NOTES POUR UNE ALLOCUTION DEL'HONORABLE JOHN MANLEY, MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,À LA CONFÉRENCE DU FORUM DES POLITIQUES PUBLIQUESAYANT POUR THÈME GÉRER LA FRONTIÈRE CANADO-AMÉRICAINE
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NOTES POUR UNE ALLOCUTION DE
L'HONORABLE JOHN MANLEY,
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
À LA CONFÉRENCE DU FORUM DES POLITIQUES PUBLIQUES
AYANT POUR THÈME GÉRER LA FRONTIÈRE CANADO-AMÉRICAINE
TORONTO (Ontario)
Le 28 novembre 2001
Je suis heureux d'avoir pu accepter votre invitation de prendre la parole au prestigieux Forum des politiques
publiques. Le thème de la conférence « Gérer la frontière canado-américaine » est bien choisi et il tombe à
point nommé - en réalité, il ne saurait y avoir d'autre choix aujourd'hui.
Les attentats terroristes du 11 septembre ont des répercussions diverses et de grande portée pour le
Canada -- sur les plans politique, juridique, militaire et économique. Et vous avez su rassembler un groupe de
participants hors pair qui pourront demain s'exprimer sur bon nombre de ces questions : le commissaire
Zaccardelli de la GRC, mon collègue Maurizio Bevilacqua, et mon bon ami et ancien ambassadeur Gordon
Giffin. Nous retrouverons aussi Stephen Flynn, Hugh Segal, Perrin Beatty des Manufacturiers et Exportateurs
du Canada -- une brochette d'experts très impressionnante.
Ces événements ont fortement mis en relief notre interdépendance envers les États-Unis et notre vulnérabilité
commune, d'un point de vue à la fois de sécurité et de perspective économique -- et une bonne partie de cette
réalité était centrée sur la frontière longue de 5 000 milles qui s'étend entre nos deux pays.
Le 11 septembre, la frontière est devenue à certains égards invisible mais, à d'autres points de vue, elle a
retenu encore plus l'attention. Le choc et la douleur ressentis par les Canadiens au moment où ils regardaient
les attentats aux États-Unis -- et les valeurs qu'ils ont concrétisées au cours des jours qui ont suivi, la
générosité, la compassion et la sincérité qu'ils ont manifesté à des amis et à des étrangers en difficulté -- ces
éléments sont devenus le plus important instrument de mesure des rapports canado-américains, et non pas la
ligne de démarcation qui sert de point de gestion des douanes et de l'immigration entre nous.
On ne peut, toutefois, dissocier la frontière de la communauté de valeurs qui unit le Canada et les États-Unis;
d'ailleurs, il est absolument vital qu'elle témoigne des idéaux et aspirations communs qui caractérisent ce que
nous sommes et ce que nous cherchons à devenir au cours de ce nouveau siècle.
Pour certains, la frontière est le symbole de notre souveraineté; c'est là que notre histoire est une « épopée
des plus brillants exploits ». Pour d'autres, elle représente notre ouverture - le point d'accueil dans la société la
plus libre, la plus tolérante et la plus juste du monde et un seuil de possibilités et d'espoir renouvelé pour des
immigrants et des réfugiés en provenance de terres agitées. La frontière canado-américaine permet également
l'existence des relations bilatérales les plus fructueuses, actives, globales et productives du monde. Elle est
une expression d'amitié entre deux pays et deux peuples qui savent que leur sécurité et leur prospérité
communes résident dans leur capacité de vivre en harmonie.
Récemment, toutefois, la frontière a aussi fait office de paratonnerre des inquiétudes au sujet de la vulnérabilité
de l'Amérique du Nord.
Les Américains sont anxieux, ce qui se comprend. Ils vivent l'inimaginable et ils sont confrontés à la
constatation que l'ennemi qui a attaqué le 11 septembre peut fort bien se trouver « un peu partout », agissant
dans leur propre cour, vivant -- et autorisé à vivre -- au beau milieu d'eux, introuvable au moyen des
techniques policières et de collecte du renseignement normales.
Les Canadiens partagent l'anxiété de leurs cousins américains, leur sentiment de victimisation -- nous
n'oublierons jamais que 25 Canadiens ont péri, eux aussi, dans les attaques contre le World Trade Center -- et
nous partageons leur sentiment d'être menacés. Mais nous sommes également confrontés à une autre chose :
les effets de la peur sur des relations bilatérales dont notre sécurité et notre prospérité mutuelles sont
énormément tributaires.
La priorité numéro un du premier ministre Chrétien et de notre gouvernement dans la lutte contre cette crise a
été de protéger la sécurité des Canadiens. Il n'existe pas de raison d'être plus essentielle d'un gouvernement
national que celle-là. Sans la sûreté et la sécurité, la confiance qui est indispensable à nos institutions
démocratiques et à nos économies de marché souffre. Cela est on ne peut plus évident à la frontière, où nous
pouvons voir le coût humain et économique de la peur.
Les progrès que nous avons accomplis depuis le 11 septembre sont considérables.
Au Canada, nous avons annoncé un nouveau financement -- d'environ 280 millions de dollars pour la seule
année financière en cours -- et du nouveau personnel pour le renforcement de la sécurité, de l'application de
la loi et des activités relatives au renseignement. Nous avons déposé deux ensembles de projets de loi au
Parlement pour dissuader et neutraliser les organisations terroristes; pour donner de nouveaux instruments
d'enquête aux organismes chargés de l'application de la loi et de la sécurité nationale; pour soutenir une
poursuite plus efficace des crimes terroristes et pour veiller à ce que les valeurs canadiennes soient
préservées au moyen de lois plus vigoureuses contre les crimes de haine et la propagande.
D'autres lois ont été proposées pour renforcer la capacité du gouvernement d'accroître la sécurité des
Canadiens, de prévenir les attaques terroristes et de réagir avec célérité si de nouvelles menaces importantes
surgissent à l'avenir. Nous avons aussi élaboré des approches afin de garantir l'état de préparation de la
capacité antiterroriste du Canada, y compris la capacité de réagir à des menaces chimiques, biologiques,
radiologiques et nucléaires. Nous avons oeuvré en liaison étroite avec nos partenaires des provinces, des
territoires et du secteur privé pour renforcer la protection des infrastructures cruciales du pays. Et nous avons
agi rapidement - plus rapidement que presque tout autre pays - pour bloquer les sources de financement des
terroristes.
Notre gouvernement présentera un budget le 10 décembre. Je ne vais pas prédire ce soir ses affectations
précises, mais il s'agira d'un budget axé sur une réaction plus poussée du Canada au terrorisme et sur la
gestion des suites des attaques du 11 septembre sous leurs larges aspects juridiques, sociaux et
économiques. Il nous donnera l'occasion de planifier des investissements à plus long terme afin de garantir le
maintien de la sécurité et l'accroissement du bien-être des Canadiens.
Nos obligations à la suite du 11 septembre dépassent de beaucoup les limites géographiques du Canada.
L'objectif subsidiaire et complémentaire que nous poursuivons depuis deux mois et demi, consiste à donner
l'assurance à notre voisin, à nos alliés, à nos nombreux partenaires dans le monde, que notre solidarité est
aussi substantielle que totale.
Nous avons œuvré au sein du G-8 -- dont nous assumerons la présidence en 2002 -- et au sein des Nations
Unies afin de mettre au point des mesures efficaces et concrètes pour vaincre le terrorisme. Nous avons
coopéré étroitement avec nos alliés de l'OTAN, nous nous sommes concertés et nous avons suscité un
consensus dans des groupes aussi divers que l'APEC, l'Organisation des États américains, le Commonwealth
et la Francophonie. Et le Canada a mis en application une diplomatie bilatérale active avec ses partenaires
mondiaux, y compris des États de la ligne de front, comme le Pakistan et l'Inde, ainsi qu'avec les pays du
Moyen-Orient et d'autres.
Nous nous activons aussi à répondre aux besoins très urgents et extrêmes de l'Afghanistan, particulièrement
maintenant que les talibans sont presque partis.
Le monde a changé de manière mesurable ces derniers mois -- mais ce que nous souhaitons en retirer n'a
pas changé : la paix, la sécurité, la prospérité, des possibilités pour nos enfants -- des possibilités pour tous.
Les mesures que nous prenons à l'étranger contribuent directement à l'atteinte de ces objectifs. Mais, pour la
plupart des Canadiens, la ligne de départ se trouve plus près de leur foyer -- tout juste autour du 49e parallèle,
pour être précis.
La frontière revêt depuis longtemps une priorité dans les relations canado-américaines. Depuis plus de six ans,
les organismes frontaliers canadiens et américains coopèrent sur un large éventail de mesures nouvelles et
novatrices de gestion des risques visant à faciliter le commerce et les autres mouvements légitimes par-delà la
frontière, tout en contrant simultanément les menaces à notre sécurité commune. Et au cours des deux
dernières années, le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international et le Département d'État
américain ont coprésidé le Partenariat stratégique canado-américain qui a réuni une vaste gamme
d'organismes dans les deux pays afin d'élaborer une vision plus large de la frontière.
Cette initiative présente maintenant un nouveau sentiment d'urgence. Nous avons travaillé intensivement
depuis deux mois et demi avec l'administration américaine et ici-même au Canada -- y compris avec le secteur
privé -- pour que la frontière soit ouverte et que la circulation reprenne.
Mais au-delà de cet objectif immédiat, nous savons que notre frontière ne sera plus ce qu'elle était avant le
11 septembre -- c'est l'évidence même. Nous croyons qu'elle peut être meilleure et le Canada doit être
disposé à jouer un rôle directeur avec une vision solide et des solutions novatrices afin de garantir que cela se
produira.
Le moment est venu pour nous de réfléchir en dehors du cadre - ou, mieux encore, de réfléchir « au-delà de la
ligne ».
Que signifiera le mot « frontière » -- ou « périmètre », si vous choisissez ce terme (ce qui n'est pas mon
cas) -- pour nous à l'avenir?
La frontière est-elle simplement une ligne que l'on voit et sur laquelle on se tient? Est-elle le contour de ce qui
nous définit et nous distingue en qualité de pays ou de peuple? Peut-elle être une zone conceptuelle, et même
mobile, à travers laquelle nous facilitons et sauvegardons nos intérêts, que ce soit au 49e parallèle, dans un
terminus de camions à Windsor, dans un port du Québec ou à un centre canadien d'immigration à Hong Kong?
La frontière n'est plus une simple ligne -- le fut-elle déjà? Mais quelle que soit la forme qu'elle prend, la
frontière existe pour protéger et non pas pour nous empêcher de réaliser ce que nous voulons, en tant que
pays ou que peuple.
Au XXIe siècle, la véritable souveraineté tient à notre capacité et à notre volonté d'agir dans l'intérêt de nos
citoyens dans un monde intégré, globalisé -- nous devons le faire, quelle que soit la manière, où que ce soit,
quand que ce soit et avec qui que ce soit. Notre souveraineté est dynamique, et non pas statique; elle consiste
à prendre nos responsabilités à l'égard du changement, et non pas à le craindre ou le réprimer. L'avenir ne doit
pas être défini pour nous, pas plus que nous voulons le dicter à d'autres.
L'Amérique du Nord a toujours été une coentreprise, marquée tout autant par la coopération qu'elle l'est par
notre esprit d'innovation. Que ce soit par l'intermédiaire du NORAD [Défense aérienne du continent nord-américain] ou de l'Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis, ou même de l'établissement de
la Commission mixte internationale en 1908 ou de la Voie maritime du Saint-Laurent en 1959, nous avons
toujours relevé les défis communs en qualité de partenaires, en raison de la confiance mutuelle que nous
avons établie et que nous nous sommes employés assidûment à préserver.
C'est ce que nous faisons maintenant à la frontière.
Les deux pays attachent énormément d'importance à la garantie de notre sécurité économique mutuelle. Nous
l'avons entendu à maintes reprises de la part du président Bush, de Colin Powell, de Tom Ridge, de
Condoleezza Rice et de nombreux autres aux États-Unis. Depuis 55 ans, le Canada est le principal marché
d'exportation des États-Unis. Nous sommes le premier importateur de biens de 38 des 50 États américains et
nous recevons actuellement près de 25 p. 100 de tous les biens exportés par les États-Unis. Nous sommes le
plus important fournisseur d'énergie des États-Unis. Aucun groupe de deux pays, où que ce soit, ne coopère
plus étroitement à la frontière, qu'environ 200 millions de personnes franchissent chaque année, et qu'environ
45 000 camions traversent tous les jours, transportant la majeure partie d'échanges commerciaux bilatéraux de
biens et de services représentant quotidiennement 1,9 milliard de dollars canadiens. J'aime rappeler aux
Américains que les plus importants rapports commerciaux du monde ne se font pas entre le Canada et les
États-Unis; ils se font entre Windsor et Detroit!
Mais de nos jours, les autorités frontalières demeurent en état d'alerte élevée; les queues ont diminué à la
plupart des endroits, mais les temps d'attente imprévisibles et les retards dus aux inspections compromettent
les calendriers de livraison « juste à temps », ce qui fait planer des menaces sur les chaînes de production et
porte atteinte à la compétitivité.
Jim Carroll -- écrivain canadien et spécialiste d'Internet d'une certaine notoriété, qui fait beaucoup d'affaires
aux États-Unis -- m'a écrit récemment au sujet des retards et des « cauchemars bureaucratiques » qu'il vit
maintenant simplement pour prouver son identité et pour être autorisé à aller et venir. Cela ne saurait se
poursuivre.
Nos deux pays ont démontré leur volonté de prendre les mesures nécessaires pour soutenir -- et
approfondir -- les relations économiques bilatérales les plus productives et les plus bénéfiques du monde.
Nous connaissons les instruments nécessaires à une frontière mieux gérée.
À n'en pas douter, la technologie nous offre de nombreuses options. Vous nous avez déjà entendu parler de
l'utilisation de transpondeurs pour le pré-dédouanement de camions et de l'utilisation des technologies de
l'information pour recueillir des données et percevoir des droits de douane à distance des points de passage
de la frontière.
Nous examinons aussi la question de savoir si nous avons en place les infrastructures appropriées pour traiter
la circulation actuelle -- sans parler de celle qui est projetée, circulation qui a connu une augmentation
exponentielle depuis l'entrée en vigueur de l'ALENA.
Le système n'était pas parfait avant le 11 septembre; 90 p. 100 du trafic routier canado-américain étaient
concentrés dans seulement 11 points d'entrée; la plupart sont situés dans des tunnels et sur des ponts. Nos
points de passage de la frontière subissaient déjà la contrainte des besoins de sécurité nationale. L'an dernier,
on a empêché environ 14 000 criminels d'entrer aux États-Unis en provenance du Canada; quelque 21 000
autres -- 50 p. 100 de plus -- se sont vu interdire l'entrée au Canada en provenance des États-Unis. Près de
la moitié de nos demandeurs du statut de réfugié arrivent du Sud; la plupart des armes utilisées dans des
crimes perpétrés au Canada sont importées illégalement des États-Unis.
Le 11 septembre a ajouté un important sentiment d'urgence à ces problèmes, mais ces événements nous ont
donné de larges possibilités de les régler.
En travaillant de concert, pouvons-nous éloigner la frontière d'un endroit où un terroriste ou une autre menace
à la sécurité pourrait se présenter en repérant les terroristes avant qu'ils ne montent à bord d'un avion et
viennent sur ce continent? Cela impliquerait de s'employer à assurer une plus grande convergence des
politiques et des procédures. Pouvons-nous créer de nouvelles efficiences et réduire les doubles emplois en
disposant de zones internationales? Et, de la même façon que nous pré-dédouanons les passagers à
destination des États-Unis dans les aéroports canadiens, ne pouvons-nous pas pré-dédouaner les biens dans
la salle d'expédition de l'usine? Au moyen de la technologie et de meilleures infrastructures, pourrions-nous
aussi créer des couloirs de commerce nord-américains? Ces approches ne limiteraient pas notre souveraineté;
elles constituent l'exercice éclairé de notre souveraineté dans notre propre intérêt.
Nous avons les instruments. Nous avons la volonté. L'épreuve réside peut-être seulement dans les limites de
notre créativité.
Le Canada accueille favorablement bon nombre des mesures prises par les États-Unis pour renforcer la
sécurité intérieure, de la nomination de mon homologue, Tom Ridge -- avec qui je m'entretiens régulièrement,
tout comme avec Colin Powell -- aux ressources affectées par le Congrès en vue d'un accroissement
substantiel du personnel des douanes et de l'immigration à notre frontière commune, où les niveaux de
dotation canadiens ont traditionnellement été trois fois plus élevés que du côté américain. Cela se traduit par
une bonne sécurité pour chacun de nous.
Le processus que nous suivrons à compter de maintenant est crucial, tout comme l'est le dialogue entre nos
pays et à l'intérieur de ceux-ci. Pour soutenir mon rôle et celui du gouverneur Ridge en qualité de
représentants politiques chargés de coordonner les réactions en matière de sécurité nationale à la crise du
terrorisme, chacun des pays identifiera un point de contact central en ce qui concerne les questions
frontalières.
Bon nombre de ministres du gouvernement canadien -- M. Gray, Mme McLellan, M. MacAulay, M. Eggleton, M.
Collenette, M. Martin -- et de façon remarquable notre ministre responsable des douanes,
M. Cauchon, -- dialoguent activement et fréquemment avec leurs homologues américains.
Les citoyens canadiens, les gouvernements provinciaux et locaux, et notre monde des affaires participent
activement aussi à ce processus. Cela est absolument crucial. Par exemple, j'ai tenu des consultations
récemment avec la nouvelle Coalition pour des frontières sûres et efficaces pour le commerce; j'ai rencontré
Tom d'Aquino, du Conseil canadien des chefs d'entreprises, Perrin Beatty, des Manufacturiers et Exportateurs
du Canada, Nancy Hughes Anthony, de la Chambre de Commerce du Canada, Garth Whyte, de la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante et de nombreuses autres personnes appartenant à quelque
40 associations et entreprises commerciales canadiennes qui se sont réunies pour offrir leur expérience, leurs
analyses et leurs solutions novatrices.
Nous devons aussi concentrer notre attention sur la « démolition des mythes » - c'est là une chose qui devrait
être une préoccupation - et un objectif - pour tous les Canadiens qui comptent sur une frontière sûre, mais
efficace. Cela veut dire nous tous.
Nous devons tous diffuser les bons messages et veiller à ce qu'aux États-Unis, le débat sur la frontière se
fonde sur des faits réels et sur une réflexion claire, et non sur des mythes urbains ou des inventions motivées
par des raisons politiques.
Une approche pourrait consister à dire que le Canada ne faisait pas partie du problème le 11 septembre, que
ces 19 terroristes ne sont pas entrés aux États-Unis à partir de chez nous. Cela est exact, mais je ne crois pas
que ce soit l'élément le plus pertinent. La vérité repoussante du 11 septembre réside dans le fait que nous
avons durement appris que le problème du terrorisme, de ses agents opérationnels et de ses partisans, est
répandu dans la société occidentale, des États-Unis au Canada, à la Grande-Bretagne, à l'Allemagne et à
pratiquement tous les autres pays développés que l'on peut nommer, ainsi que dans de nombreux centres
dans le monde en développement.
Non -- la question qu'il faut mettre vigoureusement sur la table est celle de savoir qui fera partie de la solution.
La réponse à cette question est claire depuis le début de la crise : c'est le Canada.
Il n'existe pas de scénario prévoyant une « solution rapide », pas dans ce nouveau contexte de risque et de
malaise, et pas pendant que nous sommes au milieu d'un ralentissement économique mondial (bien que les
prévisions sur ce front soient certainement plus prometteuses pour l'année qui vient). Mais aussi, ce qui est le
plus important, cela tient au fait qu'une solution rapide ne nous permettra pas de faire justice aux possibilités
qui s'offrent à nous d'opérer de réels changements et d'édifier et de mettre en œuvre une vision à long terme
pour notre pays et pour l'Amérique du Nord, dans 10 ou 20, même dans 50 ans.
La volonté d'agir en ce sens des deux côtés de la frontière se fait de plus en plus évidente. Nous y
arriverons -- ensemble, comme nous l'avons toujours fait.
Je vous remercie.