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Prévalence et causes externes des traumatismes
crâniens fermés en Résumé Pour facilier la prévention, il importe que des études contemporaines soient effectuées sur les traumatismes crâniens fermés et leurs déterminants. Il est également essentiel de comprendre les points forts et les limites des sources courantes de données utilisées pour l'étude continue de ces traumatismes. À l'aide des données du Registre ontarien des traumatismes, nous avons décrit les profils fréquents des traumatismes crâniens fermés et établi des priorités pour la prévention et la recherche. Nous présentons également un aperçu des problèmes méthodologiques observés durant l'analyse de ces données de ce registre des traumatismes. Les cas de traumatisme crânien fermé ont été recensés dans deux fichiers du Registre ontarien des traumatismes. Le Fichier minimal est basé sur une population et englobe les données sur les hospitalisations pour des blessures requérant des soins de courte durée, alors que le Fichier étendu renferme des données sur les «traumatismes graves» traités à un important centre hospitalier de traumatologie. Les priorités relatives à la réduction des traumatismes variaient selon le groupe d'âge, le sexe et le fichier et sont décrites dans le présent document. Les résultats obtenus témoignent de l'importance d'examiner des sources multiples de données de surveillance pour l'établissement des priorités en matière de prévention des traumatismes. L'examen méthodologique fait ressortir la nécessité d'évaluer d'un œil critique l'exhaustivité et l'exactitude des données des registres des traumatismes avant de prendre une décision concernant les priorités. Mots clés : prévention des traumatismes neurologiques; surveillance des traumatismes; traumatisme crânien; traumatisme crânien fermé Introduction Il importe de disposer d'études contemporaines sur les traumatismes crâniens fermés et leurs déterminants pour faciliter la prévention et la prise en charge clinique de ces traumatismes. Ces formes de traumatismes neurologiques contribuent à accroître la morbidité, l'incapacité de longue durée, la mortalité et le fardeau économique qui y est associé1-3. Les traumatismes sont des événements qui ne sont pas le fruit du hasard et qui peuvent en général être prévenus4; les efforts de prévention visant à réduire l'ampleur et les conséquences de ces traumatismes crâniens sont donc très utiles. Avant d'élaborer des stratégies de prévention, il est nécessaire d'évaluer quantitativement l'ampleur du problème ainsi que les profils des traumatismes; les analyses épidémiologiques de base sont utiles à cet égard. Les taux signalés d'incidence des traumatismes crâniens varient de 17 à 444 pour 100 000 habitants par année5-16. Les définitions et la terminologie utilisées dans l'étude de ces traumatismes varient, ce qui contribue à la disparité des résultats et complique la comparaison des conclusions des études17,18. Des séries de cas publiées utilisent des définitions des traumatismes crâniens qui s'appliquent à des formes bénignes à graves19. Les sources potentielles de données sur les cas vont des dossiers des services des urgences et de consultations externes aux dossiers qui décrivent les hospitalisations et les décès18. Les profils courants des traumatismes varient selon la gravité des cas étudiés. Par exemple, plus le traumatisme est grave, plus la proportion attribuable à des accidents de la route augmente18,20-23, alors que les chutes entraînent moins souvent des traumatismes crâniens graves mais sont une cause récurrente de traumatismes légers3,18,22. Aucune étude publiée ne décrit la prévalence et les profils contemporains des traumatismes crâniens dans une importante population au Canada. Les études existantes consistent uniquement en rapports non revus par des pairs15,16, en études à petite échelle7,24,25, ou ne portent que sur des groupes d'âge donnés21,26-29 ou sur des causes de traumatismes liés au sport30. Le fait qu'il existe un registre provincial des traumatismes en Ontario nous a permis de décrire la prévalence des traumatismes crâniens fermés dans une population canadienne de grande envergure. Cette étude vient combler une lacune dans la littérature sur les traumatismes neurologiques : elle compare des résultats épidémiologiques descriptifs obtenus à partir de deux ensembles de données et permet de comparer la situation avec ce qui se passe dans d'autres provinces ou territoires. Dans la présente analyse, nous avons examiné deux ensembles de données provenant du Registre des traumatismes de l'Ontario. Le Fichier minimal renferme des données sur toutes les hospitalisations dans des centres de soins de courte durée de l'Ontario, alors que le Fichier étendu contient des données sur les «traumatismes graves» traités dans tout grand centre hospitalier de traumatologie. La comparaison des dossiers provenant de ces fichiers nous permet d'examiner si différentes priorités en ce qui concerne la prévention des traumatismes et la recherche peuvent être dégagées à partir de ces données de surveillance et, partant, de déterminer quelles peuvent être les répercussions sur le plan des priorités stratégiques et connexes dans le domaine de la prévention. (Nota : Les décès survenus à l'extérieur de l'hôpital, causés par des traumatismes crâniens ainsi que les consultations externes pour le traitement d'un traumatisme crânien n'ont pas été pris en compte dans la présente analyse. Les modes de survenue de ces traumatismes peuvent être distincts de ceux des traumatismes requérant une hospitalisation que nous avons examinés ici et les possibilités en matière de prévention peuvent différer.) Nos objectifs particuliers étaient les suivants : 1) calculer les taux et décrire les profils contemporains des traumatismes crâniens fermés en Ontario; et 2) comparer les priorités en ce qui a trait aux initiatives ciblées de prévention et de recherche à partir des Fichiers minimal et étendu. Nous en avons également profité pour discuter des questions méthodologiques qui surviennent durant l'utilisation et l'application des données de ce registre. Ces problèmes intéressent les chercheurs qui se servent des données tirées de registres des traumatismes et peuvent inspirer des études futures sur la qualité des données. Méthodologie Sources de données Le Registre ontarien des traumatismes est le fruit d'une initiative provinciale financée par le gouvernement de l'Ontario et est géré par l'Institut canadien d'information sur la santé31. L'objectif du Registre est de contribuer à la réduction des traumatismes en identifiant, décrivant et mesurant clairement la nature et l'ampleur des traumatismes en Ontario31. Les critères d'inclusion ou d'exclusion du Registre ontarien des traumatismes sont bien expliqués dans les rapports techniques de l'Institut canadien d'information sur la santé31,32. Bref, les Fichiers minimal et étendu portent sur les traumatismes entraînés par un transfert d'énergie. Tous les cas sont codés selon la Classification internationale des maladies, 9e révision (CIM-9) à l'aide des codes des causes extérieures de traumatismes (codes E) et des codes pour la nature de la maladie (codes N)33. Le Fichier minimal contient des données sur toutes les hospitalisations pour des traumatismes nécessitant des soins de courte durée en Ontario. Le Fichier étendu renferme des données sur les «traumatismes graves», dont le score de gravité du traumatisme (SGT) est supérieur à 1234 et qui ont été traités à un important centre hospitalier de traumatologie en Ontario. Au nombre des patients inclus figurent ceux qui ont été admis comme malades hospitalisés, qui ont été traités au service des urgences ou qui sont morts aux urgences après que le traitement d'une blessure importante ait été mis en route dans l'un des principaux centres hospitaliers de traumatologie. Les hôpitaux qui font partie du Fichier étendu sont situés dans des grands centres urbains de l'Ontario : Hamilton, Kingston, London, Ottawa, Sudbury, Thunder Bay, Toronto et Windsor. Une partie des données dans le Fichier minimal se retrouve également dans le Fichier étendu, mais ce dernier contient des précisions sur les causes externes et les circonstances des événements traumatiques que l'on ne retrouve pas dans le Fichier minimal. Les deux fichiers ne s'excluent pas mutuellement bien que chacun expose des tendances relatives aux traumatismes potentiellement différentes qui peuvent faciliter la prévention. Les identificateurs individuels qui permettraient d'établir un lien entre les deux fichiers pour la recherche ne sont pas communiqués par le Registre aux chercheurs de l'extérieur tels que ceux de notre équipe. Sélection des cas Les codes diagnostiques suivants tirés de la CIM-9 correspondent aux traumatismes crâniens fermés, et les dossiers des cas dans les Fichiers minimal et étendu ont été résumés si au moins un de ces codes était présent dans un champ diagnostique quelconque (jusqu'à 16 et 27 champs diagnostiques étaient utilisables dans les Fichiers minimal et étendu, respectivement) : 1) N800 (fracture de la voûte du crâne); 2) N801 (fracture de la base du crâne); 3) N803 (fractures du crâne, autres ou non précisées); 4) N804 (fractures multiples du crâne ou de la face, avec fractures d'autres os); 5) N850 (commotion cérébrale); 6) N851 (déchirure et contusion cérébrales); 6) N852 (hémorragies sous-arachnoïdienne, sous-durale et extra-durale traumatiques); 7) N853 (hémorragie intracrânienne traumatique, autre ou sans précision); 8) N854 (traumatisme intracrânien de nature autre et non précisée). Les données sommaires provenant du Fichier minimal s'appliquaient aux années financières 1994-1995 à 1998-1999, alors que les données tirées du Fichier étendu visaient la période 1994-1995 à 1997-1998. Analyse statistique Nous avons calculé les taux annuels d'hospitalisation standardisés pour l'âge pour les traumatismes crâniens fermés chez les cas inclus dans le Fichier minimal (FM) du Registre ontarien des traumatismes. Nous avons calculé les taux par âge (groupes d'âge de cinq ans) selon le sexe en utilisant comme numérateur les totaux cumulatifs de traumatismes sur une période de cinq ans dans le FM (estimations pour 1994-1995 à 1998-1999), et comme dénominateur pour la même période (estimation démographique pour 1994-1998) les données du recensement canadien35. La structure démographique de la population générale du Canada en 199135 a servi à calculer les taux standardisés pour l'âge pour la période d'étude de cinq ans. Les intervalles de confiance pour ces taux ont été calculés conformément aux procédures décrites par Breslow et Day36. Les taux moyens annuels par âge ont été calculés selon le sexe et par groupe d'âge de dix ans. Les tendances relatives aux traumatismes crâniens dans les Fichiers minimal et étendu ont été décrites d'après les fréquences et à l'aide de tableaux croisés qui examinaient les causes extérieures (code E primaire seulement), le groupe d'âge (< 20, 20-59, 60+), le sexe et le diagnostic principal (Fichier minimal seulement). L'âge des sujets a été réparti en trois grands groupes d'âge parce que des profils similaires de traumatismes ont été observés dans ces catégories. À l'aide du Fichier minimal, des taux spécifiques ont été calculés pour les causes externes selon le groupe d'âge et le sexe, puis par région de l'Ontario (Sud-Ouest, Centre-Sud, Centre-Ouest, Toronto, Est et Nord). Il n'était pas possible de calculer les taux pour le Fichier étendu, car ce n'est pas une source de données basées sur une population (seules les données provenant des principaux centres hospitaliers de traumatologie sont incluses). Toutes les analyses ont été effectuées à l'aide du logiciel SPSS (version 11.0, Chicago, IL). Résultats Au cours des années visées par l'étude, environ 12 % des patients dans le Fichier minimal et 70 % des patients dans le Fichier étendu ont souffert au moins d'un traumatisme crânien. Les taux annuels d'hospitalisation standardisés pour l'âge attribuables aux traumatismes crâniens ont diminué avec le temps, passant de 85,3 pour 100 000 en 1994-1995 (IC à 95 % : 83,6-87,0) à 62,7 pour 100 000 en 1998-1999 (IC à 95 % : 61,2-64,1; figure 1). Les taux de traumatismes étaient plus élevés chez les hommes que chez les femmes dans chaque groupe d'âge (figure 2). Les taux de traumatismes crâniens étaient supérieurs chez les deux sexes dans le groupe plus âgé (70 ans et plus) bien qu'on ait enregistré un pic modeste chez les hommes entre 10 et 19 ans. FIGURE
1 FIGURE
2
Les principales causes extérieures de traumatismes n'étaient pas les mêmes dans le Fichier minimal que dans le Fichier étendu (tableau 2). Dans le Fichier minimal, les chutes accidentelles constituaient la principale cause extérieure de traumatismes crâniens fermés (19 423/40 392; 48,1 %), suivies des accidents de transport (14 249/40 392; 35,3 %) et des chocs accidentels actifs ou passifs par objets ou personnes (2 721/40 392; 6,7 %; tableau 1). Dans le Fichier étendu, les accidents de transport constituaient la principale cause extérieure de traumatismes (4 938/8 512; 58,0 %), suivis des chutes accidentelles (2 413/8 512; 28,3 %) et des tentatives d'homicide (497/8 512; 5,8 %).
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La fréquence des traumatismes crâniens fermés différait également selon le groupe d'âge (tableau 2). La proportion de traumatismes crâniens chez les personnes de moins de 20 ans était plus forte dans le Fichier minimal (14 024/40 392; 34,7 %) que dans le Fichier étendu (1 822/8 512; 21,4 %). Les proportions de traumatismes crâniens (environ 26 %) étaient similaires chez les personnes âgées (60 ans et plus) dans les deux sources de données. Les chutes accidentelles étaient plus fréquentes chez les personnes âgées, alors que les accidents de transport étaient plus répandus dans le groupe des 20 à 59 ans (dans les deux fichiers).
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* Dans cinq cas, il manquait les données sur l'âge.
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Les taux annuels spécifiques de traumatismes crâniens fermés selon la cause extérieure variaient selon l'âge et le sexe (tableau 3). À de rares exceptions près, les taux de traumatismes dus à des chutes accidentelles étaient les plus élevés dans les groupes plus âgés des deux sexes. Les taux de traumatismes liés au transport étaient les plus élevés chez les jeunes hommes, et les hommes prédominaient dans la plupart des catégories de traumatismes liés au transport, chocs actifs ou passifs et formes intentionnelles de traumatismes, peu importe l'âge. On observait également d'étonnantes variations dans les taux régionaux de traumatismes crâniens fermés dans le Fichier minimal (tableau 4). Les taux globaux de traumatismes étaient le plus élevés dans le nord de l'Ontario et le plus faibles à Toronto. Cette tendance s'est maintenue pour toutes les causes extérieures de traumatismes.
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TABLEAU
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* Données éliminées en raison des petits nombres. TABLEAU
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* Données éliminées en raison des petits nombres. Nota : Les dossiers sont codés selon le lieu de résidence. Dans 787 dossiers, le lieu de résidence était situé à l'extérieur de l'Ontario, 114 sujets étaient des itinérants et dans 34 cas, le lieu de résidence n'était pas précisé.
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Enfin, dans le Fichier minimal, 40,3 % (11 920/29 570) des dossiers indiquaient comme diagnostic principal N854 (traumatisme intracrânien de nature autre et non précisée), et 19,2 % (5 670/29 570) le diagnostic N850 (commotion cérébrale; tableau 5).
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Analyse Profils et tendances épidémiologiques Il s'agit de l'une des premières analyses épidémiologiques d'envergure des données contemporaines sur les traumatismes neurologiques au Canada. L'un des deux fichiers de données tenus par le Registre ontarien des traumatismes (Fichier minimal) est basé sur une population, alors que le second (Fichier étendu) peut servir à dégager les profils fréquents de formes graves de traumatismes crâniens traitées dans un grand centre hospitalier de traumatologie. Lorsqu'ils sont combinés, les résultats de ces analyses aident à déterminer les priorités pour les efforts ciblés de prévention et de recherche. Ces résultats forment également une base pour des comparaisons avec d'autres populations. Si les traumatismes crâniens en Ontario constituent un problème de taille, il reste que les taux se situent dans la fourchette relevée dans les études publiées ailleurs5-16. Les taux de traumatismes par âge et sexe observés concordaient également avec la tendance enregistrée ailleurs, les taux chez les hommes dépassant ceux relevés chez les femmes dans tous les groupes d'âge6,10,11,18,20. Les taux en excès de traumatismes observés dans le Nord de l'Ontario semblent indiquer que les traumatismes crâniens représentent un problème particulièrement important dans les régions rurales et éloignées de la province. Le taux annuel d'hospitalisation pour un traumatisme crânien a diminué au cours de la période étudiée. Bien qu'il soit tentant d'attribuer ce déclin dans le temps aux efforts existants de prévention, la baisse peut également être due à la pratique médicale contemporaine, par exemple aux changements dans l'accès aux différentes modalités diagnostiques (p. ex., tomo-densitométrie) ou dans les pratiques d'admission à la suite de la restructuration et de la rationalisation des services hospitaliers3. Il ressort d'une analyse plus approfondie que le nombre de «traumatismes graves» dans le Fichier étendu est demeuré stable alors que le nombre d'hospitalisations pour un traumatisme dans le Fichier minimal a diminué (données non illustrées). Cela prouve que les traumatismes crâniens graves ne sont pas en baisse. Les résultats font ressortir l'utilité d'examiner plusieurs sources de données de surveillance afin d'établir les principales priorités en matière de prévention. Lorsque nous avons examiné toutes les hospitalisations en Ontario à l'aide du Fichier minimal, les chutes accidentelles constituaient la principale cause extérieure, étant responsables de 48,1 % des traumatismes signalés. Elles étaient suivies par les traumatismes liés au transport (35,3 %), les chocs actifs ou passifs par des objets (6,7 %) et les tentatives d'homicide (6,2 %). Lorsque les traumatismes plus graves figurant dans le Fichier étendu ont été examinés, les priorités ont changé, les traumatismes liés au transport représentant 58,0 % des traumatismes observés. Les autres causes de traumatismes sont demeurées importantes mais leur fréquence relative a régressé en général. D'où l'importance de tenir compte de la source des données sur les traumatismes lorsque vient le temps d'établir les priorités en matière d'intervention. Après une extrapolation des données, différentes priorités risquent d'apparaître si les données proviennent de sources portant principalement sur les consultants externes (p. ex., service des urgences), plutôt que des dossiers d'hospitalisation ou de décès. D'après les fréquences et les taux des traumatismes présentés dans cette étude, voici les causes extérieures répandues qui constituent des priorités évidentes pour les efforts axés sur l'étiologie et la prévention : 1) les traumatismes liés au transport (tous âges confondus); 2) les chutes chez les personnes âgées (60 ans et plus); 3) les chocs accidentels actifs ou passifs par des objets ou des personnes (chez les moins de 60 ans); 4) les tentatives d'homicide (p. ex., agressions); 5) toutes les causes externes de traumatismes dans les régions nordiques et éloignées de l'Ontario. Il faut user de prudence lorsqu'on se sert de ce classement pour établir des priorités, car d'autres priorités pourraient être dégagées si différents critères (p. ex., preuves concernant la capacité d'intervention) et d'autres types de données de surveillance (p. ex., mortalité) étaient utilisés. Points forts, limites et problèmes méthodologiques Les points forts et les faiblesses de cette analyse épidémiologique méritent d'être soulignés. Au nombre des points forts évidents figurent le grand nombre de cas qui peuvent être inclus dans l'analyse, le fait que le Registre ontarien des traumatismes soit basé sur une population et l'importance du sujet. Parmi les limites, citons l'utilisation de données recueillies à des fins administratives comme fondement d'analyses épidémiologiques. Plusieurs problèmes méthodologiques doivent être examinés. Tout d'abord, bien qu'il y ait un organisme centralisé responsable de la tenue des dossiers (l'Institut canadien d'information sur la santé ou ICIS) et que l'ICIS dispose de mécanismes de formation et de contrôle de la qualité pour le codage des dossiers médicaux, ce processus fait intervenir des centaines de services d'archives des hôpitaux et de codeurs potentiels. De toute évidence, il y a un risque d'erreur et l'ampleur des erreurs de classification de ces dossiers doit être mieux comprise si l'on veut interpréter correctement les tendances relatives aux traumatismes. Deuxièmement, certains cas inclus dans le Fichier minimal figurent également dans le Fichier étendu. Ces fichiers et les tendances qui ont été dégagées à partir de ces ensembles de données ne peuvent être considérés comme étant mutuellement exclusifs. Dans cette analyse, il est impossible de coupler les fichiers. La création de deux fichiers mutuellement exclusifs permettrait d'effectuer des analyses épidémiologiques plus fines. Malgré cette limite, des différences ont été observées entre les fichiers, différences que ne ferait qu'amplifier le perfectionnement des deux fichiers. Troisièmement, les traumatismes crâniens fermés surviennent le plus souvent en même temps que d'autres traumatismes7,11 et il arrive parfois que ces traumatismes concomitants influent sur la probabilité d'hospitalisation. Les patients inclus dans les Fichiers minimal et étendu peuvent ne pas être comptabilisés uniquement à cause des effets de leur traumatisme crânien, ce qui peut amener à utiliser des descriptions épidémiologiques des traumatismes moins ciblés. Quatrièmement, il se peut également que les patients aient souffert de plusieurs traumatismes crâniens. Or, il n'existe aucune méthode standard de présentation des types de traumatismes à partir de champs diagnostiques multiples. Dans l'analyse du Fichier minimal, le diagnostic principal était utilisé afin de décrire les caractéristiques majeures du traumatisme crânien. Nous nous sommes servis du diagnostic principal parce qu'il s'agit du diagnostic considéré, au moment du congé, comme étant le principal responsable de l'hospitalisation du patient. Il n'y a pas de diagnostic «principal» équivalent dans le Fichier étendu; il n'était donc pas possible de comparer les diagnostics dans les deux fichiers. Cette disparité représente un important défi pour les études comparatives. Cinquièmement, 40,3 % des cas dans le Fichier minimal avaient comme diagnostic principal un «traumatisme intracrânien de nature autre et non précisée». Cette absence de spécificité pose un problème méthodologique, car elle introduit un élément d'incertitude dans les profils des traumatismes observés. Les diagnostics sont codés dans la feuille médico-administrative par des employés formés du service des archives médicales. Dans la présente étude, il était impossible de vérifier le diagnostic, car il aurait fallu avoir accès à chaque dossier médical. De même, le Fichier étendu contient plusieurs variables qui pourraient éventuellement fournir une description plus détaillée de la gravité des traumatismes crâniens. Mentionnons entre autres variables les mesures des traumatismes standard telles que les échelles de coma37 et de résultat38 de Glasgow. Malheureusement, dans une forte proportion de cas de traumatisme crânien dans le Fichier étendu, les données pour ces échelles étaient inappropriées ou incomplètes (30 % pour l'Échelle de coma de Glasgow à l'hôpital d'admission, 37 % pour l'Échelle de résultat de Glasgow), ce qui limite de toute évidence leur utilité comme descripteurs. Un certain nombre de raisons peuvent expliquer le fait que ces données manquent ou soient inappropriées pour l'Échelle de coma de Glasgow, notamment : 1) le patient est intubé ou sous l'influence d'agents paralysants, et il est ainsi impossible d'utiliser l'échelle; 2) l'Échelle de coma de Glasgow peut être difficile à appliquer dans d'autres circonstances médicales; et 3) ces échelles peuvent avoir une utilité clinique perçue moindre pour les traumatismes crâniens mineurs. La quantité de données manquantes revêt une importance certaine pour les chercheurs, problème qui serait résolu si le Registre ontarien des traumatismes était perfectionné et amélioré. Conclusion Les traumatismes crâniens fermés constituent un important problème de santé qui mérite d'être étudié, compte tenu de son épidémiologie. La présente étude, qui constitue une forme de recherche épidémiologique de base, fournit des données nouvelles qui sont utiles pour quantifier l'ampleur du problème, mettre en relief les principales tendances relatives aux traumatismes et identifier certains groupes à risque élevé. Des recherches portant sur toute la gamme de traumatismes crâniens fermés, allant des formes bénignes aux formes mortelles, aideraient à établir les priorités en matière de prévention et de recherche. Des recherches méthodologiques visant à améliorer l'exhaustivité et l'exactitude des données disponibles par le biais des registres des traumatismes s'imposent également. Remerciements Nous tenons à remercier Julian Martalog, Alison Locker et Nicole De Guia de l'Institut canadien d'information sur la santé/Registre ontarien des traumatismes. Cette étude a été financée par la Fondation ontarienne de neurotraumatologie grâce à une bourse de recherche accordée au Dr Pickett. Ce dernier est un scientifique de carrière subventionné par le ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l'Ontario. Références
Coordonnées des auteurs William Pickett, Kelly Simpson, Département de médecine d'urgence et Département de santé communautaire et d'épidémiologie, Université Queen's, Kingston, Ontario, Canada Robert J Brison, Département de médecine d'urgence, Université Queen's, Kingston, Ontario, Canada Correspondance : William Pickett, Kingston General Hospital, Angada 3, 76 Stuart Street, Kingston, Ontario, Canada K7L 2V7; fax : (613) 548-1381; courriel : pickettw@post.queensu.ca |
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Dernière mise à jour : 2004-05-17 |