Le suicide chez les exploitants agricoles canadiens

William Pickett, Will D. King, Taron Faelker, Ronald E.M. Lees, Howard I. Morrison et Monica Bienefeld

Résumé

Cette étude épidémiologique avait pour objet de décrire les taux de suicide observés chez les exploitants agricoles de sexe masculin au Canada et de comparer ces taux à ceux applicables à l'ensemble de la population masculine. Les éléments d'information ont été tirés de la base de données sur la cohorte d'exploitants agricoles canadiens (CEAC). Les variables mesurées étaient les taux de suicide par âge et standardisés pour l'âge (CIM-9-MC codes E950-959). Au total, 1 457 cas de suicide ont été dénombrés dans la CEAC pour la période de 1971 à 1987. Les taux de suicide standardisés pour l'âge enregistrés chez les personnes âgées de 30 à 69 ans s'élevaient à 29,2 (IC à 95 % = 27,3-31,1) pour 100 000 années-personnes (A-P) dans la CEAC, à 24,0 (IC à 95 % = 22,1-25,8) pour 100 000 A-P dans la CEAC à l'exclusion du Québec (qui a éprouvé des problèmes de couplage de données) et à 27,0 (IC à 95 % = 26,6-27,3) pour 100 000 A-P dans l'ensemble de la population masculine canadienne. Les taux de suicide par âge enregistrés dans la CEAC ont augmenté au fil du temps. Une fois ajustés pour tenir compte des différences liées à l'âge, les taux provinciaux de suicide chez les exploitants agricoles étaient généralement inférieurs ou comparables à ceux observés dans les groupes de comparaison de Canadiens de sexe masculin. Nous analysons ici ce que ces résultats impliquent. Nous présumons que le soutien social dont ont toujours bénéficié les membres des communautés agricoles au Canada pourrait protéger les exploitants agricoles contre des taux anormalement élevés de suicide.

Mots-clés :  agriculture; blessures et traumatismes; Canada; exploitation agricole; suicide

Introduction

Selon une croyance répandue, les exploitants agricoles sont fortement exposés à des risques de troubles liés au stress, notamment au suicide¹. Certaines études descriptives à caractère scientifique viennent confirmer cette croyance^2-7, mais rares sont les études épidémiologiques qui décrivent les taux de suicide en milieu agricole et qui les comparent à des taux observés dans l'ensemble de la population. Un survol de la littérature biomédicale actuelle n'a permis de trouver qu'une seule étude réalisée au Canada⁷, selon laquelle les taux de suicide constatés chez les exploitants agricoles ontariens étaient inférieurs à ceux observés dans l'ensemble de la population. Par contre, si l'on se fie aux études menées au Kentucky^2,4,6 et dans d'autres États du centre-nord et du Midwest des États-Unis^3,5 , les taux de suicide seraient plus élevés chez les agriculteurs que dans la population générale.

Au début des années 90, des chercheurs de Santé Canada et de Statistique Canada ont constitué une cohorte d'exploitants agricoles canadiens de sexe masculin, composée de 326 256 individus ayant participé au Recensement de l'agriculture de 1971. Nous avons eu la chance d'utiliser cette base de données solide et unique en son genre pour étudier les tendances relatives au suicide en milieu agricole au Canada, de 1971 à 1987. Les objectifs visés consistaient à décrire les taux de suicide en milieu agricole et à dégager des tendances relatives à ces taux selon la période, l'âge et la province, et à comparer les taux de suicide standardisés pour l'âge chez les exploitants agricoles avec les taux signalés dans la population masculine canadienne. Nous espérions que cette analyse épidémiologique de base contribuerait à promouvoir et à cibler les efforts de prévention du suicide dans les milieux ruraux du Canada.

Méthodes

La Cohorte d'exploitants agricoles canadiens (CEAC)

Statistique Canada a constitué une cohorte de 326 256 exploitants agricoles canadiens de sexe masculin en couplant les enregistrements du Recensement de l'agriculture de 1971⁸, du Registre central des exploitations agricoles de 1971⁹ et du Recensement de la population de 1971¹⁰. Des informations sur tous les décès survenus dans la cohorte au cours de la période de 1971 à 1987 ont ensuite été obtenues par un couplage avec la Base canadienne de données sur la mortalité¹¹. Le tableau 1 indique la distribution de cette cohorte par province et par groupe d'âge pour 1971 (moment de la constitution de la cohorte), pour 1987 (fin du suivi) et pour toute la période étudiée (1971-1987). Le tableau fournit des éléments d'information de base sur la taille de la cohorte et sur ses sous-groupes ainsi que sur la réduction naturelle de la cohorte au fil du temps.

La base de données comprend des données démographiques, des renseignements opérationnels et des données sur la mortalité pour tous les Canadiens qui possédaient et/ou dirigeaient une exploitation agricole en 1971 et qui ont répondu au Recensement de l'agriculture de 1971. Cette source a servi à étudier les associations entre certaines expositions propres au milieu agricole et divers types de cancer, y compris de possibles causes environnementales du lymphome non hodgkinien^12,13, du cancer de la prostate¹⁴ et de la leucémie¹⁵, mais n'a pas été couramment utilisée pour l'étude épidémiologique d'autres issues, comme la mortalité attribuable aux blessures et au suicide.

Analyse des données

Tous les membres de la CEAC dont les décès ont été classés dans la catégorie des suicides (neuvième révision de la Classification internationale des maladies, modifications cliniques [CIM-9-MC], codes E950-959¹⁶) ont été choisis pour l'étude.

Les taux de suicide par âge observés dans la cohorte et les intervalles de confiance à 95 % ont été calculés par groupe d'âge de 10 ans pour toute la période étudiée (1971-1987) et pour trois sous-périodes précises (1971-1975, 1976-1981 et 1982-1987), choisies pour obtenir des intervalles relativement égaux. Les numérateurs retenus pour le calcul des taux provenaient de la CEAC; les dénominateurs étaient les années-personnes (A-P) de vie observées dans chaque strate au cours de chacune des périodes étudiées. Les dénominateurs ont également été fournis par la cohorte. Les intervalles de confiance étaient fondés sur une approximation normale de la distribution binomiale¹⁷.

Les taux de suicide par âge dans l'ensemble de la population masculine canadienne (20 ans et plus) ont aussi été calculés. Le nombre et les taux de suicide publiés pour chaque année ont été tirés d'un document réalisé par un groupe de travail national¹⁸ et ont servi à déterminer les années-personnes à risque pour chaque groupe d'âge, par année, ainsi que les taux par âge et les intervalles de confiance connexes, pour la période de 1971 à 1987.

Les taux de suicide standardisés pour l'âge, applicables à chaque province et à l'ensemble du pays, ont été calculés pour la cohorte d'agriculteurs et pour l'ensemble de la population masculine, au moyen de la méthode directe de la standardisation¹⁹. (Même si les analyses qui ont déjà été réalisées à partir de la CEAC^12,15 reposaient sur des méthodes indirectes de standardisation, nous avons choisi de ne pas procéder de cette façon parce que nous voulions présenter et comparer les résultats relatifs à chacune des 10 provinces.)

En outre, la CEAC était une cohorte fermée qui a vieilli avec le temps, alors que la population générale représentait une cohorte ouverte, dans laquelle la distribution par âge était relativement stable. C'est pourquoi nos analyses portent exclusivement sur les personnes âgées de 30 à 69 ans, l'idée étant d'améliorer la comparabilité des deux populations étudiées. De plus, on avait au départ des doutes sur la qualité du couplage des données avec le Québec²⁰. Donc, on a calculé les taux nationaux de suicide tant en tenant compte des données relatives à cette province qu'en les excluant. La population masculine canadienne de 1971, âgée de 20 à 69 ans¹⁰, a été retenue comme structure par âge type dans tous ces calculs.

Le calcul des taux standardisés pour l'âge applicables à la CEAC a été réalisé de la manière suivante. Les taux par âge pour 100 000 A-P (groupes d'âge de cinq ans, intervalles des âges : 30-69 ans) ont été calculés pour toute la période étudiée (1971-1987) et pour les trois sous-périodes. Ces taux par âge ont ensuite été appliqués à la structure démographique de la population-type.  Les taux par âge ont été calculés pour le Canada (y compris et sans le Québec) et pour chaque province isolément. Dans le cas de la population de comparaison (Canadiens de sexe masculin, âgés de 30 à 69 ans), les taux de suicide par âge pour 1971-1987 ont été établis à partir du nombre de suicides et des taux de suicide publiés dans le document du groupe de travail canadien¹⁸.

Les taux sommaires par âge ont ensuite été calculés pour chaque groupe d'âge de cinq ans, et appliqués à la structure démographique de la population-type. Les intervalles de confiance pour les deux séries de taux standardisés ont été calculés selon les méthodes décrites par Breslow et Day¹⁹.

Résultats

Au total, on a recensé 1 457 cas de suicide dans la CEAC, pour la période de 1971 à 1987. La distribution de ces suicides par province figure au tableau 1.

Le tableau 2 indique les taux de suicide par âge observés dans la CEAC et dans l'ensemble de la population masculine au Canada. Dans la cohorte d'exploitants agricoles, on a constaté de légères hausses de taux de suicide dans certains groupes d'âge de 10 ans, entre 1971-1975 et 1976-1981.  Les hausses de taux les plus marquées concernent les sujets âgés de 70 ans et plus. Ce groupe d'âge est unique dans la cohorte puisqu'il est ouvert à l'extrémité de la distribution des âges. C'est dire que ce groupe a progressivement vieilli au fil des ans et comprendrait plus d'agriculteurs qui ont cessé de diriger activement leur exploitation. Entre la deuxième (1976-1981) et la troisième (1982-1987) sous-période, les taux par âge étaient comparables dans tous les groupes d'âge, sauf les 40-49 ans et les 60-69 ans, où les taux de suicide sont demeurés plus élevés.

Les taux par âge pour toute la période de 1971 à 1987 ont aussi été indiqués pour la CEAC et pour la population générale (tableau 2). Même si les taux applicables à la CEAC et à la population générale différaient quelque peu, ils étaient généralement comparables.

Le tableau 3 illustre les taux directement standardisés de suicide enregistrés dans la CEAC et dans l'ensemble de la population masculine canadienne âgée de 30 à 69 ans, pour chaque province et pour l'ensemble du pays (y compris et sans le Québec). Il indique aussi les taux standardisés pour l'âge applicables à la CEAC pour les trois sous-périodes. Si l'on fait abstraction du Québec, les taux provinciaux de suicide dans la cohorte d'exploitants agricoles étaient inférieurs ou comparables à ceux observés dans l'ensemble de la population masculine canadienne. Si l'on inclut le Québec dans le calcul du taux national global, le taux applicable à la CEAC était légèrement supérieur à celui observé dans la population générale, et si l'on exclut le Québec, il était légèrement inférieur. Les taux généraux de suicide chez les hommes au Québec étaient assez comparables à ceux observés dans le reste de la population canadienne. En revanche, les taux de suicide au Québec enregistrés dans la CEAC étaient élevés en 1971-1975 par rapport au reste du Canada, et cet écart s'est creusé au fil du temps (données non présentées).

Discussion

Cette analyse épidémiologique présente les taux de suicide observés chez les agriculteurs canadiens de sexe masculin. Elle compare aussi les taux de suicide directement standardisés enregistrés chez les agriculteurs à ceux observés dans l'ensemble de la population masculine canadienne.

Deux constats importants se dégagent de notre analyse. D'abord, tous les taux de suicide par âge dans la cohorte d'exploitants agricoles ont augmenté ou sont demeurés stables entre la première et la dernière période étudiées. On n'a pas noté de hausses similaires dans la population de comparaison de Canadiens de sexe masculin¹⁸. Ensuite, une fois ajustés pour tenir compte des différences liées à l'âge, les taux provinciaux de suicide chez les exploitants agricoles étaient généralement inférieurs ou comparables à ceux observés dans la population générale de sexe masculin. La remarque valait pour neuf des dix provinces. Seul le Québec, où les taux de suicide chez les agriculteurs étaient élevés en comparaison de la population générale, faisait figure d'exception.

Les chercheurs qui ont constitué la CEAC s'interrogent quelque peu sur la qualité des données relatives au Québec²⁰, essentiellement parce que le couplage des données avec le Québec n'a pas été fait en même temps qu'avec les autres provinces et que l'on s'attendait à ce que le nombre de suicides au Québec, obtenu de la Base canadienne de données sur la mortalité, qui ont été mal identifiés, soit plus élevé dans cette province qu'ailleurs. Ce phénomène tient à ce que l'ensemble de noms de famille relevé au Québec est plus petit que dans les autres provinces, et que les risques d'un mauvais couplage de données est plus élevé lorsque les méthodes de couplage font appel aux noms de famille. Cette situation pourrait très bien avoir contribué à des taux de suicide artificiellement élevés enregistrés au Québec, et nous admettons qu'il s'agit là d'une donnée importante qui doit être prise en considération lorsqu'on interprète les résultats.

Tendances temporelles

Les tendances indiquant une hausse des taux de suicide chez les agriculteurs entre les premières et les dernières années de l'étude, phénomène qui ne s'observe pas dans la population générale¹⁸, pourraient être un artéfact imputable à l'évolution des méthodes de classification des suicides. Ainsi, il peut arriver que des coroners ou des médecins légistes hésitent à classer un décès suspect dans la catégorie des suicides. Si cette réticence évolue avec le temps, les tendances peuvent s'expliquer par une évolution temporelle de la classification des suicides. Selon nous, ce phénomène est peu vraisemblable. Même si, en général, les suicides sont toujours sous-déclarés, il n'existe dans la littérature biomédicale aucune donnée indiquant que la sous-déclaration n'était pas la même dans les régions urbaines et dans les milieux ruraux du Canada, de 1971 à 1987. Dans une enquête sur les attitudes des coroners de l'Ontario à l'égard de l'attestation des suicides²¹, 33 % des 183 répondants «hésitaient à attester un cas de suicide», surtout parce qu'ils craignaient la portée émotionnelle d'un tel constat sur la famille. Cette hésitation, qui ressort des témoignages des intéressés, était la même en milieu rural et en milieu urbain.

Une autre raison pourrait expliquer les hausses temporelles des taux de suicide chez les agriculteurs, à savoir une modification de la notion appelée «effet du travailleur en bonne sant黲². Selon cette notion, les membres d'une cohorte de travailleurs ont plus de chances d'être bien portants que les membres de la population générale, dont une proportion ne travaille pas. Ainsi, il est possible que les taux de dépression clinique pouvant mener au suicide soient moins élevés dans les groupes de gens qui travaillent. Par définition, tous les membres de la cohorte d'exploitants agricoles travaillaient au début du suivi, en 1971. Les faibles taux de suicide constatés dans la cohorte au cours de la première période de suivi viennent corroborer cette hypothèse. Au cours des dernières périodes de suivi, les membres de la CEAC ont peut-être cessé de faire partie de la population active, pour cause de retraite, de maladie ou de ralentissement économique. Ainsi, l'effet du travailleur en bonne santé ne serait pas aussi important pour les dernières périodes de suivi, et on pourrait s'attendre à ce que les taux de suicide dans cette cohorte augmente avec la durée du suivi.

Il est également possible que la participation à l'étude (le fait d'être exploitant agricole) soit mal classée dans le cas des membres de la CEAC, ce qui pourrait fausser les résultats observés. Les agriculteurs qui ont été recrutés en 1971 comme membres de la cohorte pourraient bien avoir abandonné l'exploitation agricole dans les années qui ont suivi. Ils pourraient aussi avoir travaillé en dehors de l'exploitation agricole, à temps partiel, pendant certaines périodes. Dans notre analyse, les suicides enregistrés dans ce sous-groupe auraient été classés dans la catégorie des décès survenus chez les exploitants agricoles, ce qui gonflerait les calculs de taux de suicide en milieu agricole. À l'inverse, les suicides constatés chez les Canadiens de sexe masculin qui sont devenus exploitants agricoles entre 1971 et 1987 ne seraient pas inclus dans les calculs. Faute d'information sur le mouvement des effectifs dans le milieu agricole canadien, il est impossible de mesurer l'ampleur du biais lié à cette situation.

Comparaison des taux de suicide chez les exploitants agricoles et dans l'ensemble de la population

Il ressort très nettement de cette étude que, sauf au Québec, les taux provinciaux de suicide observés dans la CEAC étaient inférieurs ou comparables à ceux enregistrés dans la population générale. De plus, lorsqu'on exclut les données du Québec de l'analyse globale de la situation au Canada, le taux enregistré dans la CEAC était légèrement inférieur.

Il est logique que les taux de suicide soient moins élevés en milieu agricole que dans la population générale. Selon des études réalisées aux États-Unis, si l'on fait abstraction des cas de décès par armes à feu, les taux de suicide sont le plus élevés dans les grandes villes, le moins élevés dans les petites villes et le plus faibles dans les régions rurales²³. La vaste majorité de la population canadienne vit en milieu urbain, et si les tendances observées aux États-Unis valent pour le Canada, les taux élevés de suicide en milieu urbain pourraient avoir une incidence sur le taux global canadien.

De plus, si l'on se fie aux théories sociales qui ont cours actuellement, il existe une corrélation inverse entre la stabilité et la durabilité des relations sociales dans les populations et les taux de suicide²⁴. L'absence de mécanismes de soutien social ou un soutien inadéquat sont réputés représenter des facteurs de risque pour le suicide¹⁸. Les populations agricoles au Canada ont connu de l'incertitude ou des crises économiques au cours des deux dernières décennies, ce qui constitue un facteur de risque pour les idées suicidaires et le suicide¹⁸. Nous devons souligner, en revanche, que par rapport aux citadins, les agriculteurs de la plupart des régions rurales du Canada appartiennent à des communautés qui sont extrêmement solidaires dans les moments difficiles. Ainsi, la désintégration sociale se voit diminuée en temps de crise, ce qui se traduit par des taux de suicide plus faibles.

Il est aussi possible que les taux de suicide légèrement inférieurs observés chez les agriculteurs soient des artéfacts dûs à la déclaration, qui s'expliquent par des habitudes de sous-déclaration par les coroners et les médecins légistes qui diffèrent selon qu'il est question de populations agricoles ou d'autres catégories de Canadiens. Là encore, bien que cette théorie ait été évoquée dans les études antérieures sur le suicide, il n'existe dans la littérature biomédicale aucune donnée probante indiquant que cette explication est à l'origine des différences constatées.

Autres études

Notre étude sur les tendances relatives au suicide en milieu agricole ne porte que sur 17 ans, ce qui est une période relativement brève lorsqu'on veut dégager des tendances temporelles. Il faudrait pousser plus loin la surveillance pour confirmer les tendances observées dans ce groupe et dans d'autres populations d'agriculteurs (par exemple chez les femmes, les enfants, les employés et d'autres personnes qui évoluent en milieu agricole). On a choisi de n'inclure que des hommes dans la CEAC en raison de la structure démographique de la population d'exploitants agricoles observée en 1971, et nos résultats sont nécessairement limités par cette restriction. On ne connaît pas très bien les risques pour la santé des exploitantes agricoles et d'autres femmes vivant en milieu agricole, d'où la nécessité d'entreprendre d'autres études sur le suicide dans cette population importante. Autre réserve, notre étude ne porte pas sur les conditions sociales ou personnelles ni sur d'autres facteurs étiologiques réputés avoir une incidence sur les taux de suicide dans d'autres populations, comme l'isolement social ou géographique, la pauvreté et la crise économique¹⁸.

Selon les premières recherches réalisées auprès de la CEAC, le célibat, la sous-scolarisation et le fait de vivre seul constituent d'importants facteurs de risque pour le suicide chez les agriculteurs²⁵. Il faut attendre les résultats d'études épidémiologiques plus définitives pour mieux comprendre les causes profondes du suicide dans les exploitations agricoles du Canada.

Remerciements

Cette étude a été subventionnée (n^o de la subvention : 6606-5699-55) par Santé Canada dans le cadre du Programme national de recherches et de développement en matière de santé. Nous tenons à remercier Martha Fair, Doris Zuccarini et Christine Poliquin de la Section de recherche en hygiène du travail et du milieu, de Statistique Canada, ainsi que le D^r Rob Brison de l'université Queen's. Le D^r Pickett est un scientifique subventionné par le ministère de la Santé de l'Ontario.

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William Pickett, Departments of Community Health and Epidemiology et of Emergency Medicine, Queen's University; et KFLA / Queen's University Teaching Health Unit, Kingston (Ontario)

Will D. King, Department of Community Health and Epidemiology, Queen's University, Kingston (Ontario)

Taron Faelker, Department of Community Health and Epidemiology, Queen's University; et KFLA / Queen's University Teaching Health Unit, Kingston (Ontario)

Ronald E.M. Lees, Departments of Community Health and Epidemiology et of Family Medicine, Queen's University, Kingston (Ontario)

Howard I. Morrison, Bureau du cancer, Laboratoire de lutte contre la maladie, Santé Canada, Ottawa (Ontario)

Monica Bienefeld, Department of Public Health Sciences, University of Toronto, Toronto (Ontario)

Correspondance : Dr. William Pickett, Assistant Professor, Department of Emergency Medicine, Queen's University, Kingston General Hospital
(Angada 3), Kingston (Ontario)  K7M 2V7; Télécopieur : (613) 548-1381; Courriel : PickettW@post.queensu.ca

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