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Série de séminaires d'Environnement Canada sur les recherches en politiques

Comment la croissance économique et la protection de l'environnement peuvent-elle être compatibles?

Dr Richard Lipsey
Dr Richard Lipsey
Le 7 juin 2002

Le vendredi 7 juin 2002, dans le cadre de la Série des séminaires de recherche sur les politiques d'Environnement Canada, le professeur Dr Richard Lipsey, a présenté un exposé intitulé « How economic growth and environmental protection can be compatible? ». Le présent document est un résumé de l'exposé du Dr Richard Lipsey.


Le 7 juin, le professeur Richard Lipsey a fait un exposé stimulant sur les leçons économiques clés tirées du fonctionnement des marchés. Il nous a livré ses réflexions, nombreuses et variées, sur la façon dont ces leçons peuvent nous aider à prévoir et à gérer les conséquences environnementales.

Les marchés ont joué et continueront de jouer un rôle important dans la satisfaction de nos besoins et l'amélioration de notre bien-être, notamment en intervenant favorablement sur l'environnement. Thomas Malthus, célèbre spécialiste de l'économie classique du XVIIIe siècle, était très pessimiste quant à la capacité de la planète à assurer la subsistance de plus de deux milliards de personnes. Il ne pouvait concevoir que la Terre puisse un jour compter plus de six milliards d'habitants tout en générant de gros surplus alimentaires.

La croissance économique a été ce puissant moteur qui a permis d'augmenter le revenu réel et d'améliorer notre qualité de vie. Nos ancêtres de l'âge des cavernes n'auraient jamais cru possible d'atteindre notre niveau de vie actuel. Que l'on puisse compter sur un approvisionnement constant en aliments sains et que l'on arrive à vivre jusqu'à 25 ans étaient impensables pour eux. Le cancer, les problèmes cardiaques et autres maladies qui nous guettent lorsque nous vieillissons étaient presque absents à leur époque. La croissance tient en partie au fait que nous disposons de plus de connaissances que nos ancêtres, et rien que la possibilité de les enregistrer multiplie par deux les progrès réalisés.

La croissance à long terme s'est largement produite sous l'impulsion des découvertes technologiques réalisées en vue de répondre aux besoins de la société. Bien que les percées technologiques fassent parfois naître de nouveaux problèmes, leurs avantages doivent généralement l'emporter pour qu'on les adopte. Avec le temps, il en résulte une efficacité accrue et une diminution des répercussions sur l'environnement. Karl Marx avait raison d'affirmer que la technologie peut transformer la société, comme ce fut le cas de l'agriculture et de la voile à trois-mâts. L'abandon de la machine à écrire au profit de l'ordinateur est un exemple des bouleversements récents occasionnés par la croissance économique mue par la technologie. Au cours des dix dernières années, la technologie de l'information et des communications a entraîné une baisse du nombre des niveaux hiérarchiques au sein des entreprises. Bien que ce phénomène n'ait pas encore touché fortement les gouvernements, il pourrait s'avérer avantageux de structurer l'information et les ressources en fonction des questions, de façon à y faire participer divers ministères.

On craint depuis toujours la croissance excessive, que l'on associe à une foule de conséquences négatives. Toutefois, la croissance économique ne consiste pas simplement à doubler et à redoubler continuellement la production. Par exemple, à l'époque victorienne, celui qui mettait en doute les avantages de la croissance économique aurait prétendu que nous allions finir par produire cinq fois plus de chevaux et de chariots. Toutefois, le contexte de la production commerciale a évolué à mesure que l'économie progressait et ce, d'une façon qu'on ne pouvait prévoir.

L'intérêt personnel est le moteur des sociétés de marché. Il est vrai que certaines décisions importantes et visant un large public sont prises dans une perspective plus large que le bien-être individuel. En effet, l'altruisme peut motiver les comportements dans les petites sociétés homogènes, mais dans nos sociétés modernes, nos décisions quotidiennes touchant l'économie et la production sont dictées dans une grande mesure par notre intérêt personnel.

Souvent aussi, les marchés libres jouent un rôle de répartition et envoient des signaux par le biais des prix qui ont cours. En effet, les ressources dont on dispose en quantité se vendent à bas prix, tandis que celles qui sont rares se vendent au prix fort. Les marchés fonctionnent de telle sorte qu'il y a coordination au niveau des intervenants, sans prise en charge explicite d'une quelconque entité.

Les consommateurs et les gens d'affaires s'efforcent de remplacer les ressources rares (et par conséquent coûteuses) par des ressources abondantes. Par exemple, les augmentations du prix du pétrole survenues dans les années 70 ont fait diminuer la consommation d'essence et ont stimulé les innovations technologiques de nature économique (comme les petits véhicules à haut rendement énergétique), qui ont vite disparu après la baisse des prix. Il nous est même permis d'envisager, dans un avenir lointain, disons dans plus d'un siècle, que l'énergie solaire et l'énergie éolienne seront si abondantes qu'il ne sera plus nécessaire d'utiliser l'électricité, ce qui en fera baisser le prix.

Les barrières commerciales nuisent au bon fonctionnement des marchés. Les pays développés ont instauré des barrières commerciales tarifaires et non tarifaires pour faire face à la crise de 1929. Ces barrières sont venues limiter l'accès des marchés pour les pays peu développés, tandis que les pays développés exportent des produits agricoles subventionnés. L'établissement sélectif de barrières commerciales donne souvent aux entreprises des pays développés l'occasion de faire des pressions pour que l'on adopte des politiques dans leur intérêt, mais peut-être au détriment du rendement général de l'économie du pays et d'autres économies, surtout celle des pays peu développés. Ce sont les techniques de production inefficaces qui présentent une menace pour l'environnement, et non le commerce international. Les règles sur la protection de l'environnement et sur le travail ne sont pas fixées dans le cadre d'accords de libre-échange. Étant donné que la croissance économique et l'expansion du commerce international s'accompagnent d'une augmentation des revenus, les pays peu développés pourraient aussi réclamer des améliorations sur le plan de l'environnement.

La propriété privée est une institution humaine remarquable. Par exemple, rien n'incite les entreprises d'exploitation forestière à prendre soin des terres qu'elles louent. Le marché des aliments biologiques, particulièrement en Europe, montre à quel point la quête de profits peut favoriser l'adoption de méthodes de production qui respectent l'environnement.

Même si les marchés se portent généralement bien, les gouvernements doivent prendre des mesures de contrôle lorsque les incitatifs du marché ne suffisent pas à protéger l'environnement, par exemple lorsque les mesures prises à l'échelle nationale et régionale influent sur les ressources communes, ou pour limiter l'extériorisation des coûts environnementaux. Les gouvernements doivent également surveiller les éventuels bouleversements environnementaux, soit la détérioration soudaine des conditions environnementales. Les changements climatiques peuvent causer ce genre de changement subit.

Il ne devrait pas être nécessaire d'avoir la certitude absolue sur le plan scientifique pour réagir face à un problème environnemental. Il existe un certain degré d'« ignorance rationnelle » : lorsque les décideurs saisissent l'essentiel d'un problème potentiellement dommageable pour l'environnement, ils doivent recourir au principe de précaution afin d'en limiter les dégâts, sans nécessairement savoir qu'un désastre serait inévitable.

Biographie

M. Richard Lipsey est professeur émérite d'économie à l'Université Simon Fraser. Il a été directeur du département d'économie de la London School of Economics ainsi que directeur du département d'économie et doyen de la faculté des sciences sociales de l'Université de Essex, en Angleterre. Il a également enseigné à l'Université de Manchester et à l'Université City, en Angleterre, aux universités de Californie (Berkeley), du Colorado, du Wisconsin et Yale, aux États-Unis, de même qu'aux universités Queen, Victoria et de Colombie-Britannique, au Canada.

M. Lipsey est l'auteur de plusieurs ouvrages en économie qui sont utilisés partout dans le monde. Il a initié une génération d'étudiants canadiens à l'étude de l'économie grâce à « Introduction à l'économie positive ». Il s'intéresse actuellement à la technologie et à la croissance, notamment aux interactions et aux incidences dans les domaines environnementaux et sociaux.

Liste d'articles et de rapports du Dr Richard Lipsey

Compilation à l'appui d'un Séminaire d'Environnement Canada en recherche sur les politiques, tenu à Hull, le 7 juin 2002.
  1. Archibald, G.C. & Lipsey, R.G. An introduction to a mathematical treatment of economics. -- London : Weidenfeld & Nicolson, 1967. -- 399 p.

  2. Bekar, C. & Lipsey, R.G. Clusters and economic policy. -- Toronto : CIAR, 2001. -- 14 p. -- (ECWP ; no. 157).

  3. Carlaw, K.I. & Lipsey, R.G. Externalities versus technological complementarities : a model of GPT-driven, sustained growth. -- Toronto : CIAR, 2001. -- 57 p. -- (ECWP ; no. 156).

  4. Carmichael, E.A., Dobson, W. & Lipsey, R.G. The Macdonald report : signpost or shopping basket? Canadian public policy = Analyse de politiques (1986) 12 (Suppl.) : 23-39.

  5. Henriksson, L.E. & Lipsey, R.G. Should provinces expand gambling ? Canadian public policy = Analyse de politiques (1999) 25 (2) : 259-275.

  6. Lipsey, R.G. Wage price controls : how to do a lot of harm by trying to do a little good. Canadian public policy = Analyse de politiques (1977) 3 (1) : 1-13.

  7. Lipsey, R.G. Taking the initiative. -- Toronto : C.D. Howe Institute, 1985. -- 183 p.

  8. Lipsey, R.G. & York, R.C. Evaluating the free trade deal : a guided tour through the Canada-U.S. Agreement. -- Toronto : C.D. Howe Institute, 1988. -- 139 p.

  9. Lipsey, R.G. Unsettled issues in the great free trade debate = Quelques questions en suspens dans le grand débat canadien sur le libre-échange. Canadian Journal of Economics = Revue canadienne d'économique (1989) 22 (1) : 1-21. Texte en anglais, résumé en anglais et en français. The Harold Innis Memorial Lecture, delivered at the annual meeting of the Canadian Economics Association, 3 June 1988. Texte présenté à l'occasion de la réunion annuelle de l'Association canadienne d'économique.

  10. Lipsey, R.G. A crystal ball applied to Canadian economics. Canadian Journal of Economics = Revue canadienne d'économique (1993) 26 (1) : 70-76.

  11. Lipsey, R.G. Current research interests. -- Burnaby, B.C. : Simon Fraser University, 2001. Working papers downloadable in PDF format, list of published works on technological change and long-term growth, other working papers, book outline : http://www.sfu.ca/~rlipsey/res.html.

  12. Lipsey, R.G. The productivity paradox : a case of the emperor's new clothes. -- Toronto : CIAR, 2001. -- 14 p. (ECWP ; no. 158).

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