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Agence de santé publique du Canada

 

Maladies évitables par la vaccination


La rougeole

L'épidémiologie de la rougeole au Canada a été décrite dans la section « Élimination de la rougeole au Canada ». Il s'agit d'une maladie répandue dans le monde entier, mais on a observé une baisse marquée de son incidence dans les pays où la vaccination contre la rougeole est largement pratiquée depuis de nombreuses années. La rougeole reste cependant une maladie courante dans plusieurs régions du monde, particulièrement dans les pays en voie de développement, où elle est une cause importante de mortalité chez les enfants de < 5 ans.

Le virus de la rougeole provoque généralement une maladie plus grave chez les nourrissons et les adultes que chez les jeunes enfants. Elle se complique parfois d'une otite moyenne, d'une pneumonie ou d'une encéphalite. Au Canada, la létalité de la rougeole est estimée à un cas sur 3 000, tous les groupes d'âge confondus. Elle peut cependant atteindre 5 % ou même 10 % des cas chez les sujets très jeunes ou sous--alimentés. Ce sont surtout les enfants de < 5 ans qui meurent des suites de la rougeole; leur décès est généralement attribuable à une pneumonie ou, dans certains cas, à une encéphalite.

Avant l'introduction du vaccin antirougeoleux, on dénombrait de 300 000 à 400 000 cas de rougeole par année, surtout chez les enfants. L'incidence de cette maladie a atteint son point culminant en 1935, avec un taux de 768 cas pour 100 000 habitants. On observait une recrudescence de la rougeole tous les 2 à 4 ans. Dans la période qui a suivi immédiatement l'introduction du vaccin, la rougeole n'était pas une maladie à déclaration obligatoire partout au Canada. Cependant, quand elle l'est redevenue en 1969, son incidence avait chuté considérablement. Plus près de nous, de 1986 à 1995, l'incidence annuelle de la rougeole a fluctué entre 0,7 et 58,5 cas déclarés pour 100 000 habitants. En 1993, 203 cas de rougeole (0,7 cas pour 100 000 habitants) ont été signalés au Canada, ce qui représente une incidence presque 15 fois moindre qu'en 1992. Il s'agissait également du plus petit nombre de cas déclarés au cours d'une année depuis que la rougeole était devenue une maladie à déclaration obligatoire en 1924. Cependant, en 1994, 2,5 fois plus de cas de rougeole ont été déclarés qu'en 1993, et 4,4 fois plus l'ont été en 1995 qu'en 1994. La hausse de l'incidence en 1994 était essentiellement attribuable à l'augmentation du nombre de cas au Québec et en Ontario, alors que l'augmentation observée en 1995 s'expliquait dans une grande mesure par des éclosions importantes de rougeole en Ontario, qui ont compté pour plus de 95 % des cas déclarés.

L'âge médian des personnes qui ont contracté la rougeole pendant l'éclosion de 1995 était de 10 ans. Dans la plupart des cas (83 %), la maladie a frappé des enfants d'âge scolaire (de 5 à 19 ans), répartis de la façon suivante : 33 % des sujets infectés avaient de 10 à 14 ans, 30 %, de 5 à 9 ans, et 21 %, de 15 à 19 ans. Près de 90 % des sujets dont on a pu examiner les antécédents vaccinaux avaient reçu une dose du vaccin antirougeoleux et 3,9 % n'étaient pas admissibles à la vaccination (parce qu'ils étaient nés avant 1957 ou avaient < 12 mois). Enfin, dans le cas de 4,5 % des personnes atteintes, on n'a pu établir si elles avaient été vaccinées.

L'ampleur de l'épidémie de rougeole survenue au Canada en 1995 et son importance pour ce qui est des activités d'élimination de la rougeole dans tous les pays du continent américain sont abordées dans la section qui porte sur ce sujet. Il importe de rappeler notamment que les campagnes massives de vaccination de rattrapage et l'adoption d'un programme d'immunisation systématique comportant deux doses du vaccin partout au Canada, en 1996, ont freiné la circulation du virus de la rougeole. De janvier à novembre 1996, le bilan provisoire des cas déclarés s'élevait à 315. Fort de ces succès, le Canada a de très bonnes chances de réaliser son objectif d'éliminer la rougeole d'ici l'an 2005 et il réussira peut--être même à le faire d'ici l'an 2000, réalisant ainsi l'objectif fixé par l'OPS.


Mise à jour 1998 : En 1997, le Canada a dénombré 581 cas confirmés de rougeole. En 1998, ce nombre a été ramené à 12, la plus faible proportion jamais enregistrée à l'échelon national au Canada. En 1998, tous les cas ont été signalés à Santé Canada par le biais du système de surveillance par courriel. Pour qu'un cas de rougeole soit considéré tel à l'échelon national, il devait répondre aux critères de définition de cas suivants :

  • confirmation en laboratoire de l'infection en l'absence d'une immunisation récente (1 à 14 jours) au moyen d'un vaccin renfermant une portion antirougeoleuse (un cas confirmé en laboratoire ne répond pas obligatoirement à la description de la maladie clinique) :
    • identification du virus de la rougeole dans un spécimen clinique approprié
    • ou élévation significative du taux sérique d'anticorps spécifique à la rougeole entre la phase aiguë et la convalescence
    • ou test sérologique positif à l'égard de l'IgM de la rougeole au moyen d'une méthode de dosage approuvée

OU

  • rougeole clinique chez une personne épidémiologiquement reliée à un cas confirmé en laboratoire, caractérisée par les éléments suivants : fièvre à 38,3 °C ou plus, toux, rhinite ou conjonctivite et érythème maculopapulaire généralisé d'une durée d'au moins trois jours.

Les 12 cas signalés ont été confirmés en laboratoire par analyse des anticorps IgM spécifiques à la rougeole et vérifiés par le groupe de travail national pour l'éradication de la rougeole au Canada. Un spécimen de virus de la rougeole a été recueilli et identifié : il s'agissait de la souche MVi/Montreal.CAN/19.98[D5]. L'âge moyen au moment du déclenchement de l'érythème était de cinq ans (de moins d'un an à 33 ans) avec un ratio hommes-femmes de 7:5. Deux cas seulement ont dû être hospitalisés.

Les antécédents de vaccination étaient disponibles pour neuf cas sur les douze confirmés. Sept cas ont reçu leur premier vaccin et deux, non. Parmi les deux cas non vaccinés, l'un ne l'a pas été en raison d'antécédents d'allergie aux oufs (l'allergie aux oufs n'est plus considérée une contre-indication au vaccin ROR. Voir le Guide canadien d'immunisation - 1998 cinquième édition, page 122) et un avait «raté» son rendez-vous. Parmi les cas qui ont été vaccinés, deux avaient reçu leur vaccin avant leur premier anniversaire, alors qu'ils vivaient à l'extérieur du Canada. Un seul sur neuf a reçu une deuxième dose de vaccin ROR (rougeole-oreillons-rubéole).

Ces cas avaient une distribution pancanadienne et, contrairement à la majorité des cas de 1997 (1), ils n'étaient liés à aucune épidémie (Tableau 7).

TABLEAU 7 : Cas de rougeole confirmés signalés au système spécial de surveillance de la rougeole


Province

1998*

1997


Terre-Neuve

0

9

Île-du-Prince-Édouard

0

0

Nouvelle-Écosse

0

2

Nouveau-Brunswick

0

4

Québec

2

4

Ontario

7

22

Manitoba

0

0

Saskatchewan

1

20

Alberta

1

245

Colombie-Britannique

1

275

Yukon

0

 0

Territoires du Nord-Ouest

0

 0

Total

12

581


*Données preliminaries

Cinq des cas de rougeole confirmés en 1998 avaient séjourné 7 à 21 jours à l'extérieur du Canada avant le déclenchement de l'érythème. Un seul cas a eu un contact identifié avec un autre cas de rougeole alors qu'il se trouvait hors du Canada.

Un autre cas doit être passé en revue par le groupe de travail parce qu'il a été confirmé en laboratoire lors de deux analyses distinctes, mais non par le dosage de l'IgM actuellement utilisé par Santé Canada. Quatre autres rapports ont été reçus relativement à des patients manifestant les symptômes cliniques de la maladie, sans analyse de laboratoire pour le confirmer. Selon les renseignements recueillis sur trois de ces quatre cas cliniques, la personne soignante a refusé et(ou) le médecin n'a pas pu ou n'a pas voulu recueillir d'échantillon sanguin. Aucun échantillon n'a été prélevé pour isoler le virus de la rougeole.

En résumé, au fur et à mesure que le pays progresse vers l'atteinte de son objectif, qui est d'éliminer la rougeole indigène, il est important de maintenir, voire d'améliorer la couverture vaccinale actuelle pour toutes les populations sensibles. De même, il faut enjoindre les médecins de maintenir un fort degré de suspicion à l'endroit de la rougeole, de signaler rapidement tous les cas suspects pour les faire confirmer. La plupart de ceux qui répondent à la définition de cas cliniques ne seront pas considérés comme tels en raison de la non-spécificité de la définition clinique. Par conséquent, seuls les cas confirmés en laboratoire ou liés à un cas confirmé par analyse épidémiologique seront considérés tels. Le groupe de travail demande que des spécimens sérologiques soient recueillis chez tous les cas suspects, de même que des spécimens de sécrétions nasopharyngées ou de gorge et(ou) d'urine pour pouvoir isoler le virus.

Vaccin contre la rougeole

Les vaccins à virus vivant contre la rougeole sont préparés à partir de souches «suratténuées » Edmonston B (p. ex., des souches Moraten, Edmonston-Zagreb, Schwarz, Connaught). On peut les obtenir seuls ou en association avec le vaccin à virus vivant contre la rubéole (RR) ou avec les vaccins contre la rubéole et les oreillons (RRO). Les vaccins contre la rougeole sont généralement préparés dans des cultures de fibroblastes de poulet, sauf le Moru-Viraten Berna®, qui est cultivé sur des fibroblastes humains. Toutes les préparations peuvent contenir d'infimes quantités d'antibiotiques (p. ex., de la néomycine) et un stabilisant (p. ex., de la gélatine). La monographie du produit fournit plus de détails à ce sujet.

Efficacité

L'efficacité du vaccin contre la rougeole augmente avec l'âge au moment de l'immunisation. Le principal mécanisme expliquant son manque d'efficacité chez les enfants vaccinés en bas âge est l'effet inhibiteur des anticorps maternels. La concentration de ces anticorps transmis par la mère au fotus dans l'utérus diminue lentement après la naissance. Chez la plupart des nourrissons, les anticorps maternels ont disparu après 12 mois, mais certaines études ont montré que la vaccination à 15 mois conférait une protection accrue. Les anticorps maternels ne sont pas le seul facteur de l'échec de la vaccination étant donné que la protection semble atteindre un plateau après l'âge de 15 mois. L'efficacité d'une dose unique administrée à 12 ou 15 mois est estimée entre 85 % et 95 %. Avec une seconde dose, près de 100 % des enfants sont protégés.

Indications
Nourrissons et enfants

Il faudrait donner deux doses du vaccin contre la rougeole dans le cadre d'un programme d'immunisation systématique. Les nourrissons devraient recevoir une première dose en association avec les vaccins contre la rubéole et les oreillons (RRO) peu après leur premier anniversaire. La seconde dose devrait être administrée au moins 4 semaines après la première et avant l'entrée à l'école. Il est bon de lier cette dose à d'autres vaccinations systématiques. On peut, par exemple, la faire concorder avec la prochaine vaccination prévue à l'âge de 18 mois, avec les vaccins qui doivent être administrés avant l'entrée à l'école, soit à l'âge de 4 à 6 ans, ou à tout âge intermédiaire où c'est pratique (p. ex., avant l'entrée à la garderie). Pour ce qui est de la seconde dose systématique, on privilégie le vaccin RRO, car un certain pourcentage d'enfants se trouveront aussi mieux protégés contre la rubéole et les oreillons.

Il est recommandé de donner deux doses de vaccin à 4 semaines d'intervalle aux enfants qui :

  • n'ont pas suivi le programme d'immunisation systématique;
  • n'ont pas d'attestation d'immunisation;
  • n'ont pas d'attestation fiable d'immunisation contre la rougeole (p. ex., des immigrants);
  • ont reçu le vaccin vivant contre la rougeole et des immunoglobulines (IG) simultanément ou dans les 5 mois qui ont suivi l'administration d'IG;
  • ont reçu une dose insuffisante du vaccin.

Il peut être recommandé de vacciner les enfants de < 12 mois s'ils courent un risque élevé d'être exposés à la rougeole ou sont emmenés dans un pays où la rougeole est endémique; on peut administrer le vaccin monovalent contre la rougeole seulement ou le RRO dès l'âge de 6 mois. Dans de tels cas, ou encore si le vaccin a été administré par erreur avant le premier anniversaire, l'enfant devrait recevoir deux doses additionnelles du vaccin RRO après son premier anniversaire.

Indications post-exposition : Les individus réceptifs de > 12 mois qui sont exposés à la rougeole peuvent être protégés contre l'infection si le vaccin leur est administré dans les 72 heures qui suivent l'exposition. L'immunisation en période d'incubation de l'infection n'entraîne pas, que l'on sache, d'effets secondaires. L'administration d'IG dans les 6 jours suivant l'exposition peut prévenir l'infection ou modifier son évolution. Un tel traitement peut être administré à cette fin aux enfants de < 12 mois, aux personnes chez qui le vaccin est contre-indiqué ou à celles qui ont été exposées à l'infection plus de 72 heures mais moins de 1 semaine auparavant (pour connaître la dose d'IG, voir la page 36 du Guide). À moins de contre-indications, les personnes à qui l'on a administré des IG devraient recevoir le vaccin contre la rougeole aux intervalles énoncés au tableau 7 à la page 37 du Guide.

Adultes

On recommande la vaccination systématique des adultes nés après 1970 sans antécédents de la maladie. Dans l'édition de 1998 du Guide canadien d'immunisation, cette limite a été changée de 1957 à 1970, car l'épidémiologie de la rougeole au Canada depuis 1989 a montré que très peu d'adultes nés avant cette année-là ont contracté la maladie. En effet, le virus de la rougeole a circulé assez librement au Canada jusqu'au début des années 70, et la plupart des personnes nées avant cette date ont été infectées. Le Canada et les États-Unis avaient tous deux reçu une licence d'utilisation pour le vaccin en 1963, mais le Canada n'a commencé à l'utiliser sur une grande échelle qu'au début des années 70 alors que les États-Unis l'utilisaient depuis le milieu des années 60. De plus, l'âge au moment de l'immunisation a été porté à 15 mois en 1976 aux États-Unis, tandis qu'il est demeuré à 12 mois au Canada. L'immunisation en plus bas âge, qui faisait augmenter le taux d'échec de la primovaccination, a donné lieu aux grandes éclosions de rougeole observées jusqu'à l'introduction récente du programme comportant deux doses de vaccin.

Un faible pourcentage d'adultes nés après 1970, surtout les plus jeunes, sont toujours vulnérables. Les données épidémiologiques montrent que les milieux dans lesquels sont concentrées de fortes populations de jeunes adultes, notamment les collèges et les universités, sont propices à la transmission de la rougeole. Il faudrait donc administrer le vaccin aux adultes nés après 1970 qui fréquentent ces établissements ou qui risquent d'être davantage exposés à la rougeole que la population générale, par exemple, pendant des voyages ou des éclosions. Même si l'on considère en général que deux doses du vaccin ou une preuve que les sujets ont déjà contracté la maladie sont garants d'une protection totale, l'administration d'une seule dose nouvelle du vaccin semble suffire à protéger les adultes qui ne peuvent présenter une telle preuve. En fait, la plupart des adultes qui n'ont pas de preuve d'immunisation sont déjà immunisés, et une seule dose du vaccin fait passer cette proportion à près de 100 %. L'administration d'une seconde dose 1 mois plus tard semble présenter un avantage négligeable puisque la principale cause de l'échec du vaccin (anticorps maternels dirigés contre le virus de la rougeole) ne constitue pas un problème chez les adultes.

Il ne faudrait offrir une dose additionnelle qu'aux adultes nés après 1970 qui sont le plus à risque et qui n'ont pas déjà reçu deux doses du vaccin ni contracté la maladie.

Ces personnes appartiennent aux catégories suivantes :

  • les personnes qui se rendent dans une région où la rougeole est endémique;
  • les travailleurs de la santé;
  • les étudiants de niveau postsecondaire;
  • les recrues de l'armée;
  • les adultes qui savent qu'ils n'ont jamais été vaccinés.

Posologie

La dose de vaccin contre la rougeole, administré seul ou en association avec le vaccin contre la rubéole et les oreillons (RRO), est de 0,5 mL. Pour les flacons unidoses, il faut injecter tout le contenu du flacon après reconstitution (0,5-0,7 mL).

Voie d'administration

Le vaccin doit être administré par voie sous-cutanée.

Conditions d'entreposage

Les vaccins contenant le virus de la rougeole doivent être conservés dans un réfrigérateur entre 2 °C et 8 °C. Une fois reconstitué, le vaccin doit être administré sans tarder.

Administration simultanée d'autres vaccins

Les vaccins contre la rougeole peuvent être administrés en même temps que les vaccins combinés contre la diphtérie, la coqueluche, le tétanos et la poliomyélite ou le vaccin contre Haemophilus influenzae de type b, mais à un autre endroit du corps. Lorsqu'il est administré en association avec d'autres vaccins vivants, comme le vaccin contre la varicelle, le vaccin contenant le virus de la rougeole doit être donné en même temps ou décalé d'un intervalle minimum de 4 semaines.

Effets secondaires

Le vaccin produit une légère infection, ordinairement infraclinique et non transmissible. Il peut occasionner de la fièvre, parfois accompagnée d'une éruption chez environ 5% à 10%des sujets, de 7 à 10 jours après son administration. La fièvre peut, à l'occasion, provoquer des convulsions chez les enfants réceptifs, comme ceux qui ont déjà eu des convulsions ou dont les frères et sours ou les parents ont des antécédents de convulsions. Le risque est toutefois peu élevé et les avantages de l'immunisation dépassent largement les risques associés aux convulsions fébriles. Une thrombopénie passagère survient rarement dans le mois qui suit l'immunisation. Les effets secondaires sont moins fréquents après la seconde dose du vaccin et ne se produisent en général que chez les sujets qui n'ont pas été protégés par la première dose.

On a signalé des cas d'encéphalite attribuables au vaccin vivant atténué contre la rougeole à une fréquence d'environ 1 cas pour 1 million de doses en Amérique du Nord, mais le phénomène est à ce point tellement rare qu'il n'est pas certain que le vaccin en soit la cause. L'incidence signalée est cependant beaucoup moins fréquente qu'après une infection naturelle (environ 1 cas pour 1 000).

On a assisté à une chute spectaculaire du nombre de cas de PESS depuis l'immunisation massive de la population contre la rougeole. À ce jour, aucun cas chez qui le virus de la rougeole a été isolé n'était attribuable à une souche vaccinale. Si l'on a recours au vaccin RRO, des effets secondaires dus aux vaccins contre la rubéole et les oreillons sont également possibles (voir les pages 198 et 237 du Guide). Malgré l'association signalée entre le vaccin RRO et l'autisme ou les entéropathies inflammatoires, des études rigoureuses ont confirmé l'absence de rapport de causalité (voir Précautions générales et contre-indications, à la page 4 du Guide). On déconseille donc fortement d'administrer séparément les différentes composantes du RRO étant donné que cela ne présente aucun avantage sur le plan de la santé, accroît la proportion d'enfants qui ne reçoivent pas les trois antigènes ou retarde le moment où ceux-ci sont complètement protégés contre ces trois maladies, et constitue une source inutile de douleur et de détresse chez l'enfant.

Contre-indications

Le vaccin contre la rougeole (ou RRO) est contre-indiqué dans le cas des personnes qui ont déjà eu une réaction anaphylactique à un vaccin contenant le virus de la rougeole. S'il faut absolument les revacciner, on peut envisager de procéder à un test cutané de réaction au RRO et à une provocation graduée dans un établissement doté d'un équipement adéquat. Il faut cependant prévoir l'éventualité d'une hypersensibilité au test cutané ou à la provocation graduée.

Il est recommandé de ne pas administrer le vaccin contre la rougeole ou le RRO aux sujets gravement malades. On ne devrait toutefois pas retarder la vaccination à cause d'une maladie aiguë mineure accompagnée ou non de fièvre.

Il est préférable d'éviter d'administrer le vaccin contre la rougeole aux femmes enceintes, même s'il ne présente aucun danger connu.

Les personnes qui ont déjà fait des réactions de type anaphylactique à la néomycine administrée par voie locale ou générale ne doivent pas recevoir le vaccin contre la rougeole, qui en contient d'infimes quantités. Comme le vaccin peut aussi contenir de la gélatine comme agent stabilisant, il faut faire preuve d'une grande prudence lorsqu'on immunise des sujets qui ont déjà fait de graves réactions allergiques à la gélatine ou aux produits en contenant.

Le vaccin contre la rougeole est contre-indiqué chez la plupart des sujets dont les mécanismes immunitaires sont affaiblis par suite d'une maladie ou d'un traitement (pour le VIH, voir la section qui suit et la section intitulée Immunisation des sujets immunodéprimés, à la page 22 du Guide).

Précautions

La rougeole peut exacerber la tuberculose, mais rien n'indique que le vaccin contre la rougeole produise le même effet. La vaccination contre la rougeole peut négativer transitoirement l'allergie tuberculinique pendant quelques semaines. Si un test tuberculinique est nécessaire, il doit avoir lieu le même jour que la vaccination ou au moins 6 semaines plus tard.

Le vaccin RRO est recommandé pour la majorité des nourrissons infectés par le VIH dont les défenses immunitaires entre 12 et 15 mois sont suffisamment fortes pour que le vaccin puisse leur être administré sans danger. (Classification pédiatrique du VIH de 1994, catégories E, N1, A1). Il faut consulter un spécialiste des soins aux enfants infectés par le VIH afin de déterminer cas par cas si le sujet présente une immunodéficience importante. Il peut être bon de redonner le vaccin contre la rougeole aux personnes infectées par le VIH présentant une immunodéficience modérée s'il y a un risque élevé de rougeole dans la localité ou si elles se rendent dans une région où la rougeole est endémique. On peut déterminer le niveau d'activité de la rougeole dans la région et le risque que courent les personnes qui voyagent à l'étranger en consultant les autorités sanitaires locales.

Comme les enfants infectés par le VIH ont peut-être eu une réponse inadéquate à l'immunisation antérieure, ils devraient recevoir des immunoglobulines après une exposition documentée à la rougeole. Lorsque d'autres personnes réceptives présentant un déficit immunitaire sont exposées à la rougeole, une immunisation passive au moyen d'immunoglobulines devrait être administrée le plus tôt possible (voir la page 36 du Guide). Afin de réduire les risques d'exposition à la rougeole des sujets immunodéprimés, il y a lieu d'immuniser leurs proches.

Les études cliniques ont démontré que l'allergie aux oufs ne doit plus être considérée comme une contre-indication de l'administration du vaccin RRO. On peut donner ce vaccin de façon systématique et sans procéder à des tests cutanés préalables aux sujets qui ont déjà fait des réactions de type anaphylactique (urticaire, odème de la bouche et de la gorge, difficultés respiratoires ou hypotension) après avoir consommé des oufs de poule. Il faudrait cependant le faire dans des locaux où l'on peut prendre en charge les cas d'anaphylaxie. Il faudrait garder les sujets à risque en observation pendant 30 minutes après la vaccination afin de guetter les signes de réaction allergique. Il n'y a pas de précautions spéciales à prendre dans le cas des enfants ayant une hypersensibilité légère aux oufs qui peuvent consommer de petites quantités d'ouf sans danger ou auxquels on administre le vaccin contre la rougeole et la rubéole sans protéine aviaire. Il n'est pas nécessaire de prendre des mesures spéciales dans le cas des enfants qui n'ont jamais consommé d'oufs avant de recevoir le vaccin RRO. La consommation de cet aliment ne devrait pas être une condition préalable à l'administration du vaccin (voir la section sur l'anaphylaxie, à la page 16 du Guide).

Dans le cas des voyageurs, il faut bien choisir le moment de la vaccination si la personne doit également recevoir des immunoglobulines (voir le tableau 7 à la page 37 du Guide).

Lutte contre les éclosions

Il n'entre pas dans le cadre de la présente section de discuter à fond des mesures de lutte contre les éclosions de rougeole. Le lecteur est prié de se reporter à la déclaration sur la lutte contre les éclosions du Comité consultatif de l'épidémiologie.

On prévoit que l'actuel calendrier à deux doses fera échec aux grandes éclosions de rougeole. Mais comme bon nombre de pays ont des programmes de moindre envergure, la rougeole continuera d'être importée au Canada. Les cas importés entraîneront une transmission limitée de la rougeole, généralement chez les enfants non vaccinés et les jeunes adultes n'ayant pas reçu deux doses du vaccin.

Les programmes de lutte mis en ouvre dans les écoles ou les autres établissements ont eu peu d'effet tant que le Canada a appliqué un programme d'immunisation comportant une seule dose. Avec l'avènement du programme comportant deux doses et une fois que la couverture vaccinale sera élevée, les programmes de lutte présenteront probablement des avantages minimes, sauf dans les milieux où l'on sait que la couverture vaccinale est faible. Il faudrait donc, avant toute intervention, confirmer rapidement les cas présumés de la maladie au moyen d'une culture ou d'une sérologie. Si le diagnostic est confirmé, il faudrait informer les contacts que la rougeole circule et leur conseiller de mettre leur statut vaccinal à jour, au besoin. Pour des raisons d'ordre pratique, il y a lieu de considérer tous les élèves fréquentant la même école ou le même établissement comme des sujets-contacts. L'administration du vaccin dans les 72 heures qui suivent l'exposition confère habituellement une protection contre la rougeole et ne semble pas provoquer d'effets secondaires. Les personnes déjà immunisées ou infectées peuvent recevoir sans danger le vaccin vivant contre la rougeole ou le vaccin RRO.

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Mise à jour : 2002-10-23 haut de la page