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Supplément
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IL IMPORTE DE RAPPELER QUE LES RECOMMANDATIONS SUIVANTES S'ADRESSENT AUX VOYAGEURS CANADIENS QUI SE RENDENT DANS DES RÉGIONS IMPALUDÉES DE PAYS ÉTRANGERS ET QU'ELLES PEUVENT DIFFÉRER DES RECOMMANDATIONS DE SANTÉ CANADA (AGENCE DE RÉGLEMENTATION DES PRODUITS ANTIPARASITAIRES) EN CE QUI CONCERNE L'UTILISATION D'INSECTICIDES ET D'INSECTIFUGES AU CANADA. |
On conseille à tous les voyageurs qui se rendent dans des régions où le paludisme est endémique de prendre des mesures de protection individuelle contre les moustiques afin de réduire le risque de piqûre par l'anophèle. Toute mesure qui réduit l'exposition à l'anophèle femelle au cours de sa période d'activité crépusculaire et nocturne permet de limiter le risque de paludisme. On réduit les risques au minimum en adoptant une approche intégrée qui comporte différentes mesures de protection individuelle :
Certaines mesures sont importantes pour éviter les moustiques :
Si les moustiques ne peuvent pas piquer, ils ne peuvent pas transmettre le paludisme; il s'agit donc de réduire au minimum les surfaces de peau exposées aux moustiques. Des barrières physiques et chimiques permettent de prévenir les piqûres. Par barrières physiques, on entend notamment :
Il existe deux types de barrières chimiques qu'on peut utiliser pour réduire le risque de paludisme : les insectifuges et les insecticides. Les insectifuges ne tuent pas les moustiques, mais les empêchent de piquer, tandis que les insecticides visent essentiellement à tuer les moustiques au contact. Ces deux méthodes ne s'excluent pas mutuellement, certains produits agissant à la fois comme insecticides et comme insectifuges.
DEET : L'insectifuge DEET
(N,N-diéthyl-3-méthylbenzamide, également appelé N,N-diéthyl-m-toluamide)
est généralement reconnu comme le plus efficace de tous
les insectifuges actuellement sur le marché (A I - recommandation
fondée sur des preuves médicales). L'armée américaine
utilise le DEET depuis 1946; il serait utilisé plusieurs millions
de fois par des Nord-Américains chaque année. D'après
des études scientifiques, le DEET serait un produit très
sûr lorsqu'il est utilisé de la façon prescrite (A
I - recommandation fondée sur des preuves médicales).
Plus la concentration en DEET du produit insectifuge est élevée,
plus la durée de protection est longue; cependant, cette durée
plafonne lorsque la concentration du produit atteint de 30 % à 35
%. Pour une concentration donnée de DEET, les formulations dites « à effet
prolongé » (c.-à-d. où le DEET est micro-encapsulé)
procurent une protection plus longue, avec une absorption moindre de
DEET, et sont plus facilement acceptées sur le plan esthétique
que les autres. Cependant, ces formulations ne sont pas encore vendues
au Canada (mais des produits de ce genre sont vendus aux États-Unis).
Les organismes de réglementation des pays occidentaux ont parfois énoncé des
recommandations différentes quant à la concentration maximale
et les taux d'application du DEET, particulièrement chez les enfants.
Il faut admettre toutefois que, par rapport au Canada, le paludisme ailleurs
dans le monde pose un risque considérable. La personne prévoyant
un voyage vers une zone impaludée doit donc utiliser tous les
moyens possibles pour réduire ce risque. Le CCMTMV estime que
pour les destinations à l'extérieur du Canada où le
risque de paludisme l'emporte sur le risque de réaction défavorable
grave au DEET, on ne doit guère hésiter à utiliser
ce produit.
Les produits qui contiennent jusqu'à 35 % de DEET
sont acceptables pour tous les groupes d'âge. Pour les enfants,
particulièrement les bébés de moins de 6 mois, d'autres
mesures de protection personnelle, comme des moustiquaires imprégnées
d'insecticide, devraient être la première ligne de défense.
Des moustiquaires portatives, y compris les filets autoportants que l'on
place par-dessus un siège de bébé pour auto, un
berceau, un parc pour enfant ou une poussette, mettent les bébés à l'abri
des insectes. Cependant, l'utilisation judicieuse de DEET doit être
envisagée pour les enfants de tout âge, en tant que complément
d'autres méthodes de protection. D'après des études
médicales effectuées récemment au Canada, le DEET
ne présente pas de risque supplémentaire important ou
significatif pour les nourrissons et les enfants.
L'intervalle entre les applications recommandé sur l'étiquette
des produits à base de DEET ne doit servir que de guide général,
puisqu'il y a beaucoup de facteurs, notamment la sudation, qui influencent
la durée d'efficacité du produit. En règle générale,
l'intervalle d'application est fonction de l'activité des insectes
piqueurs; si on constate des piqûres avant que l'intervalle figurant
sur l'étiquette soit écoulé, il est conseillé d'appliquer
de nouveau du DEET.
Les formulations de DEET à effet prolongé (produits dont
la concentration en DEET n'excède pas 35 %), présentent
certains avantages par rapport aux autres formulations et elles sont
généralement préférées (A II -recommandation
fondée sur des preuves médicales).
D'une façon générale, les produits associant du
DEET et un écran solaire sont déconseillés, car
le DEET peut réduire de 34 % l'efficacité de l'écran
solaire. De plus, les recommandations d'application pour le DEET et les écrans
solaires sont diamétralement opposés (on conseille d'appliquer
généreusement et souvent les écrans solaires, alors
qu'il faut appliquer les produits à base de DEET avec parcimonie
et seulement aux intervalles indiqués). S'il faut appliquer ces
deux genres de produits, l'Association canadienne de dermatologie recommande
d'appliquer d'abord l'écran solaire et de le laisser pénétrer
la peau pendant 20 minutes avant d'appliquer le DEET (A II - recommandation
fondée sur des preuves médicales).
Insectifuges à base de « produits naturels » :
La plupart des insectifuges qui contiennent des produits dits « naturels » ont
une durée d'efficacité inférieure à celle
du DEET (tableau 1). Pour cette raison, ce
ne sont pas les produits à privilégier
pour la protection contre les piqûres d'insectes. Par exemple,
les produits à base d'huile de citronnelle peuvent chasser les
moustiques, mais leur durée de protection est très courte
(habituellement moins de 1 heure et souvent moins de 30 minutes). Par
conséquent, les insectifuges contenant de la citronnelle ne
sont pas recommandés (E II - recommanda-tion fondée sur
des preuves médicales). Un analogue synthétique de l'huile
d'eucalyptus à odeur de citronnelle, le [P-menthane-3,8-diol],
a été homologué à titre d'insectifuge par
l'ARLA (« OFF! Botanicals Lotion Insect Repellent 1 »).
Cependant, ce produit protège pendant moins longtemps que les
produits à base de DEET à effet prolongé et son
utilisation n'est pas approuvée chez les enfants de moins de
3 ans. D'après les données présentées,
il serait raisonnablement efficace contre les moustiques porteurs du
paludisme. Le P-menthane-3,8-diol peut être considéré comme
une solution de rechange lorsque l'utilisation du DEET est impossible
(p. ex., chez les personnes allergiques au DEET) (A II - recommandation
fondée sur des preuves médicales).
Les produits de la marque Blocker contenant 2 % d'huile de soya
ont une efficacité équivalente à celle
des produits contenant de 5 % à 10 % de DEET; ils chassent les moustiques
pendant 1 à 4 heures, et les mouches noires pendant 5 à 10
heures. L'huile de soya a une faible toxicité, n'est pas irritante
et ne comporte pas de restrictions relatives à l'âge du sujet.
Elle peut donc également être une solution de rechange au DEET,
même si sa durée de protection est sensiblement plus courte
et qu'elle n'est pas utilisée depuis très longtemps. Fait important,
le CCMTMV ne connaît pas d'études scientifiques ayant évalué l'efficacité des
insectifuges à base d'huile de soya contre les moustiques vecteurs
du paludisme; par conséquent, ces produits sont considérés,
au mieux, comme des insectifuges de troisième ligne là où il
y a un risque important de paludisme (A II - recommandation fondée
sur des preuves médicales). Il existe actuellement quatre produits
Blocker à base d'huile de soya homologués au Canada (www.biteblocker.ca),
mais peu de magasins de détail les vendent.
Tableau 1.
Efficacité comparative de certains insectifuges
Principe actif |
Présentation |
Nom commercial* |
Durée d'efficacité† (heures) |
Qualité des preuves |
DEET < 10% | Pump spray, aerosol, gel, lotion | Cutter Skedaddle Skintastic (OFF) |
1-3 |
A I |
DEET 10%-30% | Pump spray, aerosol, lotion, stick | Cutter Backwoods Cutter Backyard Cutter Outdoorsman Deep Woods OFF! Muskol OFF! |
4-6 |
A I |
DEET 20%-35% | Lotion (microencapsulated slow release) |
Sawyer Ultrathon |
8-12 |
A I |
Citronella oil 5%-15% | Pump spray, lotion, oil, towelette | Buzz Away Green Ban Herbal Armor Natrapel |
0.3-0.5 (20-30min) |
E II |
Lemon eucalyptus oil 10%-30% | Lotion | OFF! Botanicals Lotion Insect Repellent 1 |
2-5 |
A II |
Soybean oil 2% | Oil | Bite Blocker | 1.4 |
A II |
Bayrepel 10%-20% (Picaridin/ Hepidanin) | Pump spray, aerosol | Autan | 3-5 (10%) 8-10 (20%) |
A II |
*REMARQUE : Ces produits ne sont présentés
qu'à titre d'exemples et ne sont pas nécessairement
recommandés par Santé Canada. †Les études réalisées dans des conditions naturelles pour évaluer la durée de l'effet répulsif du produit se font généralement avec des moustiques de l'espèce Aedes. D'après les données recueillies sur le DEET, dans le cadre d'études sur l'efficacité de ces produits contre différents types de moustiques, la durée d'efficacité contre les moustiques anophèles serait moindre que contre les moustiques de l'espèce Aedes, et se situerait près de la limite inférieure des intervalles indiqués dans ce tableau. Dans le cas de l'huile de citronnelle et de l'huile de soya, les tests n'ont été effectués qu'avec des moustiques de l'espèce Aedes. D'après les tests portant sur l'huile d'eucalyptus à odeur de citronnelle et sur Bayrepel, la durée de l'effet répulsif de ces produits serait équivalente pour les anophèles et les moustiques de type Aedes. |
Tableau 2.
Efficacité comparative de différents insecticides pyréthrinoïdes
pour l'imprégnation de moustiquaires*
Principe actif |
Présentation |
Nom commercial** |
Durée d'efficacité† (mois) |
Qualité des preuves |
Perméthrine EC 55% | Concentré émulsionné | Peripel | 6 |
A I |
Deltaméthrine SC 1% | Concentré émulsionnable | K-Orthrine | 12 |
A I |
Deltaméthrine 400 mg | Comprimé | K-O Tab | 12 |
A I |
Lambda-Cyhalothrine CS 2,5% | Capsule-suspension | Icon | 9 |
A I |
Cyfluthrine EW0,05% | Émulsif dans l'eau | Solfac | 6-9 |
A I |
Alpha-Cyperméthrine SC 10% | Suspension concentrée | Fendona | 6-9 |
A I |
**REMARQUE : Ces produits ne sont présentés
qu'à titre d'exemples et ne sont pas nécessairement
conseillés par Santé Canada. La durée d'efficacité indiquée ne s'applique pas aux vêtements imprégnés de pyréthrinoïde; l'efficacité résiduelle de la deltaméthrine persiste après trois ou quatre lavages, tandis que l'efficacité des autres pyréthrinoïdes disparaît après un ou deux lavages. |
Les recommandations en matière de chimioprophylaxie du paludisme doivent se fonder sur les facteurs suivants :
Évaluation du risque individuel
Au moment de choisir le traitement chimioprophylactique qui convient à chaque voyageur, il faut prendre en considération plusieurs facteurs. Il faut examiner soigneusement l'itinéraire en fonction des régions à l'intérieur du pays de destination qui sont des zones connues de propagation du paludisme, afin de déterminer le risque auquel s'expose le voyageur. Pour mesurer l'ampleur du risque, il faut aussi tenir compte des activités précises auxquelles s'adonnera le voyageur dans la région impaludée (déplacements dans des régions rurales, exposition nocturne, absence de moustiquaires). Enfin, il faut prendre en considération les facteurs liés à la santé du voyageur (âge, grossesse, médication et maladies chroniques) pour déterminer le risque d'accès palustre grave et choisir un agent prophylactique approprié.
Pour évaluer le risque individuel, il faut se poser les questions suivantes :
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Distribution du paludisme pharmacorésistant (voir la figure 1a et l'annexe I)
On trouve des souches de P. falciparum résistantes à la chloroquine dans toutes les régions impaludées du monde, sauf au Mexique, dans les Antilles, en Amérique centrale (au nord du canal Panama) et dans certaines régions de la Chine et du Moyen-Orient. Les cas de paludisme à P. falciparum résistant à la fois à la chloroquine ET à la méfloquine sont encore rares, sauf aux frontières de la Thaïlande avec le Cambodge et le Myanmar (Birmanie). La résistance au Fansidar® (sulfadoxine-pyriméthamine) est maintenant répandue en Amazonie et dans certaines régions de l'Afrique subsaharienne et de l'Asie du Sud-Est. Des souches de P. vivax résistantes à la chloroquine causent également des problèmes graves, particulièrement en Papouasie-Nouvelle-Guinée, en Papouasie occidentale [Irian Jaya], au Vanuatu, au Myanmar et en Guyana. Des souches de P. vivax ayant une sensibilité réduite à la primaquine ont été signalées dans des régions très diverses, notamment en Papouasie-Nouvelle-Guinée, en Somalie et en Inde.
Le CCMTMV estime toutefois que le risque de contracter le paludisme est minime dans les centres urbains de l'Asie du Sud-Est, en Amérique centrale et en Amérique du Sud. La transmission du paludisme diminue de beaucoup à des altitudes supérieures à 2 000 m (6 500 pi) et est pratiquement inexistante à plus de 3 000 m (10 000 pi).
Il importe de faire comprendre à tous les voyageurs que la survenue d'une fièvre inexpliquée pendant ou après un voyage peut être un symptôme de paludisme. Ils doivent alors se faire examiner le plus tôt possible et demander qu'un frottis sanguin soit immédiatement effectué (étalement mince et goutte épaisse) pour rechercher la présence éventuelle des parasites responsables du paludisme. Si le frottis initial est négatif et que les symptômes persistent, il faut refaire l'analyse sérologique dans les 12 à 24 heures suivantes. Parmi les facteurs qui déterminent la survie des patients infectés par P. falciparum, les plus importants sont un diagnostic précoce et la mise en route rapide d'un traitement approprié.
L'annexe IV présente un aide-mémoire à l'intention des personnes qui prévoient voyager dans des régions impaludées.
*D'après des études sur les moustiquaires imprégnées d'insecticide utilisées pour prévenir le paludisme en Afrique subsaharienne.
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