L'efficacité des imageurs thermiques pour la détection du SRAS

INTRODUCTION

En mai 2003, Santé Canada a mis en œuvre un projet pilote destiné à évaluer l'efficacité des imageurs thermiques pour la détection du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). Des imageurs thermiques ont été installés aux aéroports internationaux de Toronto (Pearson) et de Vancouver dans le but de surveiller la température des passagers à l'arrivée et au départ.

Par le biais d'une demande de propositions, Santé Canada a choisi au total 12 appareils parmi les imageurs thermiques de quatre fournisseurs différents. Ces appareils ont été choisis en fonction de spécifications techniques définies par le Ministère. Comme il s'agissait d'un projet pilote, Santé Canada a sélectionné tous les fournisseurs dont les appareils étaient conformes à ces spécifications de manière à pouvoir évaluer un large éventail d'imageurs thermiques.

Les appareils sélectionnés pour le projet pilote étaient les suivants :

• Cinq caméras infrarouge FLIR ThermaCAM® E2– trois à Toronto et deux à Vancouver;
• Trois systèmes d'imagerie thermique CTI (Thermo Image Processor System) – tous à Toronto;
• Trois systèmes d'imagerie thermique MiKronScan 7302 (Thermo Imaging System) – tous à Vancouver;
• Un appareil Cantronic FeverScan M3000 – à Vancouver.

En raison d'un fonctionnement défectueux, le fournisseur du Cantronic FeverScan M3000 est venu reprendre son appareil au début du projet. L'appareil n'a pas été remplacé, ce qui a réduit à onze le nombre total d'imageurs thermiques utilisés pour le projet pilote. L'aéroport international de Vancouver a utilisé cinq imageurs thermiques, tandis que l'aéroport international Pearson en a utilisé six.

OBJET

Ce rapport a pour objet non pas d'évaluer l'efficacité des appareils pour ce qui est de détecter le SRAS, mais de déterminer si un appareil est supérieur aux autres. Autrement dit, il fallait déterminer si les appareils constituaient des moyens fiables de mesurer la température et si certains éléments d'un appareil le rendaient plus fiables que les autres, advenant le cas où Santé Canada déciderait d'utiliser des imageurs thermiques pour une longue période.

L'Office canadien de coordination de l'évaluation des technologies de la santé (OCCETS) a effectué une pré évaluation de l'utilisation des imageurs thermiques pour le dépistage d'une température élevée, à la demande de Santé Canada. L'évaluation a abouti aux conclusions suivantes :

1. la mesure de la température n'est que l'un des outils de diagnostic servant à déceler la présence de la maladie;
2. un professionnel qualifié des sciences médicales doit procéder à un examen plus poussé afin de poser un diagnostic précis;
3. une application appropriée et précise de cette technologie s'avère nécessaire si l'on veut éviter un gaspillage de ressources et protéger le public.

ANALYSE ET RÉSULTATS

Les données suivantes ont été recueillies à partir de chaque appareil pendant la période d'évaluation :

• nombre de personnes ayant fait l'objet du dépistage;
• nombre de personnes chez lesquelles on a décelé une température élevée;
• nombre de personnes orientées vers une évaluation médicale;
• nombre de personnes orientées vers une évaluation médicale par un agent de quarantaine en tant que cas soupçonnés de SRAS;
• nombre de personnes libérées;
• nombre de personnes hospitalisées.

Ce sont les appareils FLIR qui ont servi au dépistage auprès du plus grand nombre de passagers (275 047), ce qui n'est pas surprenant puisque cinq appareils sur onze étaient des imageurs thermiques FLIR. Les appareils CTI ont été employés pour 224 988 passagers au cours de la période d'évaluation. Enfin, les appareils MiKron ont été utilisés pour 56 509 passagers; il faut cependant souligner que ces appareils n'ont été installés qu'à Vancouver, où le volume de passagers est moindre.

Parmi les passagers ayant fait l'objet d'un dépistage à l'aide des imageurs thermiques FLIR, 171 ont été orientés vers une évaluation médicale parce que leur température était élevée. Quarante sept passagers soumis au dépistage à l'aide des appareils CTI et deux, à l'aide des appareils MiKron ont été orientés vers une évaluation médicale pour la même raison. Aucun cas soupçonné de SRAS n'a été repéré chez les passagers par les agents de quarantaine, et aucun passager n'a été hospitalisé.

Une évaluation des spécifications techniques des trois imageurs thermiques n'a donné lieu à aucune donnée concluante quant aux différences entre les appareils. Les spécifications techniques comprenaient les éléments suivants :

• plage de températures;
• précision;
• source d'alimentation;
• durée de fonctionnement de la pile;
• plage de températures de fonctionnement de la pile;
• résistance aux chocs;
• vibrations;
• poids;
• dimensions.

CONCLUSIONS

D'après les données recueillies pour cette évaluation, le rendement des appareils a été plus ou moins conforme aux spécifications du projet. Un appareil a produit un nombre plus élevé que les autres de résultats faussement positifs, mais les écarts sont minimes.

Il faudrait tenir compte des conclusions du Standards, Productivity and Innovation Board de Singapour (SPRING) dans toute décision qui pourrait être prise dans l'avenir au sujet des imageurs thermiques. Le 30 mai 2003, le SPRING a tenu une conférence nationale sur les imageurs thermiques servant à la détection de la fièvre ainsi que sur le choix d'appareils, leurs usages et les tests dont ils ont fait l'objet. En tant que pays qui a été le premier à introduire cette technologie pour le dépistage de maladies, Singapour est à l'avant garde en ce qui concerne l'évaluation de l'efficacité d'une vaste gamme d'indicateurs de température, y compris les imageurs thermiques. Sa première constatation a été l'utilisation non appropriée des thermomètres à infrarouge industriels pour la mesure de la température corporelle.

D'après ce projet pilote et une étude menée par Singapour sur les imageurs thermiques, il est recommandé que Santé Canada hausse ses exigences en matière de spécifications techniques s'il souhaite utiliser cette technologie pendant une longue période. Le Ministère devra procéder à une autre demande de propositions pour pouvoir sélectionner les imageurs thermiques qu'il utilisera dans l'avenir. Avant d'entamer un tel processus, Santé Canada doit continuer d'utiliser les appareils actuels tant qu'on n'aura pas mis fin aux contrats. Les contrats passés par le Ministère avec les trois fournisseurs d'imageurs thermiques prennent fin la deuxième semaine de la prochaine année financière (soit le 15 avril 2004).