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Agence de santé publique du Canada

Actualités en épidémiologie sur les ITS

avril 1998

La syphilis au Canada : Une élimination en vue?

La syphilis est une maladie transmise sexuellement qui est classée en stades, selon son degré d'infectiosité et d'évolution : primaire, secondaire, latente précoce (syphilis asymptomatique qui date d'un an ou moins), latente tardive (syphilis asymptomatique qui date de plus d'un an) et tertiaire. Une syphilis primaire non traitée peut évoluer vers le stade tertiaire, caractérisé par des atteintes cardio-vasculaires, neurologiques, musculo-squelettiques, oculaires et hépatiques. L'infection durant la grossesse peut causer un avortement spontané, la naissance d'un enfant mort-né ou prématuré et une syphilis congénitale.

Avant qu'on ne découvre la pénicilline, la syphilis était une cause importante de troubles cardio-vasculaires et neuropsychiatriques ainsi que de cécité. Toutefois, la transmission et la progression de la maladie peuvent être stoppées efficacement grâce à la pénicilline. L'apparition du VIH dans les années 80 a redonné une importance nouvelle à la syphilis. Cette dernière accroît la transmission sexuelle du VIH par un facteur de six à sept1, et les patients souffrant de neurosyphilis qui sont infectés par le VIH sont particulièrement difficiles à traiter. Des données récentes ont montré que la détection précoce et le traitement des MTS peuvent influer grandement sur la transmission sexuelle du VIH2-9. À cause de cet effet synergique10, la lutte contre la syphilis peut avoir un retentissement important sur l'épidémie d'infection à VIH au Canada.

Sexe et âge (figure 1)11

En 1997, le ratio homme-femme pour les cas déclarés de syphilis infectieuse (primaire, secondaire et latente précoce) s'établissait à 1,4:1. Le taux d'incidence culminait chez les hommes dans la trentaine, alors que chez les femmes, le taux était le plus élevé à la fin de la vingtaine.



Figure 1
Source : Bureau du VIH/sida, des MTS et de la tuberculose, LLCM, Santé Canada, mai 1999.


Répartition géographique (figure 2)11

En 1997, quatre provinces et deux territoires n'ont signalé aucun cas de syphilis infectieuse, et toutes les provinces et les territoires, sauf la Colombie-Britannique, avaient atteint l'objectif national fixé pour l'an 2000, soit de moins de 0,5 cas pour 100 000 habitants. Le taux de syphilis infectieuse est en déclin depuis 1985 en Colombie-Britannique, ayant chuté à au plus 0,5 cas pour 100 000 habitants (<= 20 cas/année) de 1993 à 1996. Au milieu de 1997 a débuté une épidémie de syphilis associée à l'industrie du sexe dans le centre-ville de Vancouver12. Le taux a grimpé à 1,2 pour 100 000 (48 cas), soit le taux le plus élevé au pays. Malgré des efforts extraordinaires déployés par le personnel du BCCDC, cette épidémie se poursuit, le taux préliminaire pour 1998 atteignant 2,9 cas pour 100 000 habitants13 (114 cas).

En 1997, toutes les provinces et les territoires sauf la Colombie-Britannique ont atteint l'objectif national pour l'an 2000, à savoir aucun cas déclaré de syphilis congénitale. La C.-B. a signalé les deux seuls cas dans tout le Canada11,12.



Figure 2
Source : Bureau du VIH/sida, des MTS et de la tuberculose, LLCM, Santé Canada, mai 1999.


Tendances (figure 3)11

L'incidence de la syphilis diminue au Canada depuis les années 40. Cette tendance à la baisse s'est poursuivie en 1997, un nombre total de 76 cas de syphilis primaire et secondaire ayant été déclarés, soit un taux de 0,3 pour 100 00011. Ce déclin offre une occasion rêvée d'éliminer la transmission endémique de la syphilis au Canada. Malgré un taux dix fois plus élevé (8 550 cas et un taux de 3,2 pour 100 000) que celui du Canada, les États-Unis ont entrepris d'atteindre cet objectif14.



Figure 3 Source : Bureau du VIH/sida, des MTS et de la tuberculose, LLCM, Santé Canada, mai 1999.


Est-il possible d'éliminer la syphilis au Canada?

Un certain nombre de facteurs militent en faveur de l'élimination de la syphilis. Le faible taux de croissance du tréponème (temps de division de 33 h) et la longue période d'incubation de la maladie (de 10 à 90 jours) laissent suffisamment de temps pour identifier les contacts sexuels récents, un traitement préventif pouvant être administré avant l'apparition de maladies cliniques15. La pénicilline permet de traiter efficacement et à peu de coût la maladie et d'interrompre la transmission. Dans le cas de ceux qui sont allergiques à la pénicilline, des essais thérapeutiques faisant appel à l'azithromycine sont en cours et les résultats préliminaires semblent encourageants16,17. On n'a pas fait état de cas d'antibiorésistance présentant un intérêt clinique et il n'existe aucun réservoir animal.

Malgré la baisse de l'incidence de la syphilis au Canada, nous devons poursuivre nos efforts de lutte et être à l'affût de tout retour en force de la syphilis, comme cela s'est passé en Colombie-Britannique. Il faut élaborer de meilleurs programmes de surveillance, de dépistage, de prévention, de diagnostic et de prise en charge afin de prévenir un tel retour en force dans les grandes villes, en particulier parmi les populations marginalisées18. Il importe d'améliorer notre capacité d'intervenir rapidement à l'échelle régionale, provinciale, territoriale et nationale lorsque surviennent des épidémies.

À mesure que le nombre de cas au Canada diminuent, les cas de syphilis importée deviendront de plus en plus nombreux. Il faut cibler davantage nos efforts sur les voyageurs et les immigrants, compte tenu du fait qu'il existe environ 12 millions de cas de syphilis dans le monde19.

Dans le passé, seul un petit nombre de maladies infectieuses transmises localement (p. ex. paludisme, variole, polyomyélite) ont pu être éliminées au Canada. C'est la première fois qu'une maladie transmise sexuellement pourrait être éradiquée. Nous nous trouvons en quelque sorte à un carrefour. Les efforts en vue d'éliminer la syphilis contribueront non seulement à réduire les coûts individuels et sociaux associés à cette maladie, ils devraient également renforcer l'infrastructure de la santé publique vouée à la lutte contre des maladies comme l'infection à VIH, l'hépatite C et la tuberculose dans les mêmes populations marginalisées. Nous pouvons faire de ce rêve une réalité si les ressources suffisantes sont mises à notre disposition. Le temps est venu de tourner une page d'histoire au Canada.

Références

  1. Nyange P, Martin H, Mandaliya K, et al. Cofactors for heterosexual transmission of HIV to prostitutes in Mombassa Kenya. Ninth International Conference on AIDS and STD in Africa, December 10-14, 1994, Kampala, Uganda.

  2. Laga M, Alary M, Nzila N, et al. Condom promotion, sexually transmitted diseases treatment, and declining incidence of HIV-1 infection in female Zairian sex workers. Lancet 1994;344:246-248.

  3. Moss GB, Overbaugh J, Welch M et al. Human immunodeficiency virus DNA in urethral secretions in men: association with gonococcal urethritis and CD4 depletion. J Infect Dis 1995;172:1469-1474.

  4. Grosskurth H, Mosha F, Todd J, et al. Impact of improved treatment of sexually transmitted diseases on HIV infection in rural Tanzania: randomised controlled trial. Lancet 1995;346:530-536.

  5. Boily MC, Anderson RM. Human immunodeficiency virus transmission and the role of other sexually transmitted diseases. Measures of association and study design. Sex Transm Dis 1996;23:312-332.

  6. Hoffman I, Maida M, Royce R, et al. Effects of urethritis therapy on the concentration of HIV-1 in seminal plasma. Eleventh International Conference on AIDS, July 7-12, 1996, Vancouver, Canada.

  7. Cohen M, Hoffman I, Royce R, et al. Reduction of concentration of HIV-1 in semen after treatment of urethritis: implications for prevention of sexual transmission of HIV-1. Lancet 1997;349:1868-1873.

  8. Cohen MS. Sexually transmitted diseases enhance HIV transmission: no longer a hypothesis. Lancet 1998;351(suppl III):5-7.

  9. Brisson M, Boily MC, Fournier A, Poulin C. The role of classical STD on the establishment of HIV in the strict heterosexual population of Montreal. Draft Proceedings of the 1999 STD Research Forum & National Goals Strategy Meeting, February 25-26,1999, Ottawa, Canada (sous presse).

  10. Wasserheit JN. Epidemiologic synergy. Interrelationships between human immunodeficiency virus infection and other sexually transmitted diseases. Sex Transm Dis 1992;9:61-77.

  11. Health Canada. Sexually Transmitted Diseases in Canada: 1996 Surveillance Report (with Preliminary 1997 Data). Division of STD Prevention & Control, Bureau of HIV/AIDS, STD & TB, LCDC, Health Canada.

  12. Division of STD/AIDS Control, British Columbia Centre for Disease Control. STD Annual Report, 1997.

  13. 13. Patrick D. STD Update: British Columbia. Draft Proceedings of the 1999 STD Research Forum & National Goals Strategy Meeting, February 25-26,1999, Ottawa, Canada. (sous presse).

  14. Division of STD Prevention. Sexually Transmitted Disease Surveillance, 1997. U.S. Department of Health and Human Services, Public Health Service. Atlanta: Centers for Disease Control and Prevention, September 1998.

  15. Cumberland MC, Turner TB. The rate of multiplication of Treponema pallidum in normal and immune rabbits. Am J Syph Gon Vener Dis 1949;33:201-207.

  16. Verdon MS, Hansfield HH, Johnson BB. Pilot study of azithromycin for treatment of primary and secondary syphilis. Clin. Infect Dis 1994;19:486-488.

  17. Mashkilleyson AL, Gomberg MA, Mashkilleyson N, Kutin SA. Treatment of syphilis with azithromycin. Int J STD AIDS 1996;7(suppl 1):13-15.

  18. Institute of Medicine. The hidden epidemic: confronting sexually transmitted diseases. Washington, DC: National Academy Press, 1997.

  19. WHO, Global Programme on AIDS. Global prevalence and incidence of selected curable sexually transmitted diseases: overview and estimates. Geneva: WHO, 1996.

 

Mise à jour :1999-04-29 haut de la page