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Communiqué de presse
Pour diffusion immédiate
Les enquêtes militaires doivent être plus ouvertes,
conclut l'Ombudsman André Marin
Ottawa, le 27 janvier 2005 ― Toutes les enquêtes militaires
sur le décès ou une blessure grave d'un membre des FC doivent être
ouvertes et transparentes pour assurer la crédibilité, a déclaré M.
André Marin, Ombudsman du MDN/des FC en publiant son rapport spécial
intitulé Quand tombe un soldat : Examen de la réaction des FC à la
mort accidentelle du caporal-chef Rick Wheeler.
Le rapport examine les enquêtes bâclées menées après le décès
tragique d'un soldat pendant un exercice d'entraînement. Il fournit 34
recommandations qui concernent principalement l'amélioration des mesures
prises par les FC après le décès inattendu ou une blessure grave d'un
de leurs membres. M. Marin ajoute que les enquêtes doivent être
transparentes. Elles ne peuvent pas se dérouler en vase clos, comme s'il
s'agissait d'une opération secrète. Les enquêtes militaires précédentes
ont été ternies par le mystère trop épais qui les entourait et par un
travail d'enquête de piètre qualité.
Les FC ont accepté en principe la plupart des recommandations relatives
au système dans son ensemble, et sont d'accord pour entreprendre l'examen
des systèmes d'administration des victimes et des commissions d'enquête.
Toutefois, elles n'acceptent pas de donner aux membres de la famille d'un
soldat décédé ou blessé, le droit de participer pleinement au
processus d'enquête sur les circonstances de l'incident. « Les FC ont
plutôt choisi de laisser au président d'une Commission d'enquête donnée
le pouvoir discrétionnaire de permettre la présence de la famille. Ce
n'est pas une solution satisfaisante », déclare M. Marin.
M. Marin insiste sur le fait que les membres de la famille doivent être
tenus au courant et qu'ils ne méritent pas d'être traités comme des étrangers
à l'affaire. Il ajoute : « La façon dont l'armée mène ses enquêtes
est désuète et ne correspond plus aux normes modernes sur la
responsabilisation qu'impose la société et qu'elle mérite à juste
titre. L'approche actuelle des enquêtes sur les blessures et les décès
non reliés au combat comporte tellement de failles que les résultats des
enquêtes sont très souvent remis en question et qu'ils provoquent
presque toujours des allégations de dissimulation. Par conséquent, on
finit par enquêter deux fois plutôt qu’une sur plusieurs accidents, ce
qui cause des délais exagérés et implique évidemment des coûts plus
élevés. »
Le présent rapport examine une autre fois les nombreuses enquêtes
militaires qui ont été menées sur douze ans à la suite du décès
tragique du cplc Rick Wheeler, écrasé par un véhicule blindé pendant
un exercice d'entraînement, en 1992. Le présent rapport conclut l'enquête
sur les plaintes déposées par la famille du cplc Wheeler et par le lcol
(ret) Lapeyre. La famille Wheeler, craignant que l'on cherche à
dissimuler des faits, s'est plainte du traitement qui lui a été réservé
et du fait que le MDN/les FC ne lui fournissaient pas d'information. Le
lcol (ret) Lapeyre, qui commandait à cette époque l'unité du cplc
Wheeler, prétendait qu'on en avait fait un bouc émissaire. Puisque Mme
Wheeler et le lcol (ret) Lapeyre ont tous deux été victimes des actions
ou du défaut d'agir des FC, l'Ombudsman recommande qu'on leur fasse des
excuses et qu'on leur offre une compensation raisonnable.
On peut consulter le rapport entier sur le site suivant : www.ombudsman.forces.gc.ca.
Document d'information ci-joint
Si vous désirez obtenir plus d'informations, veuillez communiquer
avec
Barbara Theobalds
Directrice, Communications et relations avec les médias
Bureau de l'Ombudsman du MDN/des FC
Tél. : (613) 992-6962
Isabelle Rodier
Gestionnaire de projets en communication
Bureau de l'Ombudsman du MDN/des FC
Tél. : (613) 995-8643
Document d'information
Quand tombe un soldat :
Examen de la réaction des FC à la mort accidentelle du caporal-chef Rick
Wheeler
Plaignants
Mme Christina Wheeler, veuve du caporal-chef (cplc) Rick Wheeler, et le
lcol (ret) Jay Lapeyre, commandant au moment de l'accident.
Recommandations
Les 34 recommandations concernent la façon dont les FC peuvent améliorer
les mesures prises au moment du décès ou d'une blessure grave d'un de
leurs membres. Le rapport recommande en outre que l'on offre une
compensation aux plaignants. Les FC ont accepté en principe la plupart
des recommandations qui concernent le système, et ont accepté d'examiner
deux grands points : le système d'administration des victimes, et le système
des commissions d'enquête. Elles hésitent toutefois à donner aux
membres de la famille qualité pour agir dans les commissions d'enquête,
et elles répètent ne pas être en mesure d'offrir une compensation tant
qu'elles n'auront pas reçu une demande de réclamation officielle de la
part des plaignants.
DATES IMPORTANTES
Le 7 avril 1992
- La Base des Forces canadiennes Suffield, en Alberta, est le théâtre d'un
exercice d'entraînement. Pendant une simulation de bataille, utilisant des
pots fumigènes et des pétards, le cplc Rick Wheeler est écrasé par un
transport de troupes blindé.
- Les moyens utilisés pour aviser Mme Christina Wheeler ont été la cause,
pour elle, d'un supplice qui a duré toute la journée. On lui a dit au téléphone
qu'il y avait eu un accident et qu'un aumônier avait été dépêché.
L'aumônier est arrivé 45 minutes plus tard et lui a annoncé la mort de
son mari, mais il n'avait pas beaucoup de détails à lui fournir. Elle est
restée seule pendant des heures avant l'arrivée de son officier désigné.
- Une enquête est organisée et se déroule de façon peu rigoureuse. Les
preuves principales, y compris la scène de l'accident, n'ont pas été préservées,
et les témoins n'ont pas été isolés, ce qui mettait en péril les éléments
de preuve potentiels, empêchait que l'on organise une reconstitution de
l'accident dirigée par un expert qualifié.
Le 8 avril 1992 — Le lcol (ret) Lapeyre (commandant) décide
d'organiser une Enquête sommaire de l’accident. Il conclut que le cplc
Wheeler est en partie responsable de son propre décès. Lorsque Mme
Wheeler prend connaissance des conclusions du rapport, elle décide d’en
parler à la presse. Au cours des dix années suivantes, elle a toujours
eu beaucoup de difficultés à obtenir des informations.
Le 15 août 1997 — On organise une Commission d'enquête (CE).
Le 31 octobre 1997 — Mme Wheeler reçoit un résumé des
conclusions de la Commission d'enquête qui exonère son mari de tout blâme.
La Commission juge que le lcol (ret) Lapeyre et le chef contrôleur sont
indirectement responsables du décès du cplc Wheeler, en se fondant sur
deux observations qui, au bout du compte, se sont révélées fausses.
Novembre 1997 — Même si toutes les autorités d'examen signalent
les nombreuses lacunes du rapport de la Commission, elles se contentent de
supprimer la conclusion liée à une « responsabilité indirecte ».
Le 18 mars 1998 — Même si la conclusion de « responsabilité
indirecte » a été révoquée par les autorités d’examen, une «
lettre de mécontentement » qui résume les conclusions de la Commission
est néanmoins envoyée au lcol (ret) Lapeyre. La lettre indiquait aussi
que le nom du lcol (ret) Lapeyre et une déclaration sur le fait qu’il
avait commis une erreur de jugement dans ses devoirs de supervision
seraient rendus publics dans le cadre de la diffusion publique des
conclusions de la CE.
Le 20 mars 1998 — Le lcol (ret) Lapeyre conteste les conclusions
du rapport et demande qu'on ne le publie pas tout de suite; on n'accède
pas à sa demande.
Le 3 avril 1998 — Les FC publient un communiqué de presse pour
faire état des résultats de la commission d'enquête, mais ne nomment
pas le lcol (ret) Lapeyre, se contentant de décrire ses fonctions. Mais
on a rapidement compris qu'il s'agissait de lui. On a aussi fait savoir
publiquement qu'il avait reçu une lettre de mécontentement en raison de
sa conduite pendant l'accident. La réputation du lcol (ret) Lapeyre a
donc été ternie.
Le 3 mai 2002 — On met sur pied un Conseil d'examen administratif
(CEA) pour examiner les conclusions et les recommandations de la
Commission d'enquête.
Le 28 janvier 2003 — Le CEA remet son rapport à la chaîne de
commandement.
Le 4 septembre 2003 — Le chef d'état-major de la Défense
approuve les conclusions du CEA et ordonne que l'on modifie les
conclusions de la Commission d'enquête.
Le 20 novembre 2003 — Le commandant du Secteur de l'Ouest de la
Force terrestre rencontre Mme Wheeler et sa famille pour les mettre au
courant des conclusions du CEA.
Le 20 septembre 2004 — Le rapport provisoire de l'Ombudsman est
remis à la chaîne de commandement, aux plaignants et aux autres parties
intéressées afin d’obtenir leurs commentaires.
Le 20 décembre 2004 — Le rapport final de l'Ombudsman est remis
au ministre de la Défense nationale.
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