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Discour

Comité Permanent de la Défense Nationale et des Anciens Combattants (CPDNAC) Commentaires du lieutenant-général L.C. Campbell, Chef d'état-major de la Force aérienne

CAS - le 15 mai 2001

Permettez-moi tout d'abord de remercier le comité de m'avoir offert cette occasion de vous parler à titre de Chef d'état major de la Force aérienne. J'ai l'honneur de commander la Force aérienne depuis les dix derniers mois et, tenant compte de ce que j'ai pu observer au cours de cette période et pendant mes deux ans à titre de commandant de la 1re division aérienne du Canada, je puis assurer le comité que, bien qu'elle ne soit pas énorme, la Force aérienne du Canada est néanmoins convaincante et tout à fait qualifiée.

Nous avons eu, au cours de la dernière décennie, notre lot de difficultés. Je crois cependant que nous avons réussi à préserver la majeure partie notre capacité de combat et que nous avons répondu, dans l'ensemble, aux attentes des canadiens. Je crois également que nous sommes prêts à affronter les défis de l'avenir.

J'aborderai brièvement, pour commencer, trois domaines tirés du plan de travail du CPDNAC. Tout d'abord, quels sont les engagements de la Force aérienne et jusqu'à quel point sommes-nous préparés à y faire face? Deuxièmement, quels sont les principaux défis que nous devons relever. Enfin, quelles mesures prenons-nous pour nous assurer d'être prêts à affronter l'avenir?

Le livre blanc sur la défense de 1994 prévoit le maintien, par les Forces canadiennes, de forces polyvalentes aptes au combat, capables de faire face à toute une variété de tâches et d'imprévus, tant au pays qu'à l'étranger. Cela signifie que la Force aérienne doit participer à la surveillance et au contrôle de l'intégrité du territoire canadien ainsi que de ses approches aériennes et maritimes, aider d'autres ministères gouvernementaux dans des secteurs comme les pêches, la répression du trafic de drogues, les interventions en cas de catastrophe et la protection de l'environnement et, bien entendu, constituer une partie importante de la capacité du Canada en matière de recherche et de sauvetage à l'échelle nationale.

Au plan international, nos engagements comprennent la défense aérienne continentale dans le cadre de la structure du NORAD ainsi que d'autres ententes de collaboration en matière de défense avec les américains. Nous nous sommes également engagés à fournir une vaste gamme de ressources en prévision de leur utilisation outre-mer : une escadre d'avions de chasse, un escadron d'avions de transport tactique et d'aéronefs maritimes à l'appui des groupes opérationnels de la marine, pour ne parler que de ces trois éléments.

Une des questions posées dans le plan de travail du CPDNAC est de savoir si nous pouvons remplir nos engagements. À cette question, je réponds "oui"", et je le fais avec un niveau de confiance certain. De fait, dans la plupart des domaines, nous nous sommes vu assigner ces missions (ou des missions semblables) au cours des dernières années et les avons toutes remplies avec succès. Les exemples abondent : notre déploiement de CF-18 en Italie, avant et pendant l'Opération Allied Force (la campagne aérienne du Kosovo), des hélicoptères Sea King déployés sur les navires de la marine dans le Golfe Arabo-Persique, des avions Hercules assurant, de façon globale, le transport aérien et le ravitaillement en vol au Moyen-Orient et dans l'Arctique, des hélicoptères Griffon apportant de l'aide humanitaire au Honduras à la suite de l'ouragan Mitch ou le soutien aérien en Bosnie au moment où nous nous parlons, des appareils aurora qui poursuivent les navires transportant des immigrants illégaux au large de la côte ouest ainsi que les navires pollueurs au large des deux côtes, des avions Airbus transportant des troupes et de l'équipement à divers endroits dans le monde.

Bref, la Force aérienne au cours de la dernière décennie, tout comme ce fut le cas pour l'armée de terre et la marine, a été occupée et, comme je l'ai indiqué au début, je crois que nous nous sommes acquittés des tâches qui nous ont été assignées de façon plus qu'adéquate. Je conclus donc que, oui, nous sommes en mesure de satisfaire aux obligations contenues dans le livre blanc et en fait que, dans la plupart des domaines, nous pouvons faire mieux encore qu'il y a dix ans.

Néanmoins, la réduction des effectifs au cours des dix dernières années ne s'est pas faite sans incidence sur la Force aérienne, et nous ne devons pas confondre "qualité" et "profondeur". Bien que je sois confiant de notre capacité de remplir nos engagements définis dans le livre blanc, il n'en demeure pas moins que nous sommes plus petits - et nous avons également d'importantes pénuries de personnel.

En deux mots, nous perdons des gens dans certains secteurs d'activité plus vite que notre capacité de produire et d'assimiler des remplaçants, surtout dans des professions comme pilote et génie aéronautique. Les raisons qui incitent les militaires à quitter les forces sont, bien sûr, une question complexe, et le jeu de l'offre et de la demande y est certainement pour quelque chose. Nous rivalisons avec l'industrie pour attirer un groupe de personnes compétentes et, malheureusement, l'industrie dispose souvent d'une plus grande marge de manoeuvre pour créer des incitatifs permettant de convaincre nos gens de partir que celle dont nous disposons pour les inciter à rester.

Quoique le fait nous apporte peu de réconfort, il est important de noter que nous ne sommes pas les seuls à faire face à ce défi. Toutes les forces aériennes occidentales - aux États-Unis, en Australie, au R.-U., chez nos alliés européens, etc. - sont confrontées au même dilemme, et nous avons conclu collectivement qu'il s'agit d'un problème qui ne risque pas de disparaître dans un proche avenir.

Ce comité ayant joué un rôle important dans le domaine de la qualité de vie, vous savez donc qu'entre-temps, le Canada a pris d'importantes mesures en vue d'améliorer les conditions de service dans l'ensemble des Forces canadiennes. Dans le cas de la Force aérienne, nous travaillons activement avec nos collègues du groupe des ressource humaines afin d'élaborer des options pour encourager le personnel chevronné à demeurer dans la Force aérienne - des options telles que des conditions de service assouplies, des allocations améliorées, des primes de rengagement et ainsi de suite.

De plus, nous tentons d'alléger, pour notre personnel, le fardeau que constituent les déploiements fréquents à l'étranger. À titre d'exemple, le cemd a approuvé récemment un programme pilote de deux ans au sein de la Force aérienne qui prévoit l'introduction de périodes de service à durée variable pour le personnel des hélicoptères tactiques devant être déployé en Bosnie. En vertu de cette politique, les militaires pourront - en respectant certains paramètres - décider combien de temps ils veulent passer dans le théâtre d'opérations en fonction de leur situation personnelle. Les unités devront veiller à ce que les niveaux de dotation soient respectés, et il devra y avoir une certaine continuité au niveau du leadership, mais dans le cas d'un théâtre " mûr " comme la Bosnie, nous croyons que cette nouvelle mesure - qui, soit dit en passant, a été proposée par les unitées elles-mêmes - contribuera beaucoup à l'amélioration du moral, et elle pourrait même réduire les coûts.

Tous ces efforts visant à améliorer notre situation en matière de dotation réussiront?ils? À la longue, je suis convaincu que nous retournerons à une situation où notre effectif sera complet. Cependant, je crois qu'à court terme, nous continuerons de faire face à des pénuries et que nous devrons ainsi mettre tout en oeuvre afin d'atténuer les effets de celles-ci, y compris en refusant des affectations lorsqu'elles dépassent notre capacité d'intervention.

En ce qui concerne l'équipement, il y a à la fois des aspects encourageants et inquiétants. Ce qui est inquiétant, c'est le fait que bon nombre de nos flottes sont vieillissantes et atteindrons la fin de leur vie utile au cours de la période 2015 à 2020. Si nous les replaçons (ou, plus exactement, si nous remplaçons les capacités qu'elles représentent, puisque les progrès techniques pourraient signifier qu'elles seront remplacées par des technologies bien différentes), il est fort probable qu'il faudra investir beaucoup d'argent, et ce, à une époque où l'armée de terre et la marine chercheront sans doute également des ressources additionnelles. Si l'argent sera disponible est matière à débat.

Toutefois, il y a beaucoup d'aspects encourageants. Par exemple, le gouvernement a récemment signé un important contrat visant la modernisation de 80 de nos CF-18, afin que ces ressources indispensables soient dotées des systèmes dont nous avons besoin pour assurer un fonctionnement efficace avec nos principaux alliés, n'importe où dans le monde. Dans le cas du CP-140 Aurora, un programme de modernisation semblable est en cours, en vue d'améliorer les systèmes de détection et de communications et d'assurer l'efficacité et la pertinence de cette importante plate-forme de reconnaissance stratégique pour de nombreuses années à venir.

Étant donné que la mobilité constituera un facteur clé pour les Forces canadiennes de l'avenir, nous prenons actuellement des mesures afin d'accroître notre capacité sur ce chapitre. Notre flotte d'aéronefs Hercules - cet élément essentiel du domaine du transport - a récemment fait l'objet d'une importante modernisation sur le plan de l'avionique en vue d'améliorer de façon significative le système de navigation et d'autres systèmes du poste de pilotage. En outre, nous en sommes aux premiers stades d'un important projet qui a pour but l'acquisition d'une véritable capacité canadienne de transport stratégique. Bien que ce programme ne soit pas encore approuvé, nous avons bon espoir qu'il sera réalisé au cours des prochaines années.

Dans un pays aussi vaste que le Canada, la recherche et le sauvetage jouent un rôle essentiel , et vous savez sans aucun doute que nous prendrons bientôt livraison de 15 nouveaux hélicoptères CH-149 Cormorant pour remplacer les CH-113 Labrador. Le Cormorant est un aéronef de premier ordre, et je suis convaincu qu'il servira le Canada extrêmement bien dans l'avenir. En ce qui concerne l'hélicoptère maritime, les perspectives sont également prometteuses. La Force aérienne et la marine se sont réjouies de l'approbation du projet de l'hélicoptère maritime par le gouvernement l'été dernier, et nous sommes persuadés que le processus entamé nous permettra en bout de ligne d'obtenir un aéronef de remplacement très performant pour le Sea King. Entre-temps, nous avons aussi fait d'importants investissements dans le Sea King - nouveaux moteurs, nouvelles boîtes de transmission principales, nouveau treuil, etc. - pour qu'il demeure opérationnel, et je reste convaincu que cet aéronef continuera de fonctionner en toute sécurité pendant plusieurs années encore.

Sur le chapitre de l'instruction en vue des opérations, je crois qu'en dépit d'un rythme opérationnel élevé, nous faisons encore ce qui est nécessaire pour maintenir la préparation au combat. En fait, les membres du personnel navigant possèdent aujourd'hui plus d'expérience de combat que leurs prédécesseurs à toute autre période depuis la seconde guerre mondiale et, mis à l'épreuve, ils ont donné un rendement extrêmement satisfaisant.

Nous continuons aussi de tenir de grands exercices, comme le Maple Flag, et de participer à des activités et des exercices de préparation importants au Canada et au côté des membres de l'alliance. Cela dit, en tant que militaire ayant plus de 35 ans d'expérience dans les opérations aériennes, je reconnais que la préparation est un élément éphémère pour lequel il y a un prix à payer, tant en dollars qu'en ressources humaines. Les fonds sont limités et, afin de réduire les coûts tout en améliorant l'instruction, nous déployons de grands efforts pour introduire de nouveaux systèmes de simulation au sein de la Force aérienne. Je suis persuadé que cela nous donnera la possibilité, dans un avenir très rapproché, d'améliorer grandement l'instruction globale en matière de préparation.

De plus, nous avons récemment mis sur pied un nouveau système de formation au pilotage à Moose Jaw et Cold Lake, l'entraînement en vol de l'OTAN au Canada (NFTC). Ce partenariat innovateur avec l'industrie nous a permis de retirer du service nos tutor vieillissants et de les remplacer par deux avions d'entraînement à la fine pointe de la technologie, soit le Hawk et le Harvard II. Bien sûr, le NFTC est un programme complexe et il a connu lui aussi des "problèmes de croissance"; cependant, je suis certain qu'en bout de ligne, le Canada disposera du meilleur et du plus économique système militaire d'entraînement au pilotage du monde.

Pour ce qui est de l'infrastructure, l'usure des vieux bâtiments, des pistes et ainsi de suite nous préoccupe. À cette fin, nous redoublons nos efforts pour réduire l'excès d'infrastructure de façon à alléger la charge générale. À vrai dire, nous croyons bien pouvoir atteindre une réduction de 10 p. 100 de l'ensemble de nos avoirs dans un proche avenir.

Finalement, la question de l'argent se pose. Vivre selon ses moyens constitue toujours un défi, et la Force aérienne ne fait pas exception à la règle. Par exemple, nous avons tous remarqué, en tant que consommateurs, que le prix de l'essence grimpe en flèche. De fait, au cours de l'année dernière seulement, nous avons dépensé 24 millions de dollars de plus en carburant pour la Force aérienne. Nous avons certes obtenu des fonds supplémentaires pour compenser cette augmentation, du moins en partie, mais j'ai quand même dû demander à mes commandants subordonnés d'absorber une part des coûts. Ce n'est guère mon intention de me lamenter ou de suggérer que ceux qui tiennent les cordons de la bourse au sein du mdn se trompent. Bref, le budget de la défense est restreint, et il devient de plus en plus difficile de trouver les ressources nécessaires pour investir dans le futur tout en disposant de fonds suffisants pour continuer à opérer sur une base quotidienne. Nous composons avec le problème, mais, de toute évidence, nous accepterions volontiers des ressources additionnelles provenant des budgets d'immobilisations et de fonctionnement.

Alors, que nous réserve l'avenir? Plus tôt, j'ai mentionné plusieurs programmes d'équipement importants actuellement en cours et je pourrais poursuivre sur ma lancée à propos d'autres améliorations en vue, notamment les systèmes de surveillance des hélicoptères tactiques, l'habillement, les systèmes de commandement et de contrôle et ainsi de suite. Or, l'avenir ne s'arrête pas à l'acquisition de nouvel équipement.

Dans cette optique, nous avons amorcé un processus nous permettant de mieux définir les perspectives d'avenir et d'élaborer un guide routier indiquant la voie dans laquelle s'engagent les forces armées au cours des vingt prochaines années. En examinant de près nos missions, nos tâches et le milieu dans lequel nous vivons, nous avons récemment établi des objectifs en matière de capacité opérationnelle pour toutes nos capacités de combat fondamentales, soit la force de combat aérienne, l'aéronavale, etc. La prochaine étape consistera à insérer ces objectifs dans un document global unique, que nous appelons le cadre de la capacité aérospatiale. Ce document nous donnera, à nous ainsi qu'aux canadiens et canadiennes, une vision de l'avenir concernant les forces aérospatiales. Ce cadre fera en sorte que nous tenions compte des nouvelles missions, de la nouvelle technologie et de la nouvelle doctrine dans notre planification de l'avenir. Je m'attends à ce que nous terminions la première ébauche approuvée de ce document au cours de la prochaine année.

De plus, nous accordons toujours une grande importance à la collaboration avec notre principal partenaire de l'alliance, les États-Unis. Je rencontre régulièrement mes homologues américains et nous avons récemment créé un forum mixte sur la planification stratégique avec les responsables des forces aériennes des États-Unis afin de mieux comprendre l'orientation de leur doctrine et de leur technologie aériennes.

Bien que nous ne puissions accomplir les mêmes choses que les forces aériennes américaines, nous devons comprendre leurs plans et leurs intentions pour décider où le Canada doit investir si nous voulons maintenir une Force aérienne interopérable et pertinente. Nous tenons également des discussions semblables avec la marine des États-Unis au sujet des opérations de l'aéronautique navale.

Permettez-moi quelques réflexions en guise de conclusion. La Force aérienne d'aujourd'hui et de demain doit :

· Pouvoir réagir rapidement
· Se moderniser en fonction des progrès de la technologie
· Demeurer interopérable avec ses alliés
· Assurer un soutien aux canadiens
· Faire prévaloir la qualité sur la quantité
· S'occuper de nos gens.

J'ai à cœur de réaliser ces objectifs et je suis convaincu que nous prenons les bons moyens pour y parvenir. Je suis également persuadé que la Force aérienne demeure une composante extrêmement pertinente des Forces canadiennes ainsi qu'une institution nationale importante.

Dans le passé, les canadiens et les canadiennes ont fait appel à nos services à maintes reprises, et je m'attends à ce qu'ils fassent de même dans l'avenir. Somme toute, je crois que nous continuerons d'être prêts à intervenir.

Mesdames et messieurs, merci de votre attention.

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