M. PETTIGREW - ALLOCUTION À L'OCCASION DU DÉJEUNER DE L'ACR AU FESTIVAL DE LA TÉLÉVISION DE BANFF DE 2001 « LA CULTURE ET LE COMMERCE » - BANFF (ALBERTA)
2001/24 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE PIERRE PETTIGREW,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
À L'OCCASION DU DÉJEUNER DE L'ACR AU
FESTIVAL DE LA TÉLÉVISION DE BANFF DE 2001
« LA CULTURE ET LE COMMERCE »
BANFF (Alberta)
Le 11 juin 2001
(13 h HAE)
C'est avec un grand plaisir que je me joins à vous cet après-midi pour ce rassemblement particulier.
Je suis également heureux de me joindre à ma collègue et amie, la ministre du Patrimoine canadien, qui a
travaillé sans relâche à promouvoir et à renforcer la culture canadienne.
Le lien important entre la culture et le commerce
Je me réjouis de l'occasion qui m'est offerte de m'adresser aux radiodiffuseurs et aux réalisateurs, à la fois du
Canada et de l'étranger. Vous œuvrez dans un domaine d'activité particulier. En tant que créateurs et
communicateurs de la culture, vous contribuez au façonnement des identités nationales.
Parallèlement, ce que vous faites revêt une importance croissante pour les économies de nos pays. Vous
constituez un élément vital de l'économie du savoir, et le rendement de vos industries aura des incidences
importantes sur la prospérité de nos sociétés.
Étant donné que la culture et le commerce sont de plus en plus liés, je dois dire que ce type de réunion devrait
se produire beaucoup plus souvent.
C'est pourquoi il faut féliciter l'Association canadienne des radiodiffuseurs [ACR] d'avoir pris cette initiative.
Votre association est depuis longtemps à l'avant-garde de l'élaboration de politiques, et l'accent que vous
mettez sur le commerce est bien fidèle à cette tradition.
Dans le Conceptfutur de l'ACR, l'une de vos stratégies consiste, et je cite, « à promouvoir des politiques
commerciales qui soutiennent le système de radiodiffusion sur le marché intérieur et à ouvrir des marchés
étrangers, ainsi que des politiques nationales qui accroissent la capacité du Canada de soutenir la concurrence
dans un contexte de libéralisation des échanges commerciaux ».
Je suis d'accord avec cette vision et même si l'industrie et le gouvernement ont redoublé d'efforts ces dernières
années, je pense que nous pouvons tous deux mieux faire.
Nouvel instrument international
Comme l'a déclaré Michael McCabe plus tôt, le gouvernement du Canada est en train d'élaborer un nouvel
instrument international sur la diversité culturelle, connu aussi sous le sigle de NIIDC. Ce nouvel instrument
international établirait des règles de base claires qui permettraient au Canada et à d'autres pays de conserver
des politiques qui font la promotion de notre culture, tout en respectant les règlements régissant le système
commercial international et en garantissant des marchés pour nos exportations culturelles. Autrement dit, cette
nouvelle approche reconnaîtrait que les biens et services culturels jouent un plus grand rôle dans la société
que les autres produits ou services.
L'établissement d'un nouvel instrument international nécessitera un effort soutenu à long terme. Nous ne
rejetons à priori aucune possibilité quant à l'instance la plus appropriée pour la négociation de ce nouvel
instrument et nous renforçons le soutien de cette stratégie à divers forums, dont le Réseau international sur la
politique culturelle, l'UNESCO, la Francophonie, l'OMC [Organisation mondiale du commerce], ainsi que dans
nos relations bilatérales.
Je devrais souligner que, compte tenu de la puissance économique et de la portée mondiale des industries
culturelles américaines, un NIIDC sans la participation des États-Unis n'aurait pas beaucoup de crédibilité et
d'effets. Donc, il est dans l'intérêt de chacun de faire participer ce pays à l'élaboration de ce nouvel instrument.
NIIDC - Objectifs gouvernementaux
Nous avons pour objectif à ce stade de veiller à ce qu'il y ait une meilleure prise de conscience de l'intérêt que
présente la diversité culturelle, de faire mieux accepter le point de vue selon lequel les gouvernements doivent
pouvoir la promouvoir et de déterminer les pays d'optique commune, qui pourraient participer à l'élaboration
d'un tel instrument.
Ce processus a vraiment été une approche à multiples facettes. La ministre Copps et ses collaborateurs ont fait
un excellent travail, par l'intermédiaire du Réseau international sur la politique culturelle, en faisant mieux
comprendre l'importance de la diversité culturelle. Quant à moi, je ne manque jamais une occasion de
sensibiliser mes homologues commerciaux à cette question.
L'objectif de ces travaux est d'instaurer un contexte équilibré pour promouvoir et valoriser les industries
culturelles. Certaines préoccupations ont été exprimées au sujet de la nouvelle série de pourparlers portant sur
l'Accord général sur le commerce des services [AGCS] et les propositions en négociation demandant qu'un
plus grand nombre de membres de l'OMC prennent des engagements en matière d'accès aux marchés en
vertu de cet accord. Notre animateur a également mentionné que des propositions similaires pourraient être
examinées dans les négociations de la ZLEA [Zone de libre-échange des Amériques].
Il est vrai que certains pays ont manifesté leur intérêt à l'égard de négociations sur les services audiovisuels
dans l'AGCS. Toutefois, il est tout aussi vrai qu'en raison de la souplesse de l'AGCS, le Canada n'est pas tenu
de prendre des engagements dans ce secteur.
La politique du Canada sur le commerce et la culture
En réponse à toute personne qui s'inquiète à ce sujet, je voudrais rappeler notre politique sur le commerce et la
culture. Le Canada ne prendra aucun engagement qui limiterait sa capacité d'atteindre les objectifs de sa
politique culturelle, en attendant l'élaboration du nouvel instrument international. Cette politique s'applique à
toutes nos négociations commerciales, y compris l'AGCS, la ZLEA et tout accord de libre-échange bilatéral.
Dans les négociations de l'AGCS, par exemple, le Canada a déclaré dans sa position de négociation initiale
qu'il ne prendrait aucun engagement qui limiterait sa capacité d'atteindre les objectifs de sa politique culturelle
avant qu'un nouvel instrument international, conçu expressément pour sauvegarder le droit des pays de
promouvoir et de préserver leur diversité culturelle, ne puisse être établi.
Notre approche relative à la ZLEA sera la même. À cette fin, le Canada a proposé un texte pour le préambule
de la ZLEA qui reconnaîtrait combien il est important de permettre aux gouvernements de présenter des
politiques soutenant la diversité culturelle. Nous espérons que cela encouragera nos partenaires commerciaux
à participer à un dialogue productif sur l'importance de la diversité culturelle.
La mondialisation et les nouvelles technologies changent les règles
Pourtant, si certains sont rassurés par cette approche, ils ne devraient certainement pas se laisser aller à trop
de confiance. En effet, même si notre gouvernement est fermement résolu à préserver sa capacité d'élaborer
et de promouvoir ses propres politiques culturelles, les frontières qui séparaient auparavant les domaines
culturels de chacun des pays ne sont pas aussi étanches qu'elles ne l'étaient auparavant.
Cela est imputable en partie au fait que les nouvelles technologies rendent plus difficile pour les
gouvernements de recourir aux instruments politiques et réglementaires traditionnels pour réaliser leurs
objectifs stratégiques.
Évidemment, l'Association canadienne des radiodiffuseurs en a tenu compte dans son Conceptfutur, où les
répercussions des nouvelles technologies sur le secteur de la radiodiffusion est un thème central. Toutefois, il
vaut la peine aussi de faire observer que, lorsque le Groupe de consultations sectorielles sur le commerce
extérieur [GCSCE] qui s'occupe des industries culturelles a recommandé pour la première fois une nouvelle
approche internationale en 1999, il a cité en particulier les pressions des nouvelles technologies, de la
convergence et des fusions.
Ces pressions n'ont pas disparu. En fait, elles s'intensifieraient plutôt, ce qui a des incidences sur la politique
nationale aussi bien que commerciale.
Les industries culturelles canadiennes doivent augmenter leurs exportations
Je pense qu'on peut affirmer sans trop s'avancer que la plupart des industries culturelles dans le monde, y
compris les secteurs de la radiodiffusion et de la production, se sont développées en mettant l'accent sur un
contenu national et sont régies par des autorités de réglementation qui ont fait de même. De nos jours,
toutefois, on assiste à une évolution qui va de pair avec les changements provoqués par les nouvelles
technologies.
Pour relever le défi des nouvelles technologies, les radiodiffuseurs et réalisateurs doivent se doter de nouvelles
stratégies. À mon avis, une de ces nouvelles stratégies doit être d'accroître leur présence sur les marchés
étrangers, autrement dit, augmenter leurs exportations de produits culturels.
Les Canadiens reconnaissent depuis longtemps l'importance du commerce international. Parmi les pays du G-7, nous sommes de loin le pays le plus axé sur l'exportation. En l'an 2000, nos exportations ont représenté plus
de 45 p. 100 de notre PIB, ce qui est impressionnant non seulement en soi, mais aussi en raison du fait que ce
pourcentage n'était que de 25 p. 100 en 1990.
Depuis 1996, nos exportations culturelles ont progressé de 39 p. 100, ce qui est remarquable. L'année
dernière, les exportations canadiennes de produits et services culturels se situaient dans une fourchette d'un
ou deux milliards de dollars. Toutefois, lorsqu'on considère que les exportations culturelles des États-Unis
s'élèvent à 100 milliards de dollars par an et celles du Royaume-Uni à plus de 22 milliards de dollars, nous
pouvons voir que nous disposons d'une marge de manœuvre prometteuse pour augmenter encore nos
exportations dans ce secteur.
Réussites canadiennes
Pour faire mieux, nous devons être plus ouverts vers l'extérieur et devenir plus dynamiques. Ce dont nous
avons besoin au Canada, c'est d'un plus grand nombre d'entreprises comme Breakthrough Films and
Television, la société qui doit recevoir le prix d'excellence Chetwynd de l'Association canadienne de production
de film et télévision, au festival de cette semaine.
Breakthrough s'est d'abord fait connaître sur la scène internationale avec la création de The Adventures of
Dudley the Dragon, une émission diffusée dans 40 pays, notamment dans tous les pays d'Amérique latine et
du Moyen-Orient, en Afrique du Sud, en Malaisie, à Hong Kong et au Royaume-Uni. Cette société est
également active dans le secteur des coproductions.
Un autre exemple est Minds Eye Pictures, qui a son siège à Regina, en Saskatchewan. Dès le début, cette
entreprise a mis l'accent sur le marché de l'exportation. Ses partenaires habituels comprennent le Royaume-Uni, l'Allemagne, la Suisse et l'Australie.
L'une de ses productions qui a remporté le plus de succès, Incredible Story Studio, est diffusée au Canada,
aux États-Unis, en Amérique latine, en Australie, partout en Europe et en Asie. Elle a remporté un prix Gemini
en 2000 pour la meilleure émission destinée aux enfants ou aux jeunes.
Sa nouvelle émission, intitulée My Global Adventure, est un excellent exemple d'une entreprise canadienne de
production qui joue un rôle de premier plan dans un nouveau genre combinant la télévision, Internet et la
technologie des satellites.
Puis, il y a Chum Limited, une société qui, par l'intermédiaire de sa division CHUM Television, s'est trouvée un
excellent créneau dans un certain nombre de pays. En plus de ventes d'émissions considérables, elle a établi
des coentreprises et a conclu des ententes d'affiliation dans le secteur de la télévision, d'Internet et des canaux
à large bande. On peut maintenant voir les émissions produites à l'origine par CHUM dans plus de 130 pays,
tandis que ses formules Citytv et MuchMusic ont été adoptées aux États-Unis, en Argentine, en Finlande, en
Colombie, en Malaisie et en Espagne.
Donc, j'encourage tous nos producteurs et radiodiffuseurs canadiens à se lancer dans des activités
internationales. Les économies d'Amérique latine, d'Asie orientale, d'Asie du Sud et d'ailleurs continuent à se
développer et les marchés des films et des émissions de télévision feront de même. Compte tenu de la
richesse de sa diversité culturelle bien établie et de la haute qualité de ses produits dans ce domaine, le
Canada est bien placé pour profiter de ces nouveaux marchés et d'autres encore.
MAECI : Promotion des exportations culturelles
Le gouvernement du Canada veut vous voir tous remporter vos propres succès. C'est pourquoi la promotion
des biens et services canadiens à l'étranger occupe une place aussi importante dans le mandat du ministère
des Affaires étrangères et du Commerce international.
Notre action de promotion du commerce revêt de nombreuses formes, allant des missions d'Équipe Canada
faisant l'objet de beaucoup de publicité ou d'autres missions dirigées par le ministre du Commerce au travail
plus discret, mais tout aussi important, de nos centaines de délégués commerciaux dans le monde entier.
Dans le cas du Festival de la télévision de Banff, le Ministère a aidé un certain nombre d'acheteurs en
provenance d'Asie et de France.
Le Ministère dispose également d'une équipe dévouée de spécialistes du commerce qui travaillent avec un
réseau de délégués commerciaux et d'agents des affaires publiques pour promouvoir le Canada et la culturelle
canadienne ainsi que pour générer des exportations pour nos industries culturelles à l'étranger. Ce réseau
collabore avec les centres culturels canadiens de Londres, Paris, Berlin, Tokyo, New York et Washington. Dans
de nombreux autres centres, comme ceux de Los Angeles, Sydney, Rome et Taipei, nous obtenons une
visibilité similaire en collaborant avec des partenaires locaux.
Le Service des délégués commerciaux, qui compte 530 personnes dans plus de 130 ambassades et consulats
du monde entier, aide les Canadiens à profiter des débouchés qui s'offrent sur les marchés étrangers. Les
délégués commerciaux sont très efficaces et je vous encourage à avoir recours à eux.
Outre ces services, le Service des délégués commerciaux offre aussi de précieux programmes à l'industrie. Par
exemple, le Programme de développement des marchés d'exportation aide les entreprises et des associations
comme l'Association canadienne de production de film et télévision à faire des affaires sur les nouveaux
marchés internationaux. Il fournit aussi des études des marchés étrangers, des contacts et les activités où on
peut trouver d'éventuels partenaires étrangers.
Les exportateurs devraient aussi tenir compte du fait que la Société pour l'expansion des exportations [SEE]
recherche activement des moyens de collaborer avec les réalisateurs de films et d'émissions de télévision, les
distributeurs, les institutions financières, les conseillers juridiques et les détenteurs de caution de bonne fin du
Canada pour trouver des solutions viables à la question du financement des productions. Un exemple de la
façon dont la SEE soutient l'industrie culturelle et, en particulier, le secteur de la production, est celui de
l'assurance-crédits où la Société peut assurer contre le risque que le distributeur ou le radiodiffuseur étranger
ne paie pas les recettes minimales garanties des exportateurs. La SEE a appuyé environ 34 transactions de ce
genre en l'an 2000.
Nouveau financement pour encourager les exportations culturelles canadiennes
Récemment, le premier ministre a souligné une autre nouvelle initiative importante visant à encourager
l'exportation de produits et services culturels canadiens, lorsqu'il a annoncé le projet d'affecter 23 millions de
dollars pour accroître la gamme de programmes et de services fédéraux de développement des exportations
déjà à la disposition de nos artistes et créateurs. Ces fonds contribueront à garantir que l'aide ciblant le secteur
culturel sera disponible ici au Canada pour former les exportateurs et aussi à l'étranger pour aider les
entrepreneurs canadiens dans le domaine culturel à réussir sur les marchés internationaux.
La ministre Copps et moi-même avons à cœur d'aider nos industries culturelles à accroître leurs exportations
sur un marché mondial très compétitif et en évolution rapide, et nous donnerons très prochainement davantage
de détails sur ce volet des exportations culturelles.
Les ventes à l'étranger contribuent au renforcement de la culture nationale
Je vous encourage à chercher des débouchés à l'étranger, car lorsque vous obtenez des avantages, nous en
obtenons tous. De grands producteurs et radiodiffuseurs canadiens ont la capacité de créer davantage de
produits canadiens de grande qualité. Les succès à l'étranger peuvent aider à financer des émissions
nationales, ce qui augmente et renforce notre patrimoine culturel.
De ce fait, grâce aux débouchés qu'offre la mondialisation, la diversité culturelle internationale peut contribuer à
renforcer notre culture nationale. C'est ainsi que nous pouvons mettre la mondialisation à notre service.
Je vous remercie.