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Les relations canado-américaines en matière de défense, les menaces asymétriques et le Plan du commandement unifié des États-Unis
Pour le Lieutenant-général George Macdonald Vice-chef de l'état-major de la Défense
SP-06.002 - le 6 mai 2002
Introduction
- Monsieur le Sénateur Kenny, membres du Comité,
- C'est un plaisir pour moi de revenir m'adresser à
vous aujourd'hui au sujet de la sécurité au
Canada et en Amérique du Nord ainsi que du Plan du
commandement unifié des États-Unis ou PCU.
- Je suis accompagné par le Colonel Rick Williams,
Directeur de la politique de l'hémisphère occidental.
- Pour commencer, je veux traiter brièvement de certains
points dont :
- quelques éléments des relations canado-américaines
en matière de défense;
- la nature des menaces asymétriques;
- le fonctionnement du NORAD;
- ce qu'est
et ce que n'est pas le PCU des États-Unis;
- les objectifs et les enjeux canadiens dans le contexte de
nos discussions actuelles avec les États-Unis concernant
les façons d'améliorer la coopération
entre le Canada et ce pays en matière de sécurité
et de défense.
Les relations canado-américaines en matière de
défense
- Les États-Unis sont le plus important allié
et partenaire du Canada sur le plan de la défense.
Les relations entre nos deux pays en matière de sécurité
et de défense sont de longue date, bien établies
et très fructueuses. Ces relations dénotent
une amitié privilégiée, soutenue par
une étroite interdépendance économique
et des valeurs communes, qui a évolué au cours
du siècle dernier.
- Certains ont qualifié les liens canado-américains
comme étant les relations bilatérales en matière
de défense les plus étroites au monde. La pierre
angulaire de ces relations est l'Accord binational sur la
défense aérospatiale de l'Amérique du
Nord grâce auquel les deux pays bénéficient
d'un système de contrôle et d'alerte. Toutefois,
de nombreuses personnes ne se rendent pas compte que les relations
actuelles reposent aussi sur :
- plus de 80 traités sur la défense;
- plus de 250 protocoles d'entente entre les deux ministères
de la défense;
- quelque 145 forums bilatéraux où l'on discute
de questions de défense.
- Dans la foulée de l'attaque terroriste du 11 septembre
contre les États-Unis, l'importance de ces relations
a été validée et renforcée. Dans
les moments ayant suivi cette attaque, les Forces canadiennes
ont rappelé sur?le?champ du personnel, augmenté
leur niveau de préparation au pays et à l'étranger
et accru le nombre d'aéronefs assignés au Commandement
de la défense aérospatiale de l'Amérique
du Nord (NORAD). De plus, 142 vols civils transportant 23
921 passagers ont été détournés
des États-Unis vers six aéroports canadiens.
- Néanmoins, les attaques des terroristes ont également
révélé des lacunes et des défaillances
relatives aux dispositions courantes sur la sécurité;
même s'il est impossible d'éliminer complètement
l'élément de surprise, nous pouvons agir pour
combler ces lacunes que nous connaissons désormais.
- Permettez-moi de vous présenter quelques-unes des
initiatives pratiques actuellement en cours.
- En ce qui concerne les opérations aériennes,
le NORAD continue de s'occuper de la surveillance, de l'alerte
et du contrôle aérospatial; depuis le 11 septembre
cependant, il couvre non seulement les menaces émanant
de l'extérieur de l'Amérique du Nord, mais aussi
celles provenant de l'intérieur du continent. Il lui
a donc fallu accroître la coopération et la coordination
avec les organismes civils comme la FAA aux États-Unis
et NavCan au Canada.
- En ce qui concerne les opérations maritimes, les
deux pays ont convenu de créer une Force opérationnelle
sur les frontières de la route maritime des Grands
Lacs et du Saint-Laurent. L'objectif de cette force consiste
à détecter le trafic illégal de personnes
et de biens dans la zone maritime de la frontière nord.
Les organismes participant à la force sont nombreux
(DoD, USCG, FBI, autorités responsables de la justice
et des douanes américaines, Garde côtière
canadienne, GRC, services provinciaux de police de l'Ontario
et du Québec, Forces maritimes des FC, MAECI, etc.).
Cette liste illustre le défi de coordonner les ressources
uniques de plusieurs organismes militaires et civils provenant
des deux pays. Par le biais de cette force, les organismes
membres pourront travailler dans un contexte opérationnel
et de renseignement commun.
- L'Entente sur la frontière efficace représente
une autre initiative visant les lacunes en matière
de sécurité. En décembre 2001, le Canada
et les États-Unis ont adopté rapidement des
mesures pour s'assurer que les terroristes ne passaient pas
nos frontières, tout en n'interrompant pas le transport
des biens. Le fait de maintenir une perméabilité
tout en assurant la sécurité est indéniablement
un défi de taille.
Menaces asymétriques
- Ce sont là certes des étapes constructives
et pressantes
mais elles suscitent aussi la question
suivante : quelle est la meilleure façon de composer
avec les menaces asymétriques?
- Le terme « asymétrique »renvoie à
une inégalité dans la taille et la puissance
relatives d'adversaires. Les menaces asymétriques sont
donc des tentatives de la part d'un élément
de taille et de puissance moindres d'infliger des dommages
à un adversaire plus puissant en se servant de la surprise
et de la déception pour s'attaquer à des cibles
difficiles à défendre avec des moyens conventionnels.
- Des éléments vicieux ou criminels, comme les
terroristes, emploient des méthodes asymétriques
pour s'attaquer aux infrastructures essentielles, aux intérêts
économiques et même aux populations civiles de
certains états en vue de dégrader tant leur
sécurité physique que leur style de vie. Bien
que les méthodes de ces éléments soient
différentes, leurs motifs ne divergent souvent pas
de ceux des états plus traditionnels employant des
méthodes conventionnelles.
- Les tactiques asymétriques permettent aux terroristes
de causer des préjudices aux cibles choisies sans rehausser
leur profil à un niveau qui ferait en sorte que les
communautés de la sécurité, de la défense
et du renseignement puissent facilement les combattre avec
les méthodes conventionnelles.
- Les documents sur la sécurité de base s'appliquant
à la défense du continent qu'ont préparés
le Canada et les États-Unis au cours des 50 dernières
années ont toujours mis l'accent sur les menaces conventionnelles.
Ces plans étaient conçus avec comme principe
que nous disposerions de périodes d'avertissement relativement
longues quant à ces menaces et que nous pourrions donc
nous préparer à une bataille contre un ennemi
clairement défini.
- Ce n'est plus le cas maintenant. Nous devons toujours protéger
les zones aériennes, aérospatiales et maritimes,
ainsi que la masse continentale que nous partageons, mais
de nos jours, la nature des menaces est très différente
de celle du temps de la guerre froide où la majorité
du cadre de coopération en matière de défense
a été créée.
- Les points forts des menaces asymétriques sont la
créativité et la déception. Ces menaces
prennent des formes diverses comme :
- les attaques terroristes utilisant des systèmes de
transport de masse ou de biens comme arme improvisée,
ce qui ressemble à la situation survenue le 11 septembre;
- l'utilisation d'armes chimiques, biologiques, radiologiques
et même nucléaires;
- la destruction ou une panne d'infrastructures de communications,
d'approvisionnement en énergie et de transport qui
sont essentielles;
- les cyberattaques contre des réseaux informatiques
essentiels;
- toute autre situation imaginable.
- Bref, les événements du 11 septembre exigent
que nous examinions sérieusement ce qui nous menace
et que nous trouvions des façons pratiques et efficaces
de régler ce problème. La sécurité
des Canadiens et des Canadiennes revêt trop d'importance
pour que nous présumions que les anciennes façons
de faire sont les bonnes pour répondre à un
nouveau genre de menace.
NORAD
- Je voudrais passer maintenant au NORAD.
- Le NORAD est un commandement militaire binational établi
en 1958 (il y a 44 ans).
- Le commandant du NORAD relève à la fois du
Premier ministre du Canada et du Président des États-Unis
d'Amérique.
- La tradition veut que le commandant soit un Américain
et que le commandant adjoint soit un Canadien.
- Bien que les forces canadiennes et américaines collaborent
au sein du NORAD, l'Accord du NORAD prévoit des mécanismes
permettant d'assurer un contrôle politique efficace
depuis chacune des deux capitales.
- Le Quartier général du NORAD est situé
à la base aérienne Peterson, à Colorado
Springs, dans le Colorado. Le commandement et le contrôle
du NORAD sont assurés par le centre des opérations
de Cheyenne Mountain, situé tout près du QG.
Le Complexe de Cheyenne Mountain sert d'installation centrale
de collecte de renseignements et de coordination pour un système
mondial de détecteurs qui donnent au NORAD une idée
précise de la nature de toute menace aérospatiale.
- Les responsabilités du NORAD en ce qui concerne la
surveillance et le contrôle de l'espace aérien
nord?américain se partagent en trois régions
du NORAD : une au Canada, une deuxième dans la partie
continentale des É.-U. et la troisième en Alaska.
- Le Canada et les Forces canadiennes sont responsables de
la surveillance et du contrôle de l'espace aérien
canadien. Les données radar et de détection
recueillies au Canada sont compilées et analysées
dans un complexe souterrain situé à la Base
des Forces canadiennes (BFC) North Bay, en Ontario, puis transmises
ultérieurement au Quartier général -
Région canadienne du NORAD, à la BFC Winnipeg,
ainsi qu'au centre de commandement et de contrôle du
NORAD, dans le Colorado, s'il y a lieu.
- La mission du NORAD est de contrôler les approches
aériennes et aérospatiales de l'Amérique
du Nord et de donner l'alerte en cas d'attaque.
- Depuis 1991, le NORAD a également aidé à
détecter et à surveiller les aéronefs
soupçonnés de participer au trafic de stupéfiants.
En collaboration avec la Gendarmerie royale du Canada (GRC)
et les organismes américains de répression du
trafic des stupéfiants, la Région canadienne
du NORAD surveille tout le trafic aérien se rapprochant
des côtes canadiennes. On peut ordonner à tout
aéronef n'ayant pas transmis de plan de vol d'atterrir
afin d'être inspecté par la GRC et par l'Agence
des douanes et du revenu du Canada.
- Lorsqu'une menace potentielle est détectée
- qu'il s'agisse d'un aéronef, d'un missile ou d'un
objet spatial - le NORAD vérifie si la menace est réelle,
en confirme la nature et coordonne la réponse de défense.
- Un excellent exemple de l'efficacité du fonctionnement
du NORAD en tant que commandement militaire binational a été
fourni le matin du 11 septembre. Le major-général
Eric Findley, Directeur - Opérations de combat, et
le capitaine de vaisseau Mike Jelinek, tous deux officiers
du NORAD, occupaient des postes décisionnels importants.
- Dès qu'il était évident que les États-Unis
étaient la cible d'attentats terroristes, le mgén
Findley et le capv Jelinek, ne pouvant compter sur un plan
de contingence préparé d'avance, ont pris des
mesures en vue de coordonner la réponse militaire avec
les organismes civils et de déployer des patrouilles
aériennes de combat pour empêcher d'autres attentats.
Leurs gestes ont peut?être sauvé des vies.
- Contrairement à ce qui a été rapporté
par certains médias, la structure binationale de rapports
hiérarchiques enchâssée dans l'Accord
du NORAD a bien fonctionné, et le gouvernement du Canada
était entièrement engagé dans les décisions
prises par le NORAD le matin du 11 septembre. Je le sais parce
que j'étais le Chef d'état?major de la Défense
par intérim ce matin-là. J'ai communiqué
directement avec le CEMD et le ministère de la Défense
nationale, puis je me suis entretenu avec le Premier ministre.
Le Plan du commandement unifié des É.-U.
- La révision récente par les É.-U. de
leur Plan du commandement unifié est un processus régulier
ordonné par le Congrès et entrepris tous les
deux ans ou au besoin. Depuis 1946, le PCU est en évolution
constante, et les changements les plus récents, annoncés
le 17 avril, constituent une tentative de simplifier les structures
de commandement et de contrôle pour les opérations
nationales et nord-américaines.
- Le 17 avril, le Secrétaire américain de la
Défense, M. Rumsfeld, a annoncé la création
d'un nouveau commandement unifié, appelé le
Commandement du Nord (NORTHCOM), conséquence directe
des attentats terroristes perpétrés contre les
É.-U. le 11 septembre.
- La création du NORTHCOM n'est qu'un élément
s'inscrivant dans un vaste processus de révision du
PCU, qui concerne également plusieurs autres commandements.
- Le NORTHCOM américain, qui sera mise sur pied le
1er octobre 2002, se verra confier la responsabilité
de la sécurité du territoire national américain,
ce qui comprend les éléments air, terre et mer
ainsi que le soutien civil. Le général Ralph
Eberhardt, C en C du NORAD, est le candidat pressenti pour
être le premier C en C du NORTHCOM. Si la candidature
du général Eberhardt est confirmée en
tant que C en C du NORTHCOM, il est possible qu'il cumule
deux fonctions, celle de commandant du NORAD - le commandement
binational - et celle de commandant du NORTHCOM - un commandement
strictement américain.
- L'objectif de l'administration américaine est d'avoir
un commandant (ainsi qu'une structure de commandement et de
contrôle simplifiée) pour défendre les
États-Unis et fournir de l'assistance militaire aux
organismes civils.
- Le Secrétaire de la Défense Rumsfeld et le
général Myers ont été on ne peut
plus clairs en déclarant que la création du
NORTHCOM n'inclura pas l'établissement de nouveaux
rôles ou missions pour les forces américaines
à l'intérieur de la zone d'intérêt
du NORTHCOM. Le NORTHCOM n'a pour autre objectif que de doter
les forces américaines de la structure de commandement
et de contrôle simplifiée qui leur permettra
de faire ce qu'elles font déjà de façon
plus efficace. La mission principale du NORTHCOM sera d'appuyer
les organismes civils en temps de crise.
- La zone d'intérêt du NORTHCOM américain
sera l'Amérique du Nord, ce qui comprend le Mexique,
la partie continentale des É.-U. et le Canada, ainsi
qu'une zone de responsabilité aérienne et maritime
périphérique de 500 milles nautiques. Le commandant
du NORTHCOM aura pour tâche de coordonner les activités
des forces américaines dans cette zone d'intérêt.
- Cela est conforme à la façon dont les États-Unis
font fonctionner les quatre autres commandements régionaux.
Les commandants du Commandement européen, du Commandement
central, du Commandement du Sud et du Commandement du Pacifique
sont tous responsables d'une zone d'intérêt géographique.
Cela ne signifie pas pour autant qu'ils assurent le «
commandent »des forces étrangères à
l'intérieur de ces zones d'intérêt.
- Les C en C des commandements régionaux assurent le
commandement des forces américaines affectées
dans une région précise du globe et sont également
le principal point de contact pour la coordination des opérations
militaires avec leurs alliés dans chaque région.
- Le commandant du NORTHCOM américain sera également
responsable de la coopération en matière de
sécurité et de la coordination militaire avec
le Canada et le Mexique, tout comme ses homologues des autres
commandements régionaux doivent le faire avec les pays
situés dans la région dans laquelle leur Commandement
est affecté.
- La structure, les rôles et les missions du NORTHCOM
américain n'ont pas encore été arrêtés
définitivement, et les É.-U. n'ont toujours
pas mis la dernière main au plan de mise en uvre.
Il est prévu que le NORTHCOM américain ne se
verra pas attribuer des forces permanentes importantes, mais
qu'elle pourra compter sur des forces affectées dans
certaines éventualités.
Informations erronées au sujet du PCU
- Manifestement, cette question intéresse grandement
les médias, les universitaires ainsi que les parlementaires.
Nous comprenons qu'il y ait une forte demande pour des renseignements
et que le public souhaite débattre de cet enjeu. Malheureusement,
cette question a été mal décrite à
plusieurs reprises.
- Permettez-moi maintenant de faire la lumière sur
ce que le NORTHCOM n'est pas en réfutant quelques idées
fausses à son sujet.
- Certains ont affirmé que :
- Les États-Unis assumeront la défense du
Canada / Des négociations sont en cours en vue de placer
une importante partie des forces canadiennes sous un commandement
unifié permanent sous commandement américain
: C'est faux. Nous discutons de la possibilité
d'une éventuelle coopération binationale comprenant
des rôles et des missions potentiels limités
et non pas d'intégration militaire. Nous patrouillons
déjà notre espace aérien ainsi que nos
approches maritimes, et nous le faisons depuis de nombreuses
années. Des mesures sont également prévues
afin que nous apportions du soutien militaire aux autorités
civiles en cas d'urgence. Ce que nous souhaitons faire, c'est
de voir si nous ne pouvons pas exécuter toutes ces
tâches avec encore plus d'efficacité. Comme le
Premier ministre l'an indiqué récemment, «
la défense du Canada sera assurée par le gouvernement
canadien et non par le gouvernement américain ».
- Ce qui est proposé, c'est l'intégration
des deux forces armées : C'est faux. Ni le Canada
ni les États-Unis ne s'intéresse à l'intégration
des deux armées. Cette possibilité n'est même
pas un sujet de discussion. Nos discussions informelles portent
sur les façons d'accroître la coopération
dans certains domaines. Les deux pays conserveront leur autorité
en matière de commandement national ainsi que leur
souveraineté territoriale.
- La création de ce commandement intégré
sous commandement américain compromettra la souveraineté
canadienne. À mon avis, c'est un faux-fuyant. Le
NORTHCOM américain est une initiative américaine.
Elle a pour but de défendre les É.-U. et d'appuyer
les organismes civils américains. La relation de défense
bilatérale canado?américaine a toujours été
fondée sur le principe de la sélection participative.
Notre collaboration avec le NORAD n'a pas porté atteinte
à notre souveraineté. En fait, le NORAD a aidé
à protéger et à accroître notre
souveraineté en établissant une structure binationale
qui assure une participation canadienne à la défense
de l'Amérique du Nord.
- Le Canada consacrera l'essentiel de ses efforts aux États-Unis
et réduira ses opérations internationales :
C'est faux. Comme je l'ai précisé tout à
l'heure, nous n'avons jamais envisagé d'affecter de
nouvelles forces permanentes à la défense du
continent. Nous avons déjà des ressources affectées
au NORAD pour la défense aérospatiale. Les trois
missions des Forces canadiennes, énoncées dans
le Livre blanc sur la défense de 1994 (défendre
le Canada, défendre l'Amérique du Nord avec
les É.-U. et contribuer à la sécurité
internationale), sont toujours valides aujourd'hui.
- Le Canada devra contribuer au système de défense
contre les missiles balistiques : C'est faux. Les É.-U.
ont expliqué clairement que (1) le système NMD
ne fait pas partie de la révision du PCU et (2) qu'ils
n'ont pas encore décidé quels commandants seront
responsables du système NMD. La position canadienne
à ce sujet demeure inchangée.
- Le Canada et les États-Unis ne sont pas égaux/Le
commandant du NORAD est toujours un général
américain : Cette hypothèse est fausse et
induit en erreur. L'Accord du NORAD prévoit que le
commandant et le commandant adjoint ne soient pas du même
pays. La tradition a toujours voulu que le commandant soit
américain. Toutefois, il importe de signaler que les
États-Unis assument l'essentiel des coûts (90
p. 100) liés à la défense aérospatiale
de l'Amérique du Nord. Cet accord est donc une situation
raisonnable qu'acceptent les deux pays.
Intérêt canadien et objet des discussions en cours
- De toute évidence, la création de ce nouveau
commandement risque d'avoir une incidence sur les accords
sur la sécurité continentale en vigueur. À
l'interne, depuis le 11 septembre, le Canada s'est penché
sur la nature évolutive de la menace et a évalué
les lacunes actuelles. C'est pourquoi des fonctionnaires canadiens
ont engagé des discussions non officielles avec des
représentants des É.-U. afin de voir s'il est
possible d'améliorer la sécurité de l'Amérique
du Nord et de mieux protéger les Canadiens et les Canadiennes.
- Ce qu'il est convenu d'appeler le Groupe de travail de haut
niveau (composé de M. Ken Calder, Sous-ministre adjoint
(Politique) du ministère de la Défense nationale,
de M. Jim Wright, Sous-ministre adjoint (Politique) responsable
des relations internationales en matière de sécurité
au ministère des Affaires étrangères
et du Commerce internationale, et de moi-même) a travaillé
en étroite collaboration avec nos homologues américains
en vue d'explorer nos points de vue respectifs sur ces questions
cruciales.
- Dans la recherche de façons d'améliorer la
sécurité de l'Amérique du Nord, le Canada
doit tenir compte d'un certain nombre d'objectifs stratégiques.
- Améliorer la sécurité des Canadiens
et des Canadiennes : Nous ne voulons pas apporter des
améliorations uniquement pour nous montrer coopératifs,
mais plutôt dans le but d'améliorer la capacité
du Canada de se défendre efficacement contre les menaces
conventionnelles et asymétriques. La surveillance et
le contrôle font partie intégrante des activités
des Forces canadiennes au Canada. Compte tenu de la menace
asymétrique qui pèse sur le Canada, il s'avère
de plus en plus nécessaire d'exercer un contrôle
efficace sur notre territoire, notre espace aérien
et nos approches maritimes.
- Nous ne pouvons pas permettre que le territoire canadien
serve de voie d'approche pour lancer des attaques contre les
États-Unis.
- La politique de défense du Canada a depuis longtemps
pour principe que le meilleur moyen de défense du Canada
consiste à collaborer avec les États-Unis. En
effet, le Canada et les États-Unis comptent l'un sur
l'autre pour assurer la protection de leurs territoires et
approches. Si cette collaboration cesse, les États-Unis
assureront à eux seuls la défense du continent
et le Canada ne jouira plus de l'influence que lui procure
à l'heure actuelle ce partenariat en matière
de défense.
- Préserver la souveraineté Canada et son
indépendance sur le plan de la politique : Comme
l'a dit le vice-premier ministre Manley, le fait de collaborer
avec les É.-U. en matière de sécurité
continentale ne nuit en rien à la souveraineté
du Canada. C'est plutôt pour nous une façon d'exercer
notre souveraineté. En discutant des diverses options,
le Canada peut déterminer la portée, le moyen
et la structure de la collaboration, et peut alors jouer un
rôle actif dans cette situation en évolution.
L'accord du NORAD peut servir au besoin de point de référence
dans ce genre de collaboration. Il contribue à préserver
la souveraineté du Canada grâce à un mécanisme
de consultation entre les deux pays, à une structure
régionale respectant les limites de souveraineté,
à la possibilité de consulter des représentants
supérieurs de la sécurité nationale américaine,
à l'affectation limitée de forces permanentes
et l'approbation des mesures par le pays au cas par cas. Le
Canada et les États-Unis sont libres d'agir indépendamment
du NORAD et ni l'un ni l'autre de ces pays n'est automatiquement
tenu de suivre l'autre. Toute amélioration de notre
entente de collaboration en matière de défense
devra respecter ce genre de critères.
- Dans nos discussions avec les États-Unis, nous leur
avons fait comprendre que le Canada n'approuverait aucune
option qui donnerait lieu à de nouveaux arrangements
qui déclasseraient le NORAD.
- Maintenir une relation dynamique et positive avec notre
voisin et plus important allié économique et
militaire : Les États-Unis sont le plus important
allié du Canada. Des motifs d'ordre géographique
et historique, de même que des valeurs politiques, sociales,
économiques et culturelles communes ont amené
les deux pays à créer un partenariat pour la
défense de l'Amérique du Nord. Nous nous devons
de conserver l'influence du Canada et l'accès à
des renseignements essentiels. Il est dans l'intérêt
du Canada de continuer de partager avec les États-Unis
les responsabilités de la défense du continent.
Mais, nous devons le faire en tant que pays souverains.
- Les discussions informelles que nous avons tenues jusqu'à
présent révèlent qu'il serait peut-être
bon d'améliorer la coordination dans certains secteurs
de soutien maritime, terrestre et civil, mais le gouvernement
n'a pas encore pris la décision d'entreprendre des
négociations officielles.
Conclusion
- En résumé, la protection du continent est
une question clé pour le Canada et les États-Unis.
J'espère que cet exposé vous donne une meilleure
idée des facteurs clés et de la situation actuelle.
- De plus, bien que la collaboration à l'égard
des questions de l'espace aérien du continent soit
bien établie, il reste toujours à voir si nous
pouvons chercher ensemble des moyens pratiques et efficaces
d'améliorer la coopération dans les domaines
du soutien maritime et civil.
- Bien qu'aucune décision n'ait encore été
prise et bien qu'aucune date limite n'ait été
établie à cet effet, le temps presse, car les
États-Unis ont annoncé publiquement qu'ils souhaitent
que le NORTHCOM soit mis sur pied et devienne opérationnel
d'ici le 1er octobre.
- Nous devons examiner la justification de ce que nous avons
appelé la Sécurité améliorée
de l'Amérique du Nord, repérer les lacunes de
notre système de sécurité actuel et trouver
d'autres manières de les combler. Notre gouvernement
sera alors mieux placé pour examiner les options qui
lui sont offertes en matière de collaboration améliorée
- la portée, les moyens et les mécanismes -
et prendre ensuite sa décision.
- Permettez-moi en terminant d'attirer une fois de plus votre
attention sur les trois objectifs que nous visons dans nos
discussions avec les É.-U. :
1. Veiller à ce que nos efforts servent à améliorer
la sécurité du Canada et du peuple canadien
- nous ne voulons pas apporter des améliorations uniquement
pour nous montrer coopératifs, mais plutôt dans
le but d'améliorer la capacité du Canada de
se défendre efficacement contre les menaces conventionnelles
et asymétriques.
2. Protéger la souveraineté du Canada et l'indépendance
du gouvernement canadien en matière de politique -
toute amélioration de notre collaboration dans le secteur
de la défense devra respecter ce genre de critères.
3. Continuer d'entretenir une relation dynamique et positive
avec notre voisin et plus important allié économique
et militaire - il est dans l'intérêt du Canada
de continuer de partager avec les États-Unis les responsabilités
de la défense du continent. Et nous devons le faire
à titre de pays souverains.
- Merci, je suis impatient de répondre à vos
questions.
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