M. PETTIGREW - ALLOCUTION À L'OCCASION DE LA CONFÉRENCE ANNUELLE DE LA NATIONAL ASSOCIATION OF MANUFACTURERS ASSOCIATIONS COUNCIL - MONT-TREMBLANT (QUÉBEC)
2001/26 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE PIERRE PETTIGREW,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
À L'OCCASION DE LA
CONFÉRENCE ANNUELLE DE LA NATIONAL ASSOCIATION
OF MANUFACTURERS ASSOCIATIONS COUNCIL
« LE COMMERCE CANADO-AMÉRICAIN ET LA TENDANCE VERS
L'INTÉGRATION ÉCONOMIQUE NORD-AMÉRICAINE »
MONT-TREMBLANT (Québec)
Le 2 août 2001
(12 h 30 HAE)
C'est un plaisir pour moi d'être des vôtres aujourd'hui et c'est un honneur de m'adresser aux membres de deux
organisations aussi prestigieuses, en particulier à nos invités américains.
La National Association of Manufacturers et les Manufacturiers et Exportateurs du Canada :
d'importants contributeurs aux politiques publiques
Depuis plus de 100 ans, la National Association of Manufacturers [NAM] fait la promotion des intérêts des
entreprises manufacturières américaines et des millions d'hommes et de femmes qu'elles emploient. Votre
association a été témoin de nombreux changements sur la scène économique et elle a joué un rôle clé dans le
développement politique et économique des États-Unis.
D'ailleurs, votre site Web met en relief une de vos réalisations politiques les plus récentes et les plus
marquantes. On y lit ceci : « Le lobbying des membres de la NAM contribue à garantir des relations
commerciales normales permanentes entre la Chine et les États-Unis. » À mon avis, c'est là une excellente
illustration du lien important, mais encore en croissance, entre la fabrication et le commerce. Ce sont des
acteurs responsables comme vous qui, sans aucun doute, contribueront à garantir que l'Administration réalise
une de ses priorités clés : un vigoureux Office de promotion du commerce qui vise l'OMC [Organisation
mondiale du commerce] ainsi que la ZLEA [Zone de libre-échange des Amériques].
Les Manufacturiers et Exportateurs du Canada, dirigés avec compétence par mon ami Perrin Beatty, ont eux-mêmes été des protagonistes d'une importance déterminante sur la scène canadienne au fil des ans, sous
leurs diverses formes, et ils demeurent un important contributeur à l'élaboration des politiques publiques au
Canada.
Le commerce : le moteur de la croissance
Je sais que vos organisations partagent mon enthousiasme pour le commerce extérieur. Il n'y a pas à s'en
surprendre, compte tenu de l'abondance des éléments de preuve. Le Canada et les États-Unis entretiennent
les relations commerciales les plus importantes et les plus complètes du monde. Les échanges bilatéraux entre
nos pays s'élèvent maintenant à 1,3 milliard de dollars américains par jour. Plus de 80 p. 100 de toutes les
exportations canadiennes sont dirigées vers les États-Unis, tandis que près du quart des exportations
américaines sont dirigées vers le Canada.
Les exportations canadiennes vers les États-Unis génèrent 38 p. 100 de notre produit intérieur brut [PIB]. Plus
de 2 millions d'emplois dans chacun des pays sont liés à nos échanges commerciaux mutuels.
Si on va au-delà des chiffres, il apparaît évident que les entreprises canadiennes et américaines ont prospéré
dans le nouveau contexte commercial instauré par l'Accord de libre-échange de 1989 et par l'Accord de libre-échange nord-américain [ALENA]. De nouveaux partenariats gratifiants ont émergé dans les domaines de la
recherche-développement, de la production, de la commercialisation et de la distribution.
Le libre mouvement des biens, des personnes et des services de part et d'autre de la frontière accroît la
compétitivité des entreprises et donne aux consommateurs des deux pays accès à un plus large éventail de
produits.
Répercussions de l'ALENA, promesses de la ZLEA
Les répercussions de l'ALENA ont été particulièrement saisissantes. D'après tous les instruments de mesure,
l'ALENA a connu un succès retentissant. Il a créé une croissance et une prospérité énormes en faveur des
États-Unis, du Canada et du Mexique.
Le total des échanges entre les trois pays est passé de 306 milliards de dollars américains en 1993 à
665 milliards de dollars américains en 2000, un bond de 117 p. 100. Entre 1993 et 2000, les exportations du
Canada vers les États-Unis et le Mexique ont progressé de 110 p. 100, passant de 115 milliards de dollars
américains à 242 milliards de dollars américains.
L'accroissement du commerce s'est traduit par une augmentation de l'emploi et de la prospérité dans les trois
pays. Depuis que l'ALENA est entré en vigueur, l'emploi au Canada a avancé de 16 p. 100, créant 2,1 millions
d'emplois. Pendant la même période, l'emploi au Mexique s'est accru de 19 p. 100 (6,2 millions de nouveaux
emplois) et, aux États-Unis, de 12 p. 100 (15 millions d'emplois).
Compte tenu du succès phénoménal de l'ALENA, je suis persuadé que le Canada et les États-Unis sont
appelés à bénéficier grandement d'une future Zone de libre-échange des Amériques. Comme vous le savez
peut-être, la ZLEA sera la plus grande zone de libre-échange du monde. Avec une population de 800 millions
de personnes et un PIB conjugué de 12 billions de dollars américains par année, elle a un potentiel énorme.
L'importance d'un système fondé sur des règles
Toutefois, tout ce que nous avons réalisé dans le cadre de l'OMC et de l'ALENA, et tout ce que nous espérons
réaliser grâce à la ZLEA et en vertu d'autres initiatives régionales, prouve l'importance d'un système
commercial fondé sur des règles.
Je sais que vos organisations sont fermement engagées envers l'OMC et que la NAM a tiré beaucoup de fierté
des efforts fructueux qu'elle a déployés pour contrer une proposition au Congrès américain visant à retirer le
soutien de celui-ci à l'appartenance des États-Unis à l'OMC.
Je vous félicite de votre engagement envers cet organe international. Malheureusement, il semble que certains
de vos compatriotes ne partagent pas votre enthousiasme pour l'OMC. Votre presse et vos politiciens mettent
trop souvent l'accent sur les contraintes que les règles internationales vous imposent.
Eh bien, pourquoi ne le feraient-elles pas? Nous le faisons au Canada aussi : il n'est que tout naturel de vouloir
être en mesure de récolter les retombées du commerce -- fournisseurs fiables, marchés prometteurs -- tout
en préservant sa liberté d'action. Je suis persuadé que vous êtes au courant des défis auxquels nous sommes
confrontés dans des secteurs comme le bois d'œuvre et l'agriculture, et des divergences de vues légitimes sur
la meilleure façon de les relever.
En ma qualité de praticien de la politique de confiance, je préfère voir dans nos divergences bilatérales des
possibilités, et non des problèmes. Ce qui en fait des possibilités, à mon avis, c'est qu'elles nous forcent à
trouver de nouvelles façons d'aller de l'avant. Nous ne pouvons pas nous désengager l'un de l'autre, nous ne
pouvons pas fermer les yeux, faire comme si l'autre n'existait pas. Au contraire, nous devons voir grand si nous
voulons trouver des solutions. En édifiant la ZLEA ensemble et en unissant nos efforts pour lancer un cycle
plus large de négociations de l'OMC, le Canada et les États-Unis voient grand, au moment même où nous
nous attaquons à nos questions frontalières ou aux défis de l'intégration nord-américaine.
Avant de revenir aux relations canado-américaines, permettez-moi de prendre un moment pour parler du
monde plus large de la ZLEA et de l'OMC. Je dois dire que l'exploitation d'un système fondé sur des règles
devient plus complexe au moment où le système commercial mondial arrive à maturité.
Le monde en développement montre ses muscles, bien qu'il soit encore en train d'apprendre que la
responsabilité accompagne le pouvoir. Des parties extérieures comme la Chine et la Russie entrent dans le
giron de l'OMC -- et je peux vous assurer que la Chine changera les choses dans un proche avenir. Le pouvoir
au sein du système commence à se disperser dans tous les sens -- des grands pays aux petits, des plus
riches aux plus pauvres, des entreprises aux consommateurs, des gouvernements aux groupes de citoyens qui
se concentrent sur certaines questions.
Tout cela se traduit par une ère de changements qui rappelle la période de l'après-guerre : les choses ne
seront pas aussi saisissantes et elles ne se produiront certainement pas aussi rapidement, mais nous sommes
engagés dans un processus de refaçonnement de l'ordre économique mondial au service d'objectifs comme le
développement durable et l'équité sociale. L'Histoire jugera que ce processus est aussi important que
l'explosion du multilatéralisme qui nous a donné l'ONU et les institutions de Bretton Woods il y a plus de 50
ans.
Ce sont là des perspectives exaltantes, je le sais! Et si vous vous demandez pourquoi j'emprunterais devant
vous les principes du développement mondial et de l'inclusion, permettez-moi de ramener ce processus sur
votre terrain : rien de tout cela n'arrivera sans les États-Unis et je pense qu'il est de l'intérêt immédiat -- non
seulement de l'intérêt à long terme -- de chacun, Canada compris, que les États-Unis continuent d'être un
leader sur ce plan.
C'est pourquoi le Canada s'inquiète de la tendance des États-Unis de faire cavalier seul.
Si nous ne voulons pas assister à un accroissement de l'anxiété du public au sujet de la mondialisation, nous
devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour garantir que la légitimité et la crédibilité des institutions
internationales ne soient pas mises en cause. Deux « tests publics » d'une importance cruciale doivent être
réussis : premièrement, il faut qu'on ait la perception que les retombées de la mondialisation sont partagées;
deuxièmement, il ne doit pas y avoir de perception selon laquelle un pays peut bénéficier des règles quand
elles lui conviennent, mais peut se retirer du système quand les règles ne lui conviennent pas.
Des gouvernements du monde entier ont fait accepter l'OMC par leur population comme étant un mécanisme
chargé d'uniformiser les règles du jeu entre les grands et les petits, et d'assurer la stabilité et la prévisibilité qui
n'existaient que très peu auparavant. Un système où chacun -- des grandes puissances aux toutes petites
économies -- accepte de respecter les mêmes règles.
Si les manifestants violents dans les rues ont été, dans une large mesure, discrédités pour leurs tactiques,
nous devrions nous rappeler que ces manifestants et leurs alliés plus pacifiques continueront de retenir
beaucoup l'attention des médias. Ainsi, nous devrions garder à l'esprit le fait qu'ils exploiteront toutes les
iniquités qu'ils perçoivent dans le système économique et financier mondial, et que dans la mesure où ils
peuvent le faire, ils réussiront peut-être à faire basculer l'opinion publique davantage dans leur camp. Donc,
nous devrions éviter de leur donner des motifs de se plaindre.
L'avenir : la frontière perméable
Le leadership responsable est souvent lourd à porter, mais à titre de leaders mondiaux en matière de
développement politique, économique et social, nous, au Canada et aux États-Unis, avons l'obligation
particulière de démontrer à nos citoyens que le nouveau système est équitable, ouvert et bénéfique.
Après tout, c'est uniquement de cette façon que nous pourrons avancer vers un objectif que nous avons tous
deux en commun : la frontière « perméable ». L'intégration économique mondiale et la concurrence nécessitent
une frontière perméable comme fondement de la vitalité économique des deux plus grands partenaires
commerciaux du monde.
Cela est absolument essentiel. Les entreprises qui ont des usines et des chaînes de production des deux côtés
de la frontière en sont venues à être tributaires de la livraison « juste à temps » des composantes. La frontière
est le système nerveux central de nos économies, particulièrement de l'économie canadienne, qui est axée sur
le commerce avec les États-Unis. Les arrêts et les retards à la frontière peuvent avoir d'importantes
répercussions sur notre prospérité économique. Compte tenu du volume énorme du commerce qui se fait par-delà la frontière, qui augmente de 11 p. 100 par année, et des 200 millions de travailleurs qui franchissent la
frontière chaque année, il est d'une importance déterminante pour les deux pays de « faire les choses comme il
faut ».
Nos deux gouvernements ont reconnu l'importance primordiale de prendre des mesures à la frontière. En
octobre 1999, le premier ministre Chrétien et l'ancien président Clinton ont lancé le forum du Partenariat
stratégique canado-américain afin de promouvoir un dialogue de haut niveau sur une vision future de la
frontière. Il y a eu des réunions avec des intervenants et des organismes à la frontière à Niagara-Buffalo et à
Vancouver-Blaine. Le rapport du Partenariat stratégique, publié en décembre dernier, a été rédigé
conjointement par les deux gouvernements, et chaque mot a été convenu par les deux parties.
Une de ses recommandations clés aux dirigeants veut que les organismes à la frontière continuent de suivre la
voie de la coopération pour prendre appui sur les succès et pour identifier de nouvelles pratiques. Cela signifie
que nos deux pays doivent continuer à faire passer des véhicules au moyen de l'échange électronique
d'information et à réduire les processus d'inspection de l'une et de l'autre partie. Cela signifie aussi que nos
deux gouvernements s'efforceront de copier les pratiques exemplaires.
Mais, ce qui est encore plus important, le rapport recommande que les gouvernements effectuent une
évaluation concentrée de ce que nous faisons à la frontière. Y a-t-il des règlements, des lois ou des politiques
que nous pouvons rationaliser, harmoniser ou regrouper? Est-il possible de mettre de nouveaux arrangements
en place, à distance de la frontière interne, mais à la frontière externe?
Notre programme d'action pour l'avenir est clair. Nous devons envisager une harmonisation plus poussée des
normes et des processus, une planification plus efficace du réseau de transport transfrontalier, la possibilité de
prédédouanement terrestre des marchandises, et la facilitation des déplacements des gens d'affaires. En
outre, nous devons envisager de nous orienter vers des stratégies de périmètre dans le cas d'un bon nombre
de nos processus et procédures.
Nos deux pays peuvent diriger par l'exemple et faire fonction de modèle d'un monde de plus en plus
interconnecté, où les frontières doivent être considérées comme des seuils et non des barrières.
Conclusion
Au passage de la frontière qui réunit Douglas, en Colombie-Britannique et Blaine, dans l'État de Washington, il
y a un arc qui a été consacré à la paix en 1921, il y a 80 ans. Une de ses inscriptions est la suivante : « Que
ces portes ne se referment jamais. »
Cette phrase d'espoir traduit parfaitement le sentiment de mon message d'aujourd'hui.
Nos deux pays ont en commun des antécédents de grande amitié et de partenariat gratifiant. Je suis certain
qu'en continuant d'œuvrer de concert pour faciliter le resserrement des liens et l'accroissement du commerce,
nous continuerons d'édifier un avenir plus prospère pour tous les citoyens de notre continent.
Je vous remercie.