Actualités en épidémiologie sur le VIH/sida - mai
2004
|
L'épidémie du VIH au Canada frappe
de façon disproportionnée les peuples autochtones. |
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Une proportion de plus en plus grande des tests
positifs pour le VIH et des cas déclarés de sida concernent
des Autochtones. |
![](/web/20061214105031im_/http://www.phac-aspc.gc.ca/gfx_common/bullet-sm.gif) |
L'injection de drogues demeure un mode de transmission
important dans les communautés autochtones. |
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Le VIH/sida a un impact considérable sur
les femmes autochtones. |
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Les Autochtones sont infectés par le VIH
plus tôt dans la vie que les non-Autochtones. |
L'infection à VIH et le sida chez les peuples autochtones du
Canada : un problème toujours préoccupant
Introduction
Au Canada, les populations autochtones sont très hétérogènes,
situation qui reflète les particularités des différentes
communautés (Premières nations, Inuits et Métis)
sur le plan des origines historiques, de la langue et des traditions
culturelles. Malheureusement, un nombre disproportionné de leurs
membres subissent les effets négatifs de nombreux facteurs sociaux, économiques
et comportementaux (p. ex., taux élevés de pauvreté,
de toxicomanie, et d'infections transmises sexuellement, accès
limité aux services de santé ou utilisation réduite
de ces services) qui augmentent leur vulnérabilité face à l'infection à VIH.
Le présent rapport fait le point sur la situation de l'épidémie
du VIH/sida chez les peuples autochtones du Canada. Pour organiser les
données de surveillance du VIH/sida au Canada, on a divisé les
peuples autochtones en trois catégories : Premières nations,
Inuits et Métis. La catégorie « Autochtones d'origine
non précisée » est utilisée lorsque l'origine
ethnique est inconnue.
Les données nationales de surveillance du VIH et du sida qui
figurent dans le présent document viennent de deux sources : a)
Le VIH et le sida au Canada. Rapport de surveillance en date du 30 juin
20031 et b) données non publiées de la Division
de la surveillance et de l'évaluation des risques, Centre de prévention
et de contrôle des maladies infectieuses (CPCMI), Santé Canada.
L'épidémie du VIH/sida au Canada frappe de façon
disproportionnée les peuples autochtones
Données de surveillance du sida
- Entre 1979 et le 30 juin 2003, on a déclaré 18 934
cas de sida au CPCMI. L'origine ethnique était précisée
dans 16 244 (85,8 %) de ces cas; parmi ceux-ci, 509 (3,1 %) étaient
des Autochtones.
- Selon le recensement de 2001, les communautés autochtones
représentent 3,3 % de la population canadienne2.
Données de surveillance du VIH
- Entre 1998 et la fin juin 2003, le CPCMI a reçu 12 602 rapports
de test positif pour le VIH. Parmi les 3 706 dont l'origine ethnique était
connue (29,4 %)*, 851 étaient des Autochtones (23 %). Comme
les don-nées sur l'origine ethnique des personnes ayant subi
un test positif pour le VIH ne sont compilées que depuis 1998,
on ne peut établir des comparaisons que pour cette courte
période.
- Dans les provinces et territoires qui notent systématiquement
l'origine ethnique des personnes ayant subi un test positif pour
le VIH, les communautés autochtones représentent 6
% de la population2.
* Les provinces et territoires qui notent systématiquement l'origine
ethnique des personnes ayant subi un test positif pour le VIH sont la Colombie-Britannique,
le Yukon, l'Alberta, les Territoires du Nord-Ouest, le Nunavut, la Saskatchewan,
le Manitoba, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, l'Île-du-Prince-Édouard
et Terre-Neuve-et-Labrador.
Données d'études ciblées
- Les études nationales de séroprévalence chez
les femmes enceintes montrent que le taux d'infection à VIH
est de 3 à 4 pour 10 000 femmes enceintes. Selon une étude
en cours sur des femmes autochtones enceintes en Colombie-Britannique,
le taux de prévalence du VIH était de 31,3 pour 10 000
grossesses en 2002 (J.D. Martin, médecin chargé des programmes,
région du Pacifique, Direction générale de la
santé des Premières nations et des Inuits, Santé Canada,
et A. Jin, consultant pour le Comité sur la santé des
chefs des Premières nations, C.-B. : communication personnelle).
Une proportion de plus en plus grande des tests positifs pour
le VIH et des cas de sida concernent des Autochtones
Au cours des dernières années, on a observé une
hausse constante du nombre de cas de sida et de tests positifs pour le
VIH parmi les peuples autochtones du Canada.
Données de surveillance du sida
- Avant 1992, sur les 6 203 cas déclarés de sida dont
l'origine ethnique était connue, 80 (1,3 %) étaient des
Autochtones. Cette proportion a augmenté de façon soutenue,
atteignant un sommet de 9,7 % en 1999. En 2000 et en 2001, la proportion
a baissé à 7,2 % et 5,5 %, respectivement. Cependant,
on a observé une nouvelle hausse en 2002, année où les
Autochtones représentaient 12,9 % de tous les cas déclarés
de sida dont l'origine ethnique était connue.
Données de surveillance du VIH
- En 1998, dans les provinces et territoires qui notent systématiquement
l'origine ethnique, on a relevé 119 Autochtones parmi les 634
tests positifs pour le VIH, soit 18,8 % de tous les résultats
positifs durant cette période. En 2002, cette proportion avait
grimpé à 23,8 % (169/711) des tests positifs pour le
VIH dont l'origine ethnique était connue.
Figure 1. Cas déclarés de sida
d'origine autochtone au Canada
![Figure 1. Cas déclarés de sida d'origine autochtone au Canada](/web/20061214105031im_/http://www.phac-aspc.gc.ca/publicat/epiu-aepi/epi_update_may_04/gfx/Fig9-1f.gif)
Figure 2. Tests positifs pour le VIH dans
les communautés autochtones des provinces et territoires du
Canada qui notent systématiquement l'origine ethnique
* Provinces/territoires qui notent systématiquement l'origine
ethnique : C.-B., Yn, Alb., T.N.-O., Nt, Sask., Man., N.-B., N.-É., Î.-P.-É.,
T.-N.-L.
L'injection de drogues demeure un mode de transmission important
dans les communautés autochtones
Les utilisateurs de drogues par injection (UDI) constituent encore
un important groupe à risque dans l'épidémie du
VIH au Canada. Les données récentes confirment les tendances
observées dans les données de surveillance, selon lesquelles
l'injection de drogues constitue un facteur de risque particulièrement
important d'infection à VIH et de sida chez les Autochtones.
Tel qu'illustré dans le tableau 1, il existe
des écarts notables entre les Autochtones et les non-Autochtones
atteints du sida ou infectés par le VIH sur le plan de la catégorie
d'exposition. Bien que les proportions attribuables à l'exposition
hétérosexuelle soient similaires, l'injection de
drogues était plus souvent invo-quée chez les Autochtones,
tandis que les HRSH étaient plus souvent en cause chez les non-Autochtones.
Tableau 1. Comparaison de
certaines catégories d'exposition pour les cas déclarés
de sida et les résultats positifs aux tests pour le VIH,
Autochtones et non-Autochtones* |
|
Autochtones |
Non-Autochtones |
n = nombre de cas dont la catégorie
d'exposition est connue |
Sida |
n = 495 |
n = 15 354 |
UDI |
38,0 % |
6,5 % |
HRSH |
34,7 % |
70,7 % |
Exposition hétérosexuelle |
16,0 % |
14,3 % |
HIV |
n = 828 |
n = 2 727 |
UDI |
61,1 % |
29,7 % |
HRSH |
7,9 % |
36,6 % |
Exposition hétérosexuelle |
26,4 % |
29,2 % |
UDI = utilisateurs de drogues par injection, HRSH
= hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes
*Les données sur les cas déclarés de sida
sont en date du 30 juin 2003; les données sur les tests
positifs pour le VIH couvrent la période de 1998 au 30 juin
2003 dans les provinces et territoires qui notent systé-matiquement
l'origine ethnique (C.-B., Yn, Alb., T.N.-O., Nt, Sask., Man.,
N.-B., N.-É., Î.-P.-É., T.-N.-L.). |
La catégorie « Exposition hétérosexuelle » englobe
les personnes nées dans un pays où le VIH est endémique,
les personnes qui ont signalé des contacts hétérosexuels
avec une personne infectée par le VIH ou présentant un risque accru
d'infection à VIH et les personnes qui ont signalé les contacts
hétérosexuels comme seul facteur de risque.
Données de surveillance du sida
- Parmi les cas déclarés de sida dont on connaît
la catégorie d'exposition, la proportion d'Autochtones qui
ont contracté la maladie par l'injection de drogues a augmenté de
façon spectaculaire au fil du temps, passant de 8,8 % avant
1992 à 30,1 % de 1992 à 1996 et à 54,1 % de
1997 à 2001. En 2002, 53,3 % des cas déclarés
de sida d'origine autochtone étaient attribuables à l'injection
de drogues.
- Parmi les 509 cas déclarés de sida chez les peuples
autochtones entre 1979 et le 30 juin 2003, on compte 383 hommes,
125 femmes et 1 transgenre. Les figures 3a et 3b montrent
la distribution de ces cas par catégorie d'exposition. En
raison de sa faible influence, l'unique sujet transgenre n'a pas été pris
en considération.
Figure 3a. Distribution des catégories
d'exposition parmi les cas déclarés de sida chez les
hommes autochtones, entre novembre 1979 et le 30 juin 2003
![Figure 3a. Distribution des catégories d'exposition parmi les cas déclarés de sida chez les hommes autochtones, entre novembre 1979 et le 30 juin 2003](/web/20061214105031im_/http://www.phac-aspc.gc.ca/publicat/epiu-aepi/epi_update_may_04/gfx/Fig9-3af.gif)
Figure 3b. Distribution des catégories d'exposition parmi
les cas déclarés de sida chez les femmes autochtones,
entre novembre 1979 et le 30 juin 2003
![Figure 3b. Distribution des catégories d'exposition parmi les cas déclarés de sida chez les femmes autochtones, entre novembre 1979 et le 30 juin 2003](/web/20061214105031im_/http://www.phac-aspc.gc.ca/publicat/epiu-aepi/epi_update_may_04/gfx/Fig9-3bf.gif)
Données de surveillance du VIH
- La surveillance des tests positifs pour le VIH entre 1998 et juin
2003 montre également que l'injection de drogues constitue
la principale voie de transmission chez les Autochtones. Parmi les
cas d'origine autochtone dont on connaissait la catégorie
d'exposition, 61,1 % ont été associés à l'injection
de drogues.
- Entre 1998 et le 30 juin 2003, pour le VIH, on a dénombré 454
hommes, 372 femmes et 2 personnes dont le sexe n'était pas
indiqué parmi les Autochtones ayant subi un test positif.
La figure 3c montre la distribution par catégorie
d'exposition chez les hommes. Quant aux femmes, 66,9 % des cas étaient
associés à l'injection de drogue, et 31,5 %, à une
exposition hétérosexuelle; ces proportions sont similaires à celles
des cas déclarés de sida.
Figure 3c. Distribution des catégories
d'exposition chez les hommes autochtones qui ont obtenu des résultats
positifs aux tests pour le VIH entre janvier 1978 et le 30 juin 2003
![Figure 3c. Distribution des catégories d'exposition chez les hommes autochtones qui ont obtenu des résultats positifs aux tests pour le VIH entre janvier 1978 et le 30 juin 2003](/web/20061214105031im_/http://www.phac-aspc.gc.ca/publicat/epiu-aepi/epi_update_may_04/gfx/Fig9-3cf.gif)
Données d'études ciblées
- Dans le récent système amélioré de
surveillance des comportements à risque chez les UDI de Regina,
Sudbury, Toronto et Victoria (I-Track), 339 des 794 participants
s'identifiaient comme des Autochtones (38,6 %). Parmi ceux-ci, 67,6
% venaient de Regina (229/339)3.
- Une étude réalisée en 2000 chez les UDI à Regina,
en Saskatchewan, a montré que 90 % des 255 participants s'identifiaient
comme des Autochtones4.
- Dans une étude du Programme d'échange de seringues
de Calgary, la plupart des participants étaient de race blanche
(75 %), mais les Autochtones constituaient le deuxième groupe
ethnique en importance, soit 20 % de l'ensemble des participants5.
- La Vancouver Injection Drug Users Study (VIDUS) porte sur une cohorte
ouverte d'UDI. Sur les 1 400 UDI recrutés entre mai 1996 et
mai 2000, 25 % étaient des Autochtones, dont plus de la moitié étaient
des femmes (54 %, contre 46 % d'hommes). En revanche, seulement 29
% des participants non autochtones étaient des femmes6.
- Dans une analyse ultérieure des données de l'étude
VIDUS, les chercheurs ont constaté que l'origine autochtone était étroitement
associée à la détection d'une nouvelle infection à VIH,
tant chez les hommes que chez les femmes7, et aussi parmi
les participants à l'étude âgés de 24
ans ou moins8.
- L'étude VIDUS a fait état d'une séro-conversion
chez 19,1 % des participants autochtones, comparativement à 9,6
% des non-Autochtones, en date de décembre 20019.
Dans une publication parue en 2003, des chercheurs ont conclu que
les UDI autochtones de Vancouver deviennent séropositifs deux
fois plus rapidement que les UDI non autochtones10.
Le VIH/sida a un impact considérable sur les femmes
autochtones
Les femmes autochtones sont beaucoup plus touchées par l'épidémie
du VIH (infection à VIH et sida) que les femmes non autochtones.
Le tableau 2 montre la distribution par sexe des
tests positifs pour le VIH et des cas déclarés de sida
chez les Autochtones et les non-Autochtones. Les femmes représentent
près de la moitié (45,1 %) de tous les tests positifs pour
le VIH chez les Autochtones, comparativement à 19,5 % chez les
non-Autochtones.
Tableau 2. Comparaison du
sexe parmi les cas déclarés de sida et les tests
positifs pour le VIH, Autochtones et non-Autochtones* |
|
Autochtones |
Non-Autochtones |
n = nombre de cas dont le sexe
est connu |
Sida |
n = 509 |
n = 15 717 |
Femmes |
24,6 % |
8,5 % |
VIH |
n = 847 |
n = 2 839 |
Femmes |
45,1 % |
19,5 % |
*Les données sur les cas déclarés
de sida sont en date du 30 juin 2003; les données sur les
tests positifs pour le VIH couvrent la période de 1998 au
30 juin 2003 dans les provinces et territoires qui notent systé-matiquement
l'origine ethnique (C.-B., Yn, Alb., T.N.-O., Nt, Sask., Man., N.-B.,
N.-É., Î.-P.-É., T.-N.-L.). |
Données de surveillance du sida
- Avant 1992, les femmes représentaient 13,8 % des cas déclarés
de sida chez les Autochtones (11/80). Cette proportion est passée à 25,8
% en 2002 (8/31).
Données de surveillance du VIH
- Dans les communautés autochtones, la proportion des tests
positifs pour le VIH qui concernaient des femmes a atteint un sommet
de 52,1 % (87/167) en 1999. En 2002, les femmes étaient à l'origine
de 39,6 % des tests positifs (67/169).
Données d'études ciblées
- Les femmes enceintes infectées par le VIH risquent de transmettre
le virus à leur enfant in utero. Les données de certains
centres de l'Ouest du Canada ont montré qu'une forte proportion
des femmes enceintes séropositives qui accouchent sont des
Autochtones. Entre 1995 et 1997, dans tous les centres pédiatriques
du Canada où des enfants et des mères infectées
par le VIH ont été suivis, 19 % des femmes (49/259) étaient
d'origine autochtone11. Entre 1996 et 1998, sur les 32
femmes infectées par le VIH qui ont accouché dans le
nord de l'Alberta ou dans les Territoires du Nord-Ouest, 29 (91 %) étaient
des Autochtones12.
- Malgré le nombre élevé de femmes autochtones
qui fréquentent des cliniques du VIH et des centres pédiatriques,
il est encourageant de constater que durant la période 1995-1997,
les femmes enceintes autochtones (62 %) étaient aussi nombreuses à recevoir
un traitement antirétroviral que les femmes enceintes de race
blanche (66 %) et celles de race noire (63 %)13.
- Dans une étude de 2001 sur le traitement antirétroviral
dans une cohorte de femmes enceintes séropositives recrutées
dans sept centres en Ontario, au Manitoba et en Saskatchewan, des
chercheurs ont constaté que 20 % des femmes étaient
d'origine autochtone. La proportion de femmes traitées tardivement
aux antirétroviraux (au cours du troisième trimestre
ou durant l'accouchement) variait selon le groupe ethnique : c'était
le cas de 38 % des femmes autochtones, de 27 % des Noires et de 9
% des Blanches14.
- Entre 1994 et 1999, 50 % des nourrissons qui ont contracté le
VIH in utero en Colombie-Britannique appartenaient à un groupe
autochtone15.
Les Autochtones sont infectés par le VIH plus tôt
dans la vie que les non-Autochtones
Le VIH/sida est un problème de plus en plus préoccupant
chez les jeunes Autochtones. La compréhension de l'épidémie
au sein de ce groupe aidera à déterminer des stratégies
d'intervention appropriées. La prudence est cependant de mise
lorsqu'on examine les proportions par groupe d'âge, car un seul
nouveau cas peut les faire varier considérablement, particulièrement
lorsque les nombres totaux sont peu élevés, comme c'est
le cas chez les jeunes (moins de 30 ans).
Tel qu'illustré dans le tableau 3, une proportion
plus élevée d'Autochtones que de non-Autochtones obtiennent
des résultats positifs aux tests pour le VIH et reçoivent
un diagnostic de sida, et ce plus tôt dans la vie.
Tableau 3. Comparaison de
l'âge au moment du diagnostic des cas de sida déclarés
et des tests positifs pour le VIH, Autochtones et non-Autochtones* |
|
Autochtones |
non-Autochtones |
n = nombre de cas dont
l'âge est connu |
Sida |
n = 509 |
n = 15 733 |
< 20 ans |
1,8 % |
1,5 % |
20-29 ans |
21,8 % |
14,9 % |
30-39 ans |
47,7 % |
44,0 % |
40-49 ans |
22,6 % |
27,9 % |
50 ans et plus |
6,1 % |
11,7 % |
VIH |
n = 848 |
n = 2 849 |
< 20 ans |
4,1 % |
1,5 % |
20-29 ans |
26,5 % |
19,1 % |
30-39 ans |
40,9 % |
38,9 % |
40-49 ans |
22,3 % |
26,6 % |
50 ans et plus |
6,1 % |
13,8 % |
*Les données sur les cas déclarés
de sida sont en date du 30 juin 2003; les données sur les
tests positifs pour le VIH couvrent la période de 1998 au
30 juin 2003 dans les provinces et territoires qui notent systématiquement
l'origine ethnique (C.-B., Yn, Alb., T.N.-O., Nt, Sask., Man., N.-B.,
N.-É., Î.-P.-É., T.-N.-L.). |
Données de surveillance du sida
- Avant 1992, 9,7 % (3/31) des cas de sida d'origine autochtone étaient
des jeunes (moins de 30 ans), alors qu'en 2002, les jeunes représentaient
41,3 % (33/80) des cas.
- Les HRSH et les UDI représentent chacun environ un tiers
des cas déclarés de sida parmi les jeunes autochtones.
Les HRSH forment le groupe le plus important, avec 31,5 % (38/120),
et ils sont suivis de près par les UDI, avec 30,0 % (36/120).
Données de surveillance du VIH
- Bien que les cas déclarés de sida comprennent de
plus en plus de jeunes, on a noté une baisse de la proportion
de tests positifs pour le VIH dans ce groupe d'âge. Les jeunes étaient à l'origine
de 37,8 % (45/119) des résultats positifs aux tests pour le
VIH chez les Autochtones en 1998, comparativement à seulement
19,5 % (33/169) en 2002.
- Il est toutefois essentiel de préciser que les UDI représentent
près de 60,0 % (149/ 253) des tests positifs pour le
VIH parmi les jeunes. Les autres catégories en importance
sont l'exposition hétérosexuelle, avec 25,7 % (65/253)
et les HRSH, avec 10,7 % (27/253).
Données d'études ciblées
- Une étude des facteurs de risque chez 232 jeunes (moins de
25 ans) de Vancouver qui s'injectent de la drogue a trouvé que
9 des 16 nouveaux cas (56 %) étaient des Autochtones9.
Données de surveillance du VIH/ sida dans les trois
communautés autochtones du Canada
Le nombre de tests positifs pour le VIH et de cas déclarés
de sida dans les communautés autochtones peut paraître peu élevé par
rapport aux communautés non-autochtones. Cependant, il faut considérer
le problème à l'échelle individuelle et comprendre
que chaque nouveau cas diagnostiqué a un impact important sur
la communauté autochtone touchée. La prudence est de mise
lorsqu'on examine les proportions dans une communauté, car un
seul nouveau cas peut les faire varier considérablement, particulièrement
lorsque les nombres totaux sont peu élevés.
Données de surveillance du sida
Selon le recensement de 2001, la population autochtone du Canada se
divise comme suit : 62 % sont des membres des Premières nations,
30 % sont des Métis, 5 % sont des Inuits et 3 % ont une origine
mixte2. Parmi les 509 cas déclarés de sida chez
les Autochtones en date du 30 juin 2003, 72,3 % (368) étaient
des membres des Premières nations, 8,3 % (42) étaient des
Métis, 4,1 % (21) étaient des Inuits et 15,3 % (78) ont été classés
dans la catégorie « Autochtones d'origine non précisée ».
Les données sur les cas déclarés de sida portant
sur les UDI, les femmes et les jeunes de communautés autochtones
déterminées ainsi que sur les Autochtones d'origine non
précisée sont résumées ci-dessous. De plus
amples détails concernant le sexe et certaines catégories
d'âge et d'exposition sont présentées dans le tableau
4.
Premières nations : Selon les données
sur les cas déclarés de sida chez les Premières
nations, 43,0 % des cas sont associés à l'injection de
drogues (153/356). Les femmes représentent 26,6 % (98/368) des
cas, et les jeunes (moins de 30 ans) 22,0 % (81/368) de tous les cas
chez les Premières nations.
Métis : Dans la communauté métisse,
26,8 % (11/41) de tous les cas déclarés de sida sont attribuables
aux UDI. Peu de cas sont des femmes (3/42, ou 7,1 %). Il importe de noter
que près de 40 % (16/42) des cas déclarés de sida
chez les Métis sont âgés de moins de 30 ans.
Inuits : Les UDI représentent environ le tiers
des cas déclarés de sida chez les Inuits, se situant à 33,3
% (7/21). Une proportion notable de cas sont des femmes (8/21, ou 38,1
%), tandis que les jeunes (moins de 30 ans) constituent 33,3 % (7/21)
des cas.
Autochtones d'origine non précisée : Les
UDI représentent 22,1 % (17/77) des cas dont la communauté autochtone
est inconnue. Les femmes représentent un peu plus de 20 % des
cas (16/78), et les jeunes (moins de 30 ans) 20,5 % des cas (16/78) dans
ce groupe.
Tableau 4. Cas déclarés
de sida dans les communautés autochtones du Canada, répartis
selon le sexe, l'âge et la catégorie d'exposition,
entre 1979 et le 30 juin 2003 |
|
Premières nations |
Inuit |
Métis |
Autochtones
d'origine
non précisée |
|
n = nombre de cas pour lesquels
l'information est disponible |
Sexe |
n = 368 |
n = 21 |
n = 42 |
n = 78 |
Femmes |
26,6 % |
38,1 % |
7,1 % |
20,5 % |
Âge (années) |
n = 368 |
n = 21 |
n = 42 |
n = 78 |
20-29 ans |
20,4 % |
33,3 % |
35,7 % |
17,9 % |
30-39 ans |
48,4 % |
52,4 % |
35,7 % |
50,0 % |
40-49 ans |
22,6 % |
9,5 % |
23,8 % |
25,6 % |
Catégorie d'exposition |
n = 356 |
n = 21 |
n = 41 |
n = 77 |
HRSH |
31,2 % |
28,6 % |
46,3 % |
46,8 % |
UDI |
43,0 % |
33,3 % |
26,8 % |
22,1 % |
Exposition hétérosexuelle |
14,3 % |
28,6 % |
14,6 % |
20,8 % |
Proportion croissante d'Autochtones parmi les cas existants
et nouveaux (données estimatives) d'infection à VIH à l'échelle
nationale
Les données de surveillance nationale du VIH ne portent que
sur les personnes qui subissent un test de dépistage du VIH, celles
dont l'infection à VIH est diagnostiquée et dont les résultats
des tests sont transmis à Santé Canada. Par conséquent,
les données de surveillance ne reflètent pas toute l'ampleur
de l'épidémie. Cependant, on a effectué des calculs
en combinant ces données avec d'autres sources d'information pour
estimer le nombre de personnes vivant avec le VIH (prévalence)
et le nombre de nouveaux cas d'infection à VIH (incidence).
- On estime que de 250 à 450 Autochtones ont été nouvellement
infectés par le VIH en 2002, comparativement à 370
en 1999. Ces données correspondent à environ 6 % à 12
% du nombre total des nouveaux cas d'infection au Canada en 2002,
comparativement à 9 % en 199916.
- On a également estimé que de 3 000 à 4 000
Autochtones vivaient avec le VIH (en incluant les cas de sida) au
Canada en 2002, soit 5 % à 8 % de tous les cas d'infection à VIH
existants. Il s'agit d'une hausse par rapport à l'estimation
de 1999 : 2 500 à 3 000, soit environ 6 % du nombre total
de cas16. Ces proportions sont notables, car elles s'écartent
considérablement du pourcentage de la population canadienne
d'origine autochtone (3,3 %)2.
- L'injection de drogues est le principal fac-teur de risque d'infection à VIH
chez les Autochtones. La distribution estimative des cas existants
et des nouveaux cas d'infection à VIH chez les Autochtones
en 2002 par catégorie d'exposition est illustrée dans
le tableau 5. Les observations de 2002 sont similaires à celles
de 199916.
- Il importe de noter que la proportion estimative de nouveaux cas
d'infection à VIH dus à l'injection de drogues chez
les Autochtones (63 %) est beaucoup plus élevée que
dans l'ensemble de la population canadienne (30 %)16, ce qui renforce
l'observation selon laquelle l'injection de drogues est un important
mode de transmission du VIH dans la communauté autochtone.
Tableau 5. Distribution
par catégorie d'exposition des cas existants et des cas
nouveaux d'infection à VIH chez les Autochtones au Canada,
2002 |
Catégorie d'exposition |
Infections existantes |
Nouvelles infections |
(n = 3 000-4 000) |
(n = 250-450) |
UDI |
57 % |
63 % |
Exposition hétérosexuelle |
17 % |
18 % |
HRSH |
20 % |
12 % |
HRSH/UDI |
5 % |
7 % |
Commentaire
Les données sur l'infection à VIH et le sida sont incomplètes
pour plusieurs raisons. La principale tient au fait que les données
existantes de surveillance fournissent des renseignements incomplets
sur l'origine ethnique. On ne connaît pas l'origine ethnique de
14 % des cas de sida déclarés depuis 1982. Ce n'est que
depuis 1998 qu'on dispose de telles données relativement aux tests
positifs pour le VIH. De plus, 69,8 % des tests positifs pour le VIH
recensés entre 1998 et le 30 juin 2002 n'étaient pas assortis
de données sur l'appartenance ethnique. Au nombre des autres raisons
figurent les variations interprovinciales dans la déclaration
de l'origine ethnique, les erreurs de classification du groupe ethnique
et les retards dans la déclaration. Le nombre de tests positifs
pour le VIH et de cas déclarés de sida chez les Autochtones
ne prend en compte que les personnes infectées qui se sont soumises à un
test de dépistage ou qui ont reçu un diagnostic de sida
et dont le cas a été déclaré à Santé Canada.
Les données du présent rapport ne représentent donc
pas le nombre total d'Autochtones qui sont infectés par le VIH
ou qui ont reçu un diagnostic de sida.
Malgré ces limites, les données disponibles portent à croire
que l'épidémie du VIH chez les Autochtones ne montre aucun
signe de ralentissement. L'injection de drogues est le principal mode
de transmission chez les Autochtones. Les femmes autochtones représentent
une proportion importante des personnes touchées par l'épidémie
du VIH dans leur communauté, et les Autochtones sont infectés
plus tôt dans la vie que les non-Autochtones. Ces constats mettent
en relief les caractéristiques particulières de l'épidémie
du VIH dans les communautés autochtones ainsi que la complexité de
cette épidémie au Canada. De meilleures données
sur l'épidémiologie du VIH/sida et le dépistage
du VIH chez les Autochtones du Canada sont nécessaires pour orienter
les stratégies de prévention et de lutte contre l'infection.
Il est aussi essentiel de mener de nouvelles recherches pour améliorer
notre compréhen-sion de l'impact exact du VIH sur les com-munautés
autochtones.
Références
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surveillance au 30 juin 2003. Ottawa : Division de l'épidémiologie
et de la surveillance du VIH/sida, Centre de prévention et
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