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COMMUNIQUÉ DU G8 - OKINAWA 2000
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Okinawa, le 23 juillet 2000
Préambule
- Nous, dirigeants de huit grandes démocraties industrialisées
et Président de la Commission européenne, nous sommes réunis
à Okinawa pour notre 26e Sommet dans l'année qui annonce le
nouveau millénaire. Nous avons réfléchi aux défis
et aux progrès qui, depuis le premier Sommet de Rambouillet, ont marqué
l'oeuvre entreprise en faveur de la paix et de la prospérité
partout dans le monde, et avons discuté du rôle que le G8 devrait
jouer au XXIe siècle.
- Au cours du dernier quart du XXe siècle, l'économie mondiale
a connu une prospérité sans précédent, la guerre
froide a pris fin et la mondialisation a engendré un nouveau sens partagé
de la communauté. Ces développements sont principalement attribuables
à la propagation dans le monde des principes et des valeurs de base
que nous avons constamment préconisés : la démocratie,
l'économie de marché, le progrès social, le développement
durable et le respect des droits de la personne. Nous ne sommes néanmoins
que trop conscients du fait que, même maintenant, la pauvreté
et l'injustice qui règnent dans beaucoup de régions du monde
sapent la dignité humaine et les conflits engendrent de grandes souffrances.
- Comme nous faisons la transition vers le nouveau siècle, nous continuerons
à faire preuve de leadership et de responsabilité pour combattre
ces problèmes persistants et affronter fermement les nouveaux défis,
au fur et à mesure qu'ils se présentent. Nous devons nous attaquer
aux causes profondes du conflit et de la pauvreté. Nous devons hardiment
saisir les occasions que nous offrent les nouvelles technologies dans des
domaines tels que l'informatique, les communications et les sciences de la
vie. Nous devons reconnaître les préoccupations que suscite la
mondialisation, sans pour autant cesser d'innover, afin d'en maximiser les
avantages pour tous. Dans toutes nos entreprises, nous devons nous appuyer
sur nos principes et nos valeurs de base comme fondements d'un monde meilleur
au XXIe siècle.
- Dans un univers sans cesse plus mondialisé, aux défis de
plus en plus complexes, le G8 doit tendre la main aux autres. Nous devons
former un nouveau partenariat avec le reste du monde, et particulièrement
avec les pays en développement, les organisations internationales et
la société civile, y compris le secteur privé et les
organisations non gouvernementales (ONG). Ce partenariat mettra les possibilités
du nouveau siècle à la portée de tous.
- Nous espérons que nos discussions à Okinawa apporteront une
contribution positive au Sommet du millénaire des Nations Unies, que
nous nous attendons à voir formuler, dans l'esprit du rapport «
Nous, les peuples » du secrétaire général, une
vision qui guidera les Nations Unies dans leur action tendant à relever
les défis du XXIe siècle. Nous continuerons, à cet effet,
à travailler pour renforcer l'Organisation et la rendre plus efficace
et efficiente, étant persuadés que des réformes, notamment
au Conseil de sécurité, y sont indispensables.
- Une nouvelle ère est en train de poindre. Avançons tous ensemble,
pleins d'espoir, vers un XXIe siècle caractérisé par
plus de prospérité, de paix de l'esprit et de stabilité.
Vers un XXIe siècle plus prospère
L'économie mondiale
- Le XXe siècle a été témoin de progrès
économiques sans précédent. Toutefois, les crises financières
et économiques des dernières années ont suscité
d'énormes défis à l'économie mondiale. De concert
avec beaucoup de nos partenaires du monde entier, nous avons fait tous les
efforts possibles pour réduire les effets de la crise, encourager la
reprise économique et trouver des moyens de prévenir les bouleversements
futurs, y compris des mesures conçues pour renforcer la structure financière
internationale. L'économie mondiale connaîtra une forte croissance
cette année. Nous sommes particulièrement encouragés
par la vigueur de la reprise dans la plupart des pays touchés par la
crise.
- Même si le rythme de la reprise varie en Asie, le commerce est en
expansion et il n'y a pas de doute que certains pays ont réalisé
une croissance dynamique. Les efforts de réforme doivent maintenant
se concentrer sur le maintien de l'élan dans la restructuration du
secteur des finances et des sociétés, l'amélioration
de la gestion et de la transparence des secteurs public et privé et
le renforcement des filets de sécurité sociale, pour assurer
une croissance ferme et durable et éviter l'instabilité à
l'avenir.
- En dépit des progrès récents de l'économie
mondiale, nous sommes conscients que l'heure n'est pas à la complaisance,
puisque la mondialisation s'intensifie et que la diffusion rapide des technologies
de l'information et des communications (TI) entraîne des changements
structurels fondamentaux dans nos économies. Nous voyons dans l'amélioration
de la productivité aux États-Unis et, dans une moindre mesure,
ailleurs dans le G8 des signes encourageants montrant qu'une nouvelle réalité
se dessine. Mais, pour tirer parti des possibilités qui s'offrent,
nous devons renouveler notre engagement indéfectible en faveur du changement
structurel dans nos propres économies, y compris le renforcement de
la concurrence et une plus grande adaptabilité des marchés du
travail, avec l'aide de politiques macroéconomiques judicieuses.
Les technologies de l'information et des communications (TI)
- Les TI sont habilitantes parce qu'elles offrent des avantages
aux gens et les relient entre eux dans le monde entier. Elles donnent aux
citoyens du monde la possibilité de s'exprimer, de se connaître
et de se respecter les uns les autres. Elles représentent un potentiel
extraordinaire pouvant permettre aux économies de croître encore,
aux pays d'augmenter le bien-être de leurs citoyens et de favoriser
une plus grande cohésion sociale et, partant, à la démocratie
de s'épanouir. Il est donc essentiel que l'accès aux technologies
numériques soit ouvert à tous.
- Nous reconnaissons tout à fait que la mondialisation et les progrès
rapides des TI ont suscité diverses inquiétudes. Nous devons
en tenir compte pour être en mesure de contribuer à une plus
grande paix de l'esprit pour tous. Agissant de concert les uns avec les autres,
nous maximiserons les avantages des TI et veillerons à les étendre
à ceux qui n'y ont actuellement qu'un accès limité. À
cet égard, nous nous félicitons de la contribution du secteur
privé, et notamment celle de l'Initiative du Forum économique
mondial pour l'accès universel au numérique et du Dialogue mondial
des affaires sur le commerce électronique.
- Pour appuyer ces objectifs, nous nous engageons à poursuivre les
buts et les aspirations énoncés dans la Charte d'Okinawa sur
la société mondiale de l'information. Nous établirons
un Groupe d'experts sur l'accès aux nouvelles technologies (GEANT),
auquel nous demanderons de rendre compte, à notre prochaine réunion,
de ses conclusions et recommandations sur l'action mondiale nécessaire
pour combler le fossé international de l'information et de la connaissance.
Le développement
- Le XXIe siècle doit amorcer une ère de prospérité
pour tous. Nous prenons donc l'engagement d'atteindre les objectifs convenus
de développement international, y compris l'objectif primordial de
réduction de la proportion de la population mondiale vivant dans une
pauvreté extrême à la moitié de son niveau de 1990
d'ici 2015. Nous nous félicitons du dépôt du rapport des
banques multilatérales de développement (BMD) et du Fonds monétaire
international (FMI) sur la réduction de la pauvreté, que nous
avions demandé à Cologne et nous attendons avec intérêt
de recevoir un rapport annuel sur la question pour être en mesure d'examiner
chaque année les progrès réalisés dans la lutte
contre la pauvreté dans le monde. Ce rapport nous révèle
qu'il est possible d'atténuer la pauvreté en créant des
conditions propices à la croissance et au développement social.
Il nous rappelle cependant les grands défis qui restent à relever.
Si le pourcentage des pauvres dans les pays en développement est passé
de 29 % en 1990 à 24 % en 1998, il reste encore 1,2 milliard de personnes
qui doivent vivre sur moins d'un dollar par jour, et des différences
marquées subsistent tant à l'intérieur des régions
qu'entre elles. En particulier, beaucoup de pays en développement,
notamment en Afrique, ont une croissance trop lente. La pandémie de
VIH/sida aggrave la situation.
- Comme le rapport l'indique également, beaucoup de pays ont fait
des progrès sensibles dans la lutte contre la pauvreté au cours
du dernier quart de siècle et leur exemple constitue un flambeau d'espoir
pour les autres. Grâce à leur succès, nous avons appris
que la pauvreté peut le mieux être vaincue dans les sociétés
flexibles, pacifiques et démocratiques, qui offrent liberté
et perspectives à tous leurs membres, et qui ont une économie
ouverte et en croissance, un secteur privé dynamique ainsi que des
dirigeants et des institutions solides et responsables.
- Une croissance économique robuste, équitable et largement
répartie est nécessaire pour combattre la pauvreté et
repose sur l'expansion des capacités et des choix des gens. Les gouvernements
doivent, en collaboration avec le secteur privé et une société
civile élargie, jeter les fondations économiques et sociales
d'une croissance largement répartie du secteur privé. Les petites
et moyennes entreprises peuvent, avec les TI, constituer de puissants outils
de développement. Nous travaillerons avec les pays en développement
pour mettre en place des politiques, des programmes et des institutions pouvant
offrir aux gens une chance équitable d'améliorer leur vie. Nous
nous félicitons par conséquent des discussions constructives
qui se sont déroulées à Bangkok dans le cadre de la Xe
Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement
(CNUCED) et travaillerons avec les Nations Unies et d'autres organisations
pour réduire davantage la pauvreté, surtout dans les pays les
moins avancés (PMA).
- Nous nous félicitons également de la coopération accrue
entre l'Organisation internationale du travail (OIT) et les institutions financières
internationales (IFI) en faveur d'une protection sociale adéquate et
de normes fondamentales du travail. Nous exhortons les IFI à inclure
ces normes dans leur dialogue avec les pays membres. De plus, nous soulignons
l'importance d'une coopération efficace entre l'Organisation mondiale
du commerce (OMC) et l'OIT sur les dimensions sociales de la mondialisation
et de la libéralisation du commerce.
- Le commerce et l'investissement sont essentiels pour favoriser une croissance
économique durable et réduire la pauvreté. Nous nous
engageons à donner une plus grande priorité aux activités
de création de capacités reliées au commerce. Nous nous
inquiétons du fait que certaines régions demeurent marginalisées
par rapport à l'investissement direct étranger et que les 48
PMA attirent moins de 1 % de l'ensemble des investissements directs effectués
dans les pays en développement. Nous exhortons les organisations multilatérales
de développement et les institutions financières à appuyer
les efforts déployés par les pays en développement pour
créer un climat propice au commerce et àl'investissement, notamment
grâce au Document de stratégie pour la réduction de la
pauvreté (DSRP) et au Cadre intégré.
- Nous sommes particulièrement préoccupés par les défis
difficiles auxquels font face les PMA, surtout en Afrique. Ces pays sont privés
de l'occasion de partager les fruits de la mondialisation par les effets débilitants,
qui se renforcent mutuellement, des conflits, de la pauvreté et d'une
mauvaise gestion des affaires publiques.
- Nous sommes déterminés à mobiliser les instruments
et les ressources de la communauté internationale afin d'appuyer et
de renforcer les efforts déployés par ces pays pour relever
ces défis, en accordant une priorité particulière à
la promotion d'une répartition équitable des avantages de la
croissance grâce à de saines politiques sociales, notamment dans
les domaines de la santé et de l'éducation. À cette fin,
comme nous l'expliquons en détail plus loin, nous avons convenu de
:
- Faire progresser l'initiative d'allègement de la dette des pays
pauvres très endettés (PPTE);
- Élargir l'accès à nos marchés;
- Renforcer l'efficacité de notre aide publique au développement
(APD);
- Mettre en oeuvre un plan ambitieux de lutte contre les maladies infectieuses,
notamment le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose;
- Donner énergiquement suite aux conclusions du récent Forum
mondial de Dakar sur l'éducation, en veillant à ce que plus
de ressources soient affectées à l'éducation de base;
- Nous efforcer de combler un fossé numérique qui s'élargit
sans cesse;
- Mettre en oeuvre des mesures destinées à prévenir
les conflits, particulièrement en s'attaquant au trafic illicite
des diamants.
- L'aide publique au développement (APD) est essentielle dans la lutte
contre la pauvreté. Nous nous engageons à renforcer l'efficacité
de notre APD pour appuyer l'action des pays dans ce domaine, notamment au
moyen de stratégies nationales de réduction de la pauvreté.
Nous adopterons une approche à long terme qui favorisera les pays dont
les gouvernements auront prouvé leur engagement à augmenter
le bien-être de leur peuple par une gestion responsable et transparente
des ressources consacrées au développement. Pour augmenter l'efficacité
de l'APD, nous sommes déterminés à délier notre
aide aux pays les moins avancés sur la base des progrès accomplis
jusqu'ici au sein de l'Organisation de coopération et de développement
économiques (OCDE) et d'un mécanisme assurant un partage équitable
du fardeau, dont nous conviendrons avec nos partenaires de l'OCDE. Nous croyons
que cet accord devrait prendre effet le 1er janvier 2002. Entre-temps, nous
exhortons les pays qui maintiennent de faibles niveaux de déliement
de l'APD à améliorer leur rendement. Nous chercherons en outre
à montrer au public qu'une APD bien ciblée donne des résultats
et nous efforcerons, sur cette base, d'accorder plus de priorité à
cette aide. De plus, comme une aide bien coordonnée sert mieux les
pays en développement, nous examinerons les moyens d'accroître
cette coordination.
- Nous convenons également, afin de stimuler la croissance, d'accorder
une attention particulière à trois questions : la dette, la
santé et l'éducation.
La dette
- L'année dernière, à Cologne, nous avons
convenu de lancer l'Initiative renforcée en faveur des PPTE afin d'assurer
un allègement plus rapide, plus étendu et plus complet de la
dette, de façon à libérer des fonds à investir
dans les stratégies nationales de réduction de la pauvreté.
Nous nous félicitons de l'appui que la communauté internationale
a accordé à cette initiative l'automne dernier.
- Depuis, bien que d'autres efforts soient nécessaires, des progrès
ont été réalisés dans la mise en oeuvre de l'Initiative
PPTE renforcée. Neuf pays (Bénin, Bolivie, Burkina Faso, Honduras,
Mauritanie, Mozambique, Ouganda, Sénégal et Tanzanie) ont déjà
atteint leur « point de décision » et commencent à
ressentir les avantages de l'Initiative. L'allègement total de la dette
dont ces pays ont ainsi bénéficié devrait atteindre une
valeur nominale de 15 milliards de dollars US (valeur actualisée nette
de 8,6 milliards de dollars US).
- Nous saluons les efforts déployés par les PPTE pour mettre
au point des stratégies complètes qui leur sont propres en vue
de réduire la pauvreté, dans le cadre d'un processus de participation
auquel prend part la société civile. De concert avec d'autres
donateurs, les IFI devraient aider les PPTE à établir des DSRP
et leur offrir une assistance technique pour soutenir la gestion de leurs
ressources financières. Nous nous inquiétons du fait qu'un certain
nombre de PPTE sont actuellement touchés par des conflits militaires
qui entravent les efforts d'atténuation de la pauvreté et retardent
l'allègement de la dette. Nous invitons instamment ces pays à
mettre fin à leur participation aux conflits et à prendre rapidement
les mesures nécessaires pour se prévaloir de l'Initiative PPTE.
Nous convenons d'intensifier nos efforts pour les aider à se préparer
et à prendre les mesures voulues d'allègement de la dette en
demandant à nos ministres de prendre contact au plus tôt avec
les pays en conflit pour les inciter à créer des conditions
propices à leur participation à l'Initiative PPTE. Nous travaillerons
ensemble pour veiller à ce que le plus grand nombre possible de pays
atteignent leur « point de décision », conformément
aux objectifs fixés à Cologne et compte tenu des progrès
des réformes économiques et de la nécessité de
s'assurer que les avantages de l'allègement de la dette sont ciblés
de façon à aider les plus pauvres et les plus vulnérables.
Nous oeuvrerons de concert avec les PPTE et les IFI pour que 20 pays atteignent
leur point de décision dans le cadre de l'Initiative PPTE renforcée
d'ici la fin de l'année. Nous nous félicitons, à cet
égard, de l'établissement du Comité conjoint de mise
en oeuvre de la Banque mondiale et du FMI. Pour notre part, nous encouragerons
des pratiques plus responsables de prêt et d'emprunt pour éviter
que les PPTE ne soient à nouveau écrasés par une dette
insurmontable.
- Nous prenons note des mesures prises pour obtenir des IFI le financement
nécessaire à une mise en oeuvre efficace de l'Initiative PPTE
renforcée et saluons les contributions annoncées, notamment
au Fonds d'affectation spéciale en faveur des PPTE. Nous réaffirmons
notre engagement à libérer le plus tôt possible les ressources
que nous avons promises dans l'esprit d'un partage équitable du fardeau.
La santé
- La santé est essentielle à la prospérité.
Une bonne santé contribue directement à la croissance économique,
tandis qu'une mauvaise santé favorise la pauvreté. Les maladies
infectieuses et parasitaires, et surtout le VIH/sida, la tuberculose et le
paludisme, ainsi que les maladies de l'enfance et les infections communes
menacent d'annuler les effets de dizaines d'années de développement
et de priver toute une génération de l'espoir d'un avenir meilleur.
C'est seulement par des actions soutenues et une coopération internationale
cohérente destinées à mobiliser pleinement des ressources
médicales, techniques et financières nouvelles et existantes
que nous parviendrons à renforcer les systèmes de soins et à
aller au-delà des approches traditionnelles pour rompre le cercle vicieux
de la maladie et de la pauvreté.
- Nous avons consacré d'importantes ressources à la lutte contre
les maladies infectieuses et parasitaires. C'est ainsi qu'avec le concours
de la communauté internationale, nous sommes parvenus aux étapes
finales de l'éradication de la poliomyélite et de la dracunculose
et avons commencé à contrôler l'onchocercose.
- Mais nous devons aller beaucoup plus loin. Nous croyons que les conditions
sont propices à une évolution de la situation internationale
sur le plan de la santé. Les experts s'entendent en général
sur les maladies qu'il faut combattre en priorité et nous disposons
des technologies de base nécessaires pour nous attaquer à l'essentiel
du fardeau sanitaire qui existe. De plus, les dirigeants politiques et d'autres
se rendent compte de plus en plus dans les pays les plus touchés que
la santé est un élément capital du développement
économique. Nous nous félicitons en particulier du succès
de la récente conférence sur le VIH/sida qui s'est tenue à
Durban et de l'importance que les leaders africains, les donateurs, les IFI
et le secteur privé attachent à la lutte contre cette maladie.
- Nous nous engageons, par conséquent, à travailler, dans le
cadre d'un partenariat renforcé, avec les gouvernements, l'Organisation
mondiale de la santé (OMS) et d'autres organisations internationales,
l'industrie (et plus particulièrement les sociétés pharmaceutiques),
les établissements d'enseignement supérieur, les ONG et d'autres
intervenants de la société civile en vue d'atteindre les trois
objectifs critiques suivants des Nations Unies :
- Réduire le nombre de jeunes atteints du VIH/sida de 25 % d'ici
2010 (rapport du 27 mars 2000 du secrétaire général
des Nations Unies à l'Assemblée générale);
- Réduire le nombre de décès dus à la tuberculose
et la prévalence de la maladie de 50 % d'ici 2010 (initiative Halte
à la tuberculose de l'OMS);
- Réduire le fardeau médical relié au paludisme de
50 % d'ici 2010 (initiative Faire reculer le paludisme de l'OMS).
- Pour réaliser ce programme ambitieux, notre partenariat doit viser
à nous permettre de :
- Mobiliser nous-mêmes des ressources supplémentaires et
inviter les BMD à augmenter leur propre aide dans toute la mesure
du possible;
- Donner la priorité à la mise en place de systèmes
de santé équitables et efficaces, à une vaccination
étendue, à des efforts de nutrition et d'administration
d'oligo-éléments ainsi qu'à la prévention
et au traitement des maladies infectieuses;
- Favoriser le leadership politique par un meilleur dialogue de haut
niveau destiné à sensibiliser l'opinion publique dans les
pays touchés;
- Nous engager à appuyer des partenariats innovateurs, faisant
notamment appel aux ONG, au secteur privé et aux organisations
multilatérales;
- Nous efforcer de rendre plus généralement accessibles
et plus abordables, dans les pays en développement, des interventions
économiques, comprenant les principaux médicaments, vaccins,
traitements et mesures préventives qui existent;
- Nous atteler à la question complexe de l'accès aux médicaments
dans les pays en développement et évaluer les obstacles
que doivent affronter ces pays à cet égard;
- Renforcer la coopération de base en matière de recherche
et de développement dans le domaine des nouveaux médicaments,
vaccins et autres produits touchant la santé publique internationale.
- Nous notons avec satisfaction les nouveaux engagements pris à cet
égard. Nous saluons en particulier l'engagement pris par la Banque
mondiale de tripler le financement de l'Association internationale de développement
(ADI) pour la lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose. Nous nous
réjouissons également de la décision récemment
annoncée par des donateurs bilatéraux d'accroître l'aide
dans ce domaine.
- De plus, nous convoquerons une conférence cet automne au Japon pour
parvenir à une entente sur une nouvelle stratégie de contrôle
de nos engagements. La conférence devrait chercher à définir
le fonctionnement de ce nouveau partenariat, les secteurs prioritaires et
le calendrier de mise en oeuvre. La participation des pays partenaires en
développement et d'autres intervenants sera essentielle. L'année
prochaine, nous examinerons les progrès accomplis au Sommet de Gênes.
Nous collaborerons également avec les Nations Unies en vue d'organiser
en 2001 une conférence sur les stratégies pouvant faciliter
l'accès aux soins et au traitement des personnes atteintes du sida.
L'éducation
- 33. Chaque enfant mérite une bonne éducation. Toutefois,
dans certains pays en développement, l'accès à l'éducation
est limité, particulièrement pour les fillettes et les membres
vulnérables de la société. L'éducation de base
n'a pas seulement une valeur intrinsèque. Dans les pays en développement,
elle est essentielle pour résoudre une foule de problèmes qui
se posent. À défaut d'un progrès accéléré
dans ce domaine, il sera impossible de réduire la pauvreté,
et les disparités entre pays et au sein des sociétés
iront croissant. En nous basant sur la Charte de Cologne, nous appuyons le
Programme d'action de Dakar ainsi que les recommandations de la récente
rencontre de suivi de la quatrième Conférence mondiale sur les
femmes et saluons les efforts déployés par les pays en développement
pour mettre en oeuvre d'énergiques plans d'action nationaux. Nous tenons
à réaffirmer l'engagement de veiller à ce qu'aucun gouvernement
ayant sérieusement entrepris d'assurer l'éducation à
tous ses citoyens ne voit ses efforts compromis par un manque de ressources.
- Nous nous engageons par conséquent à renforcer les efforts,
tant sur le plan bilatéral qu'en collaboration avec les organisations
internationales et les donateurs du secteur privé, pour atteindre les
objectifs de l'universalité de l'éducation primaire d'ici 2015
et de l'égalité des sexes dans l'enseignement d'ici 2005. Nous
invitons les IFI, en partenariat avec les pays en développement, à
axer leurs stratégies de réduction de la pauvreté sur
l'éducation et à offrir davantage d'aide aux pays ayant de saines
stratégies d'éducation. Ces stratégies devraient tirer
le plus grand parti possible des avantages potentiels des TI dans ce domaine,
par la voie du téléenseignement si possible et par d'autres
moyens efficaces.
Le commerce
- Le système de commerce multilatéral, qu'incarne
l'OMC et qui représente les réalisations de la communauté
internationale après un demi-siècle d'efforts soutenus destinés
à concrétiser un système de libre-échange réglementé,
offre aux pays membres, aussi bien développés qu'en développement,
d'énormes possibilités commerciales, stimulant ainsi la croissance
économique et favorisant le progrès social. Pour qu'un plus
grand nombre de pays profitent de façon plus tangible de ces avantages,
ce système doit mieux tenir compte des préoccupations légitimes
des pays membres en développement, et surtout des PMA. L'adoption à
Genève du programme à court terme, qui assure la mise en oeuvre
des engagements de l'Uruguay Round, un meilleur accès au marché
pour les PMA, une assistance technique en vue du renforcement des capacités
et une plus grande transparence de l'OMC, marque un progrès initial
important en ce sens, et doit donc être mis à exécution
dans les plus brefs délais. Nous sommes conscients de la nécessité
et de l'urgence d'aller plus loin dans ce domaine, et avons bien l'intention
de le faire. En particulier, à cause de l'importance primordiale du
commerce pour la croissance des pays en développement, il faudrait
élargir considérablement l'aide au renforcement des capacités
liées au commerce, ce qui se traduirait par une participation plus
efficace des pays en développement au système, et surtout par
une exploitation plus complète de l'accès amélioré
aux marchés qui leur est assuré. Nous rendons également
hommage aux initiatives bilatérales et régionales dans ce domaine.
Nous nous engageons à jouer un rôle de premier plan en intensifiant
notre appui aux pays membres en développement au chapitre du renforcement
des capacités, selon leurs besoins particuliers. Nous invitons également
les organisations internationales, y compris l'OMC, la Banque mondiale, le
FMI, le Programme de développement des Nations Unies (PNUD) et la CNUCED
à se joindre à nous dans une entreprise collective visant à
atteindre cet objectif.
- Nous devons veiller au renforcement du système de commerce multilatéral
pour qu'il continue à jouer son rôle crucial dans l'économie
mondiale. Conscients de cette responsabilité, nous nous engageons fermement
à relancer un nouveau cycle de négociations à l'OMC,
avec un ordre du jour ambitieux, équilibré et inclusif, qui
reflète les intérêts de tous les membres de l'OMC. Nous
convenons que l'objectif de telles négociations devrait consister à
améliorer l'accès au marché, à développer
et à renforcer les règles et les disciplines de l'OMC, à
aider les pays en développement à parvenir à la croissance
économique et à l'intégration dans le système
commercial mondial et à faire en sorte que les politiques commerciales
et sociales d'une part, et les politiques commerciales et environnementales
d'autre part soient compatibles et se renforcent mutuellement. Nous convenons
d'intensifier notre coopération étroite et fructueuse afin de
chercher, de concert avec d'autres membres de l'OMC, à lancer un tel
cycle dans le courant de l'année.
- Nous reconnaissons qu'il convient de mettre sur pied un partenariat plus
global pour affronter les défis de la mondialisation. À cet
égard, il faut rendre plus cohérentes les politiques nationales
et internationales et renforcer la coopération entre les institutions
internationales. Nous soulignons également l'importance d'engager nos
publics à instituer un dialogue constructif sur les avantages et les
difficultés de la libéralisation du commerce.
- Il est dans l'intérêt commun d'intégrer toutes les
économies au système de commerce multilatéral. En conséquence,
nous nous félicitons des progrès réalisés en vue
d'assurer l'accession de la Chine à l'OMC et appuyons les efforts d'autres
candidats visant à accéder rapidement à l'Organisation.
La diversité culturelle
- La diversité culturelle est une source de dynamisme social
et économique qui peut enrichir la vie humaine au XXIe siècle
en suscitant la créativité et en stimulant l'innovation. Nous
reconnaissons et respectons l'importance de la diversité dans l'expression
linguistique et créatrice. Nous saluons le travail réalisé
dans ce domaine par les organisations internationales, et en particulier celui
de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et
la culture (UNESCO).
- L'interaction accrue entre les peuples, les groupes et les individus apporte
une plus grande compréhension et une plus grande appréciation
de ce qu'il y a d'intéressant et de bon dans chaque culture. La promotion
de la diversité culturelle renforce le respect mutuel, l'inclusion
et la non-discrimination et combat le racisme et la xénophobie. Nous
réaffirmons notre volonté d'appuyer énergiquement le
travail réalisé par les Nations Unies en prévision de
la Conférence mondiale sur le racisme, qui se tiendra en Afrique du
Sud en 2001. Les premières étapes, pour appuyer la diversité
culturelle, consistent à préserver et à promouvoir le
patrimoine culturel. Nous nous félicitons des efforts déjà
faits pour sauvegarder le patrimoine tangible et souhaitons que d'autres mesures
soient prises pour préserver et promouvoir le patrimoine intangible.
Nous encourageons les programmes visant la protection du patrimoine artistique
mobilier et de la richesse archéologique des pays en développement
ainsi que les projets de l'UNESCO sur les chefs-d'oeuvre du patrimoine oral
et intangible de l'humanité.
- Des rencontres plus fréquentes entre cultures différentes
favorisent une interaction culturelle créatrice. Les TI offrent aux
personnes des perspectives sans précédent de création
et de partage de contenu culturel et d'idées, sur une échelle
mondiale et à peu de frais. L'expérience montre que la diversité
peut susciter la curiosité, engendrer l'initiative et apporter une
contribution utile dans les communautés qui cherchent à améliorer
leurs économies, notamment avec le concours des moyens extraordinaires
que la société de l'information met à leur disposition.
Nous nous efforcerons d'encourager la numérisation du patrimoine culturel
en favorisant, par exemple, l'établissement de liens internationaux
entre les réseaux de musées nationaux, de façon à
élargir l'accès du public.
- Pour maximiser les avantages de l'interaction culturelle, nous devons encourager
nos peuples à apprendre à vivre ensemble, en favorisant l'intérêt,
la compréhension et l'acceptation des cultures différentes.
Nous nous félicitons donc des résultats de la réunion
des ministres de l'Éducation du G8 sur la promotion de l'éducation,
résultats qui encouragent la compréhension des cultures différentes
et la pratique de langues autres que la langue maternelle, et encourageons
les autorités compétentes à intensifier les échanges
d'étudiants, d'enseignants, de chercheurs et d'administrateurs en vue
de doubler le taux de mobilité au cours des dix prochaines années.
Vers un XXIe siècle marqué d'une plus grande paix de l'esprit
La criminalité et les drogues
- Chacun mérite de vivre à l'abri de la menace du
crime. La mondialisation rapide offre de nouvelles possibilités d'épanouissement,
mais elle a également ouvert la voie à l'exploitation criminelle,
qui s'attaque aux règles fondamentales de nos régimes sociaux,
économiques et politiques. Nous réaffirmons notre appui à
l'adoption, d'ici la fin 2000, de la Convention des Nations Unies contre la
criminalité organisée transnationale et des trois protocoles
connexes sur les armes à feu, l'immigration clandestine et le trafic
des personnes, en vue de l'établissement d'un cadre juridique efficace
de lutte contre la criminalité organisée transnationale (COT).
Nous tenons particulièrement à combattre ceux qui organisent
l'immigration clandestine et le trafic d'êtres humains et en tirent
profit. Nous nous réjouissons du travail accompli par le Groupe de
Lyon dans la lutte contre la COT, et lui demandons de nous rendre compte de
ses activités à notre prochaine réunion. Nous appuyons
en outre les résultats de la Conférence ministérielle
du G8 sur la lutte contre la criminalité organisée transnationale
qui s'est tenue à Moscou.
- Nous devons adopter une approche concertée face à la criminalité
technologique, notamment sur Internet, qui menace sérieusement la sécurité
et la crédibilité de la société mondiale de l'information.
Notre approche est exposée dans la Charte d'Okinawa sur la société
mondiale de l'information. Dans la mise en application de cette Charte, nous
favoriserons le dialogue avec l'industrie, en particulier à la réunion
conjointe d'octobre à Berlin. Nous nous félicitons des résultats
du Dialogue entre les pouvoirs publics et le secteur privé sur la sécurité
et la confiance dans le cyberespace, qui a eu lieu à Paris, ainsi que
de l'état d'esprit qu'il a contribué à établir
et attendons avec intérêt la deuxième réunion de
haut niveau sur la criminalité technologique, qui doit se tenir avec
l'industrie au Japon.
- Nous réaffirmons notre préoccupation devant l'accroissement
de la menace mondiale posée par le trafic et la consommation de drogues
illicites. Nous demeurons résolus à réduire la demande
dans nos propres pays et à contrer la menace découlant de la
production et du trafic mondiaux de la drogue. Nous travaillerons avec d'autres
pays, le système des Nations Unies et d'autres groupes à la
réduction de l'offre et de la demande. Nous appuierons les initiatives
régionales tendant à mettre un terme à la production
et au trafic des narcotiques. Nous préconisons la mise en oeuvre universelle
des conclusions de la session extraordinaire des Nations Unies de 1998 sur
la lutte contre le problème mondial des drogues. Nous sommes déterminés
à renforcer la coopération internationale dans le but de :
- Combattre le détournement de produits chimiques précurseurs
en vue de la production de drogues illicites;
- Faire face à la nouvelle menace croissante due aux amphétamines
et à d'autres drogues synthétiques, et convoquerons une
réunion spéciale d'experts en drogues d'ici la fin de l'année;
- Accélérer le rythme des travaux sur la confiscation des
biens;
- Examiner l'économie mondiale des drogues illicites, au cours
d'une conférence internationale qu'accueillera le Royaume-Uni.
- Le crime financier, y compris le blanchiment de l'argent, représente
une grave menace pour nos économies et nos sociétés.
Nous proclamons donc notre engagement à prendre toutes les mesures
nécessaires, à l'échelle aussi bien nationale qu'internationale,
pour combattre efficacement le crime financier conformément aux normes
internationales.
- Nous renouvelons notre engagement à combattre la corruption. Nous
soulignons la nécessité de la transparence des gouvernements
à cet égard et lançons un appel en vue de la ratification
et de l'application par toutes les parties signataires de la Convention de
l'OCDE sur la lutte contre la corruption d'agents publics étrangers
dans les transactions commerciales internationales. Travaillant de concert
avec d'autres pays, nous préparerons, aux Nations Unies, le lancement
de négociations sur un nouvel instrument contre la corruption et donnerons
instruction au Groupe de Lyon de poursuivre ses travaux dans ce domaine. Nous
considérons le deuxième Forum mondial qui se réunira
aux Pays-Bas comme une réaction continue à l'appel que nous
avons lancé à Birmingham.
- Pour mieux enquêter sur les crimes et poursuivre les criminels, une
plus grande coopération judiciaire est nécessaire. Nous ordonnons
donc à nos experts de trouver les moyens d'assurer cette coopération.
- Nous devons prêter notre concours aux efforts de création
de capacités dans les pays les plus vulnérables, pour renforcer
leur appareil de justice pénale et empêcher les groupes criminels
de menacer leurs structures sociales, économiques et politiques et
d'en faire des moyens d'échapper au cadre mondial de lutte contre le
crime.
- Dans ce combat, nous devons en même temps protéger les groupes
vulnérables et les jeunes et prendre un soin particulier des victimes.
Nous réaffirmons le besoin d'une coopération efficace entre
les pouvoirs compétents et la nécessité de prendre des
mesures de concert avec la société civile.
Le vieillissement des populations
- Le vieillissement progressif de nos populations nous impose de
repenser le concept conventionnel du cycle de vie en trois étapes successives
d'éducation, de travail puis de retraite. Comme la vitalité
de nos sociétés dépend de plus en plus de la participation
active des personnes âgées, nous devons favoriser l'établissement
de conditions économiques et sociales, y compris les développements
reliés aux TI, qui permettent aux personnes de tous les âges
de maintenir une pleine intégration sociale et de décider librement
de leur façon de réagir et de contribuer à la société
et d'en retirer de la satisfaction. Le concept du « vieillissement actif
» discuté au Sommet de Denver demeure un principe directeur de
cette initiative.
- Le principal défi à cet égard consistera à favoriser
une culture capable d'apprécier l'expérience et les connaissances
qui viennent avec l'âge. À cette fin :
- Nous ferons d'autres efforts pour supprimer les facteurs non fondés
qui découragent les gens n'ayant pas encore atteint l'âge
de la retraite de continuer à faire partie de la population active;
- Nous combattrons les préjugés professionnels fondés
sur l'âge;
- Nous favoriserons l'acquisition continue du savoir pour inciter les
gens à demeurer actifs durant la transition accélérée
vers la société de l'information;
- Nous chercherons à définir des politiques sur le vieillissement,
qui permettent de conserver une grande qualité de vie;
- Nous nous efforcerons d'intensifier les recherches transnationales
pertinentes, y compris les études longitudinales comparables;
- Nous collaborerons avec le secteur privé et la société
civile pour encourager la participation des personnes âgées
à des activités communautaires et bénévoles.
- Dans la poursuite de ces objectifs, nous continuerons à attacher
de l'importance à la coopération internationale et au dialogue
sur les politiques et à encourager l'OCDE à poursuivre ses travaux
dans ce domaine.
- Nous attendons avec intérêt la tenue en Italie, en novembre,
de la réunion des ministres du Travail et des Affaires sociales du
G8.
Sciences de la vie
La biotechnologie et la sécurité des aliments
- Le maintien de systèmes nationaux efficaces garantissant
la sécurité des aliments et de la crédibilité
de ces systèmes aux yeux du public revêt une importance critique
dans la politique gouvernementale. Nous nous sommes engagés à
poursuivre nos efforts pour adapter les systèmes à la sensibilité
croissante du public aux questions de sécurité des aliments,
aux risques associés aux aliments, au rythme accéléré
des progrès de la biotechnologie et à l'intensification des
mouvements transfrontaliers de produits alimentaires et agricoles.
- L'adoption d'une approche fondée sur la science et sur des règles
demeure un principe clé de notre action dans ce domaine. Il importe
donc d'accélérer le travail accompli par des instances internationales
en vue d'élaborer et de perfectionner une telle approche. Nous attachons
en particulier une grande importance aux travaux de la Commission du Codex
Alimentarius (CCA), qui est le principal organe de normalisation en matière
de sécurité des aliments, et encourageons le Groupe de travail
spécial intergouvernemental sur les aliments issus de la biotechnologie
de la CCA à produire un rapport provisoire portant sur des questions
de fond avant d'arriver au terme de son mandat en 2003. Nous appuyons également
les efforts déployés par le Comité du Codex sur les principes
généraux, afin de réaliser un plus large consensus mondial
sur les précautions à prendre en matière de sécurité
des aliments quand l'information scientifique disponible est incomplète
ou contradictoire.
- Le dialogue sur les politiques, auquel doivent participer tous les intervenants
des pays tant développés qu'en développement, doit s'intensifier
afin de renforcer la protection de la santé, de faciliter le commerce,
de veiller à un sain développement de la biotechnologie et de
susciter la confiance des consommateurs et l'acceptation du public. Le rapport
du Groupe spécial de l'OCDE sur la sécurité des aliments
ainsi que les activités du Groupe de travail pour la sécurité
des nouveaux aliments et provendes et du Groupe de travail sur l'harmonisation
de la surveillance réglementaire de la biotechnologie représentent
une étape utile dans cette direction. Nous nous félicitons en
outre des autres travaux que les ministres de l'OCDE ont convenu d'entreprendre.
Nous notons avec satisfaction que l'OCDE poursuivra son activité analytique
et continuera à jouer un rôle efficace dans le dialogue international
sur les politiques relatives à la sécurité des aliments,
en maintenant ses rapports avec la société civile et en cherchant
à partager le fruit de son travail dans ce domaine avec des pays extérieurs
à l'Organisation. Compte tenu de ses avantages comparatifs, le travail
de l'OCDE complétera efficacement les activités d'autres organisations
internationales, et notamment l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation
et l'agriculture (FAO) et l'OMS. Nous encourageons également la FAO
et l'OMS à organiser périodiquement des rencontres internationales
des responsables de la réglementation de la sécurité
des aliments pour faire progresser le processus de consultation publique fondé
sur la science.
- En poursuivant ce dialogue, nous accorderons une attention particulière
aux besoins, aux perspectives et aux contraintes des pays en développement.
Nous chercherons à renforcer notre appui à la création
chez eux de capacités pouvant leur permettre de tirer parti du potentiel
de la biotechnologie et encouragerons la recherche et le développement
ainsi que le partage de données et d'information sur les technologies,
y compris celles qui sont reliées aux questions mondiales de sécurité
alimentaire, de santé, de nutrition et d'environnement et qui sont
adaptées aux conditions particulières de ces pays.
- Des consultations ouvertes et transparentes avec tous les intéressés,
y compris les représentants de la société civile, s'appuyant
sur une compréhension scientifique commune, constituent un élément
clé d'un système crédible de sécurité des
aliments et des produits agricoles. Nous avons pris note de la proposition
visant l'établissement d'un comité international indépendant,
qui a été avancée à la récente Conférence
de l'OCDE à Édimbourg. En nous basant sur le succès de
cette conférence, nous rechercherons, en consultation avec les organisations
internationales et les organismes intéressés, y compris les
académies des sciences, des moyens d'intégrer les connaissances
scientifiques les plus avancées dans le processus de formation d'un
consensus international sur la biotechnologie et d'autres aspects de la sécurité
des aliments et des produits agricoles.
Le génome humain
- Les réalisations des sciences de la vie améliorent
sans cesse notre qualité de vie. Les progrès extraordinaires
réalisés dans le domaine médical vont créer des
perspectives sans précédent pour l'humanité, qu'il faudra
concrétiser en tenant compte des principes de la bioéthique.
- L'annonce de l'établissement d'une carte presque complète
du génome humain, qui est en soi une découverte historique,
constitue une autre étape remarquable et bénéfique de
ce développement.
- Nous considérons que l'établissement de cette carte revêt
une importance critique pour l'humanité dans son ensemble et lançons
un appel en vue de la publication rapide de toutes les données fondamentales
brutes sur les séquences de l'ADN humain. Nous soulignons également
l'importance de la poursuite de la recherche au-delà du séquençage
du génome humain sur la base d'une collaboration multilatérale.
- Nous reconnaissons la nécessité d'une protection équilibrée
et équitable de la propriété intellectuelle relative
aux inventions génétiques, fondée dans la mesure du possible
sur des pratiques et des politiques communes. Nous encourageons d'autres efforts,
auprès des instances internationales compétentes, en vue de
réaliser une vaste harmonisation des politiques concernant les brevets
d'invention dans le domaine de la biotechnologie.
L'environnement
- Nous devons tous oeuvrer en vue de transmettre un environnement
propre et sain à nos enfants et nos petits-enfants. Nous nous réjouissons
à cet égard des résultats de la réunion des ministres
de l'Environnement du G8 à Otsu. Nous saluons également la conclusion
du Protocole de Cartagène sur la biosécurité et encourageons
les parties intéressées à faire en sorte qu'il puisse
entrer en vigueur le plus tôt possible.
- Nous nous efforcerons, avec tous nos partenaires, de préparer un
ordre du jour orienté sur l'avenir pour le 10e anniversaire de la Conférence
de Rio, en 2002. Nous nous sommes engagés à collaborer étroitement
entre nous et avec les pays en développement pour résoudre le
plus tôt possible toutes les grandes questions qui demeurent en suspens,
en vue d'une mise en vigueur rapide du Protocole de Kyoto. Nous sommes déterminés,
à cette fin, à veiller au succès de la sixième
Conférence des parties à la Convention-cadre sur les changements
climatiques, afin d'atteindre les objectifs du Protocole de Kyoto grâce
à l'adoption de mesures intérieures énergiques et de
mécanismes assurant une plus grande flexibilité.
- Le fait de travailler ensemble et avec les institutions existantes pour
encourager et faciliter l'investissement dans le développement et l'exploitation
des énergies renouvelables, grâce à des conditions intérieures
propices, nous aidera à pallier les problèmes du changement
climatique et de la pollution atmosphérique. En particulier, le recours
accru aux sources d'énergie renouvelables améliorera la qualité
de la vie, surtout dans les pays en développement. Nous invitons donc
tous les intervenants à déterminer les obstacles au relèvement
du niveau d'offre et de distribution des énergies renouvelables dans
les pays en développement et les moyens de les surmonter. Nous invitons
également les intervenants à participer à un groupe de
travail qui présentera à notre prochain Sommet des recommandations
concrètes sur les meilleurs moyens d'encourager l'utilisation d'énergies
renouvelables dans les pays en développement.
- Nous approuvons pleinement les conclusions de nos ministres des Affaires
étrangères concernant la gestion durable des forêts. À
cet égard, nous attachons une importance particulière aux projets
pouvant aider les collectivités indigènes et locales à
pratiquer une telle gestion. Nous examinerons en outre les meilleurs moyens
de combattre l'exploitation illicite des forêts, y compris les pratiques
d'exportation et d'achat.
- Les politiques de crédit à l'exportation peuvent avoir des
effets très marqués sur l'environnement. Nous nous réjouissons
de l'adoption du plan de travail de l'OCDE qui doit être terminé
en 2001. Nous réaffirmons notre engagement à élaborer
des lignes directrices environnementales communes, fondées sur l'expérience
des BMD dans ce domaine, pour les organismes de crédit à l'exportation,
avant le Sommet de 2001 du G8. Nous coopérerons pour raviver et intensifier
nos efforts destinés à remplir le mandat de Cologne.
- Le renforcement de la sécurité maritime internationale est
capital pour la protection des océans, qui font partie du patrimoine
mondial. Nous collaborerons avec l'Organisation maritime internationale (OMI)
pour accroître la sécurité maritime. Nous appuyons les
efforts déployés par l'OMI pour renforcer les normes de sécurité,
surtout dans le cas des navires transportant des cargaisons dangereuses ou
polluantes et pour vérifier l'application et la mise en vigueur des
normes internationales par l'État du pavillon. Nous appuyons aussi
les efforts déployés par les États côtiers pour
augmenter la sécurité de la navigation et protéger leur
environnement maritime grâce à l'utilisation, au besoin, des
mesures d'acheminement et de rapport sanctionnées par l'OMI. Nous sommes
en faveur d'une réalisation rapide de ces objectifs.
- Nous nous réjouissons des efforts déployés par l'OMI
pour poursuivre la réforme pratique des régimes internationaux
actuels relatifs à la pollution des mers, et en particulier de la Convention
de 1992 sur la responsabilité civile pour les dommages de pollution
par les hydrocarbures et la Convention de 1992 sur l'indemnisation des dommages
dus à la pollution par les hydrocarbures, en ce qui concerne, entre
autres, les limites d'indemnisation.
La sécurité nucléaire
- Nous renouvelons l'engagement pris au Sommet de Moscou, en 1996,
d'accorder la priorité à la sécurité dans l'utilisation
de l'énergie nucléaire et d'établir des normes de sécurité
élevées dans le monde entier. Nous avons convenu de continuer
à coopérer pour favoriser une norme élevée de
sécurité nucléaire. Nous continuons à attacher
la plus haute importance à une mise en oeuvre entière et opportune
de l'Accord de subvention relatif au Compte de la sécurité nucléaire.
Vers un XXIe siècle marqué par une plus grande stabilité
mondiale
La prévention des conflits
- La communauté internationale doit agir rapidement et
efficacement pour prévenir et régler les conflits armés.
Beaucoup de personnes innocentes ont été sacrifiées ou
blessées, de nombreuses économies ont été appauvries
et beaucoup de dégâts ont été infligés à
l'environnement. Dans un monde toujours plus interdépendant, de tels
effets négatifs se propagent rapidement. Il faudrait donc promouvoir,
partout dans le monde, une « culture de prévention ». Tous
les membres de la communauté internationale devraient chercher à
favoriser le règlement pacifique des différends conformément
à la Charte des Nations Unies.
- Nous soulignons l'importance du travail accompli par nos ministres des
Affaires étrangères dans le domaine de la prévention
des conflits depuis leur réunion spéciale à Berlin en
décembre 1999 et les conclusions de leur réunion de juillet
2000 à Miyazaki. Nous nous engageons à travailler en vue de
leur mise en oeuvre, surtout en ce qui concerne le développement économique
et la prévention des conflits, le rôle des enfants et la police
civile internationale. Nous nous inquiétons particulièrement
du fait que les bénéfices tirés du commerce illicite
des diamants ont contribué à l'aggravation du conflit armé
et des crises humanitaires, notamment en Afrique. Nous lançons donc
un appel en vue de la tenue d'une conférence internationale, dont les
résultats seront présentés aux Nations Unies, sur la
base de la résolution 1306 du Conseil de sécurité et,
entre autres, du processus « Kimberley » lancé par le gouvernement
de l'Afrique du Sud, afin d'étudier les approches pratiques à
adopter pour rompre le lien entre le commerce illicite des diamants et le
conflit armé, y compris l'examen d'un accord international sur la certification
des diamants bruts. Il faudra accorder un appui énergique à
la Conférence des Nations Unies sur le commerce illicite des armes
légères sous tous ses aspects, qui doit se tenir l'année
prochaine, pour assurer son succès, y compris la conclusion, le plus
tôt possible, d'une entente concernant le Protocole sur les armes à
feu. Nous invitons la communauté internationale à faire preuve
de retenue dans les exportations d'armes conventionnelles et prenons l'engagement
de travailler ensemble à cette fin. Nous invitons nos ministres des
Affaires étrangères à envisager d'autres mesures efficaces
pour prévenir les conflits.
Le désarmement, la non-prolifération et le contrôle
des armements
- Nous nous félicitons des résultats positifs de
la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération
des armes nucléaires (TNP). Nous sommes déterminés à
appliquer les conclusions auxquelles la Conférence a abouti, y compris
la mise en vigueur rapide du Traité d'interdiction complète
des essais nucléaires (CTBT), ainsi que le commencement immédiat
et la conclusion dans les cinq ans de la négociation du Traité
sur l'interdiction de la production de matière fissile. Nous demeurons
résolus à promouvoir l'adhésion universelle au TNP et
son respect par tous les pays.
- Nous attendons avec impatience l'entrée en vigueur et l'application
complète du Traité sur la réduction des armes nucléaires
stratégiques (START) II et la conclusion de START III dans les plus
brefs délais, tout en considérant que la préservation
et le renforcement du Traité sur la limitation des systèmes
antimissiles balistiques constituent la pierre angulaire de la stabilité
stratégique et le fondement d'autres réductions des armes stratégiques
offensives, conformément aux dispositions du Traité. Nous nous
félicitons de la ratification du CTBT et de START II par la Russie.
- L'élimination et la gestion transparentes, sûres, écologiques
et irréversibles du plutonium militaire non nécessaire à
des fins de défense demeurent d'une importance primordiale. L'entente
sur l'élimination du plutonium conclue entre les États-Unis
et la Russie, que renforce leur déclaration d'intention concernant
la non-séparation du plutonium militaire supplémentaire, constitue
à cet égard un point de repère essentiel. La coopération
entre les pays du G8 a produit des résultats concrets. Notre démarche
suivante devrait tirer parti de cette coopération et des projets internationaux
connexes.
- Notre objectif pour le prochain Sommet est d'élaborer un plan de
financement international pour la gestion et l'élimination du plutonium
conformément à un plan de projet détaillé, ainsi
qu'un cadre multilatéral de coordination de cette coopération.
Nous étendrons notre coopération à d'autres pays intéressés
afin d'assurer un soutien international aussi large que possible, et explorerons
les possibilités de financement tant publiques que privées.
- Nous nous félicitons du renforcement des régimes mondiaux
de prévention de la prolifération des armes de destruction massive
et de leurs vecteurs. Nous reconnaissons également la nécessité
d'examiner et de promouvoir d'autres mesures multilatérales destinées
à freiner la prolifération des missiles. À cet égard,
nous appuyons énergiquement l'important travail effectué dans
le cadre du Régime de contrôle de la technologie relative aux
missiles et examinerons la proposition concernant un système mondial
de surveillance. Nous travaillerons en vue d'augmenter le niveau des contributions
internationales au programme russe de destruction des armes chimiques. Nous
nous engageons à collaborer avec d'autres pour conclure les négociations
sur le Protocole de vérification, afin de renforcer la Convention sur
les armes biologiques, le plus tôt possible en 2001.
Le terrorisme
- Nous réitérons notre condamnation de toutes les
formes de terrorisme indépendamment de leur motivation. Nous sommes
déterminés à les combattre. Nous lançons un appel
en vue d'un renforcement d'urgence de la coopération internationale,
en particulier grâce à des échanges internationaux dans
le domaine du renseignement antiterroriste, à l'amélioration
des mesures contre le financement des activités terroristes et à
une collaboration destinée à traduire les terroristes en justice.
Nous nous réjouissons de l'adoption de la Convention pour la répression
du financement du terrorisme et invitons instamment tous les États
à adhérer aux douze conventions antiterroristes internationales,
de façon à renforcer la coopération internationale dans
la lutte contre le terrorisme.
- Nous sommes profondément préoccupés par l'augmentation
du nombre d'actes terroristes commis, y compris les détournements d'avions
et les prises d'otages. Nous exprimons notre inquiétude devant la poursuite
des activités terroristes dans de nombreuses régions. Nous continuerons
à aborder cette question dans nos contacts bilatéraux, suivrons
soigneusement les développements et maintiendrons une étroite
coopération entre nous.
- Soulignant à cet égard la préoccupation internationale
face à la menace terroriste émanant des territoires afghans
contrôlés par le Taliban, nous demandons une application complète
de la résolution 1267 du Conseil de sécurité des Nations
Unies.
Le prochain Sommet
- Nous avons accepté l'invitation du Premier ministre de
l'Italie à nous réunir à Gênes l'année prochaine.
Entre-temps, pour améliorer les communications, nous avons convenu
d'établir entre nous un réseau de courrier électronique.
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