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Discour

Les relations canado-américaines en matière de défense, les menaces asymétriques et le Plan du commandement unifié des États-Unis

Pour le Lieutenant-général George Macdonald Vice-chef de l'état-major de la Défense

SP-06.002 - le 6 mai 2002

Introduction

  • Monsieur le Sénateur Kenny, membres du Comité,

  • C'est un plaisir pour moi de revenir m'adresser à vous aujourd'hui au sujet de la sécurité au Canada et en Amérique du Nord ainsi que du Plan du commandement unifié des États-Unis ou PCU.

  • Je suis accompagné par le Colonel Rick Williams, Directeur de la politique de l'hémisphère occidental.

  • Pour commencer, je veux traiter brièvement de certains points dont :
    - quelques éléments des relations canado-américaines en matière de défense;
    - la nature des menaces asymétriques;
    - le fonctionnement du NORAD;
    - ce qu'est… et ce que n'est pas le PCU des États-Unis;
    - les objectifs et les enjeux canadiens dans le contexte de nos discussions actuelles avec les États-Unis concernant les façons d'améliorer la coopération entre le Canada et ce pays en matière de sécurité et de défense.


Les relations canado-américaines en matière de défense
  • Les États-Unis sont le plus important allié et partenaire du Canada sur le plan de la défense. Les relations entre nos deux pays en matière de sécurité et de défense sont de longue date, bien établies et très fructueuses. Ces relations dénotent une amitié privilégiée, soutenue par une étroite interdépendance économique et des valeurs communes, qui a évolué au cours du siècle dernier.

  • Certains ont qualifié les liens canado-américains comme étant les relations bilatérales en matière de défense les plus étroites au monde. La pierre angulaire de ces relations est l'Accord binational sur la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord grâce auquel les deux pays bénéficient d'un système de contrôle et d'alerte. Toutefois, de nombreuses personnes ne se rendent pas compte que les relations actuelles reposent aussi sur :

    - plus de 80 traités sur la défense;
    - plus de 250 protocoles d'entente entre les deux ministères de la défense;
    - quelque 145 forums bilatéraux où l'on discute de questions de défense.

  • Dans la foulée de l'attaque terroriste du 11 septembre contre les États-Unis, l'importance de ces relations a été validée et renforcée. Dans les moments ayant suivi cette attaque, les Forces canadiennes ont rappelé sur?le?champ du personnel, augmenté leur niveau de préparation au pays et à l'étranger et accru le nombre d'aéronefs assignés au Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord (NORAD). De plus, 142 vols civils transportant 23 921 passagers ont été détournés des États-Unis vers six aéroports canadiens.

  • Néanmoins, les attaques des terroristes ont également révélé des lacunes et des défaillances relatives aux dispositions courantes sur la sécurité; même s'il est impossible d'éliminer complètement l'élément de surprise, nous pouvons agir pour combler ces lacunes que nous connaissons désormais.

  • Permettez-moi de vous présenter quelques-unes des initiatives pratiques actuellement en cours.

  • En ce qui concerne les opérations aériennes, le NORAD continue de s'occuper de la surveillance, de l'alerte et du contrôle aérospatial; depuis le 11 septembre cependant, il couvre non seulement les menaces émanant de l'extérieur de l'Amérique du Nord, mais aussi celles provenant de l'intérieur du continent. Il lui a donc fallu accroître la coopération et la coordination avec les organismes civils comme la FAA aux États-Unis et NavCan au Canada.

  • En ce qui concerne les opérations maritimes, les deux pays ont convenu de créer une Force opérationnelle sur les frontières de la route maritime des Grands Lacs et du Saint-Laurent. L'objectif de cette force consiste à détecter le trafic illégal de personnes et de biens dans la zone maritime de la frontière nord. Les organismes participant à la force sont nombreux (DoD, USCG, FBI, autorités responsables de la justice et des douanes américaines, Garde côtière canadienne, GRC, services provinciaux de police de l'Ontario et du Québec, Forces maritimes des FC, MAECI, etc.). Cette liste illustre le défi de coordonner les ressources uniques de plusieurs organismes militaires et civils provenant des deux pays. Par le biais de cette force, les organismes membres pourront travailler dans un contexte opérationnel et de renseignement commun.

  • L'Entente sur la frontière efficace représente une autre initiative visant les lacunes en matière de sécurité. En décembre 2001, le Canada et les États-Unis ont adopté rapidement des mesures pour s'assurer que les terroristes ne passaient pas nos frontières, tout en n'interrompant pas le transport des biens. Le fait de maintenir une perméabilité tout en assurant la sécurité est indéniablement un défi de taille.

Menaces asymétriques
  • Ce sont là certes des étapes constructives et pressantes … mais elles suscitent aussi la question suivante : quelle est la meilleure façon de composer avec les menaces asymétriques?

  • Le terme « asymétrique »renvoie à une inégalité dans la taille et la puissance relatives d'adversaires. Les menaces asymétriques sont donc des tentatives de la part d'un élément de taille et de puissance moindres d'infliger des dommages à un adversaire plus puissant en se servant de la surprise et de la déception pour s'attaquer à des cibles difficiles à défendre avec des moyens conventionnels.

  • Des éléments vicieux ou criminels, comme les terroristes, emploient des méthodes asymétriques pour s'attaquer aux infrastructures essentielles, aux intérêts économiques et même aux populations civiles de certains états en vue de dégrader tant leur sécurité physique que leur style de vie. Bien que les méthodes de ces éléments soient différentes, leurs motifs ne divergent souvent pas de ceux des états plus traditionnels employant des méthodes conventionnelles.

  • Les tactiques asymétriques permettent aux terroristes de causer des préjudices aux cibles choisies sans rehausser leur profil à un niveau qui ferait en sorte que les communautés de la sécurité, de la défense et du renseignement puissent facilement les combattre avec les méthodes conventionnelles.

  • Les documents sur la sécurité de base s'appliquant à la défense du continent qu'ont préparés le Canada et les États-Unis au cours des 50 dernières années ont toujours mis l'accent sur les menaces conventionnelles. Ces plans étaient conçus avec comme principe que nous disposerions de périodes d'avertissement relativement longues quant à ces menaces et que nous pourrions donc nous préparer à une bataille contre un ennemi clairement défini.

  • Ce n'est plus le cas maintenant. Nous devons toujours protéger les zones aériennes, aérospatiales et maritimes, ainsi que la masse continentale que nous partageons, mais de nos jours, la nature des menaces est très différente de celle du temps de la guerre froide où la majorité du cadre de coopération en matière de défense a été créée.

  • Les points forts des menaces asymétriques sont la créativité et la déception. Ces menaces prennent des formes diverses comme :
    - les attaques terroristes utilisant des systèmes de transport de masse ou de biens comme arme improvisée, ce qui ressemble à la situation survenue le 11 septembre;

    - l'utilisation d'armes chimiques, biologiques, radiologiques et même nucléaires;
    - la destruction ou une panne d'infrastructures de communications, d'approvisionnement en énergie et de transport qui sont essentielles;
    - les cyberattaques contre des réseaux informatiques essentiels;
    - toute autre situation imaginable.

  • Bref, les événements du 11 septembre exigent que nous examinions sérieusement ce qui nous menace et que nous trouvions des façons pratiques et efficaces de régler ce problème. La sécurité des Canadiens et des Canadiennes revêt trop d'importance pour que nous présumions que les anciennes façons de faire sont les bonnes pour répondre à un nouveau genre de menace.

NORAD
  • Je voudrais passer maintenant au NORAD.

  • Le NORAD est un commandement militaire binational établi en 1958 (il y a 44 ans).

  • Le commandant du NORAD relève à la fois du Premier ministre du Canada et du Président des États-Unis d'Amérique.

  • La tradition veut que le commandant soit un Américain et que le commandant adjoint soit un Canadien.

  • Bien que les forces canadiennes et américaines collaborent au sein du NORAD, l'Accord du NORAD prévoit des mécanismes permettant d'assurer un contrôle politique efficace depuis chacune des deux capitales.

  • Le Quartier général du NORAD est situé à la base aérienne Peterson, à Colorado Springs, dans le Colorado. Le commandement et le contrôle du NORAD sont assurés par le centre des opérations de Cheyenne Mountain, situé tout près du QG. Le Complexe de Cheyenne Mountain sert d'installation centrale de collecte de renseignements et de coordination pour un système mondial de détecteurs qui donnent au NORAD une idée précise de la nature de toute menace aérospatiale.

  • Les responsabilités du NORAD en ce qui concerne la surveillance et le contrôle de l'espace aérien nord?américain se partagent en trois régions du NORAD : une au Canada, une deuxième dans la partie continentale des É.-U. et la troisième en Alaska.

  • Le Canada et les Forces canadiennes sont responsables de la surveillance et du contrôle de l'espace aérien canadien. Les données radar et de détection recueillies au Canada sont compilées et analysées dans un complexe souterrain situé à la Base des Forces canadiennes (BFC) North Bay, en Ontario, puis transmises ultérieurement au Quartier général - Région canadienne du NORAD, à la BFC Winnipeg, ainsi qu'au centre de commandement et de contrôle du NORAD, dans le Colorado, s'il y a lieu.

  • La mission du NORAD est de contrôler les approches aériennes et aérospatiales de l'Amérique du Nord et de donner l'alerte en cas d'attaque.

  • Depuis 1991, le NORAD a également aidé à détecter et à surveiller les aéronefs soupçonnés de participer au trafic de stupéfiants. En collaboration avec la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et les organismes américains de répression du trafic des stupéfiants, la Région canadienne du NORAD surveille tout le trafic aérien se rapprochant des côtes canadiennes. On peut ordonner à tout aéronef n'ayant pas transmis de plan de vol d'atterrir afin d'être inspecté par la GRC et par l'Agence des douanes et du revenu du Canada.

  • Lorsqu'une menace potentielle est détectée - qu'il s'agisse d'un aéronef, d'un missile ou d'un objet spatial - le NORAD vérifie si la menace est réelle, en confirme la nature et coordonne la réponse de défense.

  • Un excellent exemple de l'efficacité du fonctionnement du NORAD en tant que commandement militaire binational a été fourni le matin du 11 septembre. Le major-général Eric Findley, Directeur - Opérations de combat, et le capitaine de vaisseau Mike Jelinek, tous deux officiers du NORAD, occupaient des postes décisionnels importants.

  • Dès qu'il était évident que les États-Unis étaient la cible d'attentats terroristes, le mgén Findley et le capv Jelinek, ne pouvant compter sur un plan de contingence préparé d'avance, ont pris des mesures en vue de coordonner la réponse militaire avec les organismes civils et de déployer des patrouilles aériennes de combat pour empêcher d'autres attentats. Leurs gestes ont peut?être sauvé des vies.

  • Contrairement à ce qui a été rapporté par certains médias, la structure binationale de rapports hiérarchiques enchâssée dans l'Accord du NORAD a bien fonctionné, et le gouvernement du Canada était entièrement engagé dans les décisions prises par le NORAD le matin du 11 septembre. Je le sais parce que j'étais le Chef d'état?major de la Défense par intérim ce matin-là. J'ai communiqué directement avec le CEMD et le ministère de la Défense nationale, puis je me suis entretenu avec le Premier ministre.

Le Plan du commandement unifié des É.-U.
  • La révision récente par les É.-U. de leur Plan du commandement unifié est un processus régulier ordonné par le Congrès et entrepris tous les deux ans ou au besoin. Depuis 1946, le PCU est en évolution constante, et les changements les plus récents, annoncés le 17 avril, constituent une tentative de simplifier les structures de commandement et de contrôle pour les opérations nationales et nord-américaines.

  • Le 17 avril, le Secrétaire américain de la Défense, M. Rumsfeld, a annoncé la création d'un nouveau commandement unifié, appelé le Commandement du Nord (NORTHCOM), conséquence directe des attentats terroristes perpétrés contre les É.-U. le 11 septembre.

  • La création du NORTHCOM n'est qu'un élément s'inscrivant dans un vaste processus de révision du PCU, qui concerne également plusieurs autres commandements.

  • Le NORTHCOM américain, qui sera mise sur pied le 1er octobre 2002, se verra confier la responsabilité de la sécurité du territoire national américain, ce qui comprend les éléments air, terre et mer ainsi que le soutien civil. Le général Ralph Eberhardt, C en C du NORAD, est le candidat pressenti pour être le premier C en C du NORTHCOM. Si la candidature du général Eberhardt est confirmée en tant que C en C du NORTHCOM, il est possible qu'il cumule deux fonctions, celle de commandant du NORAD - le commandement binational - et celle de commandant du NORTHCOM - un commandement strictement américain.

  • L'objectif de l'administration américaine est d'avoir un commandant (ainsi qu'une structure de commandement et de contrôle simplifiée) pour défendre les États-Unis et fournir de l'assistance militaire aux organismes civils.

  • Le Secrétaire de la Défense Rumsfeld et le général Myers ont été on ne peut plus clairs en déclarant que la création du NORTHCOM n'inclura pas l'établissement de nouveaux rôles ou missions pour les forces américaines à l'intérieur de la zone d'intérêt du NORTHCOM. Le NORTHCOM n'a pour autre objectif que de doter les forces américaines de la structure de commandement et de contrôle simplifiée qui leur permettra de faire ce qu'elles font déjà de façon plus efficace. La mission principale du NORTHCOM sera d'appuyer les organismes civils en temps de crise.

  • La zone d'intérêt du NORTHCOM américain sera l'Amérique du Nord, ce qui comprend le Mexique, la partie continentale des É.-U. et le Canada, ainsi qu'une zone de responsabilité aérienne et maritime périphérique de 500 milles nautiques. Le commandant du NORTHCOM aura pour tâche de coordonner les activités des forces américaines dans cette zone d'intérêt.

  • Cela est conforme à la façon dont les États-Unis font fonctionner les quatre autres commandements régionaux. Les commandants du Commandement européen, du Commandement central, du Commandement du Sud et du Commandement du Pacifique sont tous responsables d'une zone d'intérêt géographique. Cela ne signifie pas pour autant qu'ils assurent le « commandent »des forces étrangères à l'intérieur de ces zones d'intérêt.

  • Les C en C des commandements régionaux assurent le commandement des forces américaines affectées dans une région précise du globe et sont également le principal point de contact pour la coordination des opérations militaires avec leurs alliés dans chaque région.

  • Le commandant du NORTHCOM américain sera également responsable de la coopération en matière de sécurité et de la coordination militaire avec le Canada et le Mexique, tout comme ses homologues des autres commandements régionaux doivent le faire avec les pays situés dans la région dans laquelle leur Commandement est affecté.

  • La structure, les rôles et les missions du NORTHCOM américain n'ont pas encore été arrêtés définitivement, et les É.-U. n'ont toujours pas mis la dernière main au plan de mise en œuvre. Il est prévu que le NORTHCOM américain ne se verra pas attribuer des forces permanentes importantes, mais qu'elle pourra compter sur des forces affectées dans certaines éventualités.

Informations erronées au sujet du PCU
  • Manifestement, cette question intéresse grandement les médias, les universitaires ainsi que les parlementaires. Nous comprenons qu'il y ait une forte demande pour des renseignements et que le public souhaite débattre de cet enjeu. Malheureusement, cette question a été mal décrite à plusieurs reprises.

  • Permettez-moi maintenant de faire la lumière sur ce que le NORTHCOM n'est pas en réfutant quelques idées fausses à son sujet.

  • Certains ont affirmé que :

  • Les États-Unis assumeront la défense du Canada / Des négociations sont en cours en vue de placer une importante partie des forces canadiennes sous un commandement unifié permanent sous commandement américain : C'est faux. Nous discutons de la possibilité d'une éventuelle coopération binationale comprenant des rôles et des missions potentiels limités et non pas d'intégration militaire. Nous patrouillons déjà notre espace aérien ainsi que nos approches maritimes, et nous le faisons depuis de nombreuses années. Des mesures sont également prévues afin que nous apportions du soutien militaire aux autorités civiles en cas d'urgence. Ce que nous souhaitons faire, c'est de voir si nous ne pouvons pas exécuter toutes ces tâches avec encore plus d'efficacité. Comme le Premier ministre l'an indiqué récemment, « la défense du Canada sera assurée par le gouvernement canadien et non par le gouvernement américain ».

  • Ce qui est proposé, c'est l'intégration des deux forces armées : C'est faux. Ni le Canada ni les États-Unis ne s'intéresse à l'intégration des deux armées. Cette possibilité n'est même pas un sujet de discussion. Nos discussions informelles portent sur les façons d'accroître la coopération dans certains domaines. Les deux pays conserveront leur autorité en matière de commandement national ainsi que leur souveraineté territoriale.

  • La création de ce commandement intégré sous commandement américain compromettra la souveraineté canadienne. À mon avis, c'est un faux-fuyant. Le NORTHCOM américain est une initiative américaine. Elle a pour but de défendre les É.-U. et d'appuyer les organismes civils américains. La relation de défense bilatérale canado?américaine a toujours été fondée sur le principe de la sélection participative. Notre collaboration avec le NORAD n'a pas porté atteinte à notre souveraineté. En fait, le NORAD a aidé à protéger et à accroître notre souveraineté en établissant une structure binationale qui assure une participation canadienne à la défense de l'Amérique du Nord.

  • Le Canada consacrera l'essentiel de ses efforts aux États-Unis et réduira ses opérations internationales : C'est faux. Comme je l'ai précisé tout à l'heure, nous n'avons jamais envisagé d'affecter de nouvelles forces permanentes à la défense du continent. Nous avons déjà des ressources affectées au NORAD pour la défense aérospatiale. Les trois missions des Forces canadiennes, énoncées dans le Livre blanc sur la défense de 1994 (défendre le Canada, défendre l'Amérique du Nord avec les É.-U. et contribuer à la sécurité internationale), sont toujours valides aujourd'hui.

  • Le Canada devra contribuer au système de défense contre les missiles balistiques : C'est faux. Les É.-U. ont expliqué clairement que (1) le système NMD ne fait pas partie de la révision du PCU et (2) qu'ils n'ont pas encore décidé quels commandants seront responsables du système NMD. La position canadienne à ce sujet demeure inchangée.

  • Le Canada et les États-Unis ne sont pas égaux/Le commandant du NORAD est toujours un général américain : Cette hypothèse est fausse et induit en erreur. L'Accord du NORAD prévoit que le commandant et le commandant adjoint ne soient pas du même pays. La tradition a toujours voulu que le commandant soit américain. Toutefois, il importe de signaler que les États-Unis assument l'essentiel des coûts (90 p. 100) liés à la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord. Cet accord est donc une situation raisonnable qu'acceptent les deux pays.

Intérêt canadien et objet des discussions en cours
  • De toute évidence, la création de ce nouveau commandement risque d'avoir une incidence sur les accords sur la sécurité continentale en vigueur. À l'interne, depuis le 11 septembre, le Canada s'est penché sur la nature évolutive de la menace et a évalué les lacunes actuelles. C'est pourquoi des fonctionnaires canadiens ont engagé des discussions non officielles avec des représentants des É.-U. afin de voir s'il est possible d'améliorer la sécurité de l'Amérique du Nord et de mieux protéger les Canadiens et les Canadiennes.

  • Ce qu'il est convenu d'appeler le Groupe de travail de haut niveau (composé de M. Ken Calder, Sous-ministre adjoint (Politique) du ministère de la Défense nationale, de M. Jim Wright, Sous-ministre adjoint (Politique) responsable des relations internationales en matière de sécurité au ministère des Affaires étrangères et du Commerce internationale, et de moi-même) a travaillé en étroite collaboration avec nos homologues américains en vue d'explorer nos points de vue respectifs sur ces questions cruciales.

  • Dans la recherche de façons d'améliorer la sécurité de l'Amérique du Nord, le Canada doit tenir compte d'un certain nombre d'objectifs stratégiques.

  • Améliorer la sécurité des Canadiens et des Canadiennes : Nous ne voulons pas apporter des améliorations uniquement pour nous montrer coopératifs, mais plutôt dans le but d'améliorer la capacité du Canada de se défendre efficacement contre les menaces conventionnelles et asymétriques. La surveillance et le contrôle font partie intégrante des activités des Forces canadiennes au Canada. Compte tenu de la menace asymétrique qui pèse sur le Canada, il s'avère de plus en plus nécessaire d'exercer un contrôle efficace sur notre territoire, notre espace aérien et nos approches maritimes.
  • Nous ne pouvons pas permettre que le territoire canadien serve de voie d'approche pour lancer des attaques contre les États-Unis.

  • La politique de défense du Canada a depuis longtemps pour principe que le meilleur moyen de défense du Canada consiste à collaborer avec les États-Unis. En effet, le Canada et les États-Unis comptent l'un sur l'autre pour assurer la protection de leurs territoires et approches. Si cette collaboration cesse, les États-Unis assureront à eux seuls la défense du continent et le Canada ne jouira plus de l'influence que lui procure à l'heure actuelle ce partenariat en matière de défense.

  • Préserver la souveraineté Canada et son indépendance sur le plan de la politique : Comme l'a dit le vice-premier ministre Manley, le fait de collaborer avec les É.-U. en matière de sécurité continentale ne nuit en rien à la souveraineté du Canada. C'est plutôt pour nous une façon d'exercer notre souveraineté. En discutant des diverses options, le Canada peut déterminer la portée, le moyen et la structure de la collaboration, et peut alors jouer un rôle actif dans cette situation en évolution. L'accord du NORAD peut servir au besoin de point de référence dans ce genre de collaboration. Il contribue à préserver la souveraineté du Canada grâce à un mécanisme de consultation entre les deux pays, à une structure régionale respectant les limites de souveraineté, à la possibilité de consulter des représentants supérieurs de la sécurité nationale américaine, à l'affectation limitée de forces permanentes et l'approbation des mesures par le pays au cas par cas. Le Canada et les États-Unis sont libres d'agir indépendamment du NORAD et ni l'un ni l'autre de ces pays n'est automatiquement tenu de suivre l'autre. Toute amélioration de notre entente de collaboration en matière de défense devra respecter ce genre de critères.

  • Dans nos discussions avec les États-Unis, nous leur avons fait comprendre que le Canada n'approuverait aucune option qui donnerait lieu à de nouveaux arrangements qui déclasseraient le NORAD.

  • Maintenir une relation dynamique et positive avec notre voisin et plus important allié économique et militaire : Les États-Unis sont le plus important allié du Canada. Des motifs d'ordre géographique et historique, de même que des valeurs politiques, sociales, économiques et culturelles communes ont amené les deux pays à créer un partenariat pour la défense de l'Amérique du Nord. Nous nous devons de conserver l'influence du Canada et l'accès à des renseignements essentiels. Il est dans l'intérêt du Canada de continuer de partager avec les États-Unis les responsabilités de la défense du continent. Mais, nous devons le faire en tant que pays souverains.

  • Les discussions informelles que nous avons tenues jusqu'à présent révèlent qu'il serait peut-être bon d'améliorer la coordination dans certains secteurs de soutien maritime, terrestre et civil, mais le gouvernement n'a pas encore pris la décision d'entreprendre des négociations officielles.

Conclusion
  • En résumé, la protection du continent est une question clé pour le Canada et les États-Unis. J'espère que cet exposé vous donne une meilleure idée des facteurs clés et de la situation actuelle.

  • De plus, bien que la collaboration à l'égard des questions de l'espace aérien du continent soit bien établie, il reste toujours à voir si nous pouvons chercher ensemble des moyens pratiques et efficaces d'améliorer la coopération dans les domaines du soutien maritime et civil.

  • Bien qu'aucune décision n'ait encore été prise et bien qu'aucune date limite n'ait été établie à cet effet, le temps presse, car les États-Unis ont annoncé publiquement qu'ils souhaitent que le NORTHCOM soit mis sur pied et devienne opérationnel d'ici le 1er octobre.

  • Nous devons examiner la justification de ce que nous avons appelé la Sécurité améliorée de l'Amérique du Nord, repérer les lacunes de notre système de sécurité actuel et trouver d'autres manières de les combler. Notre gouvernement sera alors mieux placé pour examiner les options qui lui sont offertes en matière de collaboration améliorée - la portée, les moyens et les mécanismes - et prendre ensuite sa décision.

  • Permettez-moi en terminant d'attirer une fois de plus votre attention sur les trois objectifs que nous visons dans nos discussions avec les É.-U. :

    1. Veiller à ce que nos efforts servent à améliorer la sécurité du Canada et du peuple canadien - nous ne voulons pas apporter des améliorations uniquement pour nous montrer coopératifs, mais plutôt dans le but d'améliorer la capacité du Canada de se défendre efficacement contre les menaces conventionnelles et asymétriques.

    2. Protéger la souveraineté du Canada et l'indépendance du gouvernement canadien en matière de politique - toute amélioration de notre collaboration dans le secteur de la défense devra respecter ce genre de critères.

    3. Continuer d'entretenir une relation dynamique et positive avec notre voisin et plus important allié économique et militaire - il est dans l'intérêt du Canada de continuer de partager avec les États-Unis les responsabilités de la défense du continent. Et nous devons le faire à titre de pays souverains.

  • Merci, je suis impatient de répondre à vos questions.

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