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<html> <head> <meta name="Generator" content="Corel WordPerfect 8"> <title>M. AXWORTHY - ALLOCUTION &Agrave; LA FACULT&Eacute; DE DROIT DE L'UNIVERSIT&Eacute; DE NEW YORK - LA CONF&Eacute;RENCE HAUSER SUR LE DROIT INTERNATIONAL HUMANITAIRE : INTERVENTIONS ET CONTRAINTES HUMANITAIRES - NEW YORK (&Eacute;TATS-UNIS)</title> </head> <body text="#000000" link="#0000ff" vlink="#551a8b" alink="#ff0000" bgcolor="#c0c0c0"> <p><font face="Arial Gras" size="+1"></font><font face="Arial Gras" size="+1">2000/5 <u> SOUS R&Eacute;SERVE DE MODIFICATIONS</u></font></p> <p align="CENTER"><font face="Arial Gras" size="+1">NOTES POUR UNE ALLOCUTION</font></p> <p align="CENTER"><font face="Arial Gras" size="+1">DE</font></p> <p align="CENTER"><font face="Arial Gras" size="+1">L'HONORABLE LLOYD AXWORTHY,</font></p> <p align="CENTER"><font face="Arial Gras" size="+1">MINISTRE DES AFFAIRES &Eacute;TRANG&Egrave;RES,</font></p> <p align="CENTER"><font face="Arial Gras" size="+1">&Agrave; LA FACULT&Eacute; DE DROIT DE L'UNIVERSIT&Eacute; DE NEW YORK</font></p> <p align="CENTER"><font face="Arial Gras" size="+1"><em>LA CONF&Eacute;RENCE HAUSER SUR LE DROIT INTERNATIONAL</em></font></p> <p align="CENTER"><font face="Arial Gras" size="+1"><em>HUMANITAIRE&nbsp;: INTERVENTIONS ET CONTRAINTES</em></font></p> <p align="CENTER"><font face="Arial Gras" size="+1"><em>HUMANITAIRES</em></font></p> <p><font face="Arial Gras" size="+1">NEW YORK, New York</font></p> <p><font face="Arial Gras" size="+1">Le 10&nbsp;f&eacute;vrier&nbsp;2000 </font></p> <p><font face="Arial Gras" size="+1"><em>(14 h 15 HNE)</em></font></p> <p><font face="Arial">Je suis enchant&eacute; de me trouver en votre compagnie cet apr&egrave;s-midi en qualit&eacute; de conf&eacute;rencier Hauser sur le droit international humanitaire. C'est pour moi un grand honneur que d'avoir &eacute;t&eacute; pr&eacute;sent&eacute; par vous, professeur Meron, et je suis tr&egrave;s heureux de partager la tribune avec vous.</font></p> <p><font face="Arial">Professeur Meron, votre capacit&eacute; de susciter des id&eacute;es et de stimuler le d&eacute;bat dans ce domaine a &eacute;t&eacute; on ne peut plus pr&eacute;cieuse. Votre projet relatif aux normes fondamentales d'humanit&eacute;, par exemple, porte sur un des principaux d&eacute;fis qui se posent &agrave; nous en ce nouveau si&egrave;cle. J'aimerais aborder cette question cet apr&egrave;s-midi, &agrave; savoir la protection internationale des personnes.</font></p> <p><font face="Arial">Vous connaissez tous le corpus &eacute;toff&eacute; de droit international humanitaire et de droit international relatif aux droits de la personne qui a &eacute;t&eacute; mis en place au fil des ans. Il a valeur de reconnaissance de la n&eacute;cessit&eacute; de prot&eacute;ger les civils, de code de nos obligations collectives et de fondement d'une action internationale.</font></p> <p><font face="Arial">&Agrave; certains moments, les &eacute;v&eacute;nements nous forcent &agrave; r&eacute;&eacute;valuer notre pens&eacute;e et &agrave; revoir nos pratiques. Nous vivons une de ces p&eacute;riodes.</font></p> <p><font face="Arial">Mentionnons une premi&egrave;re r&eacute;alit&eacute;&nbsp;: les conflits arm&eacute;s de l'&egrave;re moderne soumettent plus directement les populations &agrave; des risques, sous des formes plus diversifi&eacute;es, et en plus grand nombre, que jamais auparavant. La victimisation des civils ne constitue plus le d&eacute;riv&eacute; tragique des conflits violents, mais fr&eacute;quemment le principal objectif et, plus souvent qu'autrement, le principal r&eacute;sultat de ces conflits.</font></p> <p><font face="Arial">Parall&egrave;lement, on prend beaucoup plus conscience du monde qui nous entoure. La prise de conscience stimule la conscience. Irr&eacute;vocablement, la mondialisation fait des souffrances des &ecirc;tres humains pris individuellement un sujet de pr&eacute;occupation &agrave; l'&eacute;chelle mondiale. Dans notre monde o&ugrave; nous sommes en communication les uns avec les autres, notre propre s&eacute;curit&eacute; est de plus en plus indissociable de celle de nos voisins, dans notre pays et &agrave; l'&eacute;tranger. La pr&eacute;sente conf&eacute;rence t&eacute;moigne &eacute;loquemment de cette nouvelle r&eacute;alit&eacute;.</font></p> <p><font face="Arial">On constate aussi un changement saisissant des intervenants et des instruments au chapitre des affaires mondiales. La soci&eacute;t&eacute; civile et les organisations non gouvernementales jouent un r&ocirc;le de plus en plus important. Internet et l'acc&eacute;l&eacute;ration des communications rehaussent la capacit&eacute; des gens &agrave; se brancher directement, &agrave; participer aux affaires du monde et &agrave; mobiliser un appui en faveur des moins favoris&eacute;s.</font></p> <p><font face="Arial">Enfin, et c'est peut-&ecirc;tre l&agrave; le plus important, nous observons une volont&eacute; plus vigoureuse de prendre la parole et des mesures en faveur des civils, ind&eacute;pendamment de qui ils sont et de l'endroit o&ugrave; ils se trouvent. Ce faisant, nous remettons en question la version la plus absolutiste du concept de non-ing&eacute;rence.</font></p> <p><font face="Arial">Dans ce nouveau contexte mondial, les personnes, et non seulement l'&Eacute;tat, sont un sujet de relations internationales. La s&eacute;curit&eacute; et les droits fondamentaux des personnes, et non simplement l'absence de conflits militaires inter-&eacute;tatiques, sont des &eacute;l&eacute;ments primordiaux de la stabilit&eacute; et de la paix mondiales.</font></p> <p><font face="Arial">Cet accent sur la protection des populations est au coeur du programme d'action du Canada en mati&egrave;re de s&eacute;curit&eacute; humaine. Il s'agit d'une approche de la politique &eacute;trang&egrave;re visant &agrave; assigner le premier rang aux populations, en &eacute;laborant de nouveaux concepts, en adaptant les pratiques diplomatiques et en actualisant les institutions sur lesquelles le syst&egrave;me international repose.</font></p> <p><font face="Arial">La s&eacute;curit&eacute; humaine recouvre l'int&eacute;gralit&eacute; du champ des relations internationales, de la pr&eacute;vention des conflits aux interventions humanitaires en passant par les mesures palliatives apr&egrave;s un conflit. Depuis la fin de la Deuxi&egrave;me Guerre mondiale, le principe de la protection internationale des droits de la personne s'est progressivement affirm&eacute; au d&eacute;triment des interpr&eacute;tations les plus rigides de la souverainet&eacute; des &Eacute;tats.</font></p> <p><font face="Arial">Cela ne veut pas dire que l'&Eacute;tat est p&eacute;rim&eacute;. Bien au contraire. D'une part, la promotion internationale de la s&eacute;curit&eacute; humaine n'affaiblit pas la souverainet&eacute;; elle la revigore plut&ocirc;t, en renfor&ccedil;ant les institutions et les comportements d&eacute;mocratiques, tol&eacute;rants et ouverts. D'autre part, l'&Eacute;tat demeure le plus puissant instrument de l'action collective. </font></p> <p><font face="Arial">Les personnes qui ont souffert du colonialisme ou d'autres formes d'ing&eacute;rence ext&eacute;rieure dans leur pays peuvent fort bien accueillir ces propos avec scepticisme. Toutefois, la pr&eacute;vention des violations, la fin des atrocit&eacute;s, l'action face aux cons&eacute;quences de la guerre, c'est aussi leur probl&eacute;matique; elle correspond aux r&eacute;alit&eacute;s qu'elles vivent et, de toute &eacute;vidence, a des incidences sur la stabilit&eacute; du monde qui les entoure. D'aucuns font valoir que les politiques ax&eacute;es sur la s&eacute;curit&eacute; humaine d&eacute;tournent des fonds de la priorit&eacute; plus fondamentale que constitue le d&eacute;veloppement. Loin de s'exclure mutuellement, la s&eacute;curit&eacute; humaine et le d&eacute;veloppement humain sont deux c&ocirc;t&eacute;s de la m&ecirc;me m&eacute;daille. Il est difficile de faire progresser son PIB lorsqu'on consacre une si grande part de ses ressources &agrave; r&eacute;parer les dommages de la guerre et &agrave; redresser des vies bris&eacute;es.</font></p> <p><font face="Arial">D'autres personnes qui d&eacute;fendent l'interpr&eacute;tation la plus stricte du principe de la souverainet&eacute; ont incontestablement des motivations plus douteuses. Manifestement, la souverainet&eacute; a de moins en moins le caract&egrave;re d'un &eacute;cran derri&egrave;re lequel on peut commettre des violations &agrave; grande &eacute;chelle. Cette nouvelle a certainement de quoi perturber ceux qui sont port&eacute;s &agrave; violer la s&eacute;curit&eacute; de leurs propres citoyens. Et comme il est curieux que les plus ardents d&eacute;fenseurs de l'autorit&eacute; de l'&Eacute;tat soient justement ceux qui n'&eacute;prouvent gu&egrave;re d'&eacute;tats d'&acirc;me lorsqu'il s'agit de la c&eacute;der &agrave; des institutions &eacute;conomiques mondiales quand leurs int&eacute;r&ecirc;ts &eacute;conomiques sont en jeu.</font></p> <p><font face="Arial">Le paradigme des politiques internationales &eacute;volue nettement dans le sens d'une prise en compte plus directe des droits de la personne. La pratique se modifie dans la m&ecirc;me direction. Effectivement, comme c'est souvent le cas, la pratique jette les bases de la th&eacute;orie. La protection des populations est le concept qui a servi d'inspiration &agrave; la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel, mouvement vigoureusement soutenu par les Canadiens et qui porte fruit &agrave; l'&eacute;chelle mondiale.</font></p> <p><font face="Arial">La protection des personnes sert d'impulsion &agrave; l'action &eacute;nergique qu'a men&eacute;e le Canada en vue de la cr&eacute;ation de la Cour criminelle internationale, de s'attaquer &agrave; la prolif&eacute;ration et &agrave; l'abus des armes l&eacute;g&egrave;res, et d'aider les enfants touch&eacute;s par la guerre. Le Canada a &eacute;t&eacute; le chef de file dans la conception du Protocole r&eacute;cemment convenu relatif au recrutement et au d&eacute;ploiement des enfants- soldats. </font></p> <p><font face="Arial">Ce ne sont pas l&agrave; des &eacute;v&eacute;nements distincts, sans lien les uns avec les autres&nbsp;: ils s'inscrivent au contraire dans une d&eacute;marche plus large visant &agrave; fa&ccedil;onner un monde o&ugrave; on d&eacute;fend la s&eacute;curit&eacute; des gens.</font></p> <p><font face="Arial">La protection des personnes suppose &eacute;galement que nous actualisions nos institutions internationales. Le Canada le fait en int&eacute;grant la dimension humaine dans les travaux du&nbsp;G-8, de l'OEA [Organisation des &Eacute;tats am&eacute;ricains], de l'OSCE [Organisation pour la s&eacute;curit&eacute; et la coop&eacute;ration en Europe], du Commonwealth et de la Francophonie, de m&ecirc;me que dans ceux des Nations Unies.</font></p> <p><font face="Arial">Le Conseil de s&eacute;curit&eacute; de l'ONU n'a pas toujours r&eacute;agi avec d&eacute;termination aux d&eacute;fis pos&eacute;s par les nouvelles menaces pesant sur la s&eacute;curit&eacute; humaine. Le Canada, agissant de concert avec d'autres membres du Conseil, s'efforce de changer cette situation pendant son actuel mandat de membre du Conseil. Il obtient certains succ&egrave;s.</font></p> <p><font face="Arial">Gr&acirc;ce aux efforts du Canada, entre autres, la protection des civils dans les conflits arm&eacute;s est maintenant fermement inscrite &agrave; l'ordre du jour du Conseil. &Agrave; la demande du Canada, le Secr&eacute;taire g&eacute;n&eacute;ral a pr&eacute;par&eacute; un rapport contenant des recommandations sur les mesures concr&egrave;tes &agrave; prendre.</font></p> <p><font face="Arial">Nous continuerons de promouvoir la s&eacute;curit&eacute; humaine au Conseil. &Agrave; cette fin, nous entendons promouvoir une approche davantage cibl&eacute;e sur des sanctions, nous employer &agrave; r&eacute;affirmer le r&ocirc;le directeur du Conseil en ce qui concerne le maintien de la paix et continuer d'&eacute;tablir des liens plus &eacute;troits et plus ouverts entre le Conseil et d'autres parties. Dernier &eacute;l&eacute;ment, mais non le moindre, nous continuerons de faire des progr&egrave;s en ce qui concerne les interventions humanitaires.</font></p> <p><font face="Arial">Je tiens &agrave; &ecirc;tre tr&egrave;s clair &agrave; ce sujet. Je ne parle pas de violations mineures des droits de la personne. Il existe d'autres moyens de censurer ces formes de mauvaise administration gouvernementale. Je parle des interventions internationales visant &agrave; pr&eacute;venir ou &agrave; faire cesser des souffrances massives. Les interventions humanitaires ne s'imposent que dans des cas graves -- g&eacute;nocides, crimes contre l'humanit&eacute; et violations massives et syst&eacute;matiques des droits de la personne et du droit humanitaire.</font></p> <p><font face="Arial">Or, dans ces cas, le bilan de la communaut&eacute; internationale n'est pas reluisant. Songez &agrave; l'h&eacute;ritage de Pol Pot et d'Idi Amin. Reprenez les conclusions des enqu&ecirc;tes ind&eacute;pendantes effectu&eacute;es &agrave; propos du Rwanda et de Srebrenica. Elles &eacute;quivalent &agrave; un catalogue d'&eacute;checs et d'inaction de la part du monde devant d'&eacute;normes souffrances. </font></p> <p><font face="Arial">&Agrave; n'en pas douter, l'action pr&eacute;ventive et non coercitive est id&eacute;ale&nbsp;: m&eacute;diation, renforcement de la confiance, promotion de la bonne administration gouvernementale, mise en place d'institutions d&eacute;mocratiques, d&eacute;ploiement pr&eacute;ventif ou sanctions. On devrait toujours essayer ces m&eacute;thodes. D'ailleurs, nous devrions accorder une importance prioritaire au renforcement des capacit&eacute;s, &agrave; l'accroissement des ressources et &agrave; une action plus h&acirc;tive dans ces domaines afin d'&eacute;viter que des mesures plus rigoureuses ne deviennent n&eacute;cessaires.</font></p> <p><font face="Arial">Cela dit, il demeure vrai que ces m&eacute;thodes ne sont pas toujours applicables et qu'elles ne sont pas toujours efficaces. Lorsqu'elles ne donnent pas les r&eacute;sultats attendus, l'intervention humanitaire devient une possibilit&eacute;. C'est l&agrave; une des d&eacute;cisions les plus difficiles que les dirigeants ont &agrave; prendre. Elle est charg&eacute;e de complications. Elle met en cause les conceptions &eacute;tablies au sujet de l'ordre international.</font></p> <p><font face="Arial">Cependant, quelle est la validit&eacute; de la primaut&eacute; du droit international si on ne peut l'appliquer? Une discussion approfondie des interventions humanitaires est donc &agrave; la fois in&eacute;vitable et indispensable parce que nous serons incontestablement confront&eacute;s &agrave; l'avenir &agrave; de nouvelles trag&eacute;dies sur le plan humanitaire et parce qu'en l'absence de clart&eacute;, nous serons certainement aux prises avec les m&ecirc;mes questions, la m&ecirc;me paralysie, le m&ecirc;me manque de pr&eacute;paration, et avec les m&ecirc;mes r&eacute;sultats tragiques.</font></p> <p><font face="Arial">L'absence d'une action au Rwanda et &agrave; Srebrenica ont soulev&eacute; la question. L'action de l'OTAN au Kosovo a d&eacute;clench&eacute; le d&eacute;bat. En septembre dernier, dans une d&eacute;claration faite devant l'Assembl&eacute;e g&eacute;n&eacute;rale, le Secr&eacute;taire g&eacute;n&eacute;ral de l'ONU, M.&nbsp;Kofi&nbsp;Annan, a relev&eacute; le d&eacute;fi; il a expos&eacute; les arguments et clairement d&eacute;fini les enjeux. Il s'agit maintenant d'un d&eacute;bat auquel le Conseil de s&eacute;curit&eacute; des Nations Unies et, d'ailleurs, la communaut&eacute; internationale doivent participer.</font></p> <p><font face="Arial">Ce faisant, il faut aborder trois questions&nbsp;: le renforcement des normes et des pratiques relatives &agrave; la protection des civils; la mobilisation de la volont&eacute; politique pour agir lorsqu'il le faut; et enfin, le renforcement des capacit&eacute;s militaires et civiles, afin que l'intervention soit fructueuse.</font></p> <p><font face="Arial">Une intervention humanitaire peut se fonder sur la Charte des Nations Unies, sur l'&eacute;volution du droit international humanitaire et des droits de la personne, et, ce qui est peut-&ecirc;tre l'&eacute;l&eacute;ment le plus important, sur les pratiques du Conseil de s&eacute;curit&eacute;.</font></p> <p><font face="Arial">Les premiers articles de la Charte de l'ONU renvoient non seulement au maintien de la paix et de la s&eacute;curit&eacute; internationales, mais aussi &agrave; la r&eacute;affirmation de la «&nbsp;foi dans les droits fondamentaux de l'homme, dans la dignit&eacute; et la valeur de la personne humaine&nbsp;». C'est l&agrave; un puissant symbole de l'obligation de la communaut&eacute; internationale de prot&eacute;ger les gens; il sert de fondement &agrave; l'action internationale en ce sens.</font></p> <p><font face="Arial">Le droit international relatif aux questions humanitaires et aux droits de la personne, plus pr&eacute;cis&eacute;ment les Conventions de Gen&egrave;ve et la Convention sur le g&eacute;nocide, soutiennent la Charte en ce qui concerne les r&eacute;actions internationales aux crimes contre l'humanit&eacute; et aux crimes de guerre. L'Article&nbsp;1 de la Convention sur le g&eacute;nocide, par exemple, confirme que le g&eacute;nocide constitue un crime aux termes du droit international, crime que les parties contractantes s'engagent &agrave; pr&eacute;venir et &agrave; ch&acirc;tier.</font></p> <p><font face="Arial">La cr&eacute;ation des Tribunaux p&eacute;naux internationaux pour l'ex-Yougoslavie et le Rwanda de m&ecirc;me que l'adoption des statuts de la Cour criminelle internationale renforcent encore davantage le consensus international croissant selon lequel les personnes responsables de violations massives et syst&eacute;matiques des droits de la personne &agrave; l'int&eacute;rieur des fronti&egrave;res d'un &Eacute;tat ne sont pas &agrave; l'abri du droit international et ne peuvent pas &eacute;chapper &agrave; des sanctions internationales. </font></p> <p><font face="Arial">Enfin, le Conseil de s&eacute;curit&eacute; de l'ONU a autoris&eacute; des interventions arm&eacute;es &agrave; des fins humanitaires dans un certain nombre de cas&nbsp;: en Iraq, en Somalie, au Rwanda, en Bosnie et au Timor-Oriental. Certes, les circonstances varient d'un cas &agrave; l'autre. Les mandats sont assortis de nuances. On peut certainement se poser des questions quant aux r&eacute;sultats de ces interventions. Toutefois, il ne fait gu&egrave;re de doute que, prises collectivement, ces d&eacute;cisions du Conseil reconnaissent que le g&eacute;nocide et d'autres crimes contre l'humanit&eacute; ne sauraient demeurer &agrave; l'abri de contestations.</font></p> <p><font face="Arial">Pourtant, que doivent faire les gouvernements lorsque le Conseil est divis&eacute;, lorsqu'il se commet des crimes terribles derri&egrave;re le voile de la souverainet&eacute; d'un &Eacute;tat qui viole les pr&eacute;ceptes? La premi&egrave;re question qui se pose porte sur le point de savoir si la nature du d&eacute;lit justifie une intervention ext&eacute;rieure. &Agrave; nos yeux, ce cas ne peut se pr&eacute;senter que lorsque des actes manifestes de violence sont commis d&eacute;lib&eacute;r&eacute;ment contre des innocents. Nous avons &agrave; l'esprit un crit&egrave;re tr&egrave;s rigoureux. Une fois qu'on a jug&eacute; que la violence, r&eacute;elle ou brandie &agrave; titre de menace, satisfait &agrave; ce crit&egrave;re, il faut soupeser plusieurs consid&eacute;rations&nbsp;:</font></p> <p><font face="Arial">• L'urgence. Est-il trop tard pour recourir &agrave; d'autres instruments de r&egrave;glement pacifique des diff&eacute;rends? On ne devrait lancer une intervention humanitaire que lorsqu'il est clair que tous les efforts raisonnables et non coercitifs visant &agrave; pr&eacute;venir ou &agrave; r&eacute;gler un conflit ont &eacute;t&eacute; tent&eacute;s et ont &eacute;chou&eacute;. La menace ou la r&eacute;alit&eacute; de souffrances et de pertes massives de vies constitue le facteur d&eacute;terminant la n&eacute;cessit&eacute; d'une intervention.</font></p> <p><font face="Arial">• La pr&eacute;vention. Existe-t-il un danger qu'un conflit intra-&eacute;tatique, si on ne s'en occupe pas, se propage et menace la s&eacute;curit&eacute; r&eacute;gionale ou internationale? Le fait de ne pas intervenir peut avoir des effets d&eacute;stabilisateurs sur la s&eacute;curit&eacute; r&eacute;gionale. L'inaction au Rwanda, par exemple, a contribu&eacute; &agrave; la propagation des atrocit&eacute;s et des conflits dans toute l'Afrique centrale.</font></p> <p><font face="Arial">• La coh&eacute;rence. Tous les civils ont intrins&egrave;quement droit &agrave; la m&ecirc;me protection. Dans la pratique, toutefois, ce principe soul&egrave;ve des questions &agrave; propos de la volont&eacute; et de la capacit&eacute; internationales d'agir dans chaque cas. Devrions-nous intervenir, par exemple, si nous estimons que nous ne pouvons am&eacute;liorer la situation sur le terrain ou s'il est clair qu'une d&eacute;cision en ce sens ne ferait que provoquer la propagation du conflit? La coh&eacute;rence, de toute &eacute;vidence, constitue notre objectif. Cela dit, &agrave; ceux qui critiquent les interventions humanitaires en faisant valoir qu'on n'y recourt pas avec coh&eacute;rence, je poserais la question suivante : si la communaut&eacute; internationale ne peut intervenir partout, cela signifie-t-il qu'elle ne doit intervenir nulle part?</font></p> <p><font face="Arial">Le renforcement des normes exige &eacute;galement la mobilisation de la volont&eacute; d'agir.</font></p> <p><font face="Arial">C'est au Conseil de s&eacute;curit&eacute; qu'incombe la responsabilit&eacute; primordiale du maintien de la paix et de la s&eacute;curit&eacute; internationales. Il constitue le lieu o&ugrave; l'action relative &agrave; ces questions devrait trouver ses fondements, le premier endroit vers lequel les populations du monde se tournent en qu&ecirc;te de leadership lorsque leur s&eacute;curit&eacute; est menac&eacute;e. C'est ce que font mes compatriotes, ce qui explique le vigoureux engagement du Canada &agrave; assurer l'efficacit&eacute; du Conseil.</font></p> <p><font face="Arial">C'est pourquoi le Conseil doit maintenant se montrer r&eacute;solument &agrave; la hauteur du d&eacute;fi des interventions humanitaires. Pourtant, m&ecirc;me lorsqu'il autorise des interventions pour des motifs humanitaires, certains de ses membres se sont montr&eacute;s oppos&eacute;s &agrave; l'application constante d'une d&eacute;finition plus large du mandat relatif &agrave; la paix et &agrave; la s&eacute;curit&eacute; d&eacute;fini dans la Charte, en r&eacute;action aux conflits d'aujourd'hui.</font></p> <p><font face="Arial">Le Secr&eacute;taire g&eacute;n&eacute;ral Annan a mis en relief le dilemme qui en r&eacute;sulte dans son observation &agrave; propos du Rwanda&nbsp;: [traduction libre] «&nbsp;Imaginez un instant que, pendant ces jours et ces heures sombres qui ont conduit au g&eacute;nocide, il y aurait eu une coalition d'&Eacute;tats pr&ecirc;ts et dispos&eacute;s &agrave; agir pour d&eacute;fendre la population tutsie, mais que le Conseil aurait refus&eacute; de donner le feu vert, ou aurait tard&eacute; &agrave; le faire. Une coalition de ce type aurait-elle d&ucirc;, alors, demeurer passive pendant que l'horreur se produisait?&nbsp;»</font></p> <p><font face="Arial">Dans des cas de commission d&eacute;lib&eacute;r&eacute;e et syst&eacute;matique d'atrocit&eacute;s &agrave; grande &eacute;chelle contre des populations innocentes, si le Conseil est paralys&eacute;, avons-nous toujours l'obligation d'agir? Indubitablement, la r&eacute;ponse est affirmative.</font></p> <p><font face="Arial">Des parall&egrave;les avec la campagne contre les mines antipersonnel me viennent &agrave; l'esprit. Les souffrances inflig&eacute;es par cette arme &eacute;taient &eacute;normes. Le besoin, la demande et l'imp&eacute;ratif de r&eacute;agir &eacute;taient clairs. Pourtant, l'institution charg&eacute;e d'agir &eacute;tait incapable de le faire. Nous avons choisi une voie de rechange, qui a b&eacute;n&eacute;fici&eacute; d'un &eacute;norme soutien et qui a donn&eacute; des r&eacute;sultats, une voie qui a &eacute;t&eacute; ramen&eacute;e sous la houlette des Nations Unies et qui, en derni&egrave;re analyse, a renforc&eacute; le syst&egrave;me international.</font></p> <p><font face="Arial">Le poids cumulatif des droits de la personne reconnus internationalement et du droit humanitaire international, la tendance mondiale allant &agrave; l'encontre de l'impunit&eacute; et en faveur de l'obligation de rendre des comptes qui a d&eacute;bouch&eacute; sur la cr&eacute;ation de la Cour criminelle internationale, les pr&eacute;c&eacute;dents &eacute;tablis par le Conseil lui-m&ecirc;me&nbsp;: tous ces &eacute;l&eacute;ments justifient une intervention en cas de crise humanitaire grave et d'incapacit&eacute; du Conseil de s'acquitter de ses responsabilit&eacute;s. Incontestablement, les interventions dans ces circonstances doivent &ecirc;tre exceptionnelles, li&eacute;es aussi &eacute;troitement que possible au Conseil de s&eacute;curit&eacute; -- avant, pendant et apr&egrave;s le conflit. Mais elles doivent repr&eacute;senter une possibilit&eacute;.</font></p> <p><font face="Arial">Cette fa&ccedil;on de voir suscite des pr&eacute;occupations dans certains milieux. Un &eacute;l&eacute;ment cl&eacute; pour apaiser ces pr&eacute;occupations et mobiliser la volont&eacute; d'agir r&eacute;side dans un cadre plus clair &agrave; l'int&eacute;rieur duquel une intervention peut se faire, un cadre qui instaure un contexte suffisamment permissif pour faire cesser les violations massives et syst&eacute;matiques des droits de la personne, mais assorti de sauvegardes garantissant qu'il ne sera pas utilis&eacute; &agrave; mauvais escient par des &Eacute;tats poursuivant des objectifs correspondant &agrave; leurs objectifs &eacute;go&iuml;stes. &Agrave; cette fin, il faut faire &eacute;tat de cinq&nbsp;consid&eacute;rations importantes :</font></p> <p><font face="Arial">• La corroboration. La gravit&eacute; de la crise est-elle corrobor&eacute;e par une tierce partie cr&eacute;dible? La confirmation ind&eacute;pendante de l'imminence d'une crise humanitaire devrait &ecirc;tre une condition pr&eacute;alable, de mani&egrave;re &agrave; ce que la communaut&eacute; internationale ne se laisse pas entra&icirc;ner au service des objectifs politiques d'un ou de plusieurs pays.</font></p> <p><font face="Arial">• La faisabilit&eacute;. L'intervention humanitaire peut-elle g&eacute;n&eacute;rer des r&eacute;sultats positifs pour les victimes? On devrait engager une intervention lorsqu'il est clair que, b&eacute;n&eacute;ficiant de ressources suffisantes, d'un mandat clair et d'un large soutien, elle est susceptible de mettre fin &agrave; des souffrances aigu&euml;s et largement r&eacute;pandues.</font></p> <p><font face="Arial">• L'&eacute;chelle. Le degr&eacute; du recours &agrave; la force est-il appropri&eacute; dans les circonstances? Nous devrions cibler les responsables de la violence et les infrastructures dont ils sont tributaires, tout en nous assurant que nous tenons d&ucirc;ment compte des civils et de l'environnement.</font></p> <p><font face="Arial">• Le soutien. L'intervention a-t-elle un caract&egrave;re multilat&eacute;ral et b&eacute;n&eacute;ficie-t-elle d'un large soutien? Les interventions unilat&eacute;rales, par exemple, soul&egrave;vent des questions d'abus de pouvoir ou de poursuite de ses int&eacute;r&ecirc;ts propres de la part de la partie qui intervient. </font></p> <p><font face="Arial">• La durabilit&eacute;. L'intervention s'inscrit-elle dans le cadre d'une strat&eacute;gie &agrave; plus long terme visant &agrave; consolider et &agrave; soutenir la paix? Une intervention humanitaire ne devrait pas n&eacute;cessairement &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;e comme &eacute;tant une activit&eacute; compl&egrave;te en soi ou comme un cataplasme. </font></p> <p><font face="Arial">La mobilisation de la volont&eacute; politique est &eacute;troitement li&eacute;e &agrave; la disponibilit&eacute; de capacit&eacute;s militaires et civiles suffisantes. &Agrave; un moment o&ugrave; les demandes de troupes aux fins de protection des civils s'accroissent tout comme les conflits eux-m&ecirc;mes, les gouvernements doivent formuler des plans et mobiliser les ressources n&eacute;cessaires &agrave; l'ex&eacute;cution de nouvelles missions.</font></p> <p><font face="Arial">La capacit&eacute; de l'ONU elle-m&ecirc;me de g&eacute;rer des missions complexes est soumise &agrave; de fortes pressions. Une approche coordonn&eacute;e et int&eacute;gr&eacute;e aux &eacute;chelles nationale et internationale s'impose afin de garantir que nous sommes bien pr&eacute;par&eacute;s. Le rep&eacute;rage et la mobilisation rapides des ressources militaires et civiles voulues sont fondamentaux pour assurer le succ&egrave;s de la d&eacute;cision d'intervenir pour des motifs humanitaires.</font></p> <p><font face="Arial">Comme l'a montr&eacute; le cas du Kosovo, ce ne sont pas les discours de condamnation envers le pr&eacute;sident serbe Milosevic qui ont mis fin &agrave; ses actions; c'est plut&ocirc;t notre volont&eacute; d'engager des interventions &eacute;nergiques b&eacute;n&eacute;ficiant d'un vaste soutien international. Pourtant, en ce moment, des interventions humanitaires de ce type sont men&eacute;es de mani&egrave;re ponctuelle -- sous la direction de l'OTAN, de l'ECOMOG [Groupe de contr&ocirc;le de la Communut&eacute; &eacute;conomique des &Eacute;tats de l'Afrique de l'Ouest] ou de coalitions d'&Eacute;tats dispos&eacute;s &agrave; agir, comme dans le cas de l'INTERFET, au Timor-Oriental.</font></p> <p><font face="Arial">Il faut inverser cette tendance vers une approche volontaire d'une action d'ex&eacute;cution, quelles qu'en soient les raisons. Elle impose un fardeau indu aux parties capables de payer. Fait plus important, elle &eacute;rode le principe de la participation universelle &agrave; la s&eacute;curit&eacute; collective qui est consign&eacute; dans la Charte.</font></p> <p><font face="Arial">Nous devons &eacute;galement garder pr&eacute;sent &agrave; l'esprit le fait qu'une intervention humanitaire vise &agrave; assurer la protection physique imm&eacute;diate des gens; il s'agit l&agrave; d'une &eacute;tape fondamentale, mais elle ne repr&eacute;sente que le premier &eacute;l&eacute;ment d'une d&eacute;marche de consolidation de la stabilit&eacute; et de la s&eacute;curit&eacute; &agrave; longue &eacute;ch&eacute;ance. Renforcer les capacit&eacute;s pour r&eacute;ussir, cela signifie non seulement le d&eacute;gagement des ressources collectives ad&eacute;quates pour la r&eacute;alisation d'une intervention humanitaire, mais aussi l'attribution des ressources, de l'attention et de la priorit&eacute; collectives, et suffisantes, aux activit&eacute;s de consolidation de la paix qui suivent.</font></p> <p><font face="Arial">Dans le nouveau contexte mondial qui est le n&ocirc;tre, la protection internationale des personnes rev&ecirc;t maintenant davantage d'importance. Voil&agrave; le motif qui inspire le programme d'action du Canada dans le domaine de la s&eacute;curit&eacute; humaine. C'est notre fa&ccedil;on de faire en sorte que la protection des gens devienne une priorit&eacute; capitale &agrave; l'&eacute;chelle internationale.</font></p> <p><font face="Arial">Les violations massives et syst&eacute;matiques des droits de la personne repr&eacute;sentent&nbsp;--&nbsp;c'est un fait tragique&nbsp;--&nbsp;une caract&eacute;ristique durable de ce nouveau monde. Il ne faut donc pas se surprendre de ce que le sujet de la r&eacute;action de la communaut&eacute; internationale, y compris des interventions humanitaires, gagne en importance.</font></p> <p><font face="Arial">Les d&eacute;bats au sujet des interventions humanitaires suscitent forc&eacute;ment de nombreuses controverses. Si nous disposions de garanties nous donnant &agrave; penser que les populations ne seront plus assujetties aux plus extr&ecirc;mes violations du droit humanitaire et des droits de la personne; de garanties que l'imposition d&eacute;lib&eacute;r&eacute;e de souffrances &agrave; une &eacute;chelle massive pourrait &ecirc;tre &eacute;limin&eacute;e; de perspectives selon lesquelles les atrocit&eacute;s du pass&eacute; ne se r&eacute;p&eacute;teront pas &agrave; l'avenir, peut-&ecirc;tre pourrions-nous nous passer de ces interventions. C'est toutefois peu probable.</font></p> <p><font face="Arial">Il serait sans aucun doute plus facile d'&eacute;luder la question. Cela ferait taire les critiques. Cela apaiserait les avocats. Cela satisferait les minist&egrave;res des Finances. Cependant, il y a des gens qui, de mani&egrave;re tout &agrave; fait &eacute;vidente, ne s'en porteraient pas mieux et qui, en derni&egrave;re analyse, seraient le plus directement concern&eacute;s&nbsp;: les populations assujetties &agrave; des violations massives et syst&eacute;matiques. C'est pourquoi il nous faut aborder la question des interventions humanitaires. Le plus t&ocirc;t sera le mieux.</font></p> <p><font face="Arial">Je vous remercie.</font></p> </body> </html>

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Dernière mise à jour : 2006-10-30 Haut de la page
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