Banque du Canada

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Une banque centrale, pour quoi faire?

Durant les cinquante premières années de la Confédération, on s'intéressa peu à la création d'une banque centrale au Canada. Le premier projet explicite en ce sens fut formulé en 1913 à la Chambre des communes par W. F. MacLean, député d'York-Sud. Il suggérait l'établissement d'une banque centrale privée soumise au contrôle du gouvernement. La proposition fut rejetée. Le premier ministre Borden déclara alors qu'il ne voyait pas la nécessité immédiate d'une telle banque.

Jusqu'à la Grande Crise des années 30, on ne jugea pas utile de doter d'une banque centrale un pays dont l'économie était essentiellement rurale et la population fortement dispersée. Le système bancaire qui s'était développé au Canada était très différent de celui qui existait aux États-Unis. Chez nos voisins du sud, une mentalité distincte avait favorisé la création de banques locales indépendantes, dont la viabilité était assurée par l'existence d'une population assez considérable, regroupée dans de grosses agglomérations.

Au Canada, l'organisation du système bancaire s'était faite dans la tradition britannique et avait donné lieu, durant les années ayant précédé l'établissement de la Confédération, à la création d'un nombre restreint de banques à succursales. La mise en place d'un régime de banques à succursales était la solution logique pour répondre aux besoins d'une population disséminée dans de petits villages sur un immense territoire. L'économie était encore relativement peu développée, et on pouvait ouvrir des succursales avec beaucoup moins de capital et de personnel spécialisé qu'il n'en aurait fallu pour établir des banques indépendantes dans chaque localité.

Pendant près d'un siècle, ce régime fonctionna assez bien. Durant cette période, la plupart des billets en circulation étaient émis par les banques à charte, et celles-ci répondaient bien aux besoins saisonniers ou imprévus. En outre, les banques les plus importantes administraient sans trop de peine les comptes bancaires du gouvernement, et le réseau bancaire s'était doté progressivement d'un système de compensation.

Les temps changent

Au début des années 30 cependant, le climat politique avait changé. La crise économique s'était aggravée et les critiques à l'égard du système financier allaient en s'amplifiant. En outre, le premier ministre de l'époque, R. B. Bennett, se préoccupait du fait qu'il n'existait pas de moyen direct au Canada pour régler les comptes internationaux. En 1933, il nomma une Commission royale pour étudier « l'organisation et le fonctionnement de tout notre système bancaire et monétaire [et] peser les arguments pour ou contre l'établissement d'une institution bancaire centrale [...] ».

Les arguments en faveur de l'établissement d'une telle institution l'emportèrent. La Commission royale, présidée par Lord Macmillan, recommanda dans son rapport la création d'une banque centrale. Une semaine après que le rapport eut été rendu public, le premier ministre annonça son intention d'en accepter les recommandations.

En fait, une annexe du rapport de la Commission Macmillan, intitulée « Suggestions quant à certains des principaux aspects de la constitution d'une banque centrale au Canada », servit de canevas pour la rédaction de la Loi sur la Banque du Canada, qui reçut la sanction royale le 3 juillet 1934. Fondée sous la forme d'une société privée dont les actions étaient vendues au public, la Banque du Canada ouvrit ses portes en mars 1935.

Une institution solidement établie

Graham F. Towers fut le premier gouverneur de la Banque du Canada. Ce Canadien, qui n'était âgé que de 37 ans, avait acquis une grande expérience à la Banque Royale du Canada, tant à l'étranger qu'au pays même, et il s'était présenté devant la Commission Macmillan en qualité de représentant des banques à charte. Il dirigea la Banque durant une vingtaine d'années.

Peu de temps après la fondation de la Banque du Canada et à la suite d'un changement de gouvernement, un projet de modification à la Loi sur la Banque du Canada fut présenté en vue de nationaliser l'institution. Celle-ci devint une société publique en 1938, et elle l'est demeurée.

La banque centrale se vit confier à la fois des fonctions jusque-là exercées par d'autres organismes ainsi que des fonctions toutes nouvelles. Dès le départ, le ministère des Finances transmit à la Banque du Canada ses fonctions en matière d'émission de billets de banque, tandis que les bureaux du Receveur général, répartis dans tout le pays, devenaient des agences de la Banque.

Un département des Recherches fut établi afin de fournir des renseignements et des conseils sur l'évolution financière et sur la conjoncture économique au Canada et à l'étranger. Le Service des changes et le Service des valeurs entrèrent presque immédiatement en activité, mais le Service de la dette publique ne fut transféré du ministère des Finances à la Banque qu'au moment où celle-ci put disposer de locaux appropriés. Ce transfert eut lieu en 1938, après l'achèvement de l'immeuble qui abrite le siège de la Banque du Canada, au 234 de la rue Wellington. Depuis, de nouveaux bâtiments sont venus se greffer à l'immeuble original.

La Loi sur la Banque du Canada, dans laquelle sont énoncées les responsabilités qui incombent à la Banque, a été modifiée à maintes reprises depuis 1934. Son préambule toutefois est resté le même tout comme la raison d'être de la Banque, qui est toujours de « réglementer le crédit et la monnaie dans l'intérêt de la vie économique de la nation ».




Voir aussi : Le dollar canadien : une perspective historique, par James Powell