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Agence de santé publique du Canada
Relevé des maladies transmissibles au Canada

Volume 23-07
1er avril 1997

[Table des matières]

PROFIL ÉPIDÉMIOLOGIQUE D'UNE ÉCLOSION DE ROUGEOLE EN COLOMBIE-BRITANNIQUE - FÉVRIER 1997

Le 28 janvier 1997, trois cas cliniques de rougeole chez des étudiants fréquentant la Simon Fraser University (SFU) ont été signalés au British Columbia Centre for Disease Control. Ces cas ont par la suite été confirmés par la présence d'IgM spécifiques de la rougeole dans les prélèvements sérologiques de phase aiguë. Le jour suivant, plusieurs autres cas cliniques et suspects avaient été décelés; on a alors décidé d'offrir un vaccin contenant la composante antirougeoleuse à tout le personnel et aux étudiants de la SFU. Ce programme de vaccination systématique s'est déroulé sur le campus universitaire du 31 janvier au 7 février 1997; > 85 % du nombre estimatif de sujets réceptifs ont reçu le vaccin.

À ce jour, on a signalé 107 cas de rougeole, dont 56 étaient liés à la SFU. Quarante cas ont pu être confirmés soit par la présence d'IgM dans des prélèvements sérologiques de phase aiguë, soit par un lien épidémiologique avec un cas confirmé en laboratoire. Pour les autres, il s'agissait soit de cas cliniques (40) ou de cas suspects (27). La figure 1 illustre la distribution des cas selon l'âge; la majorité avaient entre 19 et 29 ans. Un cas dans ce groupe d'âge avait déjà reçu deux doses de vaccin contenant la composante antirougeoleuse, 26 en avaient reçu une dose et trois n'avaient reçu aucune dose. Les antécédents en matière d'immunisation des 34 autres cas étaient inconnus. Quinze cas avaient entre 1 an et 18 ans; quatre de ces cas (trois cas cliniques et un cas suspect) avaient déjà reçu deux doses de vaccin contenant la composante antirougeoleuse, huit avaient reçu une dose de ce vaccin et trois n'avaient reçu aucune dose.

Figure 1
Distribution selon l'âge des cas de rougeole en Colombie-Britannique, du 20 janvier au 12 février 1997
Distribution selon l'âge des cas de rougeole en Colombie-Britannique, du 20 janvier au 12 février 1997

La figure 2 fournit la courbe épidémique des cas de rougeole enregistrés jusqu'au 13 février. Les cas ayant un lien avec la SFU et ceux qui n'ont pas de lien sont présentés séparément. On a constaté deux vagues d'apparition du prodrome chez les différents cas. La première vague a atteint son sommet le 24 janvier et était constituée principalement de cas liés à la SFU. La deuxième vague de cas a débuté le 2 février et a connu un point culminant le 5 février. À mesure que de nouveaux cas seront signalés, cette vague prendra une forme et une envergure différentes. Pour 41 cas, la phase prodromique avait commencé le 2 février ou après. Neuf de ces cas (22 %) avaient un lien avec la SFU et quatre (trois cas cliniques et un cas suspect) étaient associés à d'autres établissements d'enseigne- ment postsecondaire. Pour 28 de ces 41 cas (68 %), on n'a signalé aucun lien avec un établissement d'enseignement.

Figure 2
Dates d'apparition du prodrome rougeoleux chez les cas liés et non liés à la SFU
Dates d'apparition du prodrome rougeoleux chez les cas liés et non liés à la SFU

La figure 3 illustre la distribution selon l'âge des cas chez lesquels le prodrome a débuté pendant la deuxième vague (le 2 février ou après). La majorité de ces cas avaient également entre 19 et 29 ans.

Figure 3
Distribution selon l'âge des cas de rougeole de la deuxième vague en Colombie-Britannique, du 2 au 12 février 1997
Distribution selon l'âge des cas de rougeole de la deuxième vague en Colombie-Britannique, du 2 au 12 février 1997

Conclusions

Au début de cette éclosion, la transmission du virus s'est faite principalement entre sujets âgés de 19 à 29 ans qui avaient un lien avec la SFU. Jusqu'à présent, on a décelé, dans la deuxième vague, beaucoup moins de cas liés à cette université, ce qui porte à croire que l'on a réussi à réduire la transmission à l'intérieur de la SFU, mais non à l'éliminer.

En ce qui concerne les cas signalés d'enfants et d'adolescents de < 18 ans, la plupart n'avaient pas été vaccinés ou n'avaient pas reçu les doses appropriées. Le nombre de cas dans ce groupe était inférieur à celui auquel on aurait pu s'attendre; ce phénomène est probablement attribuable au fait que l'on avait offert, en 1996, une deuxième dose de vaccin contre la rougeole et la rubéole aux enfants entre l'âge de 19 mois et la fin de l'école secondaire, et que 85 % des sujets de ce groupe avaient reçu la seconde dose.

On a commencé à constater des cas de transmission du virus de la rougeole, dans la région du grand Vancouver, parmi des jeunes adultes (19 à 29 ans) dont certains fréquentent d'autres établissements d'enseignement postsecondaire. Un cas confirmé concernait un détenu d'un centre correctionnel provincial.

Mesures de lutte contre la transmission de la rougeole

Le ministère de la Santé de la Colombie-Britannique a autorisé des fonds pour que l'on procède à l'immunisation de tout le personnel et des étudiants des établissements d'enseignement postsecondaire et de tous les détenus et du personnel des centres correctionnels provinciaux et fédéraux de la Colombie-Britannique. En outre, on offrira le vaccin antirougeoleux aux travailleurs de la santé des établissements de soins actifs. On a conseillé aux sujets réceptifs, dans la population en général, de s'assurer qu'ils ont reçu au moins une dose de vaccin contenant la composante antirougeoleuse.

Source : Dre A Bell, Dr A King, K Pielak, IA, BSN, Communicable Disease Epidemiology Services, British Columbia Centre for Disease Control, Vancouver (C.-B.); Dr M Fyfe, Programme de formation en épidémiologie d'intervention, Bureau de la surveillance et de l'épidémiologie d'intervention, LLCM, Ottawa (ON).

Remerciements

Nous aimerions remercier le personnel des services de santé de toute la Colombie-Britannique et la section de la sérologie virale du Laboratoire provincial de la Colombie-Britannique.

Commentaire de la rédaction

On remarque, à l'analyse des faits entourant cette éclosion de cas en Colombie-Britannique, qu'au début de 1997, une nouvelle tendance s'est dessinée dans la transmission de la rougeole au Canada, où l'on avait jusqu'à présent signalé très peu d'éclosions dans des universités. En outre, c'est la première fois qu'un changement important apparaît dans la distribution selon l'âge des cas de rougeole, c'est-à-dire que cette maladie touche maintenant, au Canada, des sujets plus âgés.

La stratégie de lutte contre la rougeole adoptée par le Canada, qui comprend des recommandations sur l'immunisation émises par les autorités sanitaires fédérales, provinciales et territoriales, s'est principalement concentrée sur les enfants d'âge scolaire ou préscolaire. À la différence d'un bon nombre d'universités américaines, au Canada, on ne contrôle pas systématiquement l'immunisation contre la rougeole, pas plus que l'on n'exige une preuve de vaccination contre la rougeole comme condition d'admission à l'université. On peut vraisemblablement s'attendre à ce que la plupart des étudiants inscrits récemment à l'université qui ont fréquenté des écoles du système canadien aient déjà reçu au moins une dose de vaccin antirougeoleux, dans toutes les régions du Canada. On trouve probablement dans cette population un taux très élevé de sujets ayant reçu une dose unique de vaccin, taux qui pourrait être comparable à celui des élèves d'écoles secondaires.

En 1996, les provinces et les territoires, à l'exception du Nouveau-Brunswick, représentant au total 97 % de la population canadienne, ont commencé à administrer une deuxième dose de vaccin antirougeoleux soit à 18 mois, soit entre 4 et 6 ans. En outre, six provinces et territoires (l'Ontario, le Québec, la Colombie-Britannique, l'Île-du-Prince-Édouard, le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest), représentant 80 % de la population canadienne, ont déjà terminé un programme systématique de rattrapage visant à administrer une deuxième dose à tous les enfants d'âge scolaire. Ces enfants sont peut-être le groupe qui affiche le plus haut taux de protection au pays. Environ 4 millions d'enfants ont été immunisés grâce à la campagne de rattrapage. Un grand nombre d'enfants d'âge scolaire d'autres régions ont reçu la deuxième dose du vaccin antirougeoleux à cause d'une menace d'épidémie. Il est bien établi que seule l'administration de deux doses de vaccin antirougeoleux peut protéger adéquatement un individu ou la société.

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Dernière mise à jour : 2002-11-08 début