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Discour

Notes d'allocution du Général Raymond Hénault, Chef d'état-major de la Défense, pour son exposé devant le Comité permanent de la Défense nationale et des Anciens combattants

le 16 octobre 2001

[Seul le texte prononcé fait foi]

Membres du Comité,
Mesdames et messieurs.

Merci de votre invitation. Comme c'est la première fois que je m'adresse au CPDNAC à titre de chef d'état-major de la Défense, je profite de l'occasion pour partager avec vous un certain nombre de mes réflexions sur les événements actuels et sur les défis, actuels et futurs, auxquels sont confrontées les Forces canadiennes.

Dans la conjoncture actuelle, les Forces canadiennes doivent être prêtes à intervenir dans un contexte stratégique mondial où les conflits ethniques, les idéologies et la politique compliquent les efforts de maintien de la paix et de la stabilité dans le monde.

Depuis la fin de la guerre froide et l'instauration d'un nouvel ordre mondial, on sait pertinemment que les opérations de paix auxquelles a participé le Canada sont devenues plus complexes, plus dangereuses et plus imprévisibles.

Nous sommes aussi conscients de notre vulnérabilité face à de nouvelles menaces, dont celles qui sont liées au cyberterrorisme et aux actes de violence perpétrés par des groupes d'extrémistes qui peuvent avoir accès à des armes de destruction massive.

Les attaques terroristes du 11 septembre contre les États-Unis ont montré très clairement que les nouvelles menaces asymétriques qui pèsent sur l'Amérique du Nord comportent certains aspects très meurtriers.

À la suite de ces attaques, les FC ont réagi rapidement par un vaste éventail d'activités, notamment un rappel immédiat de personnel, l'accroissement des seuils de préparation opérationnelle au pays et à l'étranger et une augmentation du nombre des ressources consacrées au NORAD.

À l'heure actuelle, les Forces canadiennes ont accru leur état de disponibilité opérationnelle et leur vigilance de façon à pouvoir réagir à d'autres activités terroristes, le cas échéant.

Même si quelque 2 100 militaires canadiens étaient déjà déployés dans le cadre d'opérations internationales avant les attaques terroristes, nous mettons actuellement sur pied des forces qui participeront directement à la campagne mondiale contre le terrorisme et aux opérations d'assistance humanitaire menées dans la région.

Parallèlement, nous continuons à relever un certain nombre de défis qui mobilisaient déjà notre attention avant le 11 septembre. Face à la rapide évolution de la technologie, il nous faut non seulement suivre le rythme des changements, en tirant avantage des nouvelles technologies, mais aussi maintenir et améliorer absolument notre interopérabilité avec nos alliés, en particulier les États-Unis.

Le recrutement et le maintien de l'effectif demeurent un défi; si nous ne relevons pas celui-ci de façon satisfaisante, il peut sérieusement saper notre capacité de mener à bien nos missions opérationnelles dans l'avenir.

À mon point de vue, nous disposons déjà d'assises solides sur lesquelles faire fond pour relever ce défi.

En tant que CEMD, il m'incombe de tirer profit de ce qui est déjà accompli et de ce qui est en cours et de vraiment me concentrer sur la nécessité de maintenir des forces polyvalentes et aptes au combat qui sont dotées d'une capacité opérationnelle adaptée - et j'insiste sur le terme « adaptée » - à ce monde en constante évolution. Pour y parvenir, j'entends mettre l'accent sur trois grandes priorités, que certains d'entre vous connaissent déjà et qui sont les suivantes :

Investir dans le personnel;


Moderniser les Forces;


Améliorer les communications internes et externes.
Permettez-moi de traiter d'abord des communications. Je me suis fixé comme objectif d'établir de meilleurs rapports entre les Canadiens et leurs forces armées et de resserrer les liens entre les Forces canadiennes et nos parlementaires.

Voilà pourquoi l'occasion qui m'est donnée de m'adresser à vous revêt une si grande importance pour moi.

C'est grâce aux plus récents travaux de votre Comité qu'on a pu introduire de nombreuses mesures importantes visant à améliorer la qualité de vie et le bien-être de nos militaires et de leurs familles, et je tiens à vous en remercier publiquement.

Passons maintenant au point suivant : investir dans le personnel. À l'instar de toute grande organisation, les Forces canadiennes ne valent que ce que vaut le personnel qui les compose. Au risque de me répéter, je ne peux qu'insister encore sur l'importance que revêt notre personnel pour le succès d'une organisation aussi diversifiée que la nôtre qui a un si grand rôle national et international à jouer. Et je peux vous assurer - expérience à l'appui - que nos militaires comptent parmi les meilleurs. [Bosnie, Aviano, Geilenkirchen, golfe Arabo-Persique, Éthiopie/Érythrée, Moyen-Orient].

Il nous faut donc déployer tous les efforts possibles pour continuer à améliorer la qualité de vie de nos militaires et de leurs familles ainsi que les soins de santé dispensés aux membres des Forces.

Nous devons également élaborer de meilleurs programmes de perfectionnement professionnel et d'éducation à l'intention du corps des officiers et du corps des militaires du rang et viser à améliorer les qualités de chef de leurs membres.

Mais nous ne pouvons nous arrêter là. Il nous faut également mettre l'accent sur le recrutement et le maintien de l'effectif. À cet effet, nous avons lancé dernièrement une nouvelle campagne de publicité énergique dans le but d'attirer des Canadiens et Canadiennes de talent dans l'équipe de la Défense et nous entreprenons continuellement de nouvelles initiatives qui incitent les militaires à demeurer dans les Forces.

Il est tout aussi important que nous fournissions à notre personnel l'équipement et la technologie dont il a besoin pour exécuter les missions qui lui sont assignées dans un monde de plus en plus complexe. Ce sera d'ailleurs l'un des principaux aspects sur lesquels je concentrerai mes efforts au cours de mon mandat.

En ce qui concerne la modernisation des Forces, je vous rappelle que nous avons récemment fait l'acquisition d'équipement à la fine pointe de la technologie, notamment des frégates modernes, des véhicules de reconnaissance Coyote, de nouveaux véhicules blindés légers pour le transport de troupes, les VBL III , des hélicoptères de recherche et sauvetage - dont les deux premiers des quinze attendus sont arrivés au Canada ce mois-ci - et des sous-marins.

De plus, nous avons entrepris d'importants programmes de modernisation de nos flottes de chasseurs CF-18 et d'aéronefs de patrouille maritime Aurora.

Mais pour demeurer aptes au combat et crédibles, continuer à s'adapter aux réalités et être capables de réagir rapidement et d'intervenir partout à travers le monde, les Forces canadiennes doivent intensifier les efforts entrepris.

Le bilan des dix dernières années montre aussi l'importance de conduire des opérations interarmées pour remplir une mission. J'ai été à même de m'en rendre compte en tant que SCEMD et je sais parfaitement bien à quel point cet aspect sera essentiel à notre succès dans l'immédiat et à plus long terme.

C'est pourquoi nous consacrons plus de ressources à l'amélioration de notre capacité de conduire des opérations interarmées et interalliées.

Au chapitre de la concertation interarmées, la mise sur pied du Groupe des opérations interarmées des Forces canadiennes (ou GOI) nous a permis de nous doter de moyens modernes, solides et à déploiement rapide, tant sur le plan du commandement et du contrôle que sur celui des transmissions. Ces capacités sont nécessaires à notre adaptation aux nouvelles réalités.

Le Groupe a déjà démontré son efficacité opérationnelle. En effet, des membres du GOI composaient l'équipe d'activation dans le théâtre qui s'est déployée avant l'arrivée de nos troupes en Éthiopie et en Érythrée. Le GOI a aussi fourni certaines des capacités de communication de la force et a par la suite procédé à la désactivation du théâtre, une fois la mission terminée.

Les troupes qui se sont récemment déployées dans l'ancienne république yougoslave de Macédoine afin de participer à l'opération Essential Harvest menée sous l'égide de l'OTAN ont aussi été renforcées par du personnel du Groupe des opérations interarmées, qui leur ont fourni les éléments de soutien et de commandement nécessaires, notamment le commandant de la Force interarmées.

En outre, le Groupe des opérations interarmées aura un rôle à jouer en ce qui a trait au commandement et au soutien nationaux de nos forces dans la région du Golfe. Et, bien sûr, nous devrons améliorer notre capacité de faire face aux menaces asymétriques, qu'il s'agisse de cyberterrorisme, d'activités terroristes comme celles qui sont survenues le 11 septembre, ou d'autres menaces qui représenteront un défi pour nous.

En outre, de plus en plus d'officiers supérieurs des Forces canadiennes occupent les postes de commandement opérationnel les plus élevés lors d'opérations interalliées menées à travers le monde.

Parmi les fonctions de commandement supérieur qui ont été attribuées à des commandants d'expérience au cours des deux dernières années, mentionnons entre autres le commandement de la Division multinationale (sud-ouest) en Bosnie, le commandement de la Force mobile alliée (Terre) en Allemagne, et le commandement de la Force navale permanente de l'Atlantique de l'OTAN.

Pour collaborer avec nos alliés, il nous faut non seulement continuer d'assumer ces responsabilités, mais aussi continuer d'exceller à cet égard.

Prenons par exemple les plus récents déploiements auxquels nous avons participé dans le golfe Arabo-Persique. Les NCSM Charlottetown et Winnipeg ont travaillé en très étroite collaboration avec les Américains et d'autres pays afin d'aider au maintien de l'embargo contre l'Irak.

Le commandant du NCSM Winnipeg a aussi rempli pendant une courte période les fonctions de commandant sur place pour toutes les ressources navales de la coalition fournies à la Force multinationale d'interdiction dans le secteur nord du golfe Arabo-Persique. C'était la première fois qu'un Canadien se voyait confier ce rôle.

L'amiral américain qui commandait cette mission a d'ailleurs rendu un vibrant hommage aux équipages des deux bâtiments, dont la force s'est montrée efficace partout dans la région.

L'Opération Force alliée menée au Kosovo est un autre récent exemple de l'importance d'être très compétent pour mener des opérations interarmées et interalliées. Une fois de plus, nous avons connu énormément de succès, nos pilotes de CF-18 ayant dirigé plus de 50 p. 100 des sorties de combat air-sol auxquelles ils ont participé.

Comme vous le savez, nous déployons présentement quelque 2 000 autres militaires au Moyen-Orient à titre de contribution à la coalition dirigée par les États-Unis, dans le cadre de la campagne contre le terrorisme.

Une importante partie de cette force, le Groupe opérationnel naval du Canada, quittera Halifax demain pour se rendre dans le golfe Arabo-Persique, où il servira aux côtés de la Marine américaine et d'autres forces alliées.

Comme toujours, dans le contexte des opérations interalliées, l'interopérabilité demeure un élément primordial. Nous ne pourrions contribuer de façon appréciable aux missions si nous n'étions pas déjà en mesure de nous intégrer parfaitement à la formation alliée.

Nous continuerons à chercher des moyens d'améliorer cette interopérabilité, particulièrement avec les États-Unis, et d'assurer la compatibilité non seulement sur les plans de la technologie et de l'équipement, mais aussi sur ceux de l'instruction, de la doctrine et des procédures.

Nous devrons aussi tirer profit des innovations que les progrès technologiques et la révolution dans les affaires militaires nous permettent de réaliser afin de moderniser nos forces.

Comme nous disposons de ressources limitées, nous devrons choisir judicieusement le genre de ressources terrestres, maritimes et aérospatiales dont nous avons besoin.

Mais nous devons faire plus qu'acquérir de nouvelles technologies. Nous devons aussi élaborer et tester de nouveaux concepts en vue de l'emploi et de l'intégration de ces technologies. (L'utilisation de véhicules aériens télépilotés par exemple).

L'établissement du Centre d'expérimentation des Forces canadiennes nous aidera à y parvenir : tester et valider les développements technologiques en vue de déterminer ceux qui répondront le mieux aux besoins futurs des Forces canadiennes.

Je dirai en terminant que les Forces canadiennes que j'ai aujourd'hui le privilège et l'honneur de commander sont très différentes de celles dans lesquelles je me suis enrôlé il y a 33 ans. Et dans 33 ans, les Forces canadiennes seront très différentes de celles que nous connaissons aujourd'hui.

Je suis plus que tout convaincu que les Forces canadiennes constituent une force hautement professionnelle dotée de moyens de défense très variés, une force véritablement polyvalente et apte au combat.

Mais les événements du 11 septembre, et la réaction de la communauté internationale, nous ont montré que nous devons poursuivre nos efforts afin de nous adapter à un nouveau contexte de sécurité.

Mon rôle est de veiller à maximiser le potentiel de nos forces actuelles et de jeter les bases des capacités futures, de manière que les Forces canadiennes soient en mesure de défendre le Canada, ses intérêts, ses valeurs, et de contribuer à la paix et à la sécurité internationales dans les années à venir.

Je sais que je peux compter sur votre soutien dans notre travail commun pour atteindre ces objectifs.

Je m'arrête ici. Je vous remercie de votre attention et je suis prêt à répondre à vos questions.

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