M. PETTIGREW - ALLOCUTION DEVANT LE VANCOUVER BOARD OF TRADE « AVANCER, ALLER DE L'AVANT : LE RÔLE CONCURRENTIEL DU CANADA EN COMMERCE INTERNATIONAL » - VANCOUVER (COLOMBIE-BRITANNIQUE)
2001/2 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE PIERRE PETTIGREW,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
DEVANT LE VANCOUVER BOARD OF TRADE
AVANCER, ALLER DE L'AVANT :
LE RÔLE CONCURRENTIEL DU CANADA
EN COMMERCE INTERNATIONAL
VANCOUVER (Colombie-Britannique)
Le 9 février 2001
(11 h HNE)
Je voudrais tout d'abord remercier M. Harri Jansson et le Vancouver Board of Trade d'avoir organisé le
petit-déjeuner de ce matin. Je voudrais remercier aussi Government Policy Consultants de l'avoir
parrainé.
Permettez-moi tout d'abord de donner une vue d'ensemble afin de mettre la situation en contexte. À
mon avis, le rôle du gouvernement du Canada, son but premier -- quel que soit le parti qui le forme --
doit être d'assurer la prospérité constante et partagée ainsi qu'une grande qualité de vie à tous les
Canadiens. Cette tâche comporte bien sûr de nombreuses activités. Seuls ou de concert avec les
provinces, nous accomplissons bon nombre de choses importantes.
Nous contribuons à donner aux enfants un bon départ dans la vie. Nous nous employons à assurer la
justice sociale. Nous mettons en place l'infrastructure matérielle et technologique qui aide à garder le
Canada à l'avant-garde des nations concurrentes. Nous encourageons une culture axée sur
l'apprentissage continu pour que les Canadiens s'adaptent à un monde en évolution constante et, qui
plus est, à un marché du travail en changement perpétuel. Nous veillons aussi à ce que les soins de
santé soient à la portée de tous les Canadiens, indépendamment de leur situation financière.
Ma mission à titre de membre du Cabinet -- ma raison d'être -- gravite autour du développement du
commerce. Le développement du commerce exige des interventions sur deux fronts : la promotion du
commerce et la politique commerciale. Comme vous le savez pour la plupart, le ministère des Affaires
étrangères et du Commerce international et moi travaillons constamment et activement dans ces deux
domaines. Je profiterai de l'occasion qui m'est donnée aujourd'hui pour faire le point sur certaines de
nos initiatives récentes les plus importantes.
Mais auparavant, je voudrais traiter brièvement de certains des défis auxquels nous sommes
confrontés dans notre tentative de maintenir la compétitivité du Canada sur le marché international en
constante évolution. Pourquoi? Parce que si le Canada ne réussit pas à soutenir la concurrence, nos
efforts de promotion ou de négociation de l'accès à de nouveaux marchés seront peine perdue. Nous
succomberons à ceux qui sont plus concurrentiels.
Maintenir la compétitivité du Canada
Je veux partager avec vous quelques réflexions sur les atouts que nous possédons, sur ceux que nous
pouvons acquérir et sur les occasions nouvelles que nous devons saisir. J'ajouterai que chacun
d'entre nous a un rôle à jouer dans cette démarche.
On considère habituellement la compétitivité comme le sujet de prédilection du ministre des Finances
ou de l'Industrie. Mais, en réalité, commerce et compétitivité sont inextricablement liés. Il faut être
compétitif pour réussir sur la scène internationale. Il faut même l'être pour réussir sur le marché
intérieur, parce que l'existence d'une économie ouverte signifie que l'on fait souvent face à la
concurrence exercée par des produits et services venant de tous les coins de la planète.
Nos échanges commerciaux internationaux permettent en même temps aux sociétés canadiennes
d'être en contact avec des technologies nouvelles et des pratiques optimales. Cela les amène à
perfectionner leurs compétences, à relever le niveau de leur jeu, à se placer à l'avant-garde de la
productivité. Il est donc vrai de dire que la compétitivité améliore notre commerce et que notre
commerce améliore notre compétitivité.
Le Canada peut maintenant s'enorgueillir de la robustesse et du dynamisme de son économie, et le
commerce international a été le moteur de notre économie depuis une bonne décennie.
Le commerce est la clé de la prospérité du Canada
Les exportations correspondent actuellement à une proportion incroyable de 45 p. 100 de notre PIB
[produit intérieur brut], alors qu'elles ne représentaient que 28 p. 100 en 1990. Nous sommes, et de loin,
le pays du G-8 le plus tourné vers l'exportation. Vous vous demandez pourquoi notre taux de chômage
a diminué de près de cinq points depuis 1993, un chiffre étonnant. La réponse est simple : le
commerce. Environ 80 p. 100 des 2 millions et plus de nouveaux emplois créés depuis 1993 peuvent
être attribués à l'accroissement des échanges commerciaux. Un emploi sur trois au Canada est
maintenant directement lié à notre réussite en commerce international!
Quelles sont donc les clés qui nous permettront de maintenir la compétitivité du Canada, d'accroître
notre prospérité et d'étendre nos possibilités? J'en compte quatre.
Les quatre clés de la compétitivité
1. De solides bases économiques
La première clé de la compétitivité est une structure économique en bon ordre. En cette époque où les
courtiers en titres, obligations et devises, pour ne rien dire des multinationales, peuvent déplacer en
deux temps trois mouvements des billions de dollars et des millions d'emplois à l'échelle de la planète,
nous devons absolument nous assurer que notre économie repose sur les bases solides qu'ils
recherchent.
Voilà pourquoi il est si important que le Canada élimine son déficit et qu'il rembourse sa dette, que
nous maîtrisions l'inflation, que les impôts diminuent et que le revenu disponible augmente. C'est aussi
pourquoi il est important de maintenir de faibles taux d'intérêt et de stabiliser le taux de chômage. Il ne
s'agit pas là de concepts économiques abstraits, mais plutôt des références économiques essentielles
que le Canada présente au monde entier.
2. Une infrastructure technique
Le deuxième facteur qui contribue à notre compétitivité est notre infrastructure technique. Quelle que
soit votre branche d'activité, vous savez à quel point la technologie révolutionne votre entreprise. Elle
comprime le temps et efface les distances. Elle change l'allure de nos exploitations agricoles, de nos
forêts, de nos usines. Elle transforme nos façons de vivre, de travailler, de communiquer.
Il est clair que pour réussir dans l'économie actuelle, il faut indéniablement posséder l'infrastructure
technologique --la colonne vertébrale électronique -- nécessaire pour soutenir cette révolution.
Le Canada la possède. Nous disposons du réseau de fibre optique le plus perfectionné au monde. Nous
sommes le premier pays à avoir raccordé toutes nos écoles et nos bibliothèques à Internet. Nous avons
le taux le plus élevé de pénétration d'ordinateurs dans les ménages et d'accès à des systèmes de
câblodistribution au monde.
Les Canadiens ont rapidement adopté la technologie. Les investissements dans des ordinateurs et
d'autre équipement de bureau ont presque quintuplé depuis 1993, ce qui augmente d'autant notre
capacité et favorise la croissance de la productivité. Cela explique qu'au cours de la dernière année, la
production des industries de haute technologie a augmenté de 21 p. 100, contre 3,8 p. 100 pour
l'ensemble de l'économie.
En plus d'alimenter notre croissance économique, la technologie accroît notre productivité. Dans le
secteur informatique, par exemple, la productivité de la main-d'oeuvre a augmenté depuis 1993 à un
taux annuel de près de 24 p. 100.
3. La diversité culturelle -- l'atout méconnu du Canada
Le troisième facteur qui contribue à notre compétitivité ne vient peut-être pas à l'esprit de beaucoup de
gens, mais en Colombie-Britannique, vous le comprenez très bien. Il s'agit de notre diversité. En tant
que société multiculturelle, le Canada n'a jamais insisté sur l'uniformité comme condition de
citoyenneté. Son ouverture, depuis son origine, en a fait un microcosme. Nous sommes uniques sous
plusieurs aspects.
À une époque où les pays fondaient leur identité, leur nationalisme, sur des caractéristiques
homogènes, nous avons opté pour une approche unique et audacieuse. Nous avons choisi la
citoyenneté politique, fondée sur des valeurs communes, plutôt qu'une citoyenneté fondée sur la race,
la religion ou la langue. Résultat : rares sont les personnes, à l'échelle mondiale, qui ne voient pas un
reflet d'elles-mêmes au Canada.
Cette diversité nous a apporté une expérience très riche en matière de rapports avec d'autres cultures,
d'approches et de pratiques commerciales. Maintenant que le village planétaire est moins une
métaphore qu'une réalité, on ne doit pas sous-estimer cet avantage.
Une société diversifiée, une infrastructure technologique de pointe et de solides bases économiques, il
s'agit là des trois premières clés de la compétitivité dans notre économie mondiale. Tous ces facteurs
nous ont placés dans une position de réussite, sans toutefois nous garantir le succès. Dans un univers
de concurrence féroce, nous ne pouvons tout simplement pas nous offrir le luxe de la complaisance.
Voilà pourquoi nous devons continuer à investir dans la recherche et l'innovation -- afin que les
Canadiens profitent des avantages de l'économie du savoir. Voilà pourquoi nous devons continuer à
jouer notre grand atout -- le commerce international -- qui comprend le quatrième facteur propice à
notre compétitivité.
4. Une stratégie commerciale progressiste et tournée vers l'extérieur
Des politiques commerciales et des programmes de développement du commerce progressistes et
tournés vers l'extérieur font clairement partie intégrante de tout plan de maintien et d'accroissement de
notre prospérité actuelle. Signalons tout d'abord les activités du gouvernement en matière de
promotion et de financement du commerce, qui contribuent directement à notre compétitivité.
Le Canada compte à l'étranger plus de 130 missions, où sont affectés des experts en commerce et des
spécialistes du pays qui, chaque jour, ouvrent des portes pour les sociétés canadiennes. Il y a aussi la
Société pour l'expansion des exportations qui, en l'an 2000, a financé des échanges commerciaux pour
appuyer des exportations canadiennes d'une valeur de 45 milliards de dollars.
Même si leurs avantages sont souvent à long terme et moins évidents, nos démarches dans le cadre
des négociations commerciales revêtent aussi beaucoup d'importance. Lorsqu'elles sont à l'étranger,
nos sociétés doivent pouvoir compter sur des règles équitables, des marchés transparents et un accès
sûr. La libéralisation du commerce n'est pas simplement un mantra, elle est un facteur dont dépend le
maintien de notre prospérité.
Voilà pourquoi le Canada appuie si fermement l'Organisation mondiale du commerce [OMC] et un
régime commercial fondé sur des règles. C'est aussi pour cette raison que nous avons signé des
accords de libre-échange avec nos partenaires de l'ALENA [Accord de libre-échange nord-américain],
Israël et le Chili, que nous négocions avec le Costa Rica et d'autres pays d'Amérique centrale, et que
nous explorons des initiatives de libre-échange analogues avec les pays de la Communauté des
Caraïbes et Singapour. Pour la même raison, nous explorons, de concert avec le secteur privé, des
moyens de dynamiser notre relation économique et commerciale avec le Japon, notre deuxième
partenaire commercial.
Le Canada -- promoteur d'une ZLEA
Cela explique aussi que nous soyons de si ardents défenseurs de la Zone de libre-échange des
Amériques [ZLEA]. La ZLEA représente une occasion historique d'unifier l'hémisphère comme il ne l'a
jamais été. Le rêve -- depuis longtemps caressé mais souvent reporté -- de créer une seule
communauté régionale puissante est enfin à notre portée.
Pourquoi préconiser le libre-échange hémisphérique? Pourquoi aller au-delà de l'ALENA et viser
l'Amérique latine et les Antilles? Parce que cette région est un noyau de croissance, de possibilités!
Nous savons aussi que l'accroissement des échanges commerciaux est synonyme de croissance de
l'emploi pour les Canadiens.
Les 34 pays de la ZLEA forment ensemble une région dont la population s'élève à près de 800 millions
d'habitants, dont 50 millions gagnent un revenu moyen ou supérieur. Le PIB global atteint 11 billions de
dollars américains. Les Canadiens méritent d'avoir accès à un marché de ce genre. Ce marché mérite
d'avoir accès aux produits et aux services canadiens.
Une autre raison importante milite en faveur de la création d'une ZLEA : la contribution que celle-ci
peut faire au développement et à la stabilité de la région. Dans un monde de plus en plus
interdépendant, le bien-être de chaque pays dépendra de la santé et de la vitalité des autres marchés.
La meilleure façon de favoriser ces conditions est de créer un environnement de bonne gestion des
affaires publiques et de sociétés stables, prospères et ouvertes, notamment en libéralisant le
commerce.
La Chine -- le marché clé de demain
La Chine, pour laquelle Équipe Canada partira un peu plus tard aujourd'hui, est une des autres régions
avec lesquelles le Canada doit resserrer ses liens.
La Chine est un marché très important pour le Canada; en effet, elle est notre quatrième partenaire
commercial. Son économie est dynamique; elle affiche une croissance constante, continue à réaliser
des réformes économiques et ouvre ses marchés. Toutefois, ces facteurs sont attrayants non
seulement pour le Canada mais aussi pour nos concurrents. Par conséquent, à moins de prendre les
devants et de prendre conscience des défis à relever, nous risquons de perdre du terrain. En 1990,
nous détenions presque 3 p. 100 du marché chinois. Actuellement, notre part est plus près de 1 p. 100.
Certes, cette baisse est largement attribuable à la diversification des besoins de la Chine. En fait, notre
commerce réel avec la Chine continue à augmenter -- nous avons même enregistré une augmentation
de près de 48 p. 100 par rapport à l'année précédente -- et il se diversifie pour inclure davantage de
produits fabriqués à valeur ajoutée, qui viennent s'ajouter aux exportations traditionnelles de notre
secteur primaire.
Toutefois, nous devons prendre conscience de la concurrence de plus en plus farouche dont fait l'objet
ce marché vaste et lucratif, qui sera bientôt plus ouvert que jamais, et nous y préparer.
Notre but doit être d'établir et d'étendre nos liens commerciaux et d'investissement à long terme avec
la Chine. À cette fin, nos aiderons les entreprises canadiennes à avoir davantage accès à la Chine et à
Hong Kong; nous établirons les réseaux qui jetteront les bases d'affaires futures et nous aiderons les
nouveaux exportateurs, particulièrement les petites et moyennes entreprises, à effectuer une percée
sur ce marché difficile mais essentiel.
À Beijing, je soulignerai également notre appui constant de l'adhésion de la Chine à l'OMC.
L'application à cet immense marché des lois sur le commerce international non seulement améliorera
l'accès et la prévisibilité pour notre milieu des affaires, mais elle contribuera aussi à favoriser la
primauté du droit et la transparence juridique.
Le Japon
Nous devrons également nous concentrer davantage sur le Japon, pays que connaissent bien les
Britanno-Colombiens. En effet, près de 15 p. 100 des exportations de cette province y sont destinées.
Le Japon a beau être le deuxième marché au monde et le deuxième partenaire commercial du Canada,
je conviens avec ceux qui, comme le Canada-Japan Business Committee, disent que nous ne réalisons
pas notre potentiel et que nous devons dynamiser notre relation avec ce pays.
Comme vous le savez sans doute, le Canada-Japan Business Committee a demandé que soient prises
des mesures concrètes en vue de la conclusion d'un accord de libre-échange, et il a proposé la
création, dans les deux pays, de groupes de travail chargés d'étudier les perspectives du libre-échange. Cela traduit un changement de mentalité au Japon, tant au sein des pouvoirs publics que
dans le secteur privé. Le Japon a déjà entamé des discussions avec Singapour, et il explore aussi l'idée
d'ententes bilatérales avec un certain nombre d'autres pays, y compris le Mexique et la Corée.
Le Canada doit participer à ce débat afin d'assurer la protection et la défense de nos intérêts. C'est
pourquoi nous avons activement réexaminé notre relation économique et commerciale avec le Japon et
entamé, de concert avec des associations d'affaires, un sondage exhaustif auprès de 1 450 sociétés
canadiennes, afin de connaître leurs vues au sujet du marché japonais et leurs expériences sur celui-ci.
Il est indispensable de connaître les points de vue du milieu des affaires canadien. Si vous pouvez faire
valoir la rentabilité du libre-échange à n'importe quel endroit (et, en l'occurrence, au Japon), je serai là
pour vous appuyer.
Entre-temps nous poursuivons nos efforts pour rajeunir l'image du Canada au Japon, changer l'attitude
des Japonais envers notre pays et créer de nouvelles occasions pour les sociétés canadiennes. Ce
printemps, nous organiserons un important « Festival Pensez Canada », comprenant plus de 140
événements dans toutes les régions du Japon.
La relation du Canada avec ses partenaires nord-américains
Les occasions qui se présentent dans les Amériques, en Chine et au Japon offrent, il n'y a aucun doute,
un énorme potentiel pour le Canada. Mais il est clair également que, pour l'instant, et pour l'avenir
immédiat, notre relation commerciale la plus importante continuera à être celle que nous entretenons
avec nos partenaires nord-américains.
Comme vous le savez, le Mexique et les États-Unis ont élu récemment de nouveaux présidents. Nous
ne prévoyons aucun changement significatif, sous ces deux nouvelles administrations, dans notre
politique commerciale ou notre relation commerciale. Nous nous attendons même à la croissance
soutenue du commerce entre les trois partenaires de l'ALENA.
Il nous est apparu exceptionnel que nos exportations vers le Mexique doublent au cours des six
premières années de l'ALENA. Mais lorsque nous disposerons des chiffres définitifs pour l'an 2000,
nous constaterons, semble-t-il, que nos exportations ont augmenté de 40 p. 100 seulement au cours de
la dernière année! Le nouveau dirigeant innovateur et à l'esprit d'entreprise du Mexique, le président
Vicente Fox, effectuera une visite officielle au Canada en avril. En préparation pour cette visite, je
rencontrerai mon homologue mexicain, le secrétaire à l'Économie Luis Derbez, d'ici la fin du mois pour
discuter de la manière de poursuivre dans cette voie. Avec une population de près de 100 millions
d'habitants et un taux de croissance économique qui a atteint 7 p. 100 l'an dernier, le « nouveau
Mexique » devient un partenaire de plus en plus important pour le Canada. Il se pourrait même qu'il
devance cette année le Royaume-Uni pour devenir notre troisième marché d'exportation.
En ce qui concerne nos voisins au sud de la frontière, je m'attends à ce que la nouvelle administration
américaine agisse fermement en faveur de la libéralisation accrue du commerce dans la région et à
l'échelle internationale. Le président Bush est par principe un ardent défenseur du libre-échange, et il a
déclaré que l'établissement d'une zone de libre-échange à la grandeur des Amériques constituait sa
grande priorité en matière de commerce.
La négociation de la Zone de libre-échange des Amériques incombera au nouveau représentant au
Commerce des États-Unis, M. Robert Zoellick, qui a été confirmé à son poste mardi dernier. M. Zoellick
est un des architectes de l'Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis et de l'ALENA. J'ai
eu l'occasion de le rencontrer cette semaine et je peux vous affirmer que nous pourrons travailler
efficacement ensemble.
Un autre intervenant de premier plan est M. Donald Evans, le nouveau secrétaire au Commerce, qui est
un ardent internationaliste et un défenseur de la libéralisation du commerce. Le seul obstacle possible
à la libéralisation croissante du commerce à l'échelle de l'hémisphère, comme le président lui-même l'a
reconnu lundi dernier lors de notre premier entretien, est l'incapacité à accélérer les négociations
commerciales. Bien que la capacité à le faire ne soit pas absolument nécessaire, elle serait préférable.
L'administration fera sans aucun doute face à une âpre lutte au Congrès, d'une manière ou d'une autre.
Le bois d'oeuvre résineux
Je m'attends à ce que notre relation demeure en général solide et mutuellement avantageuse, mais il y
a un aspect, touchant directement les Britanno-Colombiens, qui constitue encore un élément de
discorde entre le Canada et les États-Unis. Il s'agit du bois d'oeuvre résineux.
Le sujet a été soulevé par le premier ministre à l'occasion de sa première rencontre avec le président
Bush, plus tôt cette semaine. Il a bien fait valoir que cette question est prioritaire pour nous. Pour ma
part, elle sera la première inscrite à mon programme. En fait, j'ai parlé hier à M. l'ambassadeur Zoellick,
et nous avons tous deux admis que le dossier du bois d'oeuvre résineux allait exiger énormément
d'attention de notre part. Nous avons convenu de nous rencontrer dès que possible après mon retour
de la Chine.
Je peux vous dire que le message des producteurs canadiens de bois d'oeuvre est clair. Ils ne sont
aucunement en faveur de la prolongation du présent accord, qui expirera à la fin de mars. Nous
pouvons nous attendre à coup sûr à ce que l'industrie américaine du bois d'oeuvre remuera ciel et terre
pour faire limiter les importations de bois d'oeuvre en provenance du Canada. Leur jeu est clair : c'est
de part de marché et de prix du bois d'oeuvre sur le marché américain dont il est question.
Je suis heureux de voir l'industrie canadienne faire bloc pour s'opposer à de nouvelles enquêtes
commerciales. Le dossier du Canada est solide. Nos producteurs de bois d'oeuvre ne sont pas
subventionnés. Notre feuille de route en ce qui concerne l'environnement ne le cède à personne. Les
Américains qui critiquent nos politiques de gestion forestière devraient plutôt regarder ce qui se passe
chez eux.
La grande différence entre aujourd'hui et les années passées, c'est que, pour la première fois, les
consommateurs américains se sont mobilisés pour appuyer le libre commerce du bois d'oeuvre.
Le gouvernement canadien exercera avec fermeté les droits que l'accord commercial donne au Canada.
Nous avons déjà porté devant l'OMC deux lois américaines en matière de commerce. Nous vérifions
d'autres aspects douteux de la législation américaine en vue de les soumettre au jugement de
tribunaux internationaux.
J'estime qu'il incombe aux deux gouvernements de voir à ce que l'on ne laisse passer aucune occasion
de régler nos différends entre nous, sans recourir à des actions judiciaires coûteuses. À diverses
reprises au cours des 15 dernières années, nous avons soumis à des tribunaux des différends sur les
taxes à l'exportation, sur la limitation des volumes et sur des modifications apportées aux pratiques
provinciales. Aucune décision n'a jamais été totalement satisfaisante.
Je suis donc prêt à dire à M. Zoellick que je suis disposé à entamer avec lui un dialogue constructif
pour trouver des solutions, plutôt que de voir commencer une autre série de litiges commerciaux.
Les dirigeants politiques et d'entreprises doivent faire front commun pour informer les Canadiens
Jusqu'à maintenant, j'ai traité des occasions qui se présentent au Canada, des défis que nous devons
relever et des avantages dont nous jouissons. Je continuerai à faire en sorte que, lorsque vous
cherchez à pénétrer des marchés étrangers, vous trouviez des portes ouvertes, des politiques
équitables et des règles du jeu uniformes. Je m'élèverai aussi contre ceux qui voudraient limiter nos
horizons en contrant la libéralisation accrue du commerce.
Mais je vous demande aussi de ne pas me laisser faire cavalier seul. Vos affaires se portent peut-être
bien maintenant, mais le succès du système commercial international n'est pas garanti, et il est
toujours possible que ses détracteurs réussissent à limiter l'accès dont vous jouissez actuellement.
Ne laissons pas cela se produire. Expliquez aux membres du public les avantages que le commerce
procure à notre économie. Rappelez-leur que le commerce n'est pas, en définitive, quelque chose qui
se produit « là-bas », dans un vague univers abstrait d'accords commerciaux. Rappelez-leur que le
commerce, c'est ce qui se produit dans leurs collectivités, c'est une source d'emplois pour leurs
voisins.
La responsabilité sociale des entreprises : un impératif tant économique que moral
En guise de conclusion, permettez-moi de vous suggérer brièvement une autre façon de contribuer à
notre compétitivité dans le monde : il s'agit simplement d'avoir comme entreprise conscience de vos
responsabilités sociales. On sous-estime trop souvent cette dimension, mais il ne faut pas la négliger.
En réalité, dans cet univers branché qui est le nôtre, il n'y a aucun endroit où les entreprises sans
conscience sociale peuvent se cacher, ni aucune excuse qui peut les justifier. Qu'il s'agisse de
pratiques de travail, d'habitudes environnementales ou de droits de la personne, les sociétés doivent
se préoccuper de nos jours de leur réputation internationale parce que leurs actions peuvent
rapidement être connues à l'échelle du globe. Internet est à la fois le meilleur annonceur et la plus
grande source de commérages. Il peut ouvrir des portes plus rapidement qu'on ne saurait le croire,
mais il peut aussi les fermer plus vite qu'on ne pourrait l'imaginer.
En effet, grâce au pouvoir des nouvelles technologies de l'information, les défenseurs de l'intérêt
public peuvent rapidement obliger les entreprises à rendre des comptes à l'échelle internationale. Les
entreprises qui négligent d'aligner leurs pratiques sur les attentes de la société risquent un boycottage
par les consommateurs, une grave atteinte à leur réputation et, à long terme, une baisse de leurs
actions. La conscience sociale des entreprises aide également à réfuter les critiques de ceux qui
voudraient restreindre le commerce en déclarant que les avantages de la mondialisation ne sont pas
universellement partagés.
La responsabilité sociale constitue un enjeu complexe et épineux pour les entreprises canadiennes qui
oeuvrent à l'échelle internationale. Je vous encourage à prendre l'initiative de créer dans vos
entreprises des systèmes de gestion en accord avec les principes de la responsabilité sociale, comme
ceux qu'a entérinés l'Organisation de coopération et de développement économiques en juin dernier.
Conclusion
Nous devons faire front commun pour maintenir la compétitivité du Canada sur le marché international
en constante mutation. Nous pouvons compter dans cette démarche sur de formidables avantages :
notre stabilité financière, notre diversité, notre économie, notre technologie. Mais nous faisons
également face à des défis de taille.
Ensemble, nous pouvons relever ces défis. Ensemble, nous pouvons créer un avenir attrayant pour les
entreprises mais conçu pour l'être humain : un avenir où la société que nous forgeons est aussi
importante que l'économie que nous produisons, un avenir où le monde devient notre marché et le
Canada, un pays où il fait bon vivre. Je me réjouis d'avance à la perspective de travailler avec vous
pour construire cet avenir.
Je vous remercie.