Série de séminaires d'Environnement Canada en recherche sur les politiques

M. John Eyles 21 mars, 2003

Le vendredi 21 mars 2003, M. John Eyles a donné un exposé invitant à la réflexion intitulé « La culture de la peur et de la santé environnementale : prise de décision politique en des temps incertains », dans le cadre de la Série de séminaires d'Environnement Canada en recherche sur les politiques. En voici un résumé.

En tant que société, nos perceptions des risques pour la santé et nos réactions face à ceux-ci semblent souvent incohérentes et peut-être irrationnelles. Bon nombre des risques pour la santé que nous considérons comme importants (comme le risque de cancer du cerveau causé par l’utilisation du téléphone cellulaire ou les risques associés à la transmission du virus du Nil occidental par les moustiques) sont souvent statistiquement beaucoup moins probables que les risques auxquels nous sommes quotidiennement exposés (comme les accidents d’automobile ou ceux pouvant survenir au cours d’activités de loisirs et de sports). Depuis plusieurs générations, notre société développe progressivement une « culture de sécurité », c’est-à-dire une culture dans laquelle les peurs sont inculquées et dans laquelle nous tolérons de moins en moins les risques.

En tant que société, nous avons tendance à choisir le type et le nombre de risques qui nous préoccupent. Le choix de nos peurs est influencé par un certain nombre de facteurs, notamment le parti pris des médias, si un risque donné transperce notre sentiment d’insécurité, porte atteinte à nos principes moraux fondamentaux ou permet même les critiques d’institutions et de groupes détestés et constitue des symboles contre lesquels lutter ou auxquels il est possible de nous identifier. La recherche sur la perception des risques révèle que les gens croient généralement qu’il est difficile d’évaluer l’expertise et, par conséquent, qu’ils ont tendance à simplifier les choses. Les gens semblent accorder une plus grande attention aux conséquences potentielles plutôt qu’à leur probabilité. De plus, une fois que les gens perçoivent un risque potentiel, il est difficile de changer leur perception initiale.

Au sein de la population, on cherche à susciter la peur et celle-ci est alimentée par l’Internet. Les médias jouent un rôle important en informant le public des risques pour la santé et l’environnement, mais la qualité et l’&exactitude; de l’information qu’ils lui transmettent n’est pas garantie et est biaisée par des histoires sensationnelles et dramatiques. Les craintes sont un effet secondaire commun.

Comme il est plus facile de susciter la peur que de l’apaiser, comment devrions-nous gérer les craintes de la population? Une partie de la réponse se trouve dans le développement de la confiance. Nous devons développer et garder confiance en les institutions et cultiver le respect envers celles-ci. Pour y arriver, nous devons examiner l’historique et la base de la confiance. Depuis le début des années 1980, la population a perdu confiance en les institutions gouvernementales de l’Occident. Cette confiance est ébranlée, mais les attentes de la population à l’égard de la responsabilité du gouvernement de protéger la santé et l’environnement demeure élevée. Les conclusions contradictoires des différentes études scientifiques sont responsables du scepticisme de la population et de l’hypothèse selon laquelle les conflits d’intérêt sont liés aux sources de financement.

La consultation et la communication avec le public peuvent favoriser la confiance en les institutions publiques. La participation du public à la prise de décision peut y contribuer, de même que la participation des spécialistes de la communication des risques. Enfin, si nous devons réduire les craintes présentes dans notre culture, nous devons également apprendre de nos erreurs afin d’examiner ce qui s’est passé lorsque nous avons perdu confiance en le gouvernement.