M. MANLEY - ALLOCUTION LORS DES 13ES CONSULTATIONS SUR LES DROITS DE LA PERSONNE - OTTAWA (ONTARIO)
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE JOHN MANLEY,
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
LORS DES 13es CONSULTATIONS
SUR LES DROITS DE LA PERSONNE
OTTAWA (Ontario)
Le 26 février 2001
Je suis très heureux de vous souhaiter la bienvenue aujourd'hui à ces 13es consultations sur les droits de la personne entre le
ministère des Affaires étrangères et du Commerce international [MAECI] et la communauté des ONG [organisations non
gouvernementales] canadiennes de promotion des droits de la personne. Je voudrais, dans la période que nous avons ce
matin, partager avec vous quelques réflexions sur le programme international des droits de la personne du Canada et, en
particulier, sur nos travaux au Conseil de sécurité des Nations Unies et à la Commission des droits de l'homme, ainsi que
sur nos priorités pour l'année qui vient. Et, ce qui est encore plus important, je veux connaître vos vues sur cette question
critique.
D'abord et avant tout, je tiens à vous dire que les droits de la personne, c'est-à-dire la protection et la promotion des droits
et des libertés fondamentales de la personne, sont et demeureront un fondement de la police étrangère canadienne.
L'intégrité des droits de la personne est une manifestation clé d'un concept qui se situe au coeur du programme du
gouvernement, que ce soit dans le pays ou dans toute la gamme de nos activités à l'étranger, qu'elles soient de nature
sociale, politique ou économique. Je veux parler de la bonne gestion des affaires publiques fondée sur la primauté du droit.
Le premier ministre a abordé cette question lors de sa visite en Chine et déclaré qu'il ne fallait pas sous-estimer son
importance : « La notion [de primauté du droit] est profondément inclusive en ce sens que l'ensemble des comportements
sociaux, économiques, politiques et individuels sont subordonnés à une série de codes et de règlements établis. »
J'ai dit considérer les Affaires étrangères comme un portefeuille économique. Mais ce n'est pas une question de proportion,
c'est-à-dire d'intérêts économiques par opposition à des intérêts politiques ou sociaux, mais plutôt une question de
perception. Il s'agit d'une façon, ma façon, de voir comment nous pouvons créer les conditions, autrement dit les
structures, principes et cadres juridiques, nécessaires pour appuyer des régimes de gestion des affaires publiques qui nous
permettront de faire avancer tous les aspects de la politique étrangère du Canada.
Les sortes de procédés juridiques basés sur des règles auxquels nous aspirons pour susciter la transparence, la prévisibilité
et l'équité dans nos rapports commerciaux concordent avec les formes de systèmes de justice pénale requises pour assurer
le respecter des droits de la personne et permettre aux individus de réaliser leur potentiel libres des entraves de la
discrimination ou de la persécution. Il n'y a guère de différence entre la mentalité qui mène à un refus arbitraire de permis
ou à une expropriation sans compensation et celle qui aboutit à l'incarcération d'une personne sans l'application régulière
de la loi. Nous pouvons, nous devons, nous employer à exprimer les principes défendables de gestion des affaires publiques
tant dans la poursuite de nos intérêts économiques que dans la manifestation des valeurs canadiennes au chapitre des droits
de la personne. Justice sociale et prospérité économique ne vont pas toujours ensemble, mais l'une ne devrait jamais être
loin derrière l'autre.
Le Canada a depuis longtemps une réputation enviable pour sa ferme défense des droits de la personne dans le monde.
Notre partenariat avec la communauté des ONG canadiennes a joué un rôle de premier plan dans cette réalisation, appuyant
aussi bien nos capacités que notre crédibilité dans ce domaine. Votre activisme, votre passion, de même que vos
connaissances et votre impressionnante capacité d'établir des réseaux et de porter les préoccupations relatives aux droits de
la personne à l'attention de l'opinion publique et du gouvernement sont essentiels à la politique canadienne des droits de la
personne.
Les liens entre le MAECI et la société civile n'ont pas cessé de se resserrer d'une année à l'autre, ayant pris racine avec le
lancement de ce processus de consultation, il y a 12 ans. Vous rencontrant pour la première fois en tant que ministre des
Affaires étrangères du Canada, je tiens à vous assurer qu'il me tarde de travailler activement avec vous pour améliorer le
régime mondial des droits de la personne et pour renforcer partout le bien-être et le respect de l'individu.
Permettez-moi maintenant d'examiner en détail le programme canadien des droits de la personne.
Même si notre engagement envers ces droits est clair et sans équivoque, nous devons constamment adapter notre stratégie
de promotion des droits de la personne à un environnement international d'une complexité croissante.
Après 50 ans de ferme attachement à la promotion et à la protection des droits de la personne, nous constatons que deux
faits essentiels continuent à régir notre programme : 1) d'abord, le fait que la stabilité et la prospérité des collectivités se
fondent sur la promotion et la protection des droits de la personne; ensuite, le fait qu'il existe des liens complexes entre les
droits de la personne et beaucoup des autres questions que nous devons affronter sur la scène internationale. Pauvreté,
prévention des conflits, consolidation de la paix, développement, urgences humanitaires et catastrophes sanitaires telles que
la pandémie de VIH/SIDA sont tous intimement liés aux droits de la personne.
Le Canada au Conseil de sécurité
Notre récent passage au Conseil de sécurité nous a permis de conférer une nouvelle importance aux droits de la personne et
à leur rapport avec la paix et la sécurité internationales. Nous avons concentré l'attention du Conseil sur la protection des
civils en situation de conflit armé et, d'une façon plus générale, sur la sécurité humaine. Nous avons insisté sur l'idée que
les violations flagrantes et systématiques des droits de la personne et des principes humanitaires menacent la paix et la
sécurité internationales et relèvent donc, à juste titre, du mandat du Conseil de sécurité. Les opérations de maintien de la
paix au Timor-Oriental, en Sierra Leone et en République démocratique du Congo avaient pour mandat explicite de
protéger les civils et ont fait entrer en ligne compte les préoccupations particulières que suscitent les populations
vulnérables, comme les enfants et le personnel humanitaire. Nous avons également veillé à ce que des éléments relatifs aux
droits de la personne fassent dès le début partie intégrante des opérations de soutien de la paix au Kosovo, en Érythrée et en
Éthiopie, notamment la reconnaissance du fait que la promotion et la protection des droits de la personne sont essentielles à
la paix et à la sécurité.
Le Canada a également favorisé l'égalité des sexes et les droits de la femme dans le cadre des délibérations du Conseil.
Témoignant des progrès réalisés, le Conseil de sécurité a publié pour la première fois dans son histoire une déclaration du
président sur la Journée internationale de la femme en mai 2000 et a adopté l'historique résolution 1325 sur « les femmes,
la paix et la sécurité » en octobre 2000. Nous avons également une part du mérite dans les invitations sans précédent
envoyées à Mary Robinson, haute commissaire aux Droits de l'homme des Nations Unies, et à Angela King, sous-secrétaire générale et conseillère spéciale pour l'égalité entre les sexes et la promotion de la femme, pour qu'elles prennent
la parole devant le Conseil.
Bien sûr, la meilleure façon de protéger les gens consiste à prévenir les conflits avant qu'ils ne se produisent. Le lien entre
les droits de la personne et la prévention des conflits est fondamental. Le gouvernement l'a reconnu dans le récent discours
du Trône en s'engageant à travailler avec nos partenaires internationaux pour la promotion de la paix et de la sécurité grâce
au renforcement des mécanismes de prévention et de règlement des conflits. Nous estimons que les sociétés inclusives et
transparentes qui se fondent sur le respect des droits de la personne et des libertés fondamentales -- y compris le respect de
la primauté du droit -- sont mieux en mesure de régler les différends, de prévenir les conflits et de réagir aux crises.
La stratégie canadienne des droits de la personne appuie la création d'institutions nationales des droits de la personne,
favorise le dialogue sur les questions relatives à ces droits et cherche à inciter les États à participer aux instances
internationales consacrées aux droits de la personne, comme la Commission des droits de l'homme. En entreprenant ces
activités, nous démontrons notre engagement envers la pleine participation de tous les États à un régime international fondé
sur les règles et les droits.
En plus de jouer un rôle au sein du Conseil de sécurité de l'ONU, le Canada a eu l'honneur d'être réélu à la Commission
des droits de l'homme l'année dernière. Il faut croire que nos réalisations sont reconnues et respectées. Nous avons
contribué à l'établissement d'un puissant programme à la Commission, un programme qui a un impact réel, grâce à notre
travail centré sur les droits humains de la femme, les peuples autochtones, la liberté d'expression et l'impunité, ainsi que
sur le Rwanda et la Sierra Leone, les exodes massifs et le renforcement du système international des traités sur les droits de
la personne. Nous poursuivrons cette année notre travail sur la Sierra Leone à la Commission des droits de l'homme,
comme suivi de nos efforts au Conseil de sécurité.
Les priorités canadiennes en matière de droits de la personne pour 2001
Dans son programme pour 2001, le Canada a l'intention d'attirer l'attention sur la situation des enfants, les peuples
autochtones et la lutte contre le racisme, qui doivent faire l'objet d'importantes manifestations internationales. Je voudrais
prendre quelques instants pour vous parler de ces priorités.
L'Assemblée générale extraordinaire des Nations Unies sur les enfants, qui aura lieu en septembre 2001, passera en revue
les progrès accomplis depuis le Sommet mondial de 1990 et fixera les nouvelles orientations des dix prochaines années. La
sénatrice Landon Pearson, qui est ma conseillère spéciale en matière de droits de l'enfant, a également été nommée
représentante personnelle du premier ministre pour les préparatifs de la session extraordinaire des Nations Unies.
La participation active de la société civile, et particulièrement des enfants et des jeunes, au processus préparatoire et à la
session extraordinaire constituent une priorité pour le Canada. Nos délégations aux comités préparatoires comprennent déjà
des représentants des jeunes. Nous espérons que d'autres se joindront à nous dans cette initiative. Nous accorderons en
outre une attention spéciale aux groupes particulièrement vulnérables, comme les enfants touchés par la violence et la
guerre, les enfants exploités au travail, les enfants sexuellement exploités et les enfants autochtones. La Coalition
canadienne pour les droits des enfants a déjà organisé des consultations nationales. De plus, le gouvernement a chargé Aide
à l'enfance Canada de tenir des consultations avec les enfants et les jeunes en prévision de la session extraordinaire.
Le gouvernement attache aussi une haute priorité à la question des droits des Autochtones. Le Canada continuera à jouer
son rôle de leadership à la Commission des droits de l'homme pour faire avancer les négociations concernant le projet de
déclaration sur les droits des peuples autochtones. Ce document doit contribuer à établir un esprit de confiance et de
réconciliation tout en favorisant une action pratique. Il reste cependant à régler un certain nombre de questions difficiles
pour en arriver à un texte acceptable aussi bien pour les gouvernements que pour les peuples autochtones. Nous
continuerons à oeuvrer en partenariat avec les chefs autochtones canadiens pour mener à bonne fin le processus de
négociation.
L'établissement, l'année dernière, d'une instance permanente pour les populations autochtones a été un important pas en
avant. Je tiens d'ailleurs à exprimer mes remerciements aux chefs autochtones canadiens pour le rôle qu'ils ont joué à cet
égard. La nouvelle instance sera l'une de nos plus importantes réalisations de la Décennie internationale des populations
autochtones. Il importe maintenant de prendre des mesures délibérées pour créer un cadre opérationnel permettant le
fonctionnement de l'instance permanente et de jeter les bases de son développement futur.
La prochaine Conférence mondiale contre le racisme, la xénophobie, la discrimination raciale et l'intolérance qui y est
associée aura lieu à Durban, en Afrique du Sud, fin août. Elle constituera une occasion unique de renouveler l'engagement
mondial à éradiquer ces fléaux, même au Canada où nous pouvons encore apporter des améliorations. À l'échelle nationale,
le ministère du Patrimoine canadien se prépare pour cette conférence en travaillant avec les ONG au renforcement du
programme de multiculturalisme du gouvernement.
Les résultats des consultations nationales de la fin de semaine dernière avec la société civile, ainsi que des consultations
régionales qui les avaient précédées, contribueront à la formulation d'une stratégie nationale pour éliminer le racisme et à la
définition de la position du gouvernement du Canada à la Conférence mondiale. Ma collègue Hedy Fry (secrétaire d'État au
Multiculturalisme et à la Situation de la femme) et moi-même sommes très déterminés à maximiser les avantages de cette
rencontre, aussi bien au Canada que dans le monde. Nos principales priorités sont de veiller à l'élaboration d'un plan
d'action axé sur la participation des jeunes, l'égalité des sexes, les peuples autochtones et les problèmes de discrimination
multiple.
L'une de nos priorités permanentes, qui se répercute d'une façon critique sur les trois questions que je viens de mentionner,
est de continuer à promouvoir les droits humains de la femme et l'égalité des sexes. D'importants progrès ont été réalisés
dans ce domaine l'année dernière avec l'entrée en vigueur d'un mécanisme de plainte établi en vertu de la Convention sur
l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.
De plus, en dépit des efforts déployés par certains pays pour nous faire reculer à Beijing plus cinq, le Canada -- avec sa
délégation de représentants du gouvernement et des ONG -- a dirigé avec succès la contre-offensive. Ensemble, nous
avons fait ce qu'il fallait pour éviter de revenir sur les victoires durement remportées dans le domaine des droits de la
femme. Nous avons réussi à quitter les sentiers battus dans la lutte contre la violence faite aux femmes, surtout en ce qui
concerne la violence raciale et les crimes dits d'honneur, dans la diversification de l'expérience féminine, la protection des
défenseurs des droits de la femme et les droits des filles en situation de conflit armé.
Ce printemps, à la Conférence des Nations Unies sur les droits de l'homme, le Canada sera encore une fois le promoteur de
la résolution sur l'élimination de la violence contre les femmes, qui sera particulièrement axée cette année sur la violence
en situation de conflit armé. Ce sera une importante occasion de faire le suivi des engagements contenus dans la décision
historique adoptée l'automne dernier par le Conseil de sécurité sur « les femmes, la paix et la sécurité » (la résolution
1325).
Un environnement international en évolution constante et de plus en plus complexe
Nous entreprenons toutes ces activités et poursuivons nos intérêts en matière de droits de la personne et de la politique
étrangère en général dans un environnement international en évolution constante et de plus en plus complexe, un
environnement qui complique certes le processus décisionnel tout en le stimulant.
Les effets de la mondialisation ne sauraient être surestimés. Elle ouvre des perspectives et pose des défis comme nous n'en
avons jamais connus auparavant. Le rôle des décideurs et de l'opinion publique consiste à déterminer comment gérer ce
mouvement. Comme nous l'avons dit dans le discours du Trône, il faut trouver comment étendre les avantages de la
mondialisation à tous les peuples, partout dans le monde. Par définition, la mondialisation doit être une force d'inclusion et
non d'exclusion. Faute de régler cette question fondamentale, nous risquons de voir s'aggraver les tensions sociales,
l'isolement économique, la dégradation de l'environnement et les bouleversements politiques.
Nous commençons tout juste à comprendre et à mettre efficacement en valeur le pouvoir de la technologie, dans les
domaines des affaires, de l'épanouissement personnel ou de la poursuite de la justice sociale. Les technologies de
l'information peuvent devenir un moyen remarquable de démocratisation dans le monde actuel. Nous devons donc veiller à
ce que le fossé numérique ne crée pas de nouvelles inégalités et n'aggrave pas celles qui existent déjà.
Nous cherchons et nous réussissons à faire du Canada le pays le plus branché du monde; ce but était le pivot de mon
mandat comme ministre de l'Industrie. Mais cela ne suffit pas. Nous ne pouvons pas nous complaire ou nous féliciter de
notre capacité à nous munir des outils de l'ère numérique quand la moitié de la population de la planète n'a jamais fait un
appel téléphonique et encore moins été exposée au potentiel d'Internet et des nouvelles technologies de communications.
La connectivité n'est pas une question purement de technologie, mais plutôt de technologie comme moyen menant à une
fin. Nous devons perfectionner et exploiter les technologies nouvelles -- les outils de possibilités -- de façon à habiliter les
êtres humains -- tous les êtres humaines -- et obliger davantage les gouvernements à rendre des comptes. Nous pouvons
forger de nouveaux liens, établir un dialogue, créer un processus interactif d'élaboration, de mise en application et
d'amélioration constante des politiques pour renforcer le régime international des droits de la personne.
Le flux d'information à l'ère numérique signifie également qu'il n'existe plus dans ce monde de refuge sûr pour les auteurs
de violations graves des droits de la personne. Les groupes de défense des droits de la personne, la société civile et, surtout,
les médias internationaux -- de Radio-Canada à CNN -- y ont veillé grâce à leur capacité nouvelle à suivre et à révéler au
grand jour les violateurs des droits de la personne à l'échelle mondiale. Les technologies nouvelles ont ouvert les yeux du
monde. Ce n'est pas par hasard que la Cour pénale internationale a vu le jour à cette époque. La création de cette cour
signifie qu'il n'y aura ni impunité, ni refuge. Voilà un avantage concret que la connectivité procure dans le contexte des
droits de la personne.
Notre capacité à diffuser l'information relative aux droits de la personne en est un autre bon exemple. Le Canada a tiré
pleinement parti de cette possibilité en appuyant Bilan, le rapport annuel sur les droits de la personne, qui est maintenant
dans sa cinquième année. En donnant un compte rendu du travail des Nations Unies dans le domaine des droits humains et
en le rendant accessible sur Internet et sur disque CD-ROM, le rapport Bilan constitue une source clé d'importants
renseignements sur les droits de la personne. Cette publication atteint d'innombrables universitaires, défenseurs, politiciens
et citoyens, tant au Canada qu'ailleurs, en insistant particulièrement sur l'hémisphère Sud.
Au cours des six derniers mois, le site Web de Bilan a reçu plus de 350 000 visiteurs et est en train de devenir un outil
indispensable pour la surveillance du respect des droits de la personne. Nous sommes heureux de noter que la Commission
européenne s'est engagée à s'associer au Canada et à l'ONG Internet des droits humains d'Ottawa pour une période de trois
ans afin de produire Bilan et aussi de financer un nouveau volume sur le système européen.
De nouveaux moyens pour inciter les intervenants à agir
Nous devons continuer à innover dans la façon d'inciter les citoyens et les gouvernements à faire progresser la cause des
droits de la personne. Plus de gens doivent participer à l'élaboration et à la mise en oeuvre des politiques. Compte tenu de
la complexité des préoccupations relatives aux droits de la personne et de leurs liens avec une multitude d'autres questions,
il faut que d'autres catégories d'intervenants puissent se faire entendre afin qu'il nous soit possible de développer des
approches et des solutions viables.
De nouveaux intervenants responsables à l'échelle internationale peuvent faire des changements positifs que les États sont
parfois incapables de réaliser. La flexibilité et le pouvoir de mobilisation des ONG sont d'excellents exemples à cet égard.
En unissant leurs efforts pour une cause commune, les ONG sont devenues une force à l'échelle internationale.
Le Canada reste déterminé à leur assurer une voix dans les tribunes internationales. Cela était évident à la première réunion
du Comité préparatoire de la Conférence mondiale contre le racisme, où le Canada a insisté avec succès pour une pleine
participation des ONG. Nous avons également favorisé une plus grande transparence dans les institutions multilatérales,
notamment à l'Organisation mondiale du commerce et à l'Organisation des États américains [OEA]. Les progrès sont
parfois lents, mais il n'y a pas de doute que nous avons avancé, comme en témoigne l'adoption de lignes directrices sur la
participation des ONG à l'OEA. Ces lignes directrices ont assuré aux ONG un rôle sans précédent à l'Assemblée générale
de Windsor, en juin dernier.
Nous continuerons à exercer des pressions sur tous les fronts et croyons que nous encourageons le changement en donnant
nous-mêmes l'exemple. Nous ne pouvons pas sous-estimer la valeur de l'exemple lorsque les autres pays sont témoins du
partenariat constructif -- et je ne veux pas dire par là que nous devons toujours être d'accord -- entre le gouvernement du
Canada et vos organisations, tant chez nous que sur la scène internationale.
Les entreprises du secteur privé ont également un rôle à jouer pour la promotion des droits de la personne dans les
collectivités où elles sont établies. Les gouvernements et les ONG doivent les amener à participer et à agir d'une manière
constructive. Nous encourageons le secteur privé canadien à se joindre à nous pour développer des normes multilatérales
d'action pour les entreprises. Par exemple, le Canada a appuyé l'initiative du secrétaire général des Nations Unies tendant à
établir une entente mondiale avec la société civile et le monde des affaires pour promouvoir neufs principes de base de
responsabilité sociale des entreprises. Nous nous sommes également joints à nos partenaires de l'OCDE [Organisation de
coopération et de développement économiques] en adoptant les Principes directeurs à l'intention des entreprises
multinationales en juin 2000. Nous avons également inscrit la question de la responsabilité sociale des entreprises à l'ordre
du jour de l'hémisphère et avons l'intention de travailler dans ce domaine au sein de l'OEA.
Cet engagement signifie aussi une multiplication des contacts avec les États dont le bilan des droits de la personne suscite
des préoccupations. Des dialogues bilatéraux spécifiques, s'ajoutant à un soutien énergique des régimes internationaux
fondés sur les règles et les droits, peuvent avec le temps amener un État à souscrire aux normes des droits de la personne et
du droit humanitaire.
La Chine constitue un excellent exemple de cette approche. L'engagement n'implique pas du tout l'absence de critiques.
Loin de là. Les déclarations du premier ministre concernant les droits de la personne à Beijing et à Shanghai en témoignent
d'une façon très claire. L'engagement nous permet plutôt de maintenir le dialogue et de renforcer la coopération dans le but
d'amener des pays comme la Chine à changer d'attitude, non par des discours creux, mais dans la réalité.
Nous avons assisté ces dernières années à des violations graves et continues des droits de la personne et des libertés
fondamentales en Chine, dans différents secteurs. Nous avons tous des préoccupations à ce sujet. La question est de savoir
comment agir de la façon la plus efficace et la plus constructive. Durant la mission d'Équipe Canada, le premier ministre a
clairement dit que la Chine doit améliorer ses pratiques en matière de droits de la personne, qu'elle doit prendre les mesures
nécessaires pour reconnaître dans la réalité, et non pas seulement sur papier, l'importance et le champ d'application des
droits de la personne tels qu'ils sont inscrits dans les pactes internationaux. En même temps, nous avons annoncé une série
d'initiatives à l'appui de cet objectif, notamment grâce à des projets visant à développer l'aide juridique et les services
communautaires, à réformer le système judiciaire et à mieux garantir l'application régulière de la loi. Le Canada financera
en outre ce printemps une conférence sur les droits de la personne à l'Académie chinoise des sciences sociales.
Tout en agissant ainsi sur le plan bilatéral, nous faisons clairement connaître notre point de vue sur la scène internationale.
Dans nos déclarations à l'Assemblée générale des Nations Unies et à la Commission des droits de l'homme, nous avons
parlé ouvertement de la situation des droits de la personne en Chine et dans d'autres pays où nous sommes intervenus,
comme le Rwanda, l'Indonésie et la Colombie.
Nous en sommes aux 13es consultations annuelles MAECI-ONG sur les droits de la personne. Le monde s'est
profondément transformé au fil des ans, mais notre programme demeure bien rempli et aussi urgent que jamais. Je remercie
tous les participants qui sont ici aujourd'hui de leur importante contribution à la lutte pour la promotion et la protection des
droits de la personne à l'échelle de la planète.
Ces consultations constituent, comme toujours, un élément déterminant du processus canadien d'élaboration des politiques.
Elles alimenteront directement nos préparatifs pour la Commission des droits de l'homme. L'équipe des droits de la
personne du MAECI est ici au complet pour engager, répondre, discuter. Je tiens à souligner cependant que les réunions de
cette semaine ne sont qu'un élément de notre engagement permanent envers le dialogue et la coopération avec la
communauté des ONG canadiennes.
J'ai l'intention de suivre de très près le travail de la Commission et de la délégation canadienne. Je suis très honoré
d'annoncer que Marie Gervais-Vidricaire dirigera cette année notre délégation à la Commission des droits de l'homme.
Beaucoup d'entre vous connaissent déjà Mme Gervais-Vidricaire par son travail comme représentante permanente adjointe
aux Nations Unies à Genève. L'année dernière, elle était aussi chef suppléante de notre délégation à la Commission. Elle a
rempli les fonctions de rapporteur du bureau de la Commission pendant la 56e session et apportera une expérience
considérable et une grande valeur à ses fonctions de chef de la délégation.
Je voudrais en même temps remercier Ross Hynes de notre mission à New York, qui nous a dignement représentés au cours
des dernières années comme chef de la délégation du Canada.
Je vous souhaite une réunion dynamique et intéressante. J'attends avec un grand intérêt les résultats de vos discussions et
serai enchanté de m'entretenir avec beaucoup d'entre vous dans les prochains mois.
Je vous remercie.