La bérylliose est une maladie qui se reconnaît à divers symptômes que l'on peut développer à la suite d'une exposition au béryllium, et aux composés et alliages de béryllium. Il existe deux formes de bérylliose : la forme aiguë et la forme chronique.

Selon le mode d'exposition des travailleurs, ces affections peuvent toucher différents tissus et organes. Inhalées, les fumées ou poussières de composés de béryllium peuvent attaquer les poumons. Le contact direct avec le béryllium sous ces formes peut provoquer des lésions sur les parties du corps exposées, les yeux ou la peau par exemple. Le béryllium peut aussi atteindre d'autres organes tels que le foie, les reins, le coeur, le système nerveux et le système lymphatique qui alimente le sang en eau, en globules blancs et en protéines.

Les maladies aiguës se déclarent par suite d'une exposition brève mais massive à une substance nocive et durent généralement moins d'une année. La bérylliose aiguë peut prendre différentes formes.

La dermatite de contact est une inflammation de la peau qui se manifeste par des démangeaisons, une rougeur, une éruption cutanée, de l'enflure et des cloques. Ces symptômes apparaissent sur les parties exposées du corps, surtout le visage, le cou, les bras et les mains. Habituellement, la dermatite de contact guérit quelques semaines après la fin de l'exposition. Les effets cutanés (lésions, ulcères, vésicules) apparaissent également lorsque le béryllium pénètre dans une coupure ou une éraflure. Pour bien guérir, la plaie doit être débarrassée des particules de béryllium qui y sont incrustées.

La membrane qui recouvre le devant de l'oeil peut s'irriter à l'occasion d'une dermatite de contact. Les projections de béryllium en solution peuvent également brûler les yeux et causer une accumulation de fluides et des rougeurs tout autour.

La rhinopharyngite est une inflammation du nez et de la gorge. La douleur et l'oedème figurent parmi les symptômes de cette affection, comme les saignements du nez. Ces manifestations disparaissent au bout de trois à six semaines après la fin de l'exposition. (Se reporter à la Réponse SST Comment les matières particulaires passent-elles dans l'appareil respiratoire? pour une illustration et une description de l'appareil respiratoire.)

La trachéo-bronchite est une inflammation de la trachée et des voies aériennes en aval. Les symptômes de cette affection sont la toux, une gêne et un serrement de poitrine. La guérison prend environ un mois.

La pneumonite est une inflammation des poumons, plus précisément des parois des sacs alvéolaires. Cette maladie est la plus grave des manifestations aiguës de la bérylliose. Elle varie en intensité et peut entraîner la mort. Les cas mortels sont rares et la guérison totale survient au bout de six mois environ. Les symptômes sont la toux, la difficulté à respirer, l'oppression, la perte d'appétit et de poids, une faiblesse généralisée et la fatigue.

Selon le United States Beryllium Case Registry, établi en 1952, environ 17 % des patients atteints de bérylliose aiguë finissent par développer la forme chronique de la maladie. On ne connaît pas la raison de cette évolution de la maladie.

La bérylliose chronique apparaît après plusieurs mois ou années d'exposition au béryllium. La période de latence des symptômes, c'est-à-dire le temps écoulé entre la première exposition et l'apparition des manifestations de la maladie, est de 10 à 15 ans. Celle-ci peut se manifester alors que le sujet est toujours exposé au béryllium ou elle peut n'apparaître que 25 ans après la dernière exposition.

La bérylliose chronique touche principalement les poumons. Mais elle peut affecter d'autres organes aussi parce que le sang véhicule le béryllium partout dans le corps. On ne connaît pas avec une certitude absolue le mécanisme de la bérylliose. On pense que, une fois assimilé, le béryllium se combinerait à certaines protéines et entraînerait la production de substances toxiques. Ce sont ces dernières qui sont à l'origine des lésions constatées au niveau pulmonaire. En présence du béryllium, certaines cellules développent des masses de tissu appelées granulomes. Ceux-ci sont le signe de la variante chronique de la maladie et on les trouve généralement dans les poumons. Mais il peut aussi y en avoir dans l'épiderme, le foie, la rate, les reins, les os, le système nerveux, les muscles squelettiques, les ganglions lymphatiques et la paroi du coeur.

Les symptômes de la bérylliose chronique comprennent la difficulté à respirer, la toux, une douleur thoracique, et une faiblesse généralisée. Il existe d'autres signes de la maladie : hypertrophie du foie, de la rate et du côté droit du coeur, et des calculs rénaux. L'évolution de la version chronique de cette affection est variable : certaines personnes peuvent présenter peu de symptômes, sinon aucun, pendant de nombreuses années, puis voir leur état de santé se détériorer.

Selon le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), l'exposition au béryllium peut causer un cancer du poumon.

Le béryllium est un métal dont l'utilisation industrielle est très répandue en raison de ses propriétés avantageuses comme la légèreté, un point de fusion élevé, une grande résistance mécanique et une bonne conductibilité électrique. Les formes sous lesquelles le béryllium est couramment utilisé par l'industrie canadienne sont le métal lui-même, les oxydes de béryllium et les alliages de béryllium. Ses utilisations industrielles comprennent la fabrication de revêtements thermiques, réacteurs nucléaires, boucliers thermiques de fusées, organes de freinage, tubes à rayons X et prothèses dentaires.

Les activités industrielles où l'on trouve du béryllium ou des produits qui en contiennent comprennent :

• l'extraction du béryllium (fonderie et affinage)
• la métallurgie du béryllium (élaboration du métal et de ses alliages)
• l'usinage de précision
• les applications nucléaires
• la micro-électronique
• l'emboutissage/le découpage
• le moulage sous pression
• le moulage des plastiques
• le soudage (électrodes)
• la manutention et l'assemblage
• la fabrication de prothèses dentaires
• la fabrication de pièces coulées
• la fabrication de fenêtres de tubes à rayons X
• la fabrication de systèmes de guidage et de navigation
• la fabrication de fusées et de boucliers thermiques.

Le diagnostic et l'évaluation de la bérylliose aiguë commencent par la détermination des conditions d'exposition du travailleur. Il faut pour cela analyser les antécédents de travail du patient.

Le diagnostic de la bérylliose chronique se fonde sur les critères établis par le US Beryllium Case Registry : signes d'exposition importante au béryllium, anomalies notées dans les radiographies thoraciques, résultats des explorations fonctionnelles respiratoires et présence de béryllium dans des tissus pulmonaires et autres.

Le traitement de la bérylliose aiguë comprend l'arrêt de l'exposition au béryllium, le repos au lit, et l'administration d'oxygène et de corticostéroïdes pour prévenir l'inflammation. Le seul traitement connu de la forme chronique de la maladie est celui aux corticostéroïdes. Habituellement, elle doit se poursuivre toute la vie durant. Les patients dont on a interrompu le traitement ont présenté des signes de détérioration de leur état.

Il faut avant tout identifier les sources de béryllium sur les lieux de travail. Le SIMDUT impose de mentionner le béryllium dès qu'on en trouve en concentration supérieure à 0,1 % dans tout produit autre que des articles manufacturés ou des déchets dangereux.

Il faut prendre des mesures de prévention très rigoureuses pour éviter les expositions possibles au béryllium. Ce sont :

• la modification des procédés
• l'isolement du procédé
• l'automatisation de la production
• la mise en place de systèmes de ventilation/captage à la source
• la bonne tenue des postes de travail
• le port de vêtements de protection
• l'accès commode à des installations sanitaires
• l'adoption de bonnes pratiques sanitaires
• la formation et l'éducation en matière de prévention.

L'utilisation de granules au lieu de poudre de béryllium peut aider à réduire l'exposition des travailleurs. L'isolement des procédés met les travailleurs à l'abri des substances nocives. Les systèmes de ventilation/captage à la source empêchent les substances toxiques de se propager dans l'atelier. Il convient d'adopter des procédés d'usinage (coupe, meulage, dressage et polissage) sous protection liquide (fluides de coupe). Les lieux de travail doivent être équipés d'avertisseurs lumineux et sonores commandés par des détecteurs placés aux endroits qui présentent un risque de contamination massive. L'air véhiculé par les systèmes de ventilation générale et de captage à la source doit être rejeté à l'atmosphère après filtration dans une installation à haute efficacité.

Les saines pratiques de tenue des postes de travail comprennent l'entreposage sécuritaire des substances, une élimination fréquente des déchets, le nettoyage immédiat des déversements, l'entretien programmé du matériel et des installations, et l'interdiction de tout balayage à sec.

Les appareils de protection respiratoire et les vêtements de protection individuelle peuvent aider à limiter l'exposition au béryllium. Dans les installations où les travailleurs doivent porter des appareils de protection respiratoire, l'employeur doit mettre à la disposition de ceux-ci des procédures écrites qui définissent les critères de choix ainsi que le mode d'emploi et les règles d'entretien des appareils respiratoires.

Pour plus de détails sur la mise en place d'un programme de protection respiratoire, les employeurs sont invités à consulter la norme CSA Z94.4-93 (C 1997), Choix, entretien et utilisation des appareils respiratoires. Employeurs et employés doivent suivre toutes les exigences réglementaires concernant l'utilisation et l'homologation des appareils respiratoires, exigences qui peuvent varier d'une province ou administration à l'autre. L'OSHA et le NIOSH recommandent d'utiliser des appareils de protection respiratoire à adduction muni d'un filtre à particules à haute efficacité (HEPA) (ou des appareils respiratoires autonomes, selon la concentration des poussières en suspension dans l'air). Les nouveaux modèles de cartouches filtrantes ou de masques HEPA portent l'inscription N100, R100 ou P100.

Les travailleurs doivent également porter des vêtements de protection tels que combinaisons, casques de sécurité et chaussures de protection. Ils doivent utiliser des aspirateurs à filtre HEPA pour nettoyer les matériels et le plancher. On ne doit jamais nettoyer les lieux à l'air comprimé. Les travailleurs doivent enlever leurs vêtements contaminés dans le vestiaire seulement. Il faut que les salles d'eau, toilettes, douches et vestiaires soient judicieusement placés. Des armoires distinctes pour les vêtements de travail et la tenue de ville permettront d'éviter la contamination de celle-ci par les premiers. Il faut offrir aux employés un programme de formation et de sensibilisation adéquat pour les renseigner sur la nature des substances auxquelles ils sont exposés et sur les méthodes de travail sécuritaires.