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Marine Canadienne












Enjeux stratégiques
Enjeux et défis

Énoncé de la politique de défense

L’énoncé De La Politique de défense : Conséquences pour la Marine Canadienne

COMMENTAIRE : PUBLICATION DU ROYAL CANADIAN MILITARY INSTITUTE

M. Richard Gimblett - Mai 2005

Richard Gimblett, après 27 ans de service dans la Marine canadienne, a entrepris une carrière d’historien indépendant et d’analyste des politiques de défense. Dans la Marine, il a servi sur des navires de diverses classes et sur les deux côtes, notamment comme officier de combat à bord du NCSM Protecteur pendant la première guerre du Golfe, en 1991. Il est co-auteur du récit officiel de la participation canadienne à la guerre du Golfe, un ouvrage publié sous le titre de Opération FRICTION : Golfe Persique 1990-1991. Le rôle joué par les Forces canadiennes (Dundurn, 1997). Sa dernière affectation fut à la Direction de la stratégie maritime, où il a participé à la rédaction de Point de Mire : Stratégie de la Marine pour 2020 (DND, 2001). Il est également chercheur attaché au Centre for Foreign Policy Studies (CFPS) de l’Université Dalhousie, et l’un des professeurs invités au Collège des Forces canadiennes. Son dernier livre s’intitule Opération APOLLO : L’âge d’or de la Marine canadienne dans la guerre au Terrorisme (Magic Light, 2004).

 

La première réaction qu’a suscité l’Énoncé de la politique de défense du Canada (EPD) était qu’il s’agissait essentiellement d’un document « pro-Armée », et par conséquent, « peu favorable » aux autres services. Les analyses qui abondent dans ce sens révèlent une erreur d’interprétation fondamentale de l’EPD, voire de l’entière situation de la défense au Canada. L’EPD suggère une réorganisation radicale des Forces canadiennes, qui sera favorable ou défavorable aux services, selon qu’ils la considèrent ou non comme une occasion de mettre en place une réforme fondamentale depuis longtemps nécessaire pour s’adapter au contexte changeant de la sécurité mondiale. D’un point de vue naval, l’EPD est un document pro-Armée seulement dans la mesure où il fournit la logique qui nous permettra de rendre notre force terrestre plus efficace, pertinente et souple. Pour ce faire, il faut absolument posséder une gamme de capacités navales bien équilibrées. 

Essentiellement, l’Énoncé de la politique de défense suit la logique de la propre vision stratégique de la Marine, exprimée dans Point de mire. Publié durant l’été 2001, un mois à peine avant que le monde ait prétendument « basculé », Point de mire a été interprété généralement (et de façon simpliste) comme étant la raison d’être d’une marine expéditionnaire apte à prendre le commandement de forces coalisées  à l’autre bout du monde, ce qui est d’ailleurs le rôle qu’a par la suite rempli avec succès la Marine canadienne durant l’opération Apollo, notre contribution de deux ans à la lutte contre le terrorisme dans la mer d’Oman, l’opération Enduring Freedom. Une lecture plus approfondie de Point de mire révèle cependant qu’on reconnaît que pour avoir le contrôle sur la mer au 21e siècle, il faut que nos opérations navales se fassent dans les zones littorales (interface entre la terre et la mer), plutôt qu’en pleine mer. Le document aborde donc, par conséquent, la transformation de la Marine, afin qu’elle puisse peut-être mieux contribuer à influer sur le cours des interventions militaires sur terre, un autre thème sous-jacent de l’EPD.

Les adeptes de « la défense du territoire avant tout » gagneraient à faire une lecture attentive de Point de mire. Ils verraient alors que la défense du territoire y est définie comme une des grandes responsabilités de la Marine. Le sujet a été très peu élaboré cependant, car avant les événements du 11 septembre, peu de gens croyaient que notre sécurité intérieure pouvait en fait être menacée. De fait, Point de mire fait mention de l’environnement de menace croissante (nommant expressément Ousama ben Laden) et précise que puisque nos zones maritimes de responsabilités extracôtières immédiates sont vastes et les conditions rigoureuses, notre sécurité repose sur un ensemble interrelié de plates-formes aériennes, de surface et sous-marines, formé principalement de navires robustes et à long rayon d’action. Toute marine canadienne, même si elle n’est établie que pour protéger la sécurité intérieure, doit par définition pouvoir naviguer sur les océans et ainsi, être apte à participer à des opérations expéditionnaires, à la demande du gouvernement, lorsque le risque de menace au pays est faible.

Précisément, puisque Point de mire avait anticipé les changements actuels des environnements de sécurité intérieure et internationale, les répercussions des événements du 11 septembre n’ont aucunement changé la philosophie fondamentale exprimée dans le document.

Point de mire fait actuellement l’objet d’une mise à jour et il sera publié prochainement sous le titre La sécurisation des frontières maritimes du Canada : Le cap donné par Point de mire. Cette mise à jour reflètera certains de nos changements de perception relativement à l’environnement de sécurité depuis le 11 septembre 2001. On peut avancer cependant que l’ensemble des Forces canadiennes suivront la transformation amorcée par la Marine durant les années 1990. Cela ne signifie pas pour autant que la Marine n’aura pas à procéder à certains changements pour adopter la nouvelle philosophie, tant sur le plan de ses opérations que de la structure de sa flotte. Comme il est précisé dans l’EPD, la Marine sera grandement touchée par la transformation. Les changements ne seront toutefois pas incompatibles avec le besoin, toujours d’actualité, de maintenir une flotte bien équilibrée et apte au combat et une infrastructure robuste de soutien à terre.

De fait, les capacités existantes de la Marine canadienne permettent d’accélérer la réorganisation prévue. Par exemple, l’initiative de transformation principale décrite dans l’EPD touche la restructuration du commandement et du contrôle des Forces canadiennes pour former un  « Commandement Canada » national unifié. Le Chef d’État-major de la Défense, le Général Rick Hillier, a fixé l’objectif ambitieux de faire de ce Commandement une capacité tout à fait opérationnelle d’ici 2010, à temps pour les Jeux Olympiques d’hiver de Vancouver. Il s’agit d’un scénario fait sur mesure pour les forces intégrées navales, aériennes, terrestres et d’opérations spéciales prévues. Dans le but d’étudier plus attentivement les besoins, le Général Hillier a proposé de faire une expérience l’an prochain (en 2006) auprès des Forces maritimes de l’Atlantique (FMAR(A)). Il s’agit d’un site de choix, étant donné l’élargissement du mandat du quartier général de la côte Est, qui va devenir le Centre d'opérations de la sûreté maritime (COSM) multiorganismes, dont feront partie six ministères fédéraux canadiens et la garde côtière des États-Unis. Une étroite coordination est déjà en place avec la Force aérienne pour ce qui est des patrouilles maritimes extracôtières; très peu reste à faire pour développer de meilleurs liens opérationnels avec les établissements de l’Armée à Gagetown.

À plus long terme, la proximité de l’arsenal maritime d’Halifax et de la base aérienne de Shearwater, où on trouve une longue piste et des installations ferroviaires, nous permettra d’établir une zone d’étape précieuse pour les forces terrestres qui se joindront à ce que le Général Hillier nomme affectueusement le « Big Honking Ship » (BHK), (l’énorme navire) – un navire de soutien expéditionnaire capable de transporter une formation de la taille d’un bataillon de 500 à 1 000 militaires et leurs véhicules ainsi que l’approvisionnement de combat. Il est important de préciser que ce navire est distinct du navire de soutien interarmées (NSI), qui remplacera les ravitailleurs vieillissants de la Marine.

Les commentateurs ont encore une fois signale qu’il s’agissait d’un changement radical pour la Marine canadienne, qui nécessiterait une restructuration fondamentale de la flotte et qui est probablement irréalisable. Puisque les Forces canadiennes en sont maintenant à définir les besoins du Canada pour un tel navire, il faudra pour le moment se contenter de l’appellation du Général Hillier. Il est vrai que d’armer en équipage cet énorme navire sera tout un défi, mais il est sûrement possible de le mener à bien si on en croit les plans déjà prévus sur la réorganisation de la flotte. Tout d’abord, les navires américains ou britanniques correspondant à ce que nous pourrions nous procurer ont environ le même tonnage que les porte-avions d'escadre légers que nous avions il n’y a pas si longtemps, ou que les ravitailleurs de la classe Protecteur, qui font actuellement partie de la flotte, ainsi que le même tonnage prévu pour le navire de soutien interarmées (NSI) (respectivement : USS San Antonio,   25 000 tonnes; HMS Ocean, 22 000   tonnes; NCSM Bonaventure, 16 000   tonnes; NCSM Protecteur, 24 000 tonnes;   énoncé de besoins du NSI, 28 000   tonnes). Il semblerait donc possible d’acquérir ce type de navire selon la formule de location avec option d’achat en peu de temps, ce qui permettrait de vraiment commencer à établir une Force opérationnelle de contingence permanente.

De plus, l’acquisition d’un énorme navire ne permet en rien de résoudre une difficulté navale imminente : le remplacement de la capacité de commandement et de contrôle que possèdent actuellement les destroyers de la classe Iroquois (DDG-280). Bien que cette priorité ait également été définie dans l’EPD, le comité des besoins des capacités des FC n’a pas encore prévu le remplacement de ces navires construits il y a 40 ans et qui se détériorent rapidement, puis une fois que le besoin est défini, il faut compter entre 15 et 20 ans pour mettre en œuvre les programmes complexes de remplacement de navire. Le transfert aux frégates de la capacité de commandement et de contrôle durant l’opération Apollo s’est avéré moins que satisfaisante. Assurer la relève des DDH-280 constituera un défi bien réel.

Les vues exprimées dans ce document n'engagent que l'auteur et ne traduisent pas nécessairement celles de l’Institut ou de ses membres.

 


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