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Agence de santé publique du Canada
Relevé des maladies transmissibles au Canada

Volume 29-08
le 15 avril 2003

[Table des matières]

ÉPIDÉMIOLOGIE, PRÉSENTATION CLINIQUE ET ENQUÊTE EN LABORATOIRE RELATIVES AU SYNDROME RESPIRATOIRE AIGU SÉVÈRE (SRAS) AU CANADA, MARS 2003

Le 12 mars 2003, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a émis un avis d'alerte mondiale relatif à des grappes du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) dans la zone administrative régionale de Hong Kong (ZAR), en Chine et dans la ville de Hanoï au Vietnam qui semblaient se répandre chez les travailleurs de la santé. En publiant une alerte mondiale, l'OMS a recommandé aux responsables de la santé d'accroître leur vigilance relative à la reconnaissance et au signalement de tout cas suspect du SRAS, y compris la pneumonie atypique. Santé Canada a réagi en recommandant une surveillance accrue pour déceler tout cas possible du SRAS au Canada. Le présent rapport résume l'information reçue pour les premiers 11 cas du SRAS diagnostiqués au Canada.

Survol canadien

En date du 23 mars 2003, un total de 11 cas de SRAS chez des adultes ont été déclarés en Ontario et en Colombie-Britannique, y compris trois décès. Les cas se sont tous présentés chez des personnes ayant voyagé en Chine, y compris à la ZAR de Hong Kong ou des personnes avec lesquelles elles ont eu des contacts dans un milieu familial ou hospitalier (voir la figure 1 pour la définition de cas du SRAS). Il n'y a eu aucune preuve de transmission dans la population en général.



Figure 1.    Définition de cas du SRAS
Cas du SRAS :
Une personne se présentant avec :
 
  • Une fièvre (> 38 °C) 
ET  
 
  • Au moins un symptôme respiratoire, y compris toux, essoufflement, difficulté à respirer 
ET  
 
  • Une maladie respiratoire progressive sévère suggérant une pneumonie atypique ou le syndrome de détresse respiratoire aiguë sans cause connue 
OU  
 
  • Une personne atteinte d'une maladie respiratoire aiguë inexplicable résultant en son décès, avec une autopsie montrant la pathologie du syndrome de détresse respiratoire aiguë sans cause connue
ET  
 
  • Au moins un des éléments suivants : 
    • Contact étroit* 10 jours ou moins avant le début des symptômes pour un cas probable. 
    • Antécédents de voyage 10 jours ou moins dans les ‘régions touchées' de l'Asie signalées par l'OM
ET  
 
  • Aucune autre cause connue de la maladie 
*    Contact étroit signifie avoir soigné, vécu avec ou avoir eu un contact face à face (1 mètre ou moins), ou avoir eu un contact direct avec les sécrétions respiratoires et/ou les liquides biologiques d'une personne atteinte du SRAS.

L'Ontario a déclaré au total 10 cas du SRAS. Cinq de ces cas (A à E) se sont produits dans une seule famille élargie (figure 2). Le cas indicateur revenait d'un voyage à la ZAR de Hong Kong. Un autre cas (F) s'est produit chez un médecin de famille ayant été en contact étroit avec trois des membres malades de la famille. Une personne (G) a eu un contact avec un des cas du groupe familial dans une salle d'urgence. Les deux derniers cas inclus dans ce sommaire (H et I) comprennent un membre de la famille de G et une personne qui a eu un contact étroit avec un des cas hospitalisés.

En dehors de la grappe familiale, un cas de SRAS (J) a été trouvé chez une personne qui est revenue récemment d'un voyage en Asie du Sud-Est.

La Colombie-Britannique (C.-B.) a aussi signalé un seul cas du SRAS (K) chez une personne revenant d'un voyage en Asie du Sud-Est. Cette personne est tombée malade à la fin février 2003.

Le 19 mars 2003, le ministère de la Santé de Hong Kong a indiqué que sept personnes atteintes du SRAS avaient séjourné à l'hôtel Métropole à Kowloon, ZAR de Hong Kong, ou l'avaient visité entre le 12 février et le 2 mars(1). Des enquêtes épidémiologiques ont révélé que le cas indicateur de l'Ontario (A) tout comme le cas de la C.-B. (K) ont séjourné dans cet hôtel au cours de la période de risque établie. Un autre cas canadien, qui demeure hospitalisé dans la ZAR de Hong Kong, a aussi séjourné dans cet hôtel.

Caractéristiques cliniques

Le résumé suivant des caractéristiques cliniques des cas du SRAS est fondé sur les premiers sept cas en Ontario et l'unique cas en C.-B. Les personnes en cause étaient âgées entre 24 et 78 ans, et le nombre d'hommes et de femmes est le même. La période d'incubation estimée est de 2 à 5 jours.

Sept cas ont été hospitalisés; le cas indicateur (A) est décédé avant son hospitalisation. Quatre cas avaient une maladie sous-jacente, y compris deux patients atteints du diabète. Tous les patients se sont présentés avec une fièvre de > 38 °C ainsi qu'une toux et un essoufflement. Les symptômes d'une infection des voies respiratoires supérieures n'étaient pas évidents dans ces cas. Lorsqu'ils se sont présentés, une radiographie des poumons des huit patients a montré un infiltrat pulmonaire et une lymphopénie. De plus, un sur sept était atteint de thrombocytopénie(<150 000/µL), cinq sur six avaient un niveau élevé de créatinine kinase et trois sur six avaient un niveau SGPT/SGOT élevé.

Lorsque le SRAS a été reconnu, des précautions contre la contagion aérogène ont été immédiatement mises en place. Cinq des patients hospitalisés ont eu besoin de ventilation artificielle. La thérapie a inclus des antibiotiques à large spectre appropriés pour la gestion d'une pneumonie grave acquise dans la communauté ainsi que de l'oseltamivir et du ribavirin par voie intraveineuse. Certains patients ont aussi reçu des stéroïdes par intraveineuse. Le ratio global des décès a été de 37,5 % (3/8).


Figure 2. Courbe épidémique des cas probables du SRAS selon la date du début des symptômes et de la catégorie de l'exposition, Canada, 24 février au 13 mars 2003


 

Résultats de laboratoire

Des tests ont été effectués sur les premiers échantillons provenant des cas du SRAS reçus au Laboratoire national de microbiologie. Pour isoler les bactéries, on a fait des cultures des échantillons sur gélose de sang de mouton, sur gélose de chocolat, sur gélose d'extrait de levure de charbon tamponnée enrichie de cystéine, sur gélose mycoplasme et dans un bouillon de culture, incubées à 37 °C dans des conditions d'aérobie et inspectées quotidiennement pour 5 jours. Toutes les cultures étaient négatives. Tous les matériaux ont été appliqués à des porte-objet pour examen microscopique direct en utilisant une coloration de Gram et aucun agent bactérien significatif n'a été observé. L'ADN a été extrait de tous les échantillons cliniques. La détection PCR de cibles particulières aux agents de pneumonie Legionella pneumophilia, Mycoplasma pneumoniae, Chlamydophila (Chlamydia) pneumoniae et C. psittaci ainsi que Chlamydophila au niveau du genre s'est avérée négative. Aucun produit n'a été obtenu en utilisant une amorce universelle ciblant la séquence de gène 16S rRNA. Pour assurer l'intégralité, on a effectué un test PCR en temps réel de deux agents bactériens de bio-terrorisme (Yersinia pestis et Bacillus anthracis) et tous les échantillons étaient négatifs. Les sérums disponibles ont été testés au moyen de la microimmunofluorescence et se sont avérés négatifs pour C. pneumoniae, C. psittaci et C. trachomatis.

Pour les examens virologiques, des extractions d'ARN et d'ADN ont été effectuées sur des écouvillonnages du rhino-pharynx, des lavages broncho- alvéolaires et des échantillons de crachats ainsi que des échantillonnages de sérum et de sang total au moyen de trousses commerciales (Quiagen, Tryzol). Des tests rt-PCR ont été effectués au moyen d'amorces particulières au virus à ARN suivants : influenza A et B, virus respiratoire syncytial, virus parainfluenza sous-types 1-4, metapneumovirus humain, filovirus (virus Ebola et Marburg), arénavirus, virus de la rougeole, virus des oreillons, hantavirus et virus de la fièvre hémorragique du Congo et de la Crimée. Des tests PCR ont aussi été exécutés au moyen d'amorces particulières aux virus à ADN suivants : adénovirus, parvovirus, circovirus, virus herpès et orthopoxvirus. Une analyse par microscopie électronique a été effectuée sur des échantillons de lavage bronchoalvéolaires et des écouvillonnages du rhinopharynx. Des échantillons ont été inoculés dans des oeufs de poule embryonnés, des cerveaux de souriceaux à la mamelle et dans des cultures cellulaires (cellules Vero et cellules MDCK).

En moins de 24 heures après réception, les tests sérologiques et moléculaires pour les agents viraux connus étaient à toutes fins pratiques complétés. Tous les résultats étaient négatifs. Les tentatives d'isolement de virus ne sont pas terminées mais sont négatives à ce jour. Par la suite, plusieurs stratégies pour l'identification d'agents inconnus ont été entreprises. Parmi elles, la microscopie électronique des écouvillonnages du rhino-pharynx et d'échantillons de lavage bronchoalvéolaire au moyen de sérums convalescents du cas de la Colombie-Britannique, la rt-PCR pour des parties conservées du gène polymérase des virus ARN et des amorces dégénératives particulières au genre pour les paramyxovirus et les bunyavirus ainsi que des approches PCR nichées.

Tous les résultats sont négatifs à ce jour, sauf pour les tests du métapneumo-virus humain qui pourraient être amplifiés en utilisant une approche PCR nichée provenant de six patients. Pour confirmer, les amplicons ont été séquencés et se sont avérés uniques, en excluant la contamination croisée en laboratoire.

Mesures de santé publique

Lorsque l'OMS a émis une alerte mondiale pour des cas de pneumonie atypique le 12 mars 2003, Santé Canada a immédiatement averti toutes les provinces et tous les territoires. Par conséquent, l'Ontario et la C.-B. ont rapidement signalé les premiers cas du SRAS. Des définitions de cas nationales ont été élaborées en collaboration avec les provinces et les territoires et une surveillance accrue pour le SRAS a été mise en place.

Santé Canada surveille la situation internationale de près et a émis des alertes aux voyageurs qui sont mises à jour et disponibles sur le site Web du Programme de médecine des voyages, au http://www.hc-sc.gc.ca/
pphb-dgspsp/tmp-pmv/index_f.html
. Les responsables des aéroports internationaux ont été contactés immédiatement afin d'activer les protocoles pour assurer le suivi des passagers potentiellement infectés. À partir du 18 mars, Santé Canada a commencé à distribuer des avis d'alerte médicale aux passagers internationaux arrivant ou revenant au Canada à partir des régions touchées en Asie, soit la ville de Hanoï au Vietnam, Singapour et la Chine (province de Guangdong et la zone administrative régionale [ZAR] de Hong Kong), en conseillant aux passagers de consulter un médecin s'ils commençaient à manifester des symptômes liés au SRAS. Les listes de passagers pour les vols de retour au Canada des cas sont à l'étude et les passagers assis dans la même rangée, ainsi que les deux rangées en avant et en arrière des cas, sont en train d'être évalués par les autorités de santé publique provinciales et territoriales. À ce jour, aucun des passagers contactés n'a développé de symptômes du SRAS.

Résumé

En date du 23 mars 2003, 11 cas du SRAS ont été signalés au Canada. Trois patients avaient voyagé en Chine, y compris à la ZAR de Hong Kong. Les huit autres ont des antécédents de contact étroit avec les cas. Il y a eu trois décès. À ce jour, des preuves du métapneumovirus humain ont été trouvées dans six cas et on tente présentement de déterminer si ce virus est l'agent causal du SRAS ou si des agents pathogènes non encore décelés en sont responsables. Des mesures de santé publique sont en train d'être mises en place aux échelons local, provincial et national afin d'identifier les nouveaux cas et de prévenir la transmission secondaire du SRAS.

Pour de plus amples renseignements sur le SRAS, veuillez contacter la ligne d'information de Santé Canada au : 1-800-454-8302 ou visiter le site Web de Santé Canada au : <http://www.hc-sc.gc.ca/francais/index.html>.

Remerciements

Ce rapport est fondé sur des données fournies par la Dre B Henry et son personnel, Toronto Public Health, Toronto; le ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l'Ontario, Toronto; la Dre A McGeer, et la Dre S Poutanen, Mount Sinai Hospital, University of Toronto, Toronto; le Dr DE Low, Mount Sinai Hospital and University Health Network, University of Toronto, Toronto; la Dre S Finkelstein, Scarborough Grace Hospital, Toronto; le Dr I Salit, University Health Network, University of Toronto, Toronto; le Dr A Simor, Sunnybrook and Women's College Hospital, University of Toronto, Toronto; les Drs DM Skowronski, M Krajden, L Srour, M Naus, M Petric, R Brunham, ainsi que L MacDougall et B Gamage, BC Centre for Disease Control, Vancouver. Le Dr P Kendall, Office of the Provincial Health Officer, British Columbia; les Drs W Bowie, E Bryce, K Craig, P Doyle, J Ronco, et F Ryan, University of British Columbia et Vancouver Hospital and Health Sciences Center, Vancouver; S Wilson, M Varia, la Dre S Sarwal, Programme de formation en épidémiologie d'intervention, Centre de coordination de la surveillance, Santé Canada, Ottawa, Canada; et Centre des mesures et des interventions d'urgence, Santé Canada, Ottawa.

Référence

1. Hong Kong Department of Health, News Bulletin. URL : <http://www.info.gov.hk/dh/new/bulletin/03-03-19e2.htm> visité le 19 mars 2003.

Source : Division de l'immunisation et des infections respiratoires, Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses, Santé Canada, Ottawa, Canada, et le Laboratoire national de microbiologie, Santé Canada, Winnipeg, Canada. 

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Dernière mise à jour : 2003-04-15 début