Ses principes et ses valeurs*
Dick Martin était une personne remarquable et un Canadien hors de l'ordinaire. Il était aussi guidé par des principes et des valeurs qu'il appliquait dans le cadre de son travail, et ce tant au sein du mouvement syndical que de la société canadienne.
Dick Martin s'est joint au mouvement ouvrier avec les valeurs fondamentales partagées par tous les syndicalistes. La dignité du travail est liée aux droits des travailleurs et aux bonnes conditions de travail (p. ex. un environnement de travail sécuritaire, propre, sain et exempt de stress). Cela peut se faire par l'entremise de syndicats présents dans les lieux de travail, de l'activisme au travail et des négociations collectives avec l'employeur. La capacité des travailleurs d'atteindre leurs objectifs dépendait d'une action politique visant à créer de bonnes lois du travail et de bonnes normes de santé et de sécurité.
L'une des principales réalisations de Dick en matière de santé et de sécurité a été sa participation à l'instauration, le 28 avril de chaque année, du Jour de deuil national afin que l'on puisse se remémorer les travailleurs tués et blessés au travail. Ce jour a ensuite été adopté un peu partout ailleurs dans le monde. Dick a également eu un rôle prépondérant au sein du conseil d'administration du Centre canadien d'hygiène et de sécurité au travail (CCHST) dans la promotion du Centre en tant que principal organisme national au Canada en ce qui concerne la santé et la sécurité.
Les valeurs fondamentales de Dick comprenaient cette approche traditionnelle, mais ses principes étaient plus étendus et plus profonds. Il estimait que les syndicats servaient à beaucoup plus qu'améliorer la rémunération, les avantages sociaux, les droits et les conditions de travail. Il voyait les syndicats comme des organismes autant sociaux qu'industriels, qui devaient être actifs au sein de la collectivité, et qui étendaient l'activisme dans l'environnement de travail à des objectifs qui allaient bénéficier aux collectivités, puis à la société en général.
Par exemple, il considérait que la pollution empoisonnait les travailleurs; mais cette même pollution empoisonnait aussi la collectivité locale et l'environnement en général. Comme écologiste, il voyait la pollution comme un mal social qui nous concernait tous et auquel il fallait s'attaquer afin que les travailleurs comme leurs collectivités puissent en tirer avantage. Il était un pionnier en ce qui concerne le concept selon lequel les syndicats devaient travailler pour la protection de l'environnement, mais sa contribution a surtout consisté à voir l'action dans l'environnement de travail et l'action sociale sur la pollution comme deux aspects d'une seule et même action.
Ce faisant, il a de nouveau mené le mouvement
ouvrier vers de nouveaux horizons. L'idée de «développement
durable« est apparue au sein de la population au cours des
années 1990. Le concept a ensuite été malmené
au sein de la société, en partie parce qu'on s'entendait
peu sur la signification et les répercussions du développement
durable, et ce, partiellement parce qu'il est devenu un cliché,
et parce que l'idée a été appropriée
par des parties qui n'avaient absolument aucun intérêt
dans le développement durable et dans le changement social.
De son côté, Dick a compris que cette idée correspondait
à une société nouvelle dans laquelle le développement
économique, la protection de l'environnement et la justice
sociale faisaient tous partie d'un seul et même programme,
et que les syndicats avaient un rôle clé à y
jouer dans tous les aspects du développement durable. Il
était un défenseur prévoyant de ce qui est
devenu un mouvement progressif dominant.
Le Canada doit beaucoup à Dick Martin, non seulement pour ce qu'il a réalisé, mais aussi pour ce pourquoi il s'est battu.
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