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Discour

Notes en vue d'une allocution prononcée par le Général Raymond Henault, Chef d'état-major de la Défense, à l'occasion du dîner des Réserves 2000

le 22 août 2001

Seul le texte prononcé fait foi

M. Jackman

[M. H.N.R (Hal) Jackman, ancien Lieutenant-gouverneur de l'Ontario et l'hôte du dîner],

Mesdames, Messieurs:

Je suis très heureux d'avoir à prononcer un de mes premiers discours comme Chef d'état-major de la Défense devant des invités aussi distingués.

D'abord, je tiens à remercier M. Jackman et les membres des Réserves 2000 d'avoir organisé ce dîner.

La Réserve exige de ses membres un dévouement et un attachement spéciaux. Les responsables de Réserves 2000 encouragent et cultivent ces qualités en s'intéressant activement aux questions de sécurité et de défense.

Mais avant d'entrer dans les détails, je voudrais dire quelques mots au sujet du contexte stratégique dans lequel nous évoluons.

Nous continuons à profiter des conditions de paix et de sécurité engendrées par la fin de la guerre froide. En fait, nous collaborons maintenant avec bon nombre de nos anciens adversaires dans le cadre d'opérations de paix et du programme de l'OTAN appelé Partenariat pour la paix.

Nous sommes plus vulnérables, par contre, à de nouveaux types de menaces comme le cyberterrorisme et des actes de violence gratuite commis par des groupes ayant accès à des armes chimiques et biologiques.

Nous assistons parallèlement à des conflits ethniques, idéologiques et politiques qui viennent compliquer les négociations internationales visant à maintenir la paix et la stabilité. Ces conflits, bien que régionaux, ont des répercussions à l'échelle globale.

Tels sont les défis qui déterminent notre environnement de sécurité, et tels sont les obstacles que les Forces canadiennes sont appelées à surmonter à court et à long terme.

À mon avis, nos assises sont suffisamment solides pour nous permettre de bien réagir face à un contexte stratégique en constante évolution.

Dans le monde d'aujourd'hui, nous ne pouvons plus seulement mettre en évidence toutes nos réalisations passées. Nous devons surtout bâtir nos forces en fonction des défis de demain. C'est à ce niveau que j'estime devoir faire porter mon action.

En ma qualité de Chef d'état-major de la Défense, j'ai l'intention de placer trois grandes priorités au centre de mes préoccupations :

l'investissement dans les ressources humaines;
la modernisation;
les communications
Comme toute organisation, les Forces canadiennes sont aussi efficaces que les personnes qui les composent. À la lumière de mon expérience, je peux attester que nos effectifs comptent parmi les meilleurs.

J'ai assumé les fonctions de Sous-chef d'état-major de la Défense pendant trois ans. À ce titre, j'ai été responsable de la planification et de la direction des déploiements au pays et à l'étranger. J'ai donc été un témoin privilégié du professionnalisme et du talent de nos militaires. Laissez-moi vous en donner quelques exemples.

Nos pilotes de CF-18 ont dirigé plus de 50 p. 100 des sorties auxquelles ils ont participé pendant la campagne aérienne menée au-dessus du Kosovo, dans le cadre de l'opération « Force alliée ».
Nos forces terrestres, qui ont pris part à la brigade d'intervention rapide des Nations Unies en Éthiopie et en Érythrée plus tôt cette année, ont établi une présence militaire forte dans ces régions afin de permettre la poursuite des pourparlers de paix.
Notre Marine a participé aux côtés des Américains au maintien de l'embargo contre l'Irak. Ainsi, deux de nos navires, le NCSM Charlottetown et le NCSM Winnipeg, sont revenus récemment du golfe Arabo-Persique. L'amiral américain qui commandait la mission a d'ailleurs rendu un vibrant hommage aux équipages des deux navires canadiens, dont la force de frappe s'est montrée très efficace dans la région du Nord. D'après lui, Saddam Hussein, qui connaissait déjà les Canadiens, a vite compris que leur réputation n'était pas surfaite.
Enfin, je suis parfaitement au courant des efforts que les états-majors des quartiers généraux et les organisations de soutien ont déployés pour assurer le succès d'opérations de toutes sortes.
Mais si nous voulons continuer à exiger que nos hommes et nos femmes quittent leurs familles pour de longues périodes, tout en leur demandant de mettre leur sécurité et leur bien-être en jeu, nous devons prendre soin d'eux. Nous devons veiller à ce qu'ils soient suffisamment dédommagés de leur peine, qu'ils aient l'opportunité de suivre des études et qu'ils aient la chance de se perfectionner sur le plan professionnel.

En d'autres termes, il faut investir dans nos ressources humaines.

Nous nous affairons par ailleurs à améliorer de façon sensible le système militaire des soins de santé, grâce au programme Rx 2000. Nous ferons en sorte que tous les membres des Forces canadiennes puissent profiter d'un régime de soins de santé complet et robuste.

Nous procédons, en même temps, à la mise en œuvre de nouveaux programmes, comme L'officier en 2020. Ces programmes visent à développer de solides compétences en leadership et à créer un climat d'apprentissage continu, à tous les échelons de l'organisation.

Nous sommes également en train de mettre sur pied l'École supérieure de défense canadienne, dont la vocation sera d'encourager les officiers et les militaires du rang des Forces canadiennes à poursuivre leurs études et à bénéficier d'un apprentissage continu.

Non seulement cet établissement rendra encore plus rigoureux l'enseignement supérieur professionnel dispensé aux militaires, mais il permettra à ces derniers de donner leur pleine mesure intellectuelle. Enfin, l'École veillera à ce que les processus éducatifs restent cohérents et bien intégrés.

Ces mesures ne suffisent pourtant pas. Il nous faut aussi orienter nos efforts vers le recrutement de nouveaux membres dans les Forces canadiennes.

Bon nombre d'entre vous savent à quel point il est difficile d'attirer les meilleurs cerveaux en période de bonne performance économique, lorsque le taux de chômage est relativement bas. Les Forces canadiennes éprouvent les mêmes difficultés.

Pour informer les jeunes Canadiens des carrières excitantes qu'offrent les Forces canadiennes, nous avons récemment lancé une nouvelle campagne énergique de recrutement. Certains d'entre vous ont d'ailleurs pu en voir les annonces.

Je voudrais maintenant dire deux mots sur le rôle de la Réserve. Les Forces canadiennes comptent beaucoup sur les réservistes pour améliorer leurs capacités opérationnelles, tant au pays qu'à l'étranger.

Le rôle de la Réserve ne saurait être sous-estimé. En effet, de 12 à 15 p. 100 des effectifs qui participent à un déploiement à l'étranger sont composés de réservistes. L'apport de ces derniers sur le terrain est le même que celui de leurs homologues de la Force régulière.

Nous sommes conscients du sacrifice qui est exigé des employeurs chaque fois qu'un de leurs employés prend congé pour aller servir dans la Réserve, et nous leur en sommes reconnaissants.

Comme beaucoup d'entre vous le savent, nous avons entrepris, l'an dernier, une importante restructuration de la Réserve de la Force terrestre. Notre objectif est d'imprimer un nouvel élan aux Réserves, d'augmenter le nombre de soldats réservistes et de renforcer l'ensemble des moyens des forces appelées à appuyer les opérations dans différents lieux.

Nous avons déjà commencé à mettre ce plan à exécution, d'ailleurs.

Par exemple, les réservistes sont plus nombreux à participer à l'opération Palladium en Bosnie, ce qui nous aide grandement. Jusqu'à maintenant, les réservistes étaient utilisés comme effectifs d'appoint au sein d'une unité de la Force régulière. Or, les réservistes qui seront déployés cet automne seront regroupés en six sections. Des plans sont déjà en place en vue de déployer un peloton de réservistes en avril et une compagnie d'infanterie composée de réservistes à l'automne 2002.

Mais il ne suffit pas d'attirer des personnes brillantes, compétentes et motivées, et de les garder à son service. Il faut aussi leur fournir le matériel et la technologie voulus pour qu'elles accomplir leur travail.

Ce qui m'amène à vous parler de ma deuxième priorité, la modernisation.

Dans ce domaine, nous avons accompli des progrès considérables au cours des dernières années.

En 1991, les Forces canadiennes ont joué un rôle important, quoique limité, pendant la guerre du Golfe. Moins de dix ans plus tard, au Kosovo, nous étions quatrièmes pour le nombre de missions aériennes effectuées, et nous avons utilisé des munitions guidées avec précision pour la première fois. Nous procédons à la modernisation de nos chasseurs CF-18 pour qu'ils puissent continuer à s'intégrer aux opérations menées par nos alliés.

Nous avons également acquis du matériel ultramoderne.

Nos frégates de la classe Halifax sont maintenant équipées de capteurs et de radars dernier cri, ainsi que de systèmes d'armes complexes et performants.
Les tout nouveaux véhicules de reconnaissance Coyote et les transports de troupes blindés VBL III de l'Armée de terre ont été mis à la disposition de nos troupes dans les Balkans, en Éthiopie et en Érythrée. Ils ont vite démontré leur utilité, au point de faire l'envie de bon nombre de nos alliés.
L'acquisition récente de sous-marins de la classe Victoria, qui nécessitent moins d'entretien, nous permettra de conduire des opérations plus complexes avec moins d'effectifs.
Pour rester crédibles, continuer à s'adapter aux réalités et être capables de réagir rapidement et d'intervenir partout à travers le monde, les Forces canadiennes doivent faire plus.

Le bilan des dix dernières années montre l'importance de conduire des opérations interarmées pour remplir une mission. Je veux dire par là qu'il faut déployer plus d'un service dans une zone d'opérations si on veut mener à bien une mission donnée.

C'est pourquoi nous consacrerons plus de ressources à l'amélioration de notre capacité de conduire des opérations interarmées et interalliées. Récemment, en mettant sur pied le Groupe des opérations interarmées des Forces canadiennes, nous nous sommes dotés de moyens modernes, solides et à déploiement rapide, tant sur le plan du commandement et du contrôle que sur celui des transmissions. Ces capacités sont nécessaires pour que nous nous adaptions aux nouvelles réalités.

Nous devons aussi tirer pleinement profit de nos innovations technologiques en vue de moderniser nos forces dans les dix ans à venir et les décennies subséquentes.

Pour ce faire, le Canada a tout intérêt à collaborer avec le secteur privé et à partager les coûts inhérents à l'exploitation des technologies de pointe telles que les communications par satellite, la gestion de l'information et les télécommunications.

J'ai traité de l'importance de disposer d'effectifs qualifiés et d'équipement moderne pour les Forces canadiennes -- et indéniablement, ces éléments sont indispensables à toute armée professionnelle.

Mais si nous ne disposons pas de communications fortes et efficaces, à l'intérieur de l'organisation comme avec l'extérieur, nous risquons de nous couper des gens que nous sommes pourtant appelés à servir.

C'est la raison pour laquelle je considère les communications comme l'une de mes grandes priorités.

Il est indispensable, en effet, de rétablir le lien qui unit les Canadiens à leur institution militaire. Nous devons leur dire que leurs militaires contribuent de façon importante à la défense du Canada ainsi qu'à la paix et à la sécurité dans le monde.

J'ai entendu récemment des gens critiquer les Forces canadiennes. Les médias y ont vu une rivalité entre les anciens membres des Forces canadiennes et les militaires actuels.

Ce n'est pas ma façon de voir les choses.

La diversité d'opinions ne peut qu'être bénéfique aux Forces canadiennes. Nous invitons tout le monde au dialogue : gens d'affaires, anciens militaires et autres représentants de la société civile.

Notre rôle à nous est d'éclairer le débat.

Nous allons donc continuer à travailler de concert avec vous, avec des organismes tels que la Conférence des associations de la défense, l'Institut de recherche en politiques publiques et nos propres forums de politique. Nous allons chercher à nouer des relations avec les Canadiens pour les consulter sur différents aspects de la politique de défense.

Nous encourageons aussi le dialogue avec les parlementaires de la Chambre des communes et du Sénat.

Ainsi, au printemps dernier, la plupart des dirigeants du Ministère et des Forces canadiennes se sont présentés devant le Comité permanent de la défense nationale et des anciens combattants pour passer en revue toute une série de questions concernant la défense. Plus récemment, des représentants du Ministère ont comparu devant le Comité sénatorial permanent de la défense et de la sécurité, nouvellement constitué. Nous nous ferons un plaisir de pousser plus loin notre collaboration avec les membres de ce comité.

Les Forces canadiennes ne sont pas une organisation statique. Nous serions heureux de connaître les vues de tous ceux qui s'intéressent à ces questions. Je peux vous assurer que nous continuerons, à l'avenir, d'encourager les débats dans tous les domaines.

Je dirai en terminant que les Forces canadiennes d'aujourd'hui sont très différentes de celles dans lesquelles je me suis enrôlé il y a 33 ans. Et dans 33 ans, les Forces canadiennes seront très différentes de celles que nous connaissons aujourd'hui.

Mon rôle est de veiller à maximiser le potentiel de nos forces actuelles et de jeter les bases des capacités futures, de manière à ce que les Forces canadiennes soient en mesure de défendre le Canada, ses intérêts, ses valeurs, et de contribuer à la paix et à la sécurité internationales dans les années à venir.

Je m'arrête ici pour que nous ayons le temps de tenir une séance de questions.

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