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Les aventures de Rafale
Quand la forêt affiche ses couleurs
L'automne arrivé, j'aime contempler les teintes
flamboyantes qui colorent le paysage. Quel moment magique! Parée d'une variété
de jaunes, de rouges et de verts, la forêt scintille sous les rayons du soleil.
Nous parcourons les sentiers du parc du Mont-Orford en Estrie, mon cousin Robin
et moi, munis de nos appareils photo.
C'est une
journée idéale pour faire une randonnée en
forêt et admirer les couleurs
de l'automne!
Tu
parles! Moi, peu importe la saison, l'air pur de la forêt m'appelle!
Tu es comblé
Robin des bois! Le Québec est couvert de forêts sur près de la moitié de
son territoire.
Et
crois-moi, j'en profite au maximum!
Dis-moi, qui
est propriétaire de tous ces grands espaces verts?
Plus de
90 % de ces forêts appartiennent à la population québécoise. C'est le
gouvernement du Québec qui veille à la conservation et à la protection de nos
forêts publiques. Te rends-tu compte de la richesse collective que représentent
ces vastes étendues pour le Québec?
Oui, bien
sûr. Le bois qu'on y récolte est une
matière première dont on ne pourrait
plus se passer. C'est un matériau de base pour la construction d'habitations et
de meubles, et pour la fabrication de papiers de toutes sortes.
C'est
certain, Rafale. Les biens matériels que nous procure l'exploitation
de cette ressource sont devenus essentiels. Pourtant, il ne faudrait pas oublier que
la simple présence de forêts naturelles sur notre territoire constitue une
importante richesse collective à préserver. Sais-tu ce qu'est une
aire protégée?
Le bouleau jaune : l'arbre emblématique du Québec Afin de rappeler le rôle essentiel de la forêt au Québec, le bouleau jaune a été choisi comme arbre emblématique. Il est l'un des trois emblèmes qui représentent le Québec. La forêt du sud du Québec figure parmi les endroits où l'on compte le plus de bouleaux jaunes au monde. Cette essence, communément appelée « merisier », a été présente dans la vie des Québécois tout au cours de l'histoire et l'est encore aujourd'hui. Le bois du bouleau jaune, résistant et de grande qualité, est très apprécié pour la fabrication de meubles et pour une variété d'autres usages. Cette espèce se distingue facilement par son écorce mince, d'un brun jaunâtre, qui se détache en minces rubans horizontaux. Pour en connaître davantage sur les emblèmes du Québec :
La
page Internet du gouvernement du Québec Symboles et emblèmes : |
Oui, j'ai eu
l'occasion de visiter le parc national du
Mont-Mégantic et la réserve
naturelle des Marais-du-Nord, en bordure du lac Saint-Charles, à Québec. Ici
également, au parc du Mont-Orford, nous sommes en plein cœur d'une aire
protégée.
C'est
exact! Alors tu dois savoir que l'exploitation forestière est interdite à
l'intérieur des aires protégées, pour que la
biodiversité de ces milieux
naturels soit préservée. Nos forêts subissent les pressions d'une forte demande
provenant de l'industrie forestière. L'équilibre entre l'exploitation de la
ressource naturelle et la protection des
écosystèmes représente donc
un défi de taille.
C'est tout
un défi! Nous dépendons tous de cette ressource! Que ferait-on sans bois ni
papier?
En
effet, ces produits font vraiment partie de notre quotidien. Tu n'imagines pas
tout ce qu'il est possible de fabriquer à partir d'un arbre. On estime à environ
10 000 le nombre de ses produits et sous-produits.
Vraiment? Tu
n'en rajoutes pas un peu?
Pas du
tout! Mais j'admets que l'origine de certains produits est plus difficile à
déceler. Par exemple, avec des pâtes de bois, on fabrique des matières textiles
comme la rayonne et l'acétate. De la colle et même des solvants à peinture sont
conçus à partir de la
matière ligneuse de certaines
essences d'arbres.
Des huiles essentielles extraites de résineux sont utilisées dans la
fabrication de médicaments, de parfums et de produits d'entretien.
Et le sirop
d'érable!
Ah oui!
C'est un produit typique de nos forêts! La
sève de l'érable à sucre nous procure tous les printemps une nouvelle provision de gourmandises. Cette essence
d'arbre domine les forêts feuillues des régions du sud du Québec.
Qu'est-ce
qui fait que les érables à sucre se retrouvent en plus grand nombre dans ces
régions?
C'est
avant tout le climat qui détermine la présence d'espèces spécifiques dans
une région donnée. On pourrait même comparer la forêt à un thermomètre.
Tu veux dire
que si, par exemple, l'érable à sucre est l'essence dominante dans une région,
je pourrai alors avoir une idée des conditions de température de cette région?
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Source : Carte et légende extraites du document Zones de végétation et domaines bioclimatiques du Québec, publié par le ministère des Ressources naturelles et de la Faune. |
C'est
exactement ça! Les experts en foresterie ont identifié plusieurs zones de forêts
distinctes sur le territoire du Québec. Comme tu peux l'observer sur cette
carte, le découpage en zones, en sous-zones et en domaines est
révélateur de la distribution des forêts. L'étagement en bandes horizontales
montre bien que la végétation varie en fonction de la température : les
changements se manifestent selon la
latitude.
Explique-moi
un peu ce découpage!
Je
résume. Tu sais que les conditions climatiques deviennent de plus en plus rudes
à mesure qu'on se déplace vers le nord : les températures baissent et les
précipitations diminuent. Les forêts de
conifères de la zone boréale sont mieux adaptées au froid. Elles se
situent donc au nord des forêts feuillues (ou
décidues) et des forêts mélangées (ou mixtes) de la zone tempérée nordique.
Sur les territoires encore plus au nord, ceux de la zone arctique, les arbres
sont absents; ils sont remplacés par une végétation au ras du sol. Seules
quelques dizaines d'espèces d'arbustes et de plantes
herbacées y
survivent.
Qu'est-ce
qui fait que les conifères supportent mieux le froid?
Leurs
feuilles, des aiguilles ou des écailles, sont plus résistantes. De forme réduite
et recouvertes d'une couche protectrice de cire, elles retiennent mieux l'eau.
Cette caractéristique permet aux feuilles des conifères de subsister tout
l'hiver, tandis que les feuillus, qui perdent leurs feuilles à l'automne, sont
en période de dormance durant l'hiver. La forme conique des résineux les rend
aussi plus résistants aux forts vents et aux accumulations de neige. Les
conifères sont donc mieux adaptés que les feuillus pour survivre un peu plus au
nord, dans la forêt boréale.
La latitude
est-elle le seul facteur qui influence la répartition des espèces d'arbres?
Non,
mais c'est le plus évident. Les autres facteurs qui agissent sur la distribution
des espèces sont la nature du sol et le relief. L'altitude est
déterminante également, car les conditions climatiques au sommet d'une montagne
imitent souvent celles de latitudes plus au nord.
C'est tout?
Est-ce que les feux de forêt et les épidémies d'insectes ont une influence sur
la distribution des espèces?
J'oubliais.
En effet, ces perturbations ont des effets très importants sur les peuplements
forestiers. Des forêts entières sont renouvelées à la suite d'incendies.
Quel
désastre!
Oui,
mais ces perturbations, quand elles sont d'origine naturelle, font partie de la
dynamique des écosystèmes forestiers. Les feux, par exemple, sont fréquents dans
la forêt boréale. Ils jouent même un rôle positif, jusqu'à un certain point,
dans son renouvellement. Quoi qu'il en soit, la protection des forêts contre ces
fléaux fait l'objet d'efforts soutenus, parce que la ressource est en jeu.
Penses-tu
que la forêt est une ressource inépuisable?
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Le mont Orford vu de la colline
des Pins |
Non.
C'est pourquoi son développement doit être géré de façon responsable et durable.
La récolte du bois ne devrait jamais dépasser la capacité de renouvellement de
la forêt, afin que les générations qui viendront après nous puissent en profiter
tout autant. La forêt est un territoire qui se partage à plusieurs. Tous les
utilisateurs devraient pouvoir en profiter : les industriels, les consommateurs,
les chasseurs, les randonneurs... Et comme je te disais au sujet des aires
protégées, la conservation de forêts intactes à perpétuité contribuera à
maintenir la biodiversité et l'équilibre écologique de la planète.
J'ai entendu
dire que les forêts sont un peu comme les poumons de la Terre.
Oui, en
effet, beaucoup de gens utilisent cette expression, car les forêts captent le
gaz carbonique et relâchent énormément d'oxygène dans l'air, un gaz dont
nous avons absolument besoin pour respirer. Cependant, les forêts ne sont pas
seulement bénéfiques à cause de cela. Elles protègent également les sols contre
l'érosion et servent d'habitats à des milliers d'espèces de plantes, d'animaux
et d'insectes. Elles ont donc une valeur inestimable pour l'environnement.
On les apprécie également comme lieux de détente et de loisirs.
Oh oui! Elle
nous offre des paysages incroyables! Et des
parcs naturels...
À
protéger et à admirer! Un réseau de 22 parcs nationaux, dont fait partie le parc
du Mont-Orford, a été aménagé afin de conserver et de protéger des milieux
naturels tout en accordant l'accès aux visiteurs. Nous avons donc la chance de
faire des activités récréatives et sportives en harmonie avec la nature.
Tu as raison
de dire que c'est une richesse!
Et
regarde toutes ces couleurs!
Au fait,
Robin, est-ce bien le gel qui provoque la coloration des feuilles à l'automne?
Pas
précisément. Le gel précipite la mort et la chute des feuilles. Quant au
phénomène de coloration, il est une conséquence des jours qui raccourcissent et
de la baisse d'intensité du soleil.
Comment
s'explique le changement de couleur des feuilles, alors?
À
l'automne, la diminution de lumière agit sur le
métabolisme des arbres. Des changements visibles surviennent
chez les arbres feuillus (à
feuilles caduques). Une mince couche isolante se forme à la base des feuilles et
empêche la sève d'y circuler librement. À partir du moment où la nutrition de la
feuille est interrompue, rien ne va plus pour le vert. Et quel est le
pigment
qui donne au feuillage sa couleur verte?
La
chlorophylle, une substance essentielle à la
photosynthèse.
Exact!
Par la suite, comme la chlorophylle cesse d'être renouvelée, elle se décompose
rapidement. Elle cède donc sa place à d'autres pigments plus résistants, déjà
présents dans la feuille. La diversité des teintes, du jaune au rouge violacé,
dépend de la nature des pigments qui restent. Chaque essence d'arbre possède ses
particularités. Par exemple, les feuilles des bouleaux tourneront au jaune
brillant tandis que certaines essences d'érables afficheront des rouges
éclatants.
Dommage que
ça ne dure que quelques semaines.
Allez!
Grimpons au sommet de la montagne pour avoir une vue panoramique! J'ai toutes
les chances de remporter le prochain concours annuel de photo de ma région!
La Maison de l'arbre et l'Arboretum du Jardin botanique de Montréal La Maison de l'arbre du Jardin botanique de Montréal propose une visite enrichissante sur les thèmes de l'arbre et de la forêt. Le centre d'interprétation présente deux expositions complémentaires. L'une est permanente et l'autre, temporaire, approfondit chaque fois un thème nouveau et spécifique. Le parcours de l'exposition permanente, Au cœur de l'arbre, permet d'entrer en contact avec toutes les facettes de ce grand végétal, des plus visibles aux plus imperceptibles. On peut tester ses connaissances par de nombreux jeux questionnaires tout au long du circuit. On y apprend, entre autres, à estimer l'âge d'un arbre, à différencier plusieurs espèces selon leur port, leurs feuilles et le grain de leur bois. On apprend également comment la sève brute monte pour alimenter l'arbre jusque dans ses feuilles, comment celui-ci synthétise sa nourriture et comment il se reproduit. Bref, l'arbre dans son ensemble est très bien décrit, de même que ses relations avec son milieu et ses multiples usages. L'Arboretum, une immense collection d'arbres, nous permet de continuer l'identification d'essences d'arbres provenant du Québec et d'ailleurs, tout en faisant une randonnée en plein air. L'Arboretum, c'est plus de 7000 spécimens d'arbres et d'arbustes regroupés par famille et couvrant plus de la moitié de l'étendue du Jardin botanique, soit une quarantaine d'hectares.
Pour plus d'information : |
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Ouvrages de référence
DOMONT, Philippe. Guide du curieux en forêt : 300 questions sur les arbres et les forêts, Lausanne, Delachaux et Niestlé, 1999, 240 p. (Collection Les Guides pratiques du naturaliste).
GONTIER, Josette. J'aime la forêt!, Paris, Hachette, 1997, 155 p. (Collection J'aime...).
LORGNIER, Antoine, et autres. Forêts, Genève, Georges Naef, 2001, 322 p. (Collection L'aventure du monde).
Autre média
Le film d'animation L'homme qui plantait des arbres, de Frédéric Back, a connu un grand succès à l'échelle internationale. Le cinéaste a mis en images une nouvelle de Jean Giono, dans laquelle la relation entre l'homme et la forêt est décrite de façon magnifique (enregistrement vidéo de 28 minutes produit en 1987 par la Société Radio-Canada).
Septembre 2003