Les émissions de gaz à effet de serre : perspectives
pour l'an 2020
Introduction
Les politiques canadiennes en matière de changements climatiques
ont été établies en fonction des tendances
probables d'émissions de gaz à effet de serre dans
l'avenir. S'appuyant sur des consultations approfondies avec les
provinces et les intervenants, Ressources naturelles Canada et Environnement
Canada ont élaboré des projections de ce que pourraient
être ces tendances1. Ces projections tiennent compte des émissions
provenant des utilisateurs d'énergie (soit environ 90 p.100
du total) et de sources n'en utilisant pas.
Les projections décrites se fondent sur un ensemble de suppositions raisonnables se rapportant à des facteurs qui influenceront les fluctuations d'émissions dans l'avenir. La fiabilité des estimations est plus grande à court terme et à moyen terme étant donné qu'il est difficile de prédire les changements précis en matière de technologie ou d'investissements au fil d'une longue période de temps.
Il faut par ailleurs noter que des variables importantes, les politiques actuelles des gouvernements fédéral et provinciaux en matière d'énergie, d'environnement et de domaines connexes, gardent des valeurs constantes durant toute la période sur laquelle porte la projection. Le maintien de la politique actuelle représente une contrainte que l'on s'est délibérément imposée, tant pour étudier les incidences de l'actuel mélange de politiques que pour fournir une référence permettant d'évaluer le besoin de nouvelles politiques ou de politiques révisées.
Les projections tiennent également compte de l'incidence
des politiques gouvernementales visant à réduire les
émissions de gaz à effet de serre comme les initiatives
fédérales, provinciales et municipales portant sur
les économies d'énergie et les sources d'énergie
renouvelable. Ces initiatives recouvrent toutes les mesures importantes
qui reflètent les objectifs du Programme national d'action
sur les changements climatiques ou qui y sont directement liées,
notamment les engagements dans le cadre de l'initiative : Mesures
volontaires et Registre.
1 Les projections de référence sont présentées
en détail dans: Ressources naturelles Canada, Perspectives
énergétiques du Canada, 1996-2020, avril 1997 et Gouvernement
du Canada, Deuxième rapport national du Canada sur le changement
climatique, mai 1997.
Projections pour le Canada
Entre 1990 et 1995, les émissions ont augmenté de
9,5 p. 100. Malgré un léger ralentissement de cette
croissance jusqu'à l'an 2000 attribuable principalement à
l'incidence des diverses initiatives, la tendance des émissions
est constamment à la hausse. D'ici 2010, on projette que
les émissions dépasseront de 105 mégatonnes
la quantité émise en 1990 (soit une augmentation de
19 p. 100). On projette qu'elles auront augmenté d'ici 2020
de 203 mégatonnes (soit une augmentation de 36 p.100). Ces
augmentations sont principalement dues aux croissances démographique
et économique, auxquelles s'ajoutent des coûts d'énergie
peu élevés et l'utilisation de carburants fossiles,
le gaz naturel, surtout, pour produire de l'électricité.
Émissions de gaz à effet de serre
Les émissions de méthane suivent en général
la tendance générale à la hausse. Les émissions
d'oxyde nitreux diminuent toutefois dans un premier temps avant
d'augmenter de nouveau du fait d'émissions plus importantes
provenant des convertisseurs catalytiques dans les automobiles et
d'autres véhicules. Les émissions provenant d'autres
sources, des substituts des chlorofluorocarbures (CFC) surtout,
sont modestes au départ mais augmentent de manière
appréciable.
Projections par secteur
Les transports constituent le secteur contribuant le plus aux émissions
de gaz à effet de serre tant en quantités absolues
que sur le plan de la croissance. La hausse revient en proportions
égales au transport de passagers et au transport de marchandise.
L'augmentation des émissions dans le secteur industriel est
également importante, mais à un rythme moins accentué.
On projette que le secteur commercial augmentera de manière
modeste ses émissions et le secteur résidentiel les
diminuera de manière absolue. Ces résultats sont étroitement
liés à l'incidence de règlements et de programmes
pour économiser l'énergie dans les édifices,
les systèmes de chauffage et autres équipements utilisant
de l'énergie. Il est bon de noter que les projections pour
les secteurs résidentiel, commercial et industriel seraient
en général plus importantes si les émissions
provenant de l'électricité étaient réparties
par secteur.
Gaz à effet de serre par secteur
En ce qui concerne la production d'électricité, on
projette que les émissions vont tout d'abord décroître
pour ensuite remonter de manière importante au fur et à
mesure que le gaz naturel et, dans une moindre mesure, le charbon
deviennent des sources de carburant préférées.
Ces projections ont toutefois été élaborées
avant la décision qu'a prise Ontario Hydro le 13 juillet
1997 de « désarmer » sept de ses centrales nucléaires.
Il sera nécessaire de compenser cette perte d'approvisionnement
par une utilisation accrue des carburants fossiles, ce qui aboutira
à une augmentation d'émissions de 15 à 20 mégatonnes
en l'an 2000. Au moment de la rédaction de cette fiche, Ontario
Hydro a exprimé sa volonté de faire redémarrer
les unités nucléaires au cours des 10 prochaines années,
ce qui suggérerait un retour aux projections des émissions
de référence d'ici 2010.
Dans le secteur de la production des carburants fossiles, les émissions
augmentent rapidement de 1990 à l'an 2000 mais atteindront
ensuite un palier. Cette tendance reflète l'efficacité
grandissante des initiatives visant à freiner les émissions
de dioxyde de carbone et les pertes de méthane de l'industrie
pétrolière et gazière et ce, dans le contexte
d'une hausse appréciable de la production et des exportations.
Les émissions non liées au secteur de l'énergie
baissent dans un premier temps, mais augmentent ensuite de manière
notable. L'utilisation croissante des hydrofluorocarbures (HFC)
comme substituts des CFC constitue le moteur principal de cette
croissance.
Projections par province et région
La figure à la page 5 représente les émissions
à long terme sur une base provinciale. L'information est
organisée de façon à indiquer pour chaque province
et pour les provinces de l'Atlantique en tant que groupe, la croissance
en pourcentage des émissions en l'an 2000, 2010 et 2020,
et ce par rapport au niveau de 1990.
Émissions de gaz à effet de serre par province
On peut noter plusieurs points
À court terme, jusqu'en l'an 2000, la croissance des émissions
en Saskatchewan, en Alberta et en Colombie-Britannique dépasse
la moyenne nationale. Ces augmentations sont liées à
la vague de prospérité touchant le secteur des ressources
naturelles dans l'Ouest et l'accroissement démographique
en Colombie-Britannique.
À plus long terme, toutefois, la croissance des émissions
est distribuée de façon plus égale d'une province
à une autre, même si l'Ontario et la Colombie-Britannique
affichent des augmentations supérieures à la moyenne.
En Ontario, cela est dû principalement à l'utilisation
plus importante du gaz naturel et du charbon dans la production
de l'électricité. Le graphique ne tient pas compte
de la décision d'Ontario-Hydro de désarmer certaines
de ses centrales nucléaires. Les résultats de l'Alberta
et, dans une moindre mesure, de la Saskatchewan indiquent un ralentissement
de la croissance des émissions après l'an 2000. Ceci
découle en grande partie de l'efficacité grandissante
des initiatives prises par l'industrie pétrolière
et gazière pour freiner ses émissions.
Si le Québec et la région de l'Atlantique connaissent
une croissance faible jusqu'en l'an 2000, leurs résultats
se conforment davantage aux tendances nationales par la suite.
Dans la région de l'Atlantique, la croissance des émissions
au Nouveau-Brunswick et à Terre-Neuve dépasse la moyenne
nationale, ce qui reflète un développement fondé
sur les ressources naturelles notamment à Terre-Neuve.
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