabilité
pour avoir éprouvé un tel sentiment. Toutefois, essayez
d'orienter cette colère vers la bonne cible, c'est-à-dire
l'agresseur.
« Je savais que quelque chose n'allait
pas dans notre relation, mais je n'arrivais pas à mettre le doigt
dessus. Parfois, elle ne voulait pas faire l'amour. À d'autres
occasions, elle aurait voulu le faire tout le temps. J'avais l'impression
que nous ne pouvions jamais relaxer tout simplement et prendre du plaisir
à le faire. Puis un jour, elle s'est mise à m'accuser
d'avoir des aventures lorsque je parlais à d'autres femmes. Ensuite,
elle passait son temps à me répéter que je la laisserais
tomber. J'étais en train de perdre la tête. Dieu merci,
elle a fini par se rappeler de l'abus sexuel dont elle avait été
victime. Maintenant, tous ces comportements bizarres prennent un sens.
»
En connaissant les étapes de la guérison,
vous pourrez aider votre conjointe sans vous sentir dépassé
par les événements.
Vous vous sentirez probablement
soulagé une fois que votre partenaire aura commencé
à vous parler de la violence sexuelle qu'elle a subie. Cela vous
aidera à comprendre ses comportements qui vous ont dérouté
pendant des années. Les problèmes au niveau de la sexualité,
de l'intimité et de la confiance sont souvent dus à de
la violence sexuelle subie pendant l'enfance.
« Je suis heureux qu'elle en parle, et
je suis heureux de pouvoir un peu mieux comprendre son comportement.
Mais que dois-je faire à présent ? Je n'ai pas de diplôme
en psychologie, et j'ai peur de dire ou de faire quelque chose qui pourrait
lui causer encore plus de tort. De plus, que va-t-il se passer si je
fais des gestes au lit qui la fâchent ? »
En tant que conjoint d'une
survivante d'une agression sexuelle, vous pouvez ne pas vous sentir
à la hauteur. Une fois que votre partenaire est sur la voie
de la guérison, vous constaterez peut-être des changements
dans sa personnalité et dans ses réactions sur le plan
de la sexualité. Souvenez-vous que vous n'êtes pas la cause
de ces changements et que vous ne devriez pas vous sentir visé.
« Pourquoi est-ce que je souffre autant
? C'est toujours la même personne, et je suis encore amoureux
d'elle, mais elle me semble si différente. C'est comme si je
vivais avec une étrangère. Celle que je connaissais me
manque vraiment. Je sais qu'elle va de mieux en mieux, mais que puis-je
faire ? »
Vous éprouvez peut-être
de la peine en voyant votre conjointe changer, mais n'oubliez
pas que sa personnalité profonde est encore la même. Le
fait de vivre ces changements peut être aussi excitant pour vous
que pour elle. Vous devez avoir confiance en sa guérison et faire
preuve de patience.
En tant que conjoint d'une survivante, quel
soutien puis-je lui apporter ?
Dans toute relation amoureuse,
les deux conjoints doivent se comprendre et s'apporter un soutien mutuel.
Toutefois, le conjoint d'une survivante a besoin d'une plus grande dose
de compréhension et de patience. Voilà ce que vous pouvez
faire pour apporter du soutien à votre conjointe:
1. Vous devez
croire votre conjointe et résister à la tentation
de minimiser l'importance de l'abus dont elle a été victime,
même si la réalité n'est pas belle à voir.
Les survivants d'une agression sexuelle se sentent souvent honteux et
embarrassés lorsque leurs propos sont mis en doute.
2. Vous devez
écouter votre conjointe, et ne pas poser de jugement moral.
Si l'agresseur était un parent, la survivante peut éprouver
de l'amour pour lui, en même temps que de la colère. Elle
doit pouvoir se faire elle-même une opinion sans que vous tentiez
de l'influencer.
3. Vous devez
apporter du soutien à votre conjointe dans la façon
dont elle entend régler ses problèmes liés à
la violence sexuelle; cependant, n'essayez pas de la diriger dans ce
qu'elle fait. C'est à votre conjointe de décider si elle
va s'adresser à un service de counseling, se joindre à
un groupe de soutien ou entamer des poursuites contre l'agresseur. Votre
tâche consiste à l'appuyer dans ces importantes décisions,
quelles qu'elles soient. Si vous essayez de vous en mêler, elle
va de nouveau avoir l'impression que quelqu'un essaie de diriger sa
vie. Si la famille de votre conjointe tente de l'influencer dans les
mesures qu'elle va prendre, vous pouvez lui venir en aide en l'appuyant
dans ses propres décisions.
4. Vous devez
tous les deux conserver votre identité propre. Vous aiderez
votre conjointe en vous concentrant autant sur vos propres besoins que
sur les siens. Dans une relation saine, chaque conjoint doit faire en
sorte de ne pas faire passer les besoins de l'autre avant les siens.
Qu'un seul conjoint ou que les deux soient des survivants d'une agression
sexuelle, le principe continue de s'appliquer.
5. Vous devez
être un ami en qui elle a entière confiance. Cela signifie
que vous devez être là lorsque votre conjointe a besoin
de parler ou lorsqu'elle a besoin de compagnie, et que vous devez aussi
respecter son besoin de solitude. Les survivants ont souvent besoin
de répéter leur histoire plusieurs fois avant de se sentir
délivrés.
6. Vous devez
faire preuve d'esprit de collaboration à l'égard des demandes
de votre conjointe sur le plan de la sexualité. Elle peut
vouloir éviter les rapports sexuels ou même demander une
période d'abstinence. Si elle vous le demande, c'est probablement
parce que les relations sexuelles lui rappellent des souvenirs douloureux
qui se rattachent à la violence sexuelle qu'elle a subie. L'abstinence
temporaire peut sembler difficile, mais vous pouvez voir là une
occasion de démontrer votre amour par des gestes d'affection
sans caractère sexuel.
Et moi dans tout ça ? Comment puis-je
répondre à mes propres besoins ?
Être le conjoint d'une survivante d'une
agression sexuelle peut se révéler une épreuve
tout autant qu'une expérience enrichissante. L'histoire de Greg
illustre ce qu'il peut vous arriver durant le processus de guérison
de votre conjointe:
L'histoire de Greg
Lorsque Greg a rencontré sa femme, Linda,
celle-ci suivait des séances de counseling parce que son grand-père
l'avait agressée sexuellement. Lorsqu'il a commencé à
avoir des relations sexuelles avec elle, il a remarqué que l'intimité
la mettait mal à l'aise. Sa compagne portait toujours des pyjamas
pour se coucher et elle ne se montrait jamais nue devant lui. Greg attribuait
son attitude à de la pudeur. Linda était propriétaire
d'une entreprise florissante de logiciel informatique et Greg exerçait
le métier de soudeur. Il s'est senti (t flatté »
qu'une « professionnelle » s'intéresse à un
ouvrier comme lui, et s'est senti encore plus flatté lorsqu'elle
a accepté de l'épouser.
Linda a parlé à Greg de son grand-père
après le mariage. Greg l'a encouragée à poursuivre
ses séances de counseling et a fait beaucoup de commentaires
agressifs à l'égard de son grand-père. Il se voyait
comme le « chevalier » qui était venu au secours
de la belle aux prises avec sa méchante famille.
Au fur et à mesure que le counseling progressait,
la relation se détériorait entre Greg et sa femme. Au
lieu de se sentir plus à l'aise avec son corps, Linda continuait
de porter des pyjamas au lit et rejetait souvent les avances de Greg.
Lorsque Greg insistait, elle le qualifiait d'« obsédé
sexuel ».
Un jour, Linda s'est mise à accuser Greg
d'essayer de la contrôler, d'être sexiste et de flirter
avec d'autres femmes. Greg a fini par perdre patience. Il a dit à
sa compagne de se lancer à fond dans ses séances de counseling
de façon à ce qu'ils puissent avoir une vie sexuelle normale.
Linda a alors accusé son conjoint de violence émotive.
En désespoir de cause, Greg a pris lui-même rendez-vous
chez un conseiller.
Le conseiller a demandé à Greg
d'examiner certaines des idées qu'il se faisait sur Linda. Celui-ci
a découvert que la « pudeur » de sa femme était
en fait une réaction
à la violence sexuelle que lui avait infligée
son grand-père. Le conseiller a aussi aidé Greg à
faire la part des choses entre, d'une part, les faits réels derrière
les accusations portées par Linda et, d'autre part, la perception
qu'elle avait de lui, qui était déformée à
cause de sa mauvaise expérience. Greg a du admettre, par exemple,
que le rôle agressif de « chevalier libérateur »
qu'il se donnait était basé sur une attitude sexiste et
dominatrice. En revanche, il a aussi vu que Linda avait tort de le considérer
comme un « obsédé sexuel ».
Le conseiller a également aidé
Greg à réaliser qu'il avait idéalisé Linda
en la considérant comme une entrepreneuse performante, d'une
classe supérieure à lui, qui lui avait fait une faveur
en l'épousant, et que tout cela avait peu de rapport avec la
réalité. Ce cheminement a aussi permis à Greg de
voir à quel point son éducation avait contribué
à diminuer son estime de soi. À un moment donné,
il a été en mesure d'apporter un meilleur soutien à
Linda parce qu'il avait appris à s'apprécier à
sa juste valeur.
Greg a appris à ne pas présumer
qu'il avait automatiquement tort lorsque Linda l'attaquait. En se faisant
une idée plus réaliste de sa compagne, il a abandonné
son rôle de « chevalier libérateur ». Lorsque
Linda a pu mieux prendre en main sa guérison, elle a cessé
ses attaques verbales. De son côté, Greg a aussi appris
à démontrer de l'affection autrement que par des gestes
à caractère sexuel. Le counseling reçu par Greg
a pu profiter aux deux conjoints de multiples façons.
L'histoire de Greg met en relief d'importants
principes que le conjoint d'une survivante peut mettre en pratique,
à savoir :
1.Apprenez à
reconnaître et à faire valoir vos propres besoins.
Vous devez connaître vos limites et les faire connaître
à votre conjointe si elle exagère dans son comportement.
En faisant passer les besoins de votre conjointe avant les vôtres,
vous risquez de nuire à sa guérison ainsi qu'à
votre bien-être émotif.
2. Penchez-vous
sur le rôle que vous avez joué dans votre propre famille.
Si vous étiez celui qui « se chargeait de tout »,
vous risquez d'adopter ce même rôle dans votre relation.
Vous vous sentirez peut-être bien, mais ce n'est pas une attitude
saine.
3. Assurez-vous
d'avoir un appui à l'extérieur de votre relation.
Cet appui peut prendre la forme d'un conseiller, d'un ami ou d'un groupe
de soutien, ou des trois à la fois.
4. Essayez de
ne pas faire de suppositions sur votre conjointe ou sur vous-même.
Ne vous laissez pas influencer non plus par des stéréotypes.
Posez des questions pour vérifier si vos suppositions sont justes.
5. Sachez apprécier
votre relation pour ce qu'elle est vraiment ; n'essayez pas de la
rendre conforme à un modèle idéalisé. Votre
famille a peut-être créé une fausse image de la
vie familiale. De plus, il est bien connu que les comédies télévisées
créent des attentes irréalistes quant à ce que
devrait être la vie familiale.
Qu'arrive-t-il si je suis moi-même un
survivant
L'histoire de Jill
Mon père et ma mère consommaient
beaucoup d'alcool. En tant qu'aînée de la famille, je m'occupais
de tout le monde. Je faisais ce que j'avais à faire sans jamais
rien demander. J'avais l'impression que personne ne se préoccupait
de moi. Une fois que j'ai eu terminé mes études, je suis
tombée follement amoureuse de Jack. Personne n'avait eu autant
besoin de moi dans la vie. Après avoir passé une année
merveilleuse avec lui, Jack a commencé à se rappeler avoir
été victime de violence sexuelle lorsqu'il était
enfant. J'ai essayé de l'aider, mais j'étais en colère.
Il me semblait injuste d'avoir finalement trouvé quelqu'un qui
m'aimait et d'être en même temps obligée de faire
face à ce grave problème.
La famille de Jack a essayé de m'apporter
du soutien. Mais j'étais la seule personne à qui Jack
se confiait. Le fait de l'écouter m'a épuisée.
Après six mois, j'étais complètement vidée
de mon énergie. Ensuite, ce sont mes souvenirs qui ont commencé
à faire surface ; j'avais moi aussi été victime
de violence sexuelle.
J'étais effrayée en pensant à
tout le soutien dont Jack avait eu besoin. Je me demandais qui allait
prendre soin de moi comme j'avais pris soin de lui. Sûrement pas
ma famille ! J'étais sur le point de m'effondrer, et je me demandais
qui pourrait bien me ramasser. Je ne pouvais parler à qui que
ce soit. Je gardais tout pour moi. J'étais toujours malade. Puis,
j'ai fini par en parler à mon médecin qui s'est montrée
formidable! Elle m'a aidée à aller chercher le soutien
et le counseling dont j'avais besoin, et je me suis tout de suite sentie
mieux.
J'ai commencé à me rendre compte
à quel point l'année écoulée avait été
pénible. J'avais tout pris en charge sans demander d'aide, parce
que c'était ce que je devais faire lorsque j'étais enfant.
Personne ne s'était jamais préoccupé de moi, et
je pensais qu'il devait toujours en être ainsi. Maintenant, je
sais que j'avais tort. J'ai reçu de l'aide de mon médecin,
de mon conseiller, de mes amis et de mon conjoint. Ce fut un soulagement
de pouvoir me confier à Jack, et il a été bouleversé
de se rendre compte que j'avais les mêmes besoins que lui. Je
suppose que, jusque-là, nous nous étions comportés
un peu comme un parent et un enfant. À présent, j'ai appris
à demander de l'aide et il a appris qu'il avait quelque chose
à me donner.
Si le processus de guérison
entamé par votre conjointe vous à fait revivre certains
souvenirs liés à la violence sexuelle que vous avez subie,
vous pourriez avoir des réactions telles que les suivantes :
la colère en pensant que l'expérience de votre conjointe
a ravivé vos propres souvenirs ; la peur de ne pouvoir continuer
d'offrir le même appui à votre conjointe et la panique
à la pensée de vivre ce que votre conjointe a vécu.
Si vous vous dites que la
violence dont vous avez été victime était moins
grave et que vos besoins peuvent attendre, vous créerez un problème
majeur dans votre relation. La guérison de votre conjointe pourrait
prendre beaucoup de temps et vous ressentirez de la colère et
de la rancune si vous mettez vos besoins de côté.
Rappelez-vous d'une chose
: votre responsabilité première, c'est vous-même.
Si vous ne prenez pas soin de vous-même, vous ne pouvez apporter
un soutien à votre conjointe ou à votre relation.
Puisque chacun de vous est
à la fois un survivant et le conjoint d'un survivant, vous devrez,
chacun à votre tour, donner et recevoir du soutien. En outre,
chacun de vous a aussi besoin de soutien venant de l'extérieur,
c'est-à-dire d'amis, d'un conseiller ou d'un groupe de soutien.
Qu'est-ce qu'un groupe de soutien pour les
conjoints?
Un groupe de soutien pour les conjoints est composé
de conjoints de survivants adultes. Certains groupes de soutien sont
dirigés par des professionnels et d'autres, qu'on appelle des
« groupes d'entraide », sont dirigés par les participants
eux-mêmes. Certains groupes sont réservés soit aux
femmes, soit aux hommes ; d'autres s'adressent aux deux. Dans la plupart
de ces groupes, les participants se rencontrent une fois par semaine
dans le but de s'aider mutuellement à traverser des périodes
difficiles.
Lors des rencontres, les participants
parlent généralement de ce qui s'est passé pendant
la semaine, de leurs problèmes, de leurs frustrations et de leurs
réussites. Parfois, certains participants communiquent aux autres
de nouvelles informations sur la violence sexuelle. Vous n'êtes
pas obligé de parler si vous ne le voulez pas, et tout ce qui
est dit dans le cadre des rencontres demeure confidentiel.
Comment un groupe de soutien pour les conjoints
peut-il m'aider ?
Vous avez ainsi l'occasion d'exprimer vos sentiments
et vos frustrations et de tirer profit de ce que les autres racontent.
Vous vous sentirez encouragé en entendant d'autres participants
plus avancés que vous dans le processus relater leur expérience.
Le plus important, c'est que vous n'avez pas à vous inquiéter
des réactions de votre conjointe et que vous êtes avec
des personnes qui comprennent réellement ce dont vous parlez.
Pour vérifier s'il
existe un groupe de soutien pour les conjoints dans votre communauté,
il vous suffit de communiquer avec un centre d'aide aux victimes d'agression
sexuelle ou un centre de services de counseling. S'il n'existe pas de
groupe de ce type, vous pourriez vous adresser à un conseiller
afin de lui demander s'il serait prêt à en créer
un. Une autre solution consiste à mettre vous-même sur
pied un groupe d'entraide. Le livre intitulé Ghosts in the Bedroom,
qui figure dans la liste des ouvrages conseillés, contient un
chapitre décrivant la façon de créer un groupe
d'entraide.
Que se passe-t-il si mon conjoint ou ma conjointe
et moi-même sommes du même sexe ?
Si vous et votre conjoint
(ou conjointe) êtes du même sexe, les questions qui se posent
sont les mêmes, tout comme le sont le processus de guérison
et les principes à appliquer pour apporter du soutien à
votre conjoint. Les pressions qui s'exercent sur votre relation sont
également les mêmes, à condition que vos familles
respectives et vos amis vous soutiennent dès le départ
dans votre relation. Dans ce livret, les histoires qui sont racontées
se rapportent tantôt à une survivante et son conjoint,
tantôt à un survivant et sa conjointe. Nous avons choisi
ce type de couple car c'est celui que l'on rencontre le plus souvent
dans notre société et non pas parce qu'il constitue la
« norme ».
Quels effets la guérison aura-t-elle
sur notre relation ?
La guérison aura des effets profonds sur
votre relation. Une fois que votre conjointe se rappellera de la violence
sexuelle dont elle a été victime et qu'elle essaiera de
se souvenir des détails, il est possible qu'elle fasse l'expérience
désagréable des « flash-backs », c'est-à-dire
des souvenirs frappants qui reviennent brusquement à la mémoire
sans qu'on s'y attende. Les flash-backs se produisent souvent pendant
les relations sexuelles, et peuvent amener votre conjointe à
refuser les relations, alors qu'elle y prenait plaisir auparavant. Cela
se produit parce qu'elle associe les relations sexuelles aux abus sexuels
qu'elle a subis.
Il est possible que votre
conjointe repousse vos avances ou vos tentatives de vous rapprocher
d'elle. Si les abus qu'on lui a infligés s'accompagnaient d'un
rapport d'intimité, votre conjointe peut considérer vos
tentatives de rapprochement comme une menace. Elle peut paniquer et
essayer de vous quitter. Elle peut même entreprendre une aventure
avec un homme qui ne lui demandera pas d'avoir de lien d'intimité
avec lui.
Votre conjointe peut devenir
irritable, et se mettre à critiquer votre comportement sans raison.
Si vous êtes un homme et que l'agresseur était un homme,
vous pourriez devenir l'objet d'un transfert ; autrement dit, inconsciemment,
votre conjointe aura l'impression que vous faites la même chose
que l'agresseur.
Votre conjointe pourra essayer
de dominer dans votre relation, de façon à compenser l'impuissance
queue a ressentie au moment où les abus lui ont été
infligés. Le principe selon lequel il faut toucher le fond avant
que les choses s'améliorent s'applique souvent à la guérison
des victimes de violence sexuelle. La guérison est souvent plus
douloureuse à ses premiers stades, et c'est à ce moment-là
que votre relation sera mise à rude épreuve. Pour guérir
des blessures infligées par un abus sexuel, il faut parfois des
années. Cependant, le psychisme a un extraordinaire pouvoir de
cicatrisation et il se peut qu'en relativement peu de temps, vous ressentiez
les effets bénéfiques de la guérison de votre conjointe.
Parmi ces effets bénéfiques,
mentionnons-en quelques-uns qui profiteront à votre relation
: vous serez tous les deux en mesure de faire plus confiance, d'éprouver
et d'exprimer des sentiments; vous retrouverez le goût pour les
plaisirs sexuels et vous découvrirez votre véritable moi
ou « l'enfant qui est en vous ».
Quels effets la guérison aura-t-elle
sur notre famille ?
Le rôle de parent
Au début, vos enfants
pourraient subir les contrecoups u processus de guérison entamé
par votre conjointe. Ils ressentiront le stress que vous vivez et se
demanderont s'ils en sont la cause. Vous pouvez aider vos enfants en
leur expliquant que leur mère (ou leur père) est perturbée
par des souvenirs de son enfance qui engendrent chez elle comme chez
vous de la tristesse et de la colère. Ces sentiments vous rendent
parfois impatients et grincheux. Donnez des explications courtes et
simples, et rassurez les enfants du fait qu'ils ne sont pas responsables
des sentiments qu'éprouvent actuellement leurs parents.
Par ailleurs, il se peut que
votre conjointe ressente un stress supplémentaire si, au moment
où elle a subi de la violence sexuelle, elle avait l'âge
de l'un de vos enfants. Soyez conscient de ce fait, tout en réfléchissant
bien avant d'en parler à vos enfants, qui risquent de se sentir
perdus dans tout cela.
Si votre conjointe investit
beaucoup d'énergie dans sa guérison et qu'elle se sent
épuisée, vous pouvez l'aider en assumant une plus grande
part de responsabilités en ce qui concerne les enfants. Sortez
vous amuser avec eux afin de laisser à votre conjointe le temps
de se reposer.
La famille
Le processus de guérison
de votre conjointe aura des effets sur vos relations avec sa famille,
surtout si l'agresseur était un membre de sa famille. Si les
membres de sa famille ne l'ont pas protégée dans le passé,
ou refusent de la croire maintenant, ils voudront peut-être qu'elle
ne leur parle pas de cette expérience. Dans ce cas, votre tâche
consiste à offrir un soutien à votre conjointe, en particulier
si sa famille fait pression pour qu'elle se rétracte.
Si l'agresseur de votre conjointe
était un membre de la famille, il est possible que d'autres membres
de la famille aient eu à subir ses abus. Lorsque votre conjointe
révèle la violence sexuelle dont elle a été
victime à un membre de la famille, sa confidence peut faire,«boule
de neige», car plusieurs autres membres de la famille pourraient
révéler aussi les abus dont ils ont été
victimes. Supposons, par exemple, que votre conjointe ait été
agressée sexuellement par son grand-père, que par ailleurs
celui-ci ait agressé ses propres enfants et que le secret ait
été bien gardé, la révélation de
votre conjointe pourrait déclencher les révélations
de plusieurs membres de la famille, y compris ses propres parents.
Seule votre conjointe peut
décider de parler ou de ne pas parler de son agression sexuelle
à sa famille. Sa décision dépendra de plusieurs
circonstances, mais vous devez tous deux être au courant des réactions
que pourrait avoir la famille. Votre tâche consiste à apporter
un appui à votre conjointe, quelle que soit sa décision,
et à ne pas jouer à celui qui vient exercer une vengeance
ou se porter au secours de la victime.
Par ailleurs, vous devrez
aussi décider si vous allez parler à votre famille de
la violence sexuelle qu'a subie votre conjointe. Pour prendre cette
décision, vous devrez d'abord demander à votre conjointe
si elle veut que vous en parliez. Ensuite, vous devrez réfléchir
aux effets qu'une telle révélation aura sur votre famille.
Si vous pensez que votre famille vous apportera son appui, tant à
vous qu'à votre conjointe, alors vous pouvez lui en parler. Par
contre, si vous pensez que votre famille aura une réaction négative,
n'en parlez pas. Vous ne devez d'explications à personne, même
pas à votre famille.
Pour vivre pleinement après la guérison,
amusez-vous et rappelez-vous des raisons pour les quelles vous avez
décidé d'être ensemble au départ.
Y a-t-il une « vie après la guérison
» ?
OUI ! Tous les couples connaissent des hauts
et des bas lorsque l'un ou l'autre des conjoints a des problèmes.
Ce qui fait la différence, c'est lorsque les deux conjoints tentent
ensemble de trouver des solutions. Une expérience d'abus sexuel
peut affecter une relation dès le départ, même si
vous n'êtes au courant de rien. Lorsque votre conjointe vous en
parle, vous savez alors où se situe le problème et vous
avez de meilleures chances de résoudre les difficultés
au fur et à mesure qu'elles se présentent.
La communication que vous
établissez entre vous et le soutien que vous vous apportez mutuellement
pendant le processus de guérison augmenteront la confiance que
vous avez l'un envers l'autre, de telle sorte que vous pourrez parler
en toute sécurité même des questions les plus délicates.
La communication est la base la plus solide d'une relation.
Afin que vous puissiez vivre
pleinement après la guérison, rappelez-vous des conseils
suivants:
1. Continuez de
communiquer votre amour.
2. Montrez de la
sollicitude dans vos gestes.
3. Soyez conscient
de vos propres besoins et de vos propres limites.
4. Faites connaître
vos besoins et vos limites à votre conjointe.
5. Réservez-vous
des périodes avec votre conjointe, où la question de la
violence sexuelle ne sera pas abordée.
6. Amusez-vous et
rappelez-vous des raisons pour lesquelles vous avez décidé
d'être ensemble au départ.
Ouvrages conseillés
Brodie, Faithe. When the Other Woman is His
Mother. Tacoma, Wa: Winged Eagle Press, 1992.
Davis, Laura. Allies in Healing. New York,
New York: Collins, 1991.
Engel, Beverly. Partners In Recovery: How
Mates, Lovers and Others Prosurvivors Can Learn to Support and Cope
with Adult Survivors of Childhood Sexual Abuse. Los Angeles,
California: Lowell House, 1991.Gil, Eliana. Outgrowing the Pain Together.
New York, New York: Dell, 1992.
Graber, Ken. Ghosts in the Bedroom. Deerfield
Beach, Florida: Health Communications, 1991.
Hansen, Paul. Survivors and Partners.
Longmont, Colorado: Heron Hill Publishing, 1991.
Ce fascicule fait partie de la série
Il des cinq livrets d'information sur la violence sexuelle :
Les filles victimes de violence sexuelle Guide
à l'intention des très jeunes filles (Cat. # H72-21/101
-1994)
Les hommes victimes de violence sexuelle dans
l'enfance Guide à l'intention des survivants adultes (Cat. #
H72-21/102-1994)
Lorsque votre conjoint ou conjointe a été
victime de violence sexuelle Guide à l'intention des conjoints
(Cat. # H72-21/103-1994)
Les adolescentes victimes de violence sexuelle
Guide à l'intention des adolescents (Cat. # H72-21/104-1994)
Les agressions sexuelles entre frères
et soeurs Guide à l'intention des parents (Cat. # H72-21/105-1994)
La série 1 des livrets d'information
sur la violence sexuelle comprend les fascicules suivants :
Violence sexuelle - Que se passe-t-il lorsque
tu en parles ? Guide à l'intention des enfants (Cat. # H72-21-67-1991)
Les adolescents aux prises avec la violence sexuelle
Guide à l'intention des adolescents (Cat. # H72-21-68-1991)
Les jeunes garçons victimes de violence
sexuelle Guide à l'intention des jeunes garçons (Cat.
# H72-21-69-1991)
Counseling en matière de violence sexuelle
Guide à l'intention des enfants et des parents (Cat. # H72-21-70-1991)
Les enfants sexuellement agressifs Guide pour
parents et enseignants (Cat. # H72-21-71-1991)
Les livrets sont disponibles au :
Centre national d'information sur la violence
dans la famille
Division de la prévention de la violence
familiale
Santé Canada
Ottawa (Ontario)
Canada KlA 1B5
Tél: 1-800-267-1291
Télécopieur: 1-613- 941-8930
ATS: 1-800-561-5653
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