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Série de séminaires d'Environnement Canada en recherche sur les politiquesQuel serait le visage d'un monde durable?
Il est notoirement ardu de définir la durabilité environnementale. Pour les besoins de la cause, on pourrait la définir en fonction de la quantité et de la toxicité de l'énergie et des matières dépensées ainsi que selon une appréciation des préférences humaines. L'empreinte écologique a permis de mesurer la durabilité. Si, dans une zone donnée, l'utilisation de l'énergie et des matières et le rejet des déchets par les humains dépassent l'utilisation d'énergie et l'ancienne capacité assimilatrice des déchets du système naturel, l'empreinte écologique y est débordée et la situation n'est pas durable. Selon les calculs de l'empreinte écologique, certains pays utilisent des ressources et produisent des déchets à un rythme plusieurs fois supérieur à celui que justifierait leur superficie. La dématérialisation - réduction des flux d'énergie et de matières pour un niveau de bien-être donné - a fait l'objet du gros de nos efforts sur le front environnemental au cours des dernières décennies. Une grande partie de cette dématérialisation peut être accomplie grâce à des gains en efficacité de l'énergie et des matières. Par contre, il est beaucoup plus difficile de changer les habitudes de consommation. La détoxication porte sur le genre, plutôt que sur la quantité, de flux selon l'hypothèse que la quantité des flux d'énergie et de matières est sans importance, tant qu'ils ne nuisent pas à l'environnement. Il est possible d'y arriver par le biomimétisme, c'est-à-dire en faisant correspondre les flux anthropiques d'énergie et de matières produites et les flux naturels. Il est aussi possible de dépasser la capacité naturelle de bioproduction et de bioassimilation. La dépression de Turpan, zone de la province du Xinjiang (ouest de la Chine), est désertique et se trouve à environ 150 mètres sous le niveau de la mer. Pourtant, elle fit vivre plusieurs villes anciennes dont la population variait de 10 à 20 000 personnes. Comment cette contrée aride put-elle abriter des villes de cette taille? Le secret réside dans les tunnels, ou karez, qui parcouraient 40 km depuis les monts Bogda jusqu'à la dépression de Turpan, où ils amenaient l'eau qui a permit la riche production agricole de villes comme Jioahe. Ces villes dépassèrent considérablement la bioproduction naturelle de leur environnement. D'après l'analyse de leur empreinte écologique, elles étaient non durables. Pourtant, elles se maintinrent plus de deux mille ans. L'homme peut améliorer la bioproduction naturelle par l'adduction d'eau, l'accroissement de la fertilité du sol, l'ingénierie génétique, le recours à des combustibles fossiles (bioproduction stockée) ou utilisation directe de l'énergie solaire grâce à des dispositifs éoliens, à de petites centrales hydroélectriques ou à des photopiles. Ces améliorations humaines de la capacité assimilatrice naturelle sont respectueuses de l'environnement, mais seulement si l'utilisation « au-delà de la nature » de l'énergie et des matières n'est pas toxique. Une des principales possibilités nouvelles de détoxication est la décarbonation des combustibles fossiles. Loin d'être un rêve éloigné, la décarbonation des combustibles fossiles se pratique bel et bien aujourd'hui, quoique à petite échelle. Dans le champ gazier Sleipner de la mer du Nord, il faut ramener la teneur du gaz naturel en dioxyde de carbone de 9 à 2,5 % avant de pouvoir le mettre sur le marché. Au lieu de le rejeter dans l'atmosphère comme auparavant, on injecte le CO2 séparé dans un aquifère salin situé sous le fond océanique. Bien que d'autres recherches s'imposent, les géologues estiment que le CO2 sera stable et n'aura pas d'effets nocifs. La décarbonation des combustibles fossiles et la fixation concomitante du CO2 sont d'ores et déjà techniquement possibles. La gazéification par oxygène pulsé des combustibles fossiles suivie d'une conversion à la vapeur d'eau donne du gaz hydrogène pur. Celui-ci brûle proprement pour produire de l'eau inerte et du CO2 pur que l'on peut ensuite enfouir dans des aquifères profonds, emmagasiner dans de vieux réservoirs de pétrole et de gaz, voire utiliser pour enlever le méthane des gîtes houillers. Les estimations de la capacité mondiale de fixation de ce CO2 varient de 500 à 1 000 ans, ce qui coïncide justement avec les estimations des réserves mondiales de combustibles fossiles. La décarbonation des combustibles fossiles coûtera sans doute moins cher que le recours aux énergies renouvelables, sans le risque perçu de l'énergie nucléaire. Le gaz hydrogène ainsi fabriqué pourrait servir à produire de l'électricité par combustion ou être utilisé dans des piles à combustible, ce qui entraînerait une toxicité nulle en bout de chaîne. Pour évaluer la possibilité d'une stratégie d'utilisation des combustibles fossiles non toxiques dans l'avenir, il y a lieu de poser la question suivante : que voudront ou devraient vouloir les humains? Il faut évaluer les marchés et les désirs des personnes vivant dans les pays développés conjointement avec les besoins criants des cinq milliards d'habitants du monde en développement. Un avenir durable suppose peut-être une combinaison de dématérialisation et de détoxication, mais les besoins pressants des pays en développement ont mené à un changement de cap vers la détoxication. Dans le débat sur la durabilité environnementale, l'empreinte écologique est moralement intéressante, mais inexacte sur les plans thermodynamique ou physique. Nous ne serons peut-être pas limités par la capacité bioproductrice et assimilatrice naturelle, comme nous nous plaisons à le croire. Certes, des forces puissantes nous poussent vers la stratégie de détoxication, mais devrions-nous y tendre? Il faut en examiner avec soin et les dangers et les avantages. BiographieMark Jaccard est professeur agrégé et directeur du Groupe de recherche sur l'énergie et les matériaux de l'École de gestion des ressources et de l'environnement (School of Ressource and Environmental Management), Université Simon Fraser. Il a obtenu son doctorat de l'Institut de l'économie de l'énergie et des politiques de l'Université de Grenoble en 1987. Le professeur Jaccard enseigne à l'École de gestion des ressources et de l'environnement depuis 1986. Il a été président et PDG de la Utilities Commission de la Colombie-Britannique de 1992 à 1997, alors qu'il était en congé de l'Université. Membre du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GEIEC) de 1993 à 1996, il a contribué à la production du deuxième rapport d'évaluation du GEIEC. Depuis 1997, il est membre du China Council for International Cooperation on Environment and Development. Il a donné des avis aux gouvernements, aux entreprises et aux ONG partout dans le monde, et a été le président de nombreux groupes d'étude et d'enquêtes relativement aux domaines de la réforme du marché de l'électricité, de la fixation des prix de l'essence et des politiques concernant les émissions de gaz à effet de serre. Liste d'articles et de rapports de M. Mark JaccardCompilation à l'appui d'un Séminaire d'Environnement Canada
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