M. MANLEY - ALLOCUTION DEVANT LE COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET DU COMMERCE INTERNATIONAL « LE CANADA ET LE SOMMET DES AMÉRIQUES » OTTAWA (ONTARIO)
2001/14 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE JOHN MANLEY,
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
DEVANT LE COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET
DU COMMERCE INTERNATIONAL
« LE CANADA ET LE SOMMET DES AMÉRIQUES »
OTTAWA (Ontario)
Le 15 mars 2001
(15 h 30 HNE)
Introduction
Permettez-moi tout d'abord de vous remercier de nous avoir donné l'occasion, mon collègue, le ministre du
Commerce international, et moi-même, d'informer le Comité permanent des préparatifs du Troisième Sommet
des Amériques qui aura lieu à Québec le mois prochain et de nos attentes à cet égard.
Le Sommet se tient à un moment important et particulièrement stimulant pour le Canada ainsi que pour ses
relations avec les pays de l'hémisphère.
La démocratie et la croissance des marchés libres sont en train de transformer les Amériques. Le Canada a
joué un rôle actif dans l'hémisphère en recherchant des solutions efficaces aux problèmes de la transition
démocratique et du changement économique et social.
Nous sommes plus engagés dans les Amériques parce que c'est dans l'intérêt du Canada. Notre prospérité
future est étroitement liée à notre capacité non seulement de reconnaître les occasions, mais aussi de faire
preuve de leadership dans le développement de nos relations dans cette région.
Nos relations économiques avec l'hémisphère se sont développées plus rapidement, au cours des dix
dernières années, qu'avec n'importe quelle autre région du monde. Aujourd'hui, le Mexique se classe troisième
parmi nos partenaires commerciaux les plus importants et le Chili est une importante destination des
investissements canadiens à l'étranger -- en fait, la plus importante en Amérique latine. Plus de 90 p. 100 de
notre commerce se fait dans les Amériques, y compris les États-Unis, et la valeur de ce commerce avec
l'hémisphère a augmenté de plus de 170 p. 100 durant cette période, par rapport à 60 et 66 p. 100
respectivement avec l'Europe et l'Asie.
Toutefois, nos relations avec l'hémisphère vont bien au-delà du commerce.
L'année dernière, nous avons célébré le dixième anniversaire de notre adhésion à l'Organisation des États
américains [OEA] et avons accueilli une des assemblées générales les plus remarquables de l'histoire de
l'Organisation.
De concert avec l'OEA, le Canada a joué un rôle de premier plan dans le cadre d'une mission destinée à aider
le Pérou à consolider sa démocratie. Ce processus a directement mené à l'organisation des premières
élections présidentielles le 8 avril 2000 et a fait la preuve de la solidarité de l'hémisphère -- et du leadership du
Canada -- dans la défense des institutions et des valeurs démocratiques.
Nous travaillons également avec d'autres gouvernements de l'hémisphère à toute une gamme d'intérêts
sectoriels, qui auraient paru inimaginables il y a 20 ans.
Les ministres du Commerce, des Transports, de l'Énergie, de la Condition féminine, de l'Éducation, du Travail,
de la Justice, des Finances, de l'Environnement, du Développement durable, de la Santé, du Développement
et de l'Agriculture de l'hémisphère se réunissent maintenant régulièrement. Dans les quelques semaines qui
nous séparent du Sommet de Québec, il y aura quatre réunions ministérielles, dont deux -- celles des finances
et de l'environnement -- auront lieu au Canada. Nous accueillerons également une réunion des ministres du
Travail en octobre.
Même si le gouvernement a un rôle de premier plan à jouer pour favoriser de meilleures relations avec nos
voisins de l'hémisphère, je tiens à reconnaître la contribution des législateurs à une meilleure compréhension
mutuelle et à une plus grande coopération avec les Amériques.
Le Parlement du Canada a accueilli la semaine dernière la réunion inaugurale du Forum interparlementaire des
Amériques. Je voudrais profiter de cette occasion pour féliciter les parlementaires canadiens, et notamment
M. Graham et la sénatrice Hervieux-Payette, du leadership dont ils ont fait preuve à l'occasion du lancement du
Forum et pour remercier tous ceux qui y ont participé. La première réunion du Forum a abouti à des
recommandations utiles sur l'action conjointe contre la corruption et le trafic de la drogue, la promotion de
l'intégration économique et la réduction de la pauvreté, l'amélioration et la protection de l'environnement de
même que la reconnaissance de la valeur de la diversité culturelle.
Ces recommandations et les précieux apports que nous avons reçus de nombreux secteurs de la société civile
constituent des contributions utiles au processus d'élaboration des politiques, au moment où nous abordons la
phase finale des préparatifs du Sommet de Québec.
Les préparatifs
Dans l'ensemble, les nombreux préparatifs du Sommet vont bon train.
Le Groupe de suivi du Sommet ou GSS a tenu quatre réunions pour discuter du projet de déclaration et de plan
d'action du Sommet, ainsi que de la déclaration sur la connectivité. La plus récente de ces réunions a eu lieu la
semaine dernière.
Le GSS s'est concentré sur l'élaboration des éléments du cadre qui ont été discutés et adoptés par les 34
ministres des Affaires étrangères des Amériques lors de l'Assemblée générale de l'OEA tenue à Windsor en
juin dernier.
Comme en ont convenu les ministres, la déclaration et le plan d'action du Sommet comprendront un ordre du
jour cohérent et équilibré organisé autour de trois grands thèmes : renforcer la démocratie, créer la prospérité
et réaliser le potentiel humain.
Nous déployons des efforts pour que le Sommet ait un mandat ciblé axé sur les priorités les plus pressantes de
l'hémisphère.
Nous travaillons très fort avec des organisations internationales et régionales ainsi qu'avec les banques de
développement multilatérales pour nous assurer d'avoir les ressources humaines et financières nécessaires
pour concrétiser nos engagements.
Bien entendu, ce dernier point est essentiel au succès du Sommet. Tous les pays participants savent que la
crédibilité du processus du Sommet repose en définitive sur notre capacité collective d'honorer ces
engagements.
Les Sommets des Amériques doivent servir explicitement les intérêts réels des peuples des Amériques. Pour
être jugés utiles, ils doivent mener à des améliorations de leur qualité et de leur niveau de vie.
Les thèmes
Je voudrais passer brièvement en revue les grands thèmes du Sommet de Québec. Dans le discours qu'il a
prononcé devant la Chambre de commerce et d'industrie du Québec métropolitain le 27 février 2001, le premier
ministre a énoncé d'une façon concise mais complète les principaux objectifs du Sommet.
Renforcer la démocratie
La force et l'unité de l'hémisphère sont fondamentalement basées sur des initiatives collectives destinées à
consolider la démocratie, à promouvoir et à protéger les droits de la personne, et à augmenter la sécurité
humaine.
Ces objectifs, ainsi que la primauté du droit, ont été au centre de nos efforts visant à assurer un fondement
durable à l'intégration de l'hémisphère depuis le premier Sommet tenu à Miami en 1994.
Une démocratie vigoureuse doit être inclusive. Elle doit laisser la place à un débat raisonnable et à un dialogue
constructif entre les gouvernements, la société civile et bien entendu les parlementaires. Cet engagement actif
envers les droits, la transparence, l'ouverture et la participation des citoyens est essentiel au dynamisme de
nos institutions démocratiques.
Cet engagement envers les valeurs démocratiques est un principe fondamental de la participation au
processus du Sommet. C'est là un point de vue que les participants ont l'intention d'exprimer d'une façon
explicite à Québec.
Créer la prospérité
Mon collègue, le ministre du Commerce international, vous parlera de la création de la prospérité dans le
contexte de la Zone de libre-échange des Amériques [ZLEA].
Je voudrais seulement dire maintenant que, même si la ZLEA demeure au coeur de notre effort collectif de
promotion de la croissance économique et d'expansion de la prospérité, le Sommet va bien au-delà du
commerce. Notre engagement envers l'intégration économique ne s'arrête pas à la ZLEA.
Nous nous soucions également des moyens de réduire la pauvreté, de favoriser l'équité, de créer plus de
chances de succès pour les entreprises, d'assurer le partage des avantages de la croissance, de gérer les
migrations et de se préparer pour les catastrophes naturelles afin d'en réduire les conséquences.
Le plan d'action reflète notre conviction que l'intégration économique et les mesures favorisant la protection de
l'environnement et les droits des travailleurs peuvent s'appuyer les unes les autres et devraient le faire.
Le défi ultime est de faire une différence, de promouvoir l'égalité des chances et d'améliorer le niveau et la
qualité de vie de tous les citoyens des Amériques.
Réaliser le potentiel humain
Cet engagement envers la démocratie et la prospérité va de pair avec notre détermination à encourager la
participation de tous les secteurs de la société à la vie économique, politique, sociale et culturelle des pays
respectifs et de la région en général.
Les initiatives sociales du plan d'action du Sommet appuieront l'éducation et l'acquisition de compétences
nécessaires, assureront une meilleure santé à plus de gens, favoriseront l'égalité des hommes et des femmes,
renforceront la participation et le dialogue entre les gouvernements et les populations autochtones, et
encourageront la diversité culturelle.
Ces initiatives n'ont qu'un but : habiliter les gens et leur assurer des chances égales de vivre dans la dignité, de
réaliser leur potentiel et de contribuer au développement des sociétés dans lesquelles ils vivent et travaillent.
Connectivité
Notre hémisphère et notre monde ont été transformés par les technologies de l'information et des
communications, qui ont de profondes répercussions sur notre vie.
Le gouvernement n'est que l'un des nombreux intervenants dans cette transformation, mais il joue un rôle
central en modelant l'environnement dans lequel les technologies nouvelles et révolutionnaires évoluent et la
façon dont les technologies sont utilisées au service des besoins et des aspirations de chacun.
La connectivité est un moyen. Notre souci de la promouvoir au Sommet vise à appuyer et non à remplacer
l'action destinée à répondre aux besoins de base de tous les citoyens des Amériques. Le Canada a proposé --
et nos partenaires ont accepté -- des initiatives communes pour étendre l'accès aux nouvelles technologies et
desservir toute la collectivité des Amériques.
Conclusion
Avant de céder la place à mon collègue, permettez-moi d'insister sur un point.
Le Sommet des Amériques de Québec est important non seulement parce qu'il représente l'aboutissement
d'années de coopération canadienne avec les Amériques, mais aussi parce que c'est un effort commun de 34
partenaires désireux d'élaborer et de mettre en oeuvre un programme politique, économique et social cohérent
et équilibré qui profitera à tous les citoyens de l'hémisphère.
Le Sommet des Amériques est la tribune et le moyen fondamental de transformer en réalité la vision d'un
hémisphère doté de plus de liberté, de prospérité et de justice sociale.
Le Canada est très honoré d'avoir été choisi pour accueillir le Sommet des Amériques à Québec en 2001.
L'hémisphère aborde une période de grandes réalisations. Aussi est-il crucial de nous engager à travailler pour
concrétiser la riche promesse des Amériques.
Je vous remercie.